« Affaires » et Levothyrox : piquée au vif, voici l’Agence nationale du médicament qui se rebiffe

Bonjour

Du journalisme et de l’industrie pharmaceutique. C’est une sous-affaire éclairante dans une vaste affaire sur laquelle on peine durablement à faire la lumière. Résumons. Une pétition « contre le secret des affaires » dans le champ de la santé publique vient d’être lancée par une association de malades de la thyroïde : « Contre le « secret des affaires » en matière de santé publique. Pour la transparence et la traçabilité des médicaments ». Où l’on retrouve le Dr Philippe Sopena, conseiller médical de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT). Cette dernière regroupe des patients qui se plaignent des effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox de la firme pharmaceutique Merck.

A l’heure où nous écrivons ces lignes (le 29 septembre) cette pétition (adressée à Agnès Buzyn) a recueilli plus de 23 000 signatures. Les auteurs exigent, au nom de la sécurité sanitaire « une totale transparence sur l’origine de tous les composants de nos médicaments et la traçabilité de leur fabrication ». Ils ne « comprennent pas que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) puisse faire prévaloir les intérêts commerciaux d’une firme sur la protection de la santé de tous ». Ils entendent que, chaque fois que nécessaire, en application du « Droit à la protection de la santé » garanti par le Préambule de la Constitution, « la protection du ‘’secret des affaires’’  au profit de quelques-uns ne puisse pas prévaloir sur des exigences de sécurité sanitaire qui bénéficient à tous ».

Secrets légalement protégés

Comment en est-on arrivé là ? Voici la version de l’AFMT :

« L’histoire commence le 23 avril dernier, quand Me Emmanuel Ludot, avocat rémois qui défend plusieurs malades avec son confrère Gauthier Lefèvre (lire [sur le site Les Jours]  l’épisode 10, « Levothyrox : et maintenant, une plainte pour “trafic d’influence” »), demande, pour le compte d’une plaignante, une copie de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Levothyrox, étape nécessaire au lancement d’un nouveau médicament et délivrée après des essais cliniques. L’Agence du médicament (ANSM) ne lui répond que le 4 septembre en lui envoyant une copie tronquée du documentoù, à la page 8, invoquant le secret des affaires, l’agence a effacé des informations essentielles, en particulier le lieu de production et le nom de l’entreprise qui fabrique le principe actif de la nouvelle formule. Impossible donc d’établir la traçabilité du Levothyrox actuellement en pharmacie, celui qui génère tant d’effets indésirables au point que nombre de malades se fournissent en ancienne formule à l’étranger ou se sont reportés sur de nouveaux remèdes introduits à la hâte depuis quelques mois en France, mettant fin au monopole de Merck auprès de… 3 millions de patients. »

De fait, dans une lettre datée du 4  septembre, dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie, signée de son service juridique et adressée à l’avocat, l’ANSM précise que cette transmission du document se fait « sous réserve de l’occultation préalable des mentions susceptibles de porter atteinte aux secrets légalement protégés, et notamment à la protection du secret des affaires ». L’association dénonce cette protection du secret industriel et commercial, en faisant référence à la loi « très récente et très controversée » du 30 juillet, dite « loi du secret des affaires ».

Journalisme et relations publiques

C’est euphémiser que de dire que la direction de l’ANSM n’a guère apprécié cette attaque. Elle vient de le faire savoir par un communiqué dans lequel elle « dément dissimuler des informations ».

« Suite au courrier de Maitre Ludot (28/09/2018)  (218 ko) adressé à l’ANSM en date du 23 avril 2018, l’ANSM lui a transmis le 4 septembre 2018 la décision du 8 juin 2018 (28/09/2018)  (1339 ko) compilant toutes les modifications intervenues sur les annexes de l’AMM de Levothyrox depuis la première décision d’AMM en 1982.

Dans l’annexe II de la décision du 8 juin 2018  figure notamment la rubrique Nom et adresse du (des) fabricant(s) de la (des) substance(s) active(s) d’origine biologique lorsque le médicament est un médicament biologique. La lévothyroxine n’étant pas une substance active d’origine biologique, la rubrique Nom et adresse du (des) fabricant(s) de la (des) substance(s) active(s) d’origine biologique  qui figure page 8 de cette décision est « sans objet ». Le contenu n’a donc pas été occulté puisque non applicable.

 Les accusations d’avoir attendu l’entrée en vigueur de la loi du 30 juillet 2018 relative à la protection du secret des affaires pour dissimuler des informations sont infondées. Les obligations légales que doit respecter l’ANSM en la matière sont en vigueur depuis la loi du 17 juillet 1978. La loi du 30 juillet 2018  a uniquement remplacé les mots « en matière commerciale et industrielle » par les mots « des affaires » qui figurait au 1° de l’article L. 311-6 du Codes des relations entre le public et les administrations (CRPA). » 

Et c’est dans ce contexte, précise l’AFP, qu’un « collectif de journalistes » 1, vient de lancer la  pétition  Informer n’est pas un délit, (et de publier un livre) « Bientôt, les journalistes et leurs sources pourraient être attaqués en justice par les entreprises s’ils révèlent ce que ces mêmes entreprises veulent garder secret » écrivent-ils. George Orwell, avant eux, avait déjà tout dit :

« Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publier. Tout le reste n’est que relation publique ».

Orwell ne connaissait pas l’ANSM.

A demain

1 Elise LUCET, France 2, Fabrice ARFI, Mediapart, Gérard DAVET, Le Monde, Fabrice LHOMME, Le Monde, Denis ROBERT, écrivain & documentariste, Mathilde MATHIEU, Mediapart, Hélène CONSTANTY, L’Express & Mediapart, Benoît COLLOMBAT, France Inter, Laurent RICHARD, Premières lignes, Caroline MONNOT, Le Monde, Marine TURCHI, Mediapart, Christophe LABBÉ, Le Point, Olivia RECASENS, Le Point, Jacques-Olivier TEYSSIER, Montpellier Journal, Martine ORANGE, Mediapart, Paul MOREIRA, Premières Lignes.

 

 

Pouvoir conserver ses ovocytes ? Un an après, le comité national d’éthique a changé d’avis

Bonjour

Les femmes en âge de procréer ont-elles le droit de faire conserver par congélation une partie de leurs cellules sexuelles ? Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu public, mardi 25 septembre, son avis relatif aux différents sujets de la prochaine révision de la loi de bioéthique (prévue en 2019). Il prononce de nouveau (comme en juin 2017) en faveur de l’accès à la PMA (à l’insémination artificielle avec sperme de donneur) aux couples de femmes et aux femmes seules. Et il réaffirme son opposition radicale à la gestation pour autrui (GPA). Il vire lof pour lof, en revanche, sur la question de l’auto-conservation des ovocytes.

En France la pratique de l’auto-conservation de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes) n’est aujourd’hui autorisée qu’en cas de pathologies ou de traitements affectant la fertilité – ou en « contrepartie d’un don d’ovocytes » ce qui constitue une forme, officielle, de chantage. Le CCNE est désormais favorable à la possibilité de la « proposer, sans l’encourager » (sic) à toutes les femmes qui le souhaitent et après avis médical.

« Nous avons un peu évolué par rapport à notre avis rendu en juin 2017 a précisé au Monde le Pr Jean-François Delfraissy, président du CCNE. Nous étions partagés, mais l’écoute des sociétés savantes et des femmes elles-mêmes nous a fait nuancer notre position. L’un des arguments est que médicalement c’est un peu moins lourd qu’on ne l’avait imaginé. A partir du moment où les femmes l’ont décidé, au nom de quoi le leur refuserait-on ? »

« Un peu évolué » ? Le Pr Delfraissy euphémise. Dans son avis n° 126 de juin 2017 le CCNE soulignait le caractère très contraignant de la procédure de collecte des ovocytes, (lié notamment aux stimulations ovariennes répétées, à l’anesthésie générale, aux ponctions ovariennes). Il insistait sur les « risques cliniques et médicaux » induits, mais aussi sur les « risques de pressions sociales et professionnelles » émanant de l’entourage ou des employeurs.

Femmes responsables

La proposition d’une auto-conservation ovocytaire de «précaution » chez les femmes jeunes, soulevait selon lui les questions : de sa réelle utilité, dans la mesure où la grande majorité des femmes pourront avoir des enfants par des méthodes naturelles ; de l’absence de garantie de résultat pour celles qui y auraient finalement recours, puisque son taux de réussite ne dépasse pas 60% ; de la limite temporelle à l’utilisation des ovocytes ; du devenir des ovocytes non utilisés ; de ses coûts médicaux, techniques, médicamenteux, et financiers non négligeables (c’est peu dire que leur prise en charge par la collectivité « fait débat »).

Conclusion de l’an dernier : pour la plupart des membres du CCNE, proposer l’auto-conservation ovocytaire à toutes les femmes jeunes, en vue d’une éventuelle utilisation ultérieure, était difficilement défendable. On voyait alors le Comité national d’éthique s’opposer à la position récemment exprimée par l’Académie nationale de médecine. Cependant certains membres ne partageaient pas cet avis – fondant alors leur position sur l’autonomie et la responsabilité des femmes. Il s’agissait de Mmes et MM Abdennour Bida,  Carine Camby, Monique Canto-Sperber, Hervé Chneiweiss, Anne-Marie Dickelé, Francis Puech et Bertrand Weil.

Un an plus tard force est de constater que ces membres ont, finalement, su convaincre et l’emporter. L’affaire n’est toutefois pas tranchée. Que décideront, désormais, le président Macron et son gouvernement ? Que votera le Parlement ?

A demain

 

Alcool au volant : la sécurité sociale doit prendre en charge les « éthylotests antidémarrage »

Bonjour

Longtemps l’Etat ne fit rien. Puis, face à l’hécatombe il rentra petit à petit dans l’habitacle. Lever le pied droit. Le lever encore. Puis encore. Moins boire. Encore moins. Descendre sous les 80 km/h « sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central ». Boucler les ceintures de sécurité. Puis ne plus fumer au volant, ne plus téléphoner… Etre plus que correct avec la maréchaussée. Maîtriser son véhicule et, au-delà, se maîtriser.

Puis voici aujourd’hui un décret instaurant notamment un durcissement des sanctions pour les « refus de priorité » aux piétons. Un automobiliste se verra désormais retirer six points (au lieu de quatre actuellement) s’il ne cède pas le passage à un piéton « s’engageant régulièrement dans la traversée d’une chaussée ou manifestant clairement l’intention de le faire ». La constatation de cette infraction peut par ailleurs se faire par simple vidéo-verbalisation, via des caméras de surveillance.

Cette mesure vise à réduire la mortalité des piétons : l’an dernier 519 ont été tués dans un accident et plus 11 070 ont été blessés. Une autre mesure vise à étendre le recours aux « éthylotests antidémarrage » (EAD). Au 1er janvier 2019, tout conducteur arrêté chez lequel une alcoolémie supérieure à 0,8 g/l et inférieure à 1,8 g/l aura été mesurée sera « éligible » à ce dispositif – un appareil branché sur le circuit d’alimentation du véhicule et dans lequel il doit souffler pour pouvoir démarrer son véhicule.

Compter 100 euros par mois

Avantage : au lieu de voir son permis de conduire « suspendu », le contrevenant pourra être autorisé, « par décision préfectorale dans les trois jours », à continuer à conduire des véhicules équipés d’EAD, que ce soit le sien ou un autre véhicule (d’entreprise par exemple). L’installation du dispositif (1 300 euros environ ou location de 100 euros par mois) sera, bien évidemment, à sa charge.

Aujourd’hui, les EAD ne sont proposés que par des juges (ou dans quatre départements expérimentaux (Nord, Marne, Drôme, Finistère-  par les commissions médicales administratives des préfectures. « Cela intervient bien trop tard et les contrevenants y renoncent », plaide le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe. « L’objectif, dit-il,  est d’éviter, par la rapidité de la décision, le déclassement causé par la perte du permis, notamment pour aller travailler. L’EAD est un outil reconnu contre la récidive d’alcool au volant. On espère qu’en développant l’usage, son prix baisse et amorce ainsi un cercle vertueux. »

Contre la récidive et l’addiction à l’a;cool faut-il parler de cercle et de vertu ou de spirale pathologique ? Voilà bien, dans l’habitacle ou pas, un vrai sujet médical et politique. Pourquoi les EAD ne seraient-ils pas pris en charge par l’assurance maladie ? Au nom de la réduction, collective, des risques. Qui soutiendra le contraire ?

A demain

Le vieux numerus clausus est mort et enterré ! Vive le nouveau numerus clausus masqué ! 

Bonjour

Cela sonne comme un slogan libérateur : « Fin du numerus clausus ! » – « Fin du gâchis humain ». Avec un film en toile de fond 1. Applaudissements sur tous les bancs. Mais encore ? Interrogée par Le Quotidien du Médecin, la réponse d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé à qui on demande par quoi cette guillotine sera remplacée :

«  Là, il nous faut une loi ! Des négociations auront lieu avec les étudiants. Nous voulons éviter l’immense gâchis humain de la PACES, et de tous ces très bons élèves qui se retrouvent en échec alors qu’ils ont un potentiel fou (sic).  Nous voulons diversifier les parcours, sélectionner de nouveaux profils, des étudiants provenant des sciences humaines et sociales, des ingénieurs. Nous allons donc créer davantage de passerelles entrantes et sortantes. Mais pas question d’ouvrir les vannes quantitativement, on ne peut pas former plus de 9000 à 10000 médecins par an. Mais nous laisserons davantage de souplesse aux universités pour former les jeunes. »

Compassion

On n’en saura pas plus sur la suite d’un dispositif mis en place en 1971 et qui limite le nombre de places ouvertes en fin de première année commune aux études de santé (Paces). Agnès Buzyn reconnaît que la fin du numerus clausus «  ne réglera pas le problème de la démographie médicale ».  Nous serions, ici, dans une forme de compassion. « Ça suffit de désespérer des générations entières de jeunes qui obtiennent le bac parfois avec une mention bien ou très bien, mais se voient refuser l’entrée dans des études de médecine et vivent cela comme un échec fondamental » a expliqué la ministre dans un entretien au Parisien.

Ne plus désespérer. Ne plus « gâcher ». Mais par quoi remplacer le mortel couperet ? Par de nouvelles procédures sélectives en fin de première, deuxième et troisième années d’études. « Le système restera sélectif, il n’est pas question de rogner sur l’excellence de la formation de nos étudiants en santé, a confié l’Elysée au Monde. Mais avec un appareil de formation globalement plus intelligent, moins académique et qui conduit moins au bachotage. » Ce qui, même si elle s’en défend, nécessitera la promulgation de la loi Buzyn en 2019.

Visions

Les plus visionnaires croient percevoir les prémices des prolégomènes : en lieu et place d’un numerus clausus établi au niveau national chaque université modulerait le nombre d’étudiants admis dans les études médicales. Du Jacobin au Girondin, en somme. Y croire dans une Macronie plus centralisée que jamais ?

« Nous ne sommes pas favorables à une dérégulation totale, prévient déjà le Pr Jean Sibilia, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine. Il est nécessaire que le nombre de médecins augmente, mais dans une certaine limite. Une fourchette haute nous paraît surtout nécessaire pour -éviter une mise en concurrence des établissements entre eux, pour proposer le plus de places dans certaines -filières plus demandées que d’autres. »

Résumons. Le « concours d’entrée », dans sa version actuelle est voué à disparaître. Pour autant la sélection demeurera bin présente pour recruter les futurs étudiants en médecine, odontologie, pharmacie et maïeutique. Comment pourrait-il en être autrement ?  « Le système restera sélectif. Il n’est pas question de rogner sur l’excellence de la formation  » murmure-t-on au Palais de l’Elysée.

« Les capacités maximales de formation semblant déjà atteintes, n’y aura-t-il pas un numerus clausus déguisé sélectionnant sur les trois premières années et non plus sur une seule ? » demande une internaute au Monde. Réponse de l’auguste quotidien vespéral :

« Cela peut donner ce sentiment, si l’on imagine que la fin du numerus clausus signifie fin de toute sélection, ce qui, en effet, ne sera pas le cas. L’accès aux études menant aux professions médicales restera sélectif, mais d’une autre manière. Potentiellement à différents niveaux d’études, et avec des procédures de sélection diverses.

En effet, les capacités maximales de formation des facultés de médecine – et aussi le nombre limité de terrains de stages, à l’hôpital ou chez les médecins libéraux – limiteront, de facto, le nombre de places offertes, demain comme aujourd’hui. Néanmoins, le mot d’ordre général est celui d’une augmentation – dans des proportions limitées, très probablement – du nombre de professionnels de santé formés, dans les années qui viennent. »

Transhumances

Où l’on comprend que l’on comprend de moins en moins l’avenir proche 2. Impression confirmée par les explications données au Monde par Marc-Olivier Déplaude, chargé de recherche en sociologie à l’INRA. Un spécialiste s’il en est, auteur de La Hantise du nombre. Une histoire des numerus clausus de médecine (Les Belles Lettres, 2015).  Pour lui  « le système a volé en éclats avec la forte augmentation du nombre de médecins venant d’autres pays de l’Union européenne ». Des médecins « qui ont les mêmes droits que les médecins formés en France en matière d’installation et de conventionnement »

M. Déplaude est spécialiste des transhumances. Et nous rappelle quelques vérités essentielles :

« N’oublions pas que le coût de la formation des médecins est assuré par l’Etat, et que la majeure partie de leurs honoraires et prescriptions sont remboursés par l’Assurance-maladie. Il n’est donc pas insensé de demander en contrepartie des règles permettant une répartition plus équitable des médecins sur le territoire.

« Aujourd’hui, tous les nouveaux diplômés peuvent s’installer en libéral et demander à être conventionnés par l’Assurance-maladie : c’est le cas de la quasi-totalité des médecins libéraux en France. Il n’y a pas de numerus clausus au conventionnement. Or, si les universités deviennent libres de décider le nombre de médecins qu’elles souhaitent former, il faut s’attendre à ce que la Caisse nationale d’assurance-maladie dise qu’elle ne pourra pas conventionner tout le monde ! L’Assurance-maladie pourrait ainsi demander de pouvoir décider elle-même le nombre de médecins qu’elle souhaite conventionner, dans telle région ou telle spécialité. »

Où l’on voit que le numerus clausus aujourd’hui supprimé n’est, tout bien pesé, qu’une poudre aux yeux jetée.

A demain

1 « Fin du numerus clausus, fin des annuaires qui volent et de la concurrence sadique » Slate.fr 18 septembre 2018

2 La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a expliqué que les modalités d’accès aux futures études de santé seront discutées avec les acteurs du secteur et «précisées d’ici Noël».

 

 

 

« Ma santé 2022 »: Macron soutiendra-t-il longtemps la comparaison avec de Gaulle ?

Bonjour

Immodestie. Ainsi donc cela s’appellera « Ma santé 2022 » (sic). Une fois de plus l’étouffante mise en scène médiatiquement programmée. Il y avait eu Charles de Gaulle et la création, discrète et révolutionnaire, des CHU. Soixante ans plus tard voici Emmanuel Macron. Non plus une création mais une réorganisation a minima. Un ensemble de pansements incitatifs ; un « nouveau souffle » que le président entend donner à un « système de santé » qui ne cesse d’en manquer. Et une fanfare médiatique à vous tournebouler.

De Gaulle ? C’est l’actuel président de la République qui a placé la barre au niveau de celle de son illustre prédécesseur, expliquant que son  rendez-vous avec l’ hôpital « était aussi important que celui de 1958 » 1. Un saut à très haut risque – le premier étant de montrer au grand jour que le pouvoir exécutif français n’est plus ce qu’il avait été et fait.

Résumons le catalogue macronien : une cinquantaine de mesures touchant aussi bien l’organisation de la médecine libérale que de l’hôpital, 400 millions d’euros supplémentaires en 2019, une nouvelle « loi santé Buzyn » dans quelques mois. Un inventaire plus qu’une révolution. Un ajustement dans les limites d’un maigre possible. Soit, en pratique :

« . Un objectif national de dépenses d’assurance-maladie relevé de 0,2 point, le portant à 2,5 % en 2019, soit 400 millions d’euros supplémentaires. . 400 médecins généralistes vont être salariés par des centres hospitaliers de proximité ou des centres de santé situés dans les « déserts médicaux ». 

 . 4 000 postes d’assistants médicaux vont être créés pour décharger les médecins d’une partie du travail administratif ou des actes simples. . Des communautés professionnelles territoriales de santé seront créées afin de regrouper les professionnels de santé libéraux et mettre fin à l’exercice isolé. Ils devront répondre aux « urgences de ville » non vitales jusqu’à 20 heures.

. Des établissements hospitaliers seront répartis en trois catégories – soins de proximité, soins spécialisés et soins ultra-spécialisés – impliquant aussi le secteur privé. Des activités cesseront dans certains établissements. . Un financement des hôpitaux qui va évoluer pour passer de la tarification à l’acte à une tarification « au forfait », dans un premier temps pour deux pathologies chroniques : le diabète et l’insuffisance rénale chronique. En parallèle, l’enveloppe dédiée à récompenser la qualité des soins devrait passer de 60 à 300 millions d’euros dès 2019. »

Voir là une réorganisation « systémique »du système français de distribution des soins ? On ne peut oublier que rien n’était préparé, que tout s’est fait dans l’urgence. Que l’exécutif a été contraint à ouvrir un chantier auquel il n’était pas préparé mais qui s’est imposé au fil des crises dans les services d’urgences, des grèves dans les hôpitaux psychiatriques, des angoisses d’une population de plus en plus angoissée pour sa « santé ».

Les objectifs de la réforme sont nobles autant que nombreux. Pour autant on peine à trouver un fil rouge dans le catalogue macronien. Les annonces élyséennes sont bien loin de répondre à l’ampleur des objectifs visés : renforcer l’offre de soins pour permettre à tous les Français d’être pris en charge par la médecine de ville, désengorger des urgences hospitalières saturées, améliorer la qualité de la prise en charge et enfin répondre au malaise de soignants en perte de sens dans des hôpitaux perdus dans une course mortelle à l’activité.

Il s’agirait, assure le président de la République, , de « renforcer l’offre de soins  pour les cinquante années à venir ». Or force est bien de constater, aujourd’hui, que le pouvoir mouline, que l’exécutif est à la peine sur le réel, que l’appel à la « mobilisation générale » sonne pour partie dans le vide. Et que les parallèles d’Emmanuel Macron avec le de Gaulle et la France de 1958 ne sont, décidément, plus  de saison.

A demain

1 Sur ce thème : « A 60 ans, les CHU français montrent d’inquiétants signes d’essoufflement » Rev Med Suisse 2018; volume 14. 348-349. Egalement sur ce thème : Debré P. « Robert Debré Une vocation française ». 2018 Odile Jacob

A partir de 2020 : fin du « gâchis humain » dans la sélection des médecins (Agnès Buzyn) ?

Bonjour

Le trop célèbre numerus clausus (qui limite le nombre d’étudiants admis en deuxième année d’études de médecine, sages-femmes, d’odontologie ou de pharmacie) sera supprimé à la rentrée 2020. Cette mesure entrera dans le cadre du plan santé présenté mardi 18 septembre par Emmanuel Macron. L’information a été confirmée la veille par la ministre des Solidarités et de la santé, Agnès Buzyn – et ce dans un entretien accordé au Parisien (Laurence Le Fur, Elsa Mari, Florence Méreo, Daniel Rosenweg).

Reconnaissant que la fin du numerus clausus « ne réglera pas le problème de la démographie médicale », la ministre justifie la mesure par le besoin d’« arrêter le gâchis humain » :

« Ça suffit de désespérer des générations entières de jeunes qui obtiennent le bac parfois avec une mention bien ou très bien, mais qui se voient refuser l’entrée dans des études de médecine et vivent cela comme un échec fondamental. Nous ne pouvons pas sélectionner les futurs médecins uniquement sur leurs compétences en maths ou en physique. Nous avons aussi besoin de profils numériques, humanistes (sic) que l’actuelle sélection ne favorise pas.

En lieu et place du numerus clausus, « des examens sanctionneront le passage en deuxième année puis en troisième », ajoute la ministre. Sans dire si la souffrance et le gâchis ne seront pas, ainsi, prolongés.

La première année commune aux études de santé (Paces) donne actuellement lieu à un concours désespérant : sur près de 60 000 étudiants inscrits, seuls 13 500 ont été autorisés cette année à poursuivre leur cursus en médecine, odontologie (dentaire), pharmacie ou maïeutique (sages-femmes).

Ce système (dénoncé depuis un quart de siècle) permet au pouvoir exécutif d’ajuster les flux de la démographie médicale. D’abord à la baisse, dans l’espoir de réduire les dépenses, sans grand succès. Puis à la hausse, face aux pénuries croissantes et à l’émergence et la progression de déserts médicaux.

A demain

E-Cigarette : permettre aux ados de « juuler » ou, comme en France, les laisser fumer ?

Bonjour

Il va nous falloir apprendre à connaître JUUL Labs : une firme californienne de cigarette électronique visée par le Dr Scott Gottlieb (patron de  la FDA)  dans sa communication mondialement médiatisée sur le vapotage et les adolescents. La JUUL qui – après un succès fulgurant aux États-Unis – se lance au Royaume-Uni, depuis juillet, et au Canada, depuis fin août. « La France faisant partie de ses prochaines cibles. D’ailleurs, cela se traduit actuellement par des propositions discrètes de recrutement à certains hauts cadres de l’industrie du tabac et du vapotage sur le marché français » confie le site des buralistes.

Pour le Dr Gottlieb, « les cigarettes électroniques peuvent aider les fumeurs adultes, mais cela ne doit pas se faire au détriment des enfants ». « Nous ne pouvons pas accepter qu’une génération entière devienne dépendante à la nicotine » dit-il. En  2017, 2,1  millions de lycéens et collégiens américains étaient des consommateurs réguliers, selon les statistiques officielles. Depuis, le phénomène n’a cessé de prendre de l’ampleur. Selon le Washington Post, le nombre d’adolescents vapoteurs aurait augmenté de 75  % cette année.

« Cette popularité croissante s’explique en grande partie par le succès de JUUL Labs. En trois ans, cette jeune société établie à San Francisco (Californie) est même entrée dans le langage courant, rapporte Le Monde (Jérôme Marin). Dans les collèges et lycées américains, on n’utilise pas une cigarette électronique, on  » juule « . Et on l’affiche fièrement sur Instagram et Snapchat. Tout l’inverse des cigarettes, dont la consommation ne cesse de reculer – moins de 8  % des lycéens fument. »

Selon les estimations de l’Institut Nielsen JUUL  capterait 72  % du marché aux Etats-Unis, loin devant les marques lancées par les géants du tabac. Un chiffre d’affaires évalué à 1,3  milliard de dollars (1,1  milliard d’euros) au cours des douze derniers mois et qui a bondi de 730  % sur un an.

Concombre masqué et crème brûlée

La recette du succès ? Le design : une e- cigarette électronique type clé USB ; l’éventail des parfums (menthe, mangue, crème brûlée ….  intégrant du sel de nicotine pour offrir une sensation plus proche de celle d’une cigarette de tabac) ; et un marketing plus de débridé auprès des plus jeunes – ceux qui ne sont pas entrés dane le monde ringardisé et hautement toxique du tabac.

JUUL reconnaît que l’utilisation massive  de ses productions par les mineurs est un problème – et pense pouvoir le résoudre grâce aux nouvelles technologies. « L’an prochain, la société commercialisera une cigarette se connectant à un smartphone, ce qui pourrait, à terme, permettre de contrôler l’âge des utilisateurs, précise Le Monde. Le fabricant tente de redorer son blason. Il a promis d’investir 30  millions de dollars sur trois ans pour lutter contre l’utilisation de ses produits par des mineurs. Il soutient une proposition de loi pour porter à 21 ans l’âge minimum pour acheter du tabac. Avant cela, il avait aussi modifié son marketing. Ses publicités et son site Internet adoptent désormais des couleurs plus sobres et mettent en avant de vrais fumeurs qui ont basculé vers les cigarettes électroniques. »

Chez JUUL le parfum « Concombre cool » est devenu « Concombre »  et « Fruit » a remplacé « Salade de fruits ».  La firme assure également qu’elle contrôle davantage les distributeurs qui visent les adolescents ou qui ne respectent pas l’âge limite – elle aurait demandé la suppression de milliers de messages et d’annonces sur Instagram, Facebook et Amazon.

Sourire de la situation américaine ?  En France un adolescent sur trois consomme du tabac. Le pouvoir exécutif tient dans le plus profond mépris les artisans vapoteurs acteurs majeurs de la réduction des risques tabagiques. Et les paquebots internationaux de Big Tobacco entendent bien détruire, via France Vapotage, les micro-esquifs de la Révolution des Volutes. Quant à la ministre Agnès Buzyn elle semble désormais définitivement allergique, dans le champ de l’addiction, à une politique structurée de réduction des risques.

A demain

 

« IVG=homicide »: à quoi le Dr de Rochambeau, chef des gynécos français sera-t-il condamné ?

Bonjour

Mesurait-il la vague qui suivrait ?  Le Dr Bertrand de Rochambeau est le président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof). Aucune ambiguïté : c’est le seul syndicat des gynécologues médicaux, des gynécologues obstétriciens publics et privés. Il rassemble 1600 adhérents, « à jour de leur cotisation », « reflet satisfaisant de l’activisme des gynécologues français ». Son président est le Dr Bertrand de Rochambeau (hôpital privé de Marne Chantereine, Brou-sur-Chantereine).

Le Dr de Rochambeau vient de parler publiquement. C’était au micro d’une journaliste de l’émission « Quotidien ». (TMC) :

« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. » Le docteur Bertrand De Rochambeau est président du syndicat des gynécologues et il refuse de pratiquer des IVG. Il a accepté de répondre à @valentineoberti.#Quotidien 20:18 – 11 sept. 2018

« Moi, je fais un métier avec mes tripes. Je me lève à n’importe quelle heure. La nuit, je fais des opérations très difficiles, avec mes tripes. Et donc aux choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus », explique le médecin, estimant que « nous [les médecins] ne sommes pas là pour retirer des vies ».

La journaliste de TMC fait remarquer au Dr Bertrand de Rochambeau que « ce n’est pas un homicide 1 que de faire une IVG », le médecin répond : « Si, madame. »

« Toutes les femmes ne considèrent pas qu’avoir un embryon dans le ventre, c’est une vie », insiste la journaliste. Le gynécologue-obstétricien rétorque alors que c’est ici « son opinion »« Moi, en tant que médecin, je ne suis pas forcé d’avoir votre opinion. Et si je ne l’ai pas, la loi me protège et ma conscience aussi. »

Quelques minutes plus tard:

« Rien ni personne ne doit entraver »le droit à l’IVG a réagi Agnès Buzyn, ministres des Solidarités et de la santé. « Nous ne devons laisser passer aucune attaque, d’où qu’elle vienne, contre le droit des femmes à accéder librement à l’avortement », a aussitôt ajouté Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Et ce dans un communiqué commun qui « condamne fermement » les propos du Dr Bertrand de Rochambeau.

Puis vint, dans sa nouvelle sagesse 2, le Conseil national de l’Ordre des médecins :

«Le Dr Bertrand de Rochambeau a fait état publiquement de son opposition à
l’interruption volontaire de grossesse, qu’il rattache à un homicide. Cette opinion
personnelle ne peut effacer le fait que le Dr de Rochambeau est également président du
Syndicat national des gynécologues-obstétriciens, ce qui pose le problème de la portée
de ses propos tenus dans une émission de grande écoute. 

« A cet égard le Conseil national de l’Ordre des médecins rappelle que toute femme, majeure ou mineure, ne souhaitant pas poursuivre une grossesse peut demander à un médecin l’interruption de celle-ci conformément à la loi. 

« Le médecin contacté a parfaitement le droit d’invoquer sa clause de conscience personnelle. Toutefois le code de déontologie précise que, lorsqu’il se dégage de sa mission, quel qu’en soit le motif, le médecin doit impérativement en avertir le patient,
et transmettre sans délai à un autre médecin désigné par ce patient, toutes les
informations utiles à la poursuite de la prise en charge. 

« La clause de conscience ne saurait donc être un moyen de se soustraire à la loi et aux dispositions de la déontologie médicale qui sont parfaitement claires.»

Pour sa part le Dr de Rochambeau estime avoir été «piégé» par la journaliste de l’émission «Quotidien» . «A plusieurs reprises, j’ai rappelé que je m’exprimais en mon nom propre, mais cela a été coupé. J’ai été son trophée , déplore-t-il. Il y a eu manipulation de ce que j’ai dit pour faire le buzz.»

A demain

1 Homicide: action de tuer un autre être humain.

2 En février 1973 le Pr Jean-Louis Lortat-Jacob, alors président du Conseil de l’Ordre dénonçait  ouvertement les médecins partisans du droit des femmes à avorter. Sur ce sujet : « L’Ordre et l’avortement : la question de l’oubli et celle de l’hypocrisie ».

 

Grâce à l’IGAS, tout savoir sur la chirurgie française de l’obésité, ses succès, ses excès

Bonjour

Le Monde daté de demain nous en apprend beaucoup sur aujourd’hui (Pascale Santi). En révélant l’existence d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) daté de janvier dernier mais rendu public hier lors d’un colloque organisé au ministère des Solidarités et de la santé :  Rapport intitulé « Situation de la chirurgie de l’obésité » – Dr J.Emmanuelli, V.Maymil, P.Naves (IGAS), avec le concours de C-T.Thuong, interne en santé publique (Janvier 2018 – – N°2017-059R). Résumé du résumé :

« La chirurgie bariatrique est une intervention de dernier recours pour des personnes souffrant d’obésité sévère ou morbide. Cette résection d’une partie de l’estomac, voire de l’intestin, comporte des risques liés à l’acte opératoire lui-même, mais aussi à ses conséquences sur la fonction digestive et sur le psychisme des personnes opérées. Le nombre de ces interventions chirurgicales a triplé en 10 ans (60 000 en 2016). 


« L’essor de la chirurgie de l’obésité pose de sérieuses questions : non-respect des indications, lacunes significatives dans la préparation des personnes et dans le suivi post-opératoire. Outre la nécessité de reconnaître l’obésité comme une maladie chronique et de mieux évaluer l’efficacité clinique et médico-économique des prises en charge, la mission formule une trentaine de recommandations visant à mieux encadrer, contrôler et surveiller cette chirurgie.»

Pertinence, scalpel et stigmatisation

On peut aussi, comme l’IGAS, le dire autrement : « Il n’est pas acceptable que la chirurgie bariatrique soit aussi peu encadrée et suivie ». Ou encore : « l’essor que connaît cette chirurgie « n’est pas sans poser de sérieuses questions ». « Une part non négligeable des indications est excessive ou mal posée » et les pratiques « faiblement encadrées ».

On sait que l’obésité est là quand l’IMC dépasse 30 kg/m2. Qu’elle concernerait, en France, environ 7,6 millions de personnes (la moitié de la population étant en « surpoids »). « Paradoxe, si ces taux sont moindres que dans d’autres pays industrialisés, l’Hexagone ­figure parmi les pays qui opèrent le plus dans le monde » souligne le quotidien du même nom.

Pour le reste une efficacité établie, des conséquences non négligeable sur le psychisme, un suivi des patients trop souvent défaillant et la somme des griefs, des accusations et des recommandations qui caractérisent les rapports de l’IGAS tout en justifiant leur existence.  « La pertinence des soins est un enjeu qui me tient à cœur, particulièrement en ce qui concerne la chirurgie bariatrique chez les jeunes, a déclaré Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de de la santé du colloque. Il est essentiel de lutter contre les préjugés et les risques de stigmatisation qui entourent parfois les personnes souffrant d’obésité. »

Solidarités et santé ou pas, obésité ou non, quel ministre oserait soutenir que le pouvoir exécutif  ne doit, aujourd’hui, ni réduire les risques ni lutter contre les préjugés ?

A demain

Alcool – grossesse : 50 ans après, rien n’a changé. Agnès Buzyn, réflexe zéro et l’invisible logo

Bonjour

Chaque jour, en France, un enfant naîtrait avec (au moins) une conséquence due à la consommation d’alcool préalable par sa mère. (Santé publique France). Un message pour médias intéressés proposé à  quelques jours de la « Journée mondiale de sensibilisation au Syndrome d’Alcoolistion Fœtale » (SAF) du 9 septembre. Ce serait-là (sic) une donnée officielle (sic) « très sous-estimée ».

Tout ou presque a, sur le sujet, été écrit depuis un demi-siècle. Et depuis des années on tourne sans fin autour de la principale question pratique : existe-t-il un  seuil de consommation en dessous duquel il n’y aurait aucun risque pour l’enfant. Et les autorités sanitaires de tambouriner les vertus du principe de précaution :  « zéro alcool pendant la grossesse ».

Des chiffres quant aux consommations d’alcool pendant la grossesse ? Elles sont « loin d’être négligeables », selon les données du baromètre santé 2017 présentées par Santé publique France. Une femme enceinte sur dix a consommé, serait-ce occasionnellement, de l’alcool pendant sa grossesse. Et quatre sur dix disent ne pas avoir été informées des risques de la consommation d’alcool (ou de tabac) par le médecin ou la sage-femme qui les suit ou les a suivies pendant leur grossesse.

Botter en touche

Et Santé Publique France d’annoncer une nouvelle « campagne nationale auprès du public et des professionnels de santé. » « Les deux précédentes campagnes ont fait évoluer les ­connaissances du public sur ces questions, mais il faut poursuivre l’effort, insiste François Bourdillon, directeur général de Santé publique France. Le zéro alcool doit devenir un réflexe pendant la grossesse, mais aussi dès qu’une femme veut un enfant. »

« Zéro-alcool réflexe » ? La belle et complexe affaire..  Restons modestes : quid du logo spécifique sur les bouteilles , instauré depuis dix ans mais souvent inconnu et toujours illisible – un sujet d’ont s’est emparé Agnès Buzyn. « Si les alcooliers veulent faire de la prévention, qu’ils fassent leurs preuves. Afficher cette information sur leurs ­produits est de leur responsabilité », estime M. Bourdillon, cité par Le Monde (Sandine Cabut).

Où l’on perçoit, plus clairement que jamais, les étroites limites politiques de l’exécutif sanitaire français dans ce champ de la santé publique. Un réflexe ? Mais où est donc, ici,  François Bourdillon, directeur général de Santé publique France ?

A demain