Un résultat spectaculaire vient d’être obtenu dans le traitement d’une leucémie. Faut-il en parler ?

Bonjour

Formidable ou faux espoir ? Un recul de quatre mois… En parler ou pas ? L’affaire « Layla Richards » résume assez bien la question de la responsabilité des médias face à une information médicale présentée (par ceux qui la délivrent) à la fois comme spectaculaire et préliminaire. Une information dont la diffusion aura d’immanquables conséquences financières.

Un poster à Orlando

A dire vrai le débat est d’ores et déjà tranché. La BBC, Le Parisien et Le Monde (dans sa rubrique économique). Sans oublier The New York Times :  “A Cell Therapy Untested in Humans Saves a Baby With Cancer”. Et les effets sur la Bourse sont déjà là.

L’information la plus complète est donnée par la société française Cellectis à l’origine de ce succès thérapeutique.  « Un résultat spectaculaire UCART19 : première preuve de concept chez l’humain présentée lors de la prochaine conférence annuelle de l’American Society of Hematology ». En pratique il s’agit d’un simple « poster » 1 présenté à Orlando, où se tient cette conférence – un résultat obtenu par des médecins et chercheurs du Great Ormond Street Hospital (GOSH) de Londres et de l’University College London.

Petite fille de 11 mois

Il s’agit du traitement, en juin 2015 d’une petite fille britannique de 11 mois (Layla Richards) souffrant d’une leucémie lymphoblastique aigüe récidivante après rejet d’une greffe de cellules souches allogéniques. Voici le communiqué destiné à la presse. Chaque mot, chaque virgule a été passé au trébuchet juridique :

« En vertu d’une licence accordée par l’agence anglaise de régulation des produits médicaux, la MHRA (Medicines & Healthcare products Regulatory Agency). Le produit candidat allogénique UCART19 (voir note 2), conçu par Cellectis et ingénieré avec la technologie TALEN®, a été administré à cette patiente parce qu’aucune autre thérapie n’était disponible pour traiter cette leucémie lymphoblastique aigüe récidivante, suite au rejet d’une greffe de cellules souches allogéniques.

En réponse à une requête non sollicitée du Professeur Waseem Qasim, consultant immunologiste à GOSH et professeur en thérapie génique et cellulaire au UCL Institute of Child Health, Cellectis a donné son accord pour l’utilisation de son produit candidat UCART19 et des technologies associées dans le cadre d’une licence “Specials” et sous la responsabilité de GOSH, pour répondre aux besoins cliniques spécifiques de cette patiente.

Jalon important

“Le succès du traitement administré à cette patiente grâce aux cellules UCART19 représente un important jalon dans l’utilisation d’une nouvelle technologie d’ingénierie du génome. Si ces résultats sont reproduits avec d’autres patients, ce traitement pourrait représenter un énorme pas en avant dans le traitement de la leucémie et d’autres cancers,” a déclaré le Professeur Qasim.

“Nous sommes très heureux que cette jeune patiente ait pu bénéficier de notre produit candidat UCART19, fondé sur des cellules CAR T allogéniques ingénieriées avec notre technologieTALEN®. Nous comptons accélérer le développement clinique de nos produits candidats CAR T allogéniques ingénierés avec la technologie TALEN®afin de confirmer cette encourageante preuve de concept,” a déclaré le Docteur Mathieu Simon, MD, Vice Président Exécutif, Directeur des Opérations à Cellectis.

“Notre équipe a pour objectif de donner accès aux patients dont les besoins médicaux ne sont pas satisfaits à la première thérapie CAR T allogénique, UCART19, ingénierée par Cellectis avec la technologie TALEN®,” a déclaré le Docteur André Choulika, fondateur de Cellectis et Président-directeur général de l’entreprise. “Le produit candidat UCART19 a été injecté à une patiente qui ne pouvait être traitée par une thérapie CAR T autologue. Cellectis a investi et continuera à investir son énergie et sa créativité dans le but d’offrir aux patients atteints de cancer des thérapies CAR T économiquement compétitives, prêtes à l’emploi et accessibles partout dans le monde. Notre objectif est de rendre nos produits candidats accessibles à tous.” »

Plus de 11%

Le Monde cite le Pr Paul Veys, responsable de l’équipe qui a conduit ce travail, et qui dit qu’il s’agit « presque d’un miracle ».  Le quotidien du soir précise aussi que les essais cliniques ne commenceront qu’à la fin de l’année qu’avec douze patients britanniques – et que  la commercialisation n’est pas prévu avant (au moins) cinq ans. Il ajoute : « à l’annonce de cette première réussite le cours de Cellectis a bondi  de plus de 11 %.»

La question, bien évidemment, n’est plus de savoir s’il faut « en parler ou pas ». Tout le monde ou presque parle et parlera ra de Layla Richards. La question, comme toujours, est celle de savoir comment parler de ce qui apparaît « presque comme un miracle ».

A demain

1 “First Clinical Application of Talen Engineered Universal CAR19 T Cells in B-ALL”. Gene Therapy and Transfer. Program: Oral and Poster Abstracts Session: 801. Gene Therapy and Transfer: Poster I Saturday, December 5, 2015, 5:30 PM-7:30 PM Hall A, Level 2 (Orange County Convention Center)

2 « UCART19 » est un potentiel traitement « best-in-class allogénique », fondé sur des cellules T modifiées qui ciblent l’antigène CD19, situé sur les cellules cancéreuses de la leucémie lymphoblastique aiguë (LLA) et de la leucémie lymphoïde chronique (LLC). Servier pourra exercer une option afin de se voir concéder une licence exclusive pour le développement et la commercialisation d’UCART19. Les cellules T allogéniques ciblant CD19 sont considérées comme une réelle innovation thérapeutique pour traiter différents types de leucémies et de lymphomes. L’approche de Cellectis s’appuie sur les résultats positifs d’essais cliniques utilisant des produits fondés sur la technologie CAR et pourra potentiellement dépasser les limites de l’approche autologue en proposant un produit allogénique congelé prêt à l’emploi.

Pourquoi le gouvernement français n’interdit-il pas de fumer dans les prisons et autres maisons d’arrêt ?

Bonjour

C’est une information que les journaux classent généralement dans la catégorie « Insolite ». C’est aussi une solide question de santé publique. L’affaire s’est passée à Coutances, jolie bourgade du département de la Manche. Superbe cathédrale, festival Jazz sous les pommiers et sordide maison d’arrêt construite en 1821 – voir ici la vidéo INA- FR3 concernant la « réalité carcérale » en présence du député UDF Hervé Morin. 

Dortoirs

Cette maison d’arrêt est, comme celle de Tours (Indre-et-Loire), un abcès chronique sur la  carte pénitentiaire . Elle peut accueillir 71 détenus dans neuf grandes cellules de six à douze lits. « L’hébergement en dortoirs reste la particularité de cet établissement »souligne sobrement le site internet du ministère de la Justice.

« La maison d’arrêt de Coutances a été édifiée sur un domaine de 4426 m2 avec une emprise intra muros de 2777 m2, entre 1821 et 1828, par ordonnance royale du 9 avril 1819 pour l’amélioration des prisons. Les premiers détenus sont transférés des vieilles prisons de Coutances vers la nouvelle maison d’arrêt, de correction et de Justice le 11 août 1828. Bombardée en juin 1944, l’aile nord de la prison de Coutances a été totalement détruite, réduisant d’un tiers sa capacité d’hébergement.

L’hébergement des détenus en dortoirs reste la particularité de la maison d’arrêt de Coutances. »

L’affaire, rapportée par plusieurs médias régionaux et nationaux (dont Le Parisien) :  Du 9 décembre 2013 au 8 avril 2014, un Normand de 36 ans a été placé en détention au sein de cette prison. Durant 120 jours, il a successivement occupé les cellules EQHSG et EQHCU, d’une surface respective de 21 m2  et de 20,75 m2. La plus grande des cellules comprenait une douche, une armoire, une grande table et des chaises. Avec le détenu, entre quatre et six compagnons, tous fumeurs, alors que lui ne fume pas. Et la fenêtre ne dépasse pas les 80 centimètres.

Couvertures tous les six mois

Après sa libération, le détenu a, début 2015, saisi la justice en mettant en avant des conditions de détention « inhumaines, dégradantes et insalubres ». Le tribunal administratif de Caen, qui a examiné ce dossier, vient de rendre son jugement. Il a écarté la notion de surpeuplement, noté que les gants de toilette, serviettes et taies d’oreiller sont changés tous les huit jours, les draps tous les quinze jours et les couvertures tous les six mois. En revanche, ont-ils jugé, « le détenu peut soutenir qu’il a subi une promiscuité certaine. Lui-même étant non-fumeur, son incarcération ne s’est pas déroulée dans les conditions de salubrité requises par la Convention européenne des droits de l’homme ». En réparation du préjudice subi, le détenu recevra 1 200 euros de dommages et intérêts.

Soit 10 euros par jour pour avoir été exposé à un tabagisme passif  massif. Le prix de la promiscuité.

Reste la question du fumer en prison. Non loin de Coutances, de l’autre côté de la Manche la question ne se pose plus. Le Royaume-Uni a ainsi décidé, mardi 29 septembre ,d’interdire aux détenus de fumer dans les prisons. Huit centres sont concernés : quatre au Pays de Galles, qui devront respecter l’interdiction dès le mois de janvier, et quatre prisons en Angleterre à partir de mars 2016. L’AFP précise que cette annonce fait suite à la décision prise en mars dernier par  la Haute Cour de justice, qui a tranché en faveur de l’application de la législation antitabac britannique, en vigueur depuis 2007, à la suite de la requête d’un détenu qui se plaignait des conséquences pour sa santé.

Passer le temps

Le ministre britannique des prisons Andrew Selous a expliqué, dans un courrier adressé au président de la Commission parlementaire de la justice, que l’interdiction serait introduite par phases progressives, en raison notamment de la forte proportion de fumeurs parmi les détenus et de « la particularité des lieux ».

Au Royaume-Uni, 80 % des détenus fument, selon des chiffres officiels Aussi peut-on redouter le pire, comme le souligne Vice, publiant le témoignage d’un ancien prisonnier :

« En prison, les cigarettes sont un moyen de passer le temps. Elles ont un rôle social, servent en quelque sorte à clore chaque chapitre sans histoire de la journée. C’est également une monnaie de choix dans un monde sans argent – tout le monde sait que t’es plein aux as quand tu as une boîte à chaussures remplie de tabac sous ton lit. Tu peux échanger quelques clopes avec un des cuisiniers contre un peu de poivre, une pochette d’Amber Leaf[marque britannique de tabac à rouler] contre un bout de hasch, de l’héroïne ou ce qui te fait kiffer. »

Violences

Pour Mark Leech, éditeur du Manuel sur les prisons interrogé par  The Telegraph« des temps difficiles s’annoncent ». « Les prisons sont remplies de personnes présentant des troubles mentaux, ayant un comportement impulsif et qui peuvent se montrer violentes. »

Des premières mesures d’accompagnement ont été mises en place, comme la distribution de cigarettes électroniques. Les détenus désireux d’arrêter de fumer ont également reçu un soutien. La directrice de l’association caritative Frances Crook, interviewée par la BBC, souligne la relation émotionnelle des prisonniers au tabac, et demande qu’ils bénéficient d’une aide plus soutenue, avec des patchs nicotiniques  gratuits par exemple ou un accès facilité à des activités ou de l’exercice physique. Une aide au sevrage en somme.

L’association de défense des prisonniers Prison Reform Trust regrette quant à elle qu’il ne soit pas permis aux détenus de fumer dans les espaces extérieurs. « Si on leur refuse ça, il faut leur apporter un soutien plus approprié » et « surveiller davantage les signes de détresse » de leur part, plaide Peter Dawson, directeur adjoint de l’association.

Cigarette électronique

L’AFP observe que la décision du gouvernement coïncide avec la publication des résultats d’une étude sur la qualité de l’air dans six prisons britanniques. Elle révèle que les gardiens des centres de détention passent environ le sixième de leur temps de travail à respirer de manière passive des volumes de fumée supérieurs aux limites conseillées par l’Organisation mondiale de la santé – The Guardian. Fumer dans les prisons est déjà interdit au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie, où cette décision a provoqué une émeute à Melbourne en juillet.

Et en France ? La question n’est tout simplement pas posée. La prison, de même que la maison de retraite est considérée par les pouvoirs publics comme un « domicile contraint ». Pour l’heure le programme national de réduction du tabagisme, en chantier depuis bientôt deux ans, ne s’intéresse ni à la cigarette électronique ni aux prisons. Les ministres de la Justice et de la Santé diront-elles un jour pourquoi ?

A demain

Une bien étrange affaire franco-marocaine, avec deux journalistes, deux millions d’euros et le vilain démon de la tentation

Bonjour

C’est une histoire comme on n’oserait pas en inventer. Une histoire comme venue du passé mais qui se joue avec des i-phones. Un « ADG-Manchette-SAS » sans alcool. «Un mauvais film»  a jugé Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ; un mauvais film trop parlant. Une histoire où la presse cherche à connaître la vérité sur une affaire dans laquelle des journalistes (des avocats, des éditeurs etc.) sont impliqués. Une affaire où tout est possible et qui, lundi 31 août, s’enrichit de la prise de parole (dans la presse) des journalistes concernés.

L’avocat de Rabat

Prolégomènes :    Le journaliste Eric Laurent a été mis en examen à Paris pour chantage et extorsion de fonds dans la nuit du 28 au 29 août avec sa consœur Catherine Graciet. Ils sont soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, Mohammed VI, en menaçant de publier un livre à charge contre la famille royale.

Selon Me Eric Dupont-Moretti, avocat de Rabat, les deux journalistes français ont proposé à un collaborateur du roi du Maroc de renoncer, contre rémunération, à la parution d’un livre (à paraître au Seuil) contenant des informations gênantes pour le royaume. Ils auraient formulé une offre de trois, puis deux millions d’euros. « Le Palais a alors décidé de porter plainte auprès du parquet de Paris. Les policiers ont décidé d’organiser un flagrant délit », a assuré Me Dupond-Moretti, qui a révélé l’affaire, jeudi 27 août.

Coupures de 100 euros

Hier 30 août Le Journal du Dimanche (Laurent Valdiguié) avait « révélé les contenus des ‘’enregistrements’’ »  a priori accablants pour les deux journalistes :

« Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit pour chantage sur le roi du Maroc. Dans leurs poches, une  enveloppe, de 40.000 euros… « en petites coupures de 100 euros », à leur demande.  Dans leur poche encore, une lettre manuscrite à l’encre pas encore sèche scellant un « accord » pour « ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc », en « contrepartie du versement de la somme de deux millions d’euros ». Le JDD a eu accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet (elle n’était là qu’au dernier rendez-vous) ont scellé ce « pacte » qui leur vaut aujourd’hui d’être mis en examen pour « chantage et extorsion de fonds » et placés sous contrôle judiciaire. »

Se débarrasser de quelqu’un

Ce matin, dans Le Parisien, Catherine Graciet se confie (à Pascale Egré):

« Je n’ai jamais voulu faire chanter qui que ce soit. Je suis tombée dans un piège. Le Maroc a voulu se débarrasser de quelqu’un de gênant pour le Palais. Dans cette histoire, c’est le Palais qui propose, le Palais qui corrompt. Cela fait dix ans que je mène un travail d’investigation sur le Maroc, dix ans que je vis sous la pression des services de sécurité marocains. J’ai débuté dans un journal d’opposition là-bas puis coécrit deux livres d’enquêtes, dont l’un dénonce la prédation du roi Mohammed VI sur l’économie marocaine. (…)

J’ai été harcelée, photographiée, insultée, menacée de mort sur les réseaux sociaux. Il y a eu des pressions sur des témoins et des familles que je rencontrais… J’ai mené un travail sans concession qui a créé un passif très lourd avec la monarchie. Or il y avait ce nouveau livre, que nous préparions avec Eric Laurent (…)

J’y vais pour voir parce que je n’arrive pas à y croire. Que l’avocat du roi soit là, en personne, à prendre un tel risque ? A endosser un rôle réservé plutôt aux barbouzes ? Je veux en avoir le cœur net. En dix ans, je n’ai jamais pu parler à un représentant du Palais. J’y vois l’occasion d’obtenir des réactions, même en off, par rapport aux affaires évoquées dans le livre. Je pense même qu’une tentative de corruption, cela ferait un beau chapitre d’ouverture… En même temps je me méfie. Je trouve tout ça bizarre ; (…)

Fondre en larmes

 Oui, je me suis laissée tenter (elle fond en larmes…). J’ai eu un accès de faiblesse… C’est humain, non ? Chacun se demande ce qu’il ferait de sa vie avec 2 M€. Essayez d’imaginer la situation. Et c’était pour renoncer à un livre, pas pour tuer quelqu’un… Quand j’ai signé le protocole où nous renonçons à écrire sur la monarchie, je me dis aussi que j’ai la preuve que c’est un corrupteur, puisqu’il l’a signé lui aussi. Et, comme c’est le Palais qui propose l’argent, j’y vois un deal privé entre deux parties. Je sais que, déontologiquement, moralement, ce n’est pas génial, mais je n’y vois rien de mal pénalement. Ensuite, c’est lui qui a insisté pour que nous prenions une avance. Quand il est parti et que je me suis retrouvée avec tout cet argent liquide dans les mains, j’étais hébétée, hagarde. Quand la police nous a interpellés dans le hall de l’hôtel, je n’ai pas compris. Puis la colère est montée ! J’ai compris la manipulation, la police en embuscade, les écoutes, le traquenard. On ne m’a même pas laissé la chance de regretter, de voir ce que j’allais faire après. Mais je me suis fait la promesse que notre livre sortira.

 Invention des faits

Quelques heures plus tard Eric Laurent donnait dans Le Monde, (Charlotte Bozonnet et Serge Michel) sa version des faits. Il était aussi l’invité du « 13 heures » de France Inter. Tout en reconnaissant l’existence de la transaction, Eric Laurent assure qu’elle lui a été « proposée » par un émissaire de Mohammed VI, et qu’il l’a acceptée à la fois pour des raisons personnelles, et pour ne pas « déstabiliser le Maroc ». Il assure aujourd’hui avoir l’intention de terminer et de publier l’ouvrage. Extraits :

« Je vais faire un premier commentaire sur la totale indécence de la part de l’avocat du royaume, Me Dupond-Moretti, qui a dépassé toutes les limites en matière non seulement de présomption d’innocence mais aussi en matière de déformation ou même d’invention des faits.

Brûlot

Le 23 juillet, d’après lui, j’appelle le secrétariat particulier du roi. Jusqu’ici, c’est exact. Je demande à parler à Mounir El Majidi, qui est le secrétaire de Mohammed VI. C’est encore exact. Selon lui, je déclare préparer un livre explosif, un brûlot et c’est trois millions. Je mets au défi Dupond-Moretti et le Maroc de produire le moindre élément attestant cela. Je n’ai jamais tenu ces propos. Il n’y a jamais eu de tentative de chantage (…)

Il n’y a pas de formulation de demande d’argent. (…) A un moment donné, il me dit : « On pourrait peut-être envisager une rémunération, une transaction, en contrepartie d’un retrait écrit ». C’est lui qui m’amène à cette idée. A aucun moment il n’y a dans ces enregistrements une volonté de ma part de faire chanter le roi du Maroc à travers un de ses avocats. (…)

Cancer généralisé

J’ai exercé ce métier pendant 30 ans et j’avoue que là, j’en ai un peu assez. C’est un sujet très complexe concernant la famille royale et certains comportements. Donc je me dis : après tout, on n’a pas envie, quelles que soient les réserves que l’on peut avoir sur la monarchie, que s’instaure une république islamique. S’il propose une transaction, pourquoi pas (…) Ma femme est extrêmement malade. C’est une situation personnelle très dure. Elle a un cancer généralisé. Son état s’aggrave de jour en jour malgré les opérations, des chimiothérapies très lourdes (…)

Le livre porte à la fois sur l’héritage de Hassan II et les affrontements au sein de la famille royale concernant cet héritage. Avec de nombreuses péripéties. Il y avait aussi des choses concernant le train de vie dispendieux – pour ne pas dire plus – de cette famille, avec un certain nombre de dérives (…) Quand vous êtes un sujet marocain, et que vous découvrez cette réalité sur le roi, sa famille, son entourage, dans un affairisme ambiant, vous êtes profondément troublé. Je pense que ça aurait érodé la confiance relative que l’on peut encore avoir envers le monarque.

Innocence présumée

Le parquet a demandé l’interdiction de sortie du territoire et un contrôle judiciaire tous les huit jours. La juge a décidé de me laisser mon passeport et d’un contrôle judiciaire tous les quinze jours. Avec interdiction de parler à ma co-auteure. Outre l’emballement policier et judiciaire, avec trois juges d’instruction, il y a l’emballement médiatique, qui a contribué à nous discréditer très vite en produisant des extraits tronqués, détachés de leur contexte. Nous étions encore dans la voiture de la police que tout filtrait déjà sur les chaînes d’infos, sans nuance et sans présomption d’innocence, qui n’a jamais existé dans cette affaire. La seule voix relayée constamment a été celle de Me Dupont-Moretti, avec des propos choquants et délirants.

Préjudice à journalistes

Le Monde demande à Eric Laurent si, en négociant une transaction financière en échange de la non-publication d’un livre il a conscience d’avoir « porté préjudice à l’ensemble de la profession ». Réponse :

« Non, pas du tout. Je pense que j’ai fait des livres qui ne souffrent pas la moindre critique éthique et déontologique. Et là en l’occurrence, il y avait à la fois le sujet qui était explosif, il y avait la proposition qui m’a été faite et la situation dans laquelle j’étais. Je me suis dit qu’un livre de plus ou de moins, cela n’enlèverait rien à ma satisfaction personnelle. Comme je n’avais pas l’esprit de vindicte, j’ai dit… voilà. C’est une tentation, pas un chantage.  Je me suis dit après tout, pourquoi pas, passons à autre chose.

Déontologie

Je veux bien prendre des risques mais j’étais vraiment dans un état psychologique où je n’avais pas l’énergie nécessaire pour aller jusqu’au bout. Je vous l’ai dit, ce sujet m’effrayait. Et j’ai d’autres centres d’intérêt. Déstabiliser un régime à travers un ouvrage dans un contexte géopolitique très particulier, cela ne me paraissait pas une bonne idée. Mon interlocuteur est arrivé au bon moment. Il a su exploiter cela. Puis il m’a piégé. Vous pouvez ne pas le croire, mais c’est lui qui m’a piégé. Ce qui serait allé à l’encontre de la déontologie, cela aurait été de dire : j’ai ces éléments, et je vais vraiment vous demander de me payer, sinon je les publie et cela sera très douloureux pour vous. Ce qui n’a jamais été le cas. »

Eric Laurent publie un livre, dans huit jours, chez Flammarion : « Aux banques les milliards, à nous la crise ; lettre ouverte aux banquiers qui nous ruinent » sur les pratiques et dérives du système financier. Apprenant (en direct sur France-Inter) la décision du Seuil de ne pas publier le livre controversé sur le Maroc (1) il a accusé son (ancien) éditeur de « lâcheté ».

A demain

(1) Le Seuil a annoncé lundi 31 août qu’il renonçait à publier le livre sur le Maroc des journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet, arguant que « la relation de confiance » entre l’éditeur et les auteurs était « de facto dissoute ». « Dans ces conditions, la publication envisagée ne saurait avoir lieu », indique la maison d’édition dans un communiqué.

Le « Congrès mondial de l’hypnose de Paris » n’est-il qu’une entreprise charlatanesque ?

Bonjour

Hypnose en eaux troubles. L’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique) a pour but de « promouvoir la science contre ceux qui nient ses valeurs culturelles, la détournent vers des œuvres malfaisantes ou encore usent de son nom pour couvrir des entreprises charlatanesques ». Elle est « indépendante de tout groupe de pression et évite toute concession au sensationnalisme, à la désinformation et à la complaisance pour l’irrationnel ».

L’AFIS s’attaque aujourd’hui à l’hypnose. Ou, plus précisément,  au « congrès mondial de l’hypnose » qui vient de s’ouvrir à Paris  – le congrès  « Hypnose : racine et futur de la conscience » – dont le ministère de la Culture et de la Communication est l’un des partenaires .

Marché lucratif

« Cet événement a un objectif spécifique, mis en avant par le président du congrès, le Dr Claude Virot : faire de cette manifestation une étape de la « reconnaissance de la formation par un diplôme officiel » [déclaration au Parisien (24 février 2015)] observe l’AFIS. Mais quel genre de formation veut-on faire reconnaitre ? Et sur quelle base ? L’engouement pour l’hypnose va croissant, mais sous ce terme se trouvent mélangées des pratiques variées, certaines relevant de l’ésotérisme. Un marché lucratif se développe et se développerait encore davantage avec une reconnaissance officielle qui ne préciserait pas clairement ce qui est « reconnu » et sur quelles bases scientifiques. »

Cette association souligne que le Dr Claude Virot est lui-même le directeur d’un « Institut de Formation et de Recherche en Hypnose et Communication Thérapeutique » «  dont la plaquette de présentation a de quoi inquiéter ceux qui revendiquent une médecine fondée sur les faits et sur la science » :

« Il y est question d’auriculothérapie, discipline qui postule une correspondance entre l’oreille externe et les différents organes du corps, mais également de ‘’multi-dissociation des Univers Parallèles’’et de ‘’physique quantique appliquée à l’hypnose’’, méthode propulsant le patient sur ‘’une autre planète de lui-même où le symptôme n’existe pas’’, ou encore une invitation à découvrir ‘’les 10 commandements’’ représentant ‘’les grands éléments fondateurs de notre société’’ afin de ‘’lire et relire nos histoires familiales pour nous libérer de leurs poids’’ ».

« Hypnothérapie énergétique »

L’AFIS « déplore » que ces formations bénéficient d’une aide de la part de l’organisme gestionnaire du dispositif de Développement Professionnel Continu, soit, en dernière analyse, de l’assurance-maladie. Elle estime que ce « congrès mondial de l’hypnose » mélange dangereusement médecine, spiritualisme et ésotérisme. Ainsi quelques présentations relatives à la pratique en hôpital et en anesthésie sont-elles noyées dans des thèmes comme : « hypnose et chamanisme », « corps, psyché, sexualité et cultures », « hypnose, imagination, imaginaire, imaginal », « hypnose quantique » ou « hypnothérapie énergétique ».

Elle fait un sort particulier à l’« hypnothérapie énergétique » qui postule que « la matière, l’information et l’énergie sont les trois bases de l’Univers » et affirme qu’en « agissant sur le corps, on change le cours de l’énergie et les images intérieures », le tout sur fond d’un charabia mêlant « pratiques énergétiques extrême-orientales » et « approche énergétique bio-informationnelle ». M. Ginzburg (Universite des sciences psychologiques et sociales, Moscou , Fédération de Russie) appréciera.

Reconnaissance aveugle

On peut le dire plus simplement : pour l’AFIS l’utilisation de l’hypnose à des fins thérapeutiques ne passe pas par une reconnaissance aveugle de toutes ces pratiques. C’est un projet qui réclame  une approche sérieuse de la valeur scientifique de chacune d’elles et des indications précises d’application. Déterminer si l’hypnose est plus qu’une suggestion librement consentie passe par une indispensable clarification. Il s’agit notamment de protéger le grand public des allégations en tous genres promettant « coaching personnalisé », bien-être, remède contre les migraines incurables, solutions pour se défaire d’une addiction au tabac… Protéger contre la création de faux souvenirs.

Ce sont là de véritables questions de santé publique. Elles trouvent pour partie leur origine dans l’entrée de la pratique de l’hypnose dans les services hospitaliers. Elles sont aussi la conséquence de l’intérêt tardif (c’est un euphémisme) de la médecine officielle – sans parler de la science académique- pour un phénomène très largement méprisé, sinon redouté. Que fait, sur un le sujet, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale ? Qui investit sur la question de l’hypnose-sevrage ?

Séparer le bon grain hypnotique médical des ivraies manipulatrices et charlatanesques ? Sans nul doute. Comment ? Il n’est pas dit que la méthode adoptée par l’AFIS soit la plus efficace.

A demain

Liberté de la presse : à Beauvais, la justice l’avait saigné ; à Amiens «Oise Hebdo» est sauvé

Bonjour

Les médias nationaux se sont généralement pincé le nez. Le Syndicat national de journalistes (SNJ) a tenu son rang. Oise Hebdo va pouvoir diffuser à nouveau son édition du 12 août dans les kiosques. Vendredi 21 mai la cour d’appel d’Amiens a donné raison a cassé le référé du tribunal de grande instance de Beauvais (voir « Suicide et scandale : « Oise hebdo » condamné à détruire les 20 000 exemplaires de son dernier numéro »).

Lieutenant-colonel

Rappel de l’affaire : au début du mois d’août, un habitant bien connu de Therdonne meurt sous les roues d’un camion qui circule à grande vitesse sur l’autoroute. Dans son édition du 12 août, Oise Hebdo (hebdomadaire régional tiré à 27 000 exemplaires dans la région de Picardie) relate l’accident et ses conséquences.

Dans l’article, le lieutenant-colonel Robert Clech y est interrogé et affirme : « il ne s’agit pas d’un accident mais d’un suicide ». L’hebdomadaire cite également des témoins de la scène, évoque quelques éléments biographiques de ce commerçant – son cursus scolaire ou encore son parcours professionnel, familial et conjugal. Le travail assez classique de la presse régionale.

Urgence.

Jugeant être atteintes dans leur intimité, la mère et l’ex-compagne du défunt saisissent la justice en référé.  L’audience se tient au tribunal de Beauvais le vendredi 14 août. Climat tendu. Apparemment irritée par la médiatisation de l’affaire  la présidente du tribunal interdit aux journalistes le suivi en direct de l’audience via les médias sociaux. La presse rapportera qu’elle fait confisquer en début d’audience les téléphones des journalistes présents dans la salle.

Une décision « totalement incompréhensible », explique Pierre-Antoine Souchard, président de l’association de la presse judiciaire, à Libération. M. Souchard ignore-t-il que la présidente a tous les droits qu’elle s’autorise à avoir ?

Faire son boulot

Me Catherine Baclet-Mellon est l’avocate de la famille du défunt. Elle soutient que l’article constitue « une atteinte à sa vie privée, à son deuil » rapportera Le Parisien. Pour sa part Oise hebdo se défend d’avoir  juste fait son boulot . « On informe seulement que le commerçant décédé a deux enfants, en quoi cela porte-t-il atteinte à la vie privée ? », demandera Vincent Gérard, fondateur de l’hebdomadaire. Il ajoute notamment que l’homme décédé est « très connu » dans la région, que les faits sont intervenus sur la voie publique, ce qui donne aux citoyens le droit d’être informés.

L’avocate de la Société de presse de l’Oise, dresse, quant à elle, un parallèle entre l’histoire du commerçant et un fait divers qui avait retenu l’attention des journaux du monde entier, rapportera France 3  : « On est en train de dire qu’on n’aurait rien dû écrire sur le pilote de la Lufthansa Andreas Lubitz et que tous les juges auraient dû interdire la publication d’informations sur sa vie. » Ce n’est pas tout à fait vrai : la famille d’Andreas Lubitz n’avait rien demandé.

Ancienne compagne

La présidente du tribunal de grande instance de Beauvais n’avait rien voulu entendre ni savoir. Elle avait estimé que l’article crée bien un « trouble manifeste illicite » par « la mise en exergue de divers éléments relatifs à l’intimité de la vie privée, non seulement du défunt, mais aussi et surtout de (…) son ancienne compagne ».

Oise hebdo était condamné à retirer de 500 points de vente l’édition du 12 août avant le lendemain, 18 heures. À défaut, la société éditrice devrait  acquitter une astreinte de 500 euros par heure de retard, ainsi qu’une peine d’amende de 500 euros par infraction constatée.

L’Oise chinoise

« C’est la liberté d’informer dans les faits qui est atteinte. On a l’impression qu’on est en Chine, qu’il faut faire croire que tout va bien, alors que pas du tout », avait commenté Vincent Gérard, le fondateur de l’hebdomadaire, interrogé par Les Inrocks. Pourquoi un journal local ne devrait pas s’occuper du principal sujet qui occupe les pouvoirs publics locaux : préfecture, police, pompiers, juges… On fait un vrai travail d’investigation et c’est un travail compliqué d’exercer en province parce que la proximité implique une certaine pression des autorités. »

 La cour d’appel d’Amiens a donné raison à l’hebdomadaire en cassant le référé du tribunal de grande instance de Beauvais, vendredi 21 août. La cour a rappelé que « la liberté de la presse est un principe fondamental inscrit dans la Constitution ». Voilà qui est clair et tranchant. Comment expliquer que la juge de Beauvais ait pu l’oublier ? Il est probable qu’on ne le saura jamais.

A demain

«Vu à la télé» : France 2, TF1 et RMC-BFMTV accusées d’avoir mis la vie d’un homme en danger (l’imprimerie et les frères Kouachi)

Bonjour

« L’info-prime tout ! » disaient jadis  aux jeunes les vieux journalistes. C’était au temps de la presse écrite imprimée sur du papier journal. Le hasard veut que dans cette affaire médiatique l’homme soit un imprimeur. Il s’appelle Lilian Lepère et il est employé de l’imprimerie investie par les frères Kouachi. Il estime, tout bien pesé,  que sa vie a été mise en danger par plusieurs médias. Et il a décidé, sept mois après, de se tourner vers la justice comme le rapporte aujourd’hui 18 août, Le Parisien (I. G.- sur abonnement)  Des plaintes contre RMC, France 2 et TF1.

Scoop à très haut risque

On peut voir là une nouvelle mise en abyme médiatique. Le Parisien rappelle ainsi que ces trois médias « avaient évoqué sur leurs antennes respectives la possible présence de l’employé dans l’usine, ce que les terroristes ignoraient ». A l’évidence ce scoop  aurait pu avoir des conséquences pour la sécurité, voire pour la vie même du jeune homme. Toujours selon Le Parisien, sa plainte a entraîné, jeudi 13 août, l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris – enquête portant sur « différentes interventions diffusées en direct ».

Vie d’autrui

« La divulgation de ces informations en temps réel, alors même que les frères Kouachi armés et déterminés, étaient susceptibles de suivre le déroulé des opérations, a fait courir un risque certain à Lilian », estime l’avocat de Lilian Lepère. Ce n’est pas tout : fin mars, six personnes qui s’étaient cachées dans le supermarché Hyper Cacher (où Amédy Coulibaly a tué quatre personnes le 9 janvier)  avaient déjà déposé une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui –une plainte visant les médias, et tout particulièrement BFMTV. L’info prime-t-elle tout ?

A demain

Diphtérie-tétanos-poliomyélite : le Pr Henri Joyeux recommande aux parents de ne pas faire vacciner leurs enfants

Bonjour

En quelques mois le Pr Henri Joyeux est devenu un contre-acteur majeur dans le secteur de la vaccination. Une « pétition » sur la Toile qui aurait (selon lui) recueilli plus de 732 000 signatures adressée à Marisol Touraine. Un écho d’autant plus grand que ni la ministre de la Santé ni les autorités sanitaires ne semblent avoir de pouvoir face à l’incurie qui prévaut depuis des mois en matière de production et de distribution des vaccins – qu’ils soient obligatoires ou recommandés.

Rentrée agitée

Grâce au Canard Enchaîné  et à un document (plus ou moins) « secret » on sait  (à peu près) ce qu’il en est de la chute des ventes des vaccins pédiatriques dans les pharmacies d’officine françaises (voir ici). On sait encore que le Premier ministre a, pour la rentrée, demandé un rapport à une députée. Et que la remise de ce rapport sera suivie d’un grand « débat » sur les vaccinations annoncé en exclusivité dans Le Parisien  par Marisol Touraine, ministre de la Santé.

On sait, enfin, que les seules vaccinations obligatoires demeurent, en France, celles contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite– trois maladies qui ont (pratiquement) disparu grâce à la couverture vaccinale obtenue via cette obligation.

« Les vaccinations obligatoires sont celles contre la diphtérie et le tétanos (primo vaccination avec le 1er rappel à 11 mois) et contre la poliomyélite (primo vaccination et rappels jusqu’à l’âge de 13 ans) »

Les parents et les personnes titulaires de l’autorité parentale « doivent veiller au respect de cette obligation ».

Trois vaccins, trois conseils

Tout le monde n’est pas en phase avec ces obligations. On trouvera ici les conseils aux parents du Pr Joyeux pour la rentrée de septembre :

« Chers Amis de la Santé,

Suite à de nombreuses questions de parents inquiets pour la rentrée de leurs enfants, voici mes conseils concernant la vaccination obligatoire pour entrer en crèche, garderie, école.

  1. Parlez ouvertement avec votre Médecin Référent
    Dites à votre médecin que vous êtres d’accord pour le vaccin obligatoire DTP, mais que vous attendez la fabrication et la mise à disposition du vaccin trivalent seulement contre Diphtérie Tétanos et Polio, sans adjuvant (aluminium et formaldéhyde).
  2. Cas d’Allaitement Maternel
    Si l’enfant est allaité par sa propre mère pendant les 6 premiers mois intégralement, et pendant une année de plus partiellement au moins matin et soir, il n’a pas besoin d’être vacciné SAUF en cas d’épidémie dont vous serez alerté par les autorités de santé.
  3. La Solution
    Continuez à partager autour de vous la pétition contre le scandale du DTPolio, afin de faire plier les pouvoirs publics et les laboratoires fabricants de vaccins : http://bit.ly/PétitionDTPolio

Toujours au service de vos familles et de vos enfants.

Professeur Joyeux »

 Aluminium et formaldéhyde

Quel impact un tel message aura-t-il sur le phénomène (jamais évoqué officiellement) des « certificats de complaisance » ? Qu’en est-il de ce « vaccin trivalent seulement contre Diphtérie Tétanos et Polio, sans adjuvant (aluminium et formaldéhyde) » .Faire plier les pouvoirs publics ? Faire plier les fabricants de vaccins  ? Les formules ne manquent pas de panache. Pour les fabricants ce sera difficile. Qu’en sera-t-il des pouvoirs publics ?  De tels conseils sont-il répréhensibles ? Si tel est le cas, que fait la police sanitaire ?

A demain

«Vacciner» : ce sera le grand «débat» de la rentrée. Y parlera-t-on du tétanos et des certificats de complaisance ?

Bonjour

Survoltage vaccinal dans les allées du pouvoir. On attendait le fruit des travaux de la députée (PS, Seine-Maritime) Sandine Hurel. C’est (une fois encore diront les mauvaises langues) Marisol Touraine qui vole la vedette. Nous sommes le samedi 1er août, le gouvernement est en vacances. Pas la ministre de la Santé qui a trouvé le temps d’un entretien dans Le Parisien (C.P.). Elle y annonce  un débat national sur la politique de vaccination. Objectif avoué de cette initiative : enrayer une défiance grandissante à l’égard des vaccins.

La ministre observe (sans malheureusement citer ses sources) que « le doute est beaucoup plus élevé en France que dans la plupart des pays européens ». « C’est pourquoi je souhaite un débat », ajoute-t-elle en précisant toutefois qu’il sera lancé après la remise, à l’automne, du rapport sur la politique vaccinale commandé à la députée Sandrine Hurel. Rappelons qu’en mars dernier c’est Manuel Valls en personne qui avait missionné la députée.

Improvisation

Un « débat » ? On connaît les limites de ce genre d’exercice généralement qualifié de démocratique. On se souvient, en France, de ceux sur les OGM ou sur la fin de vie aux quels avait notamment participé le Pr Didier Sicard (voir sur ce sujet l’entretien qu’il nous avait accordé en août 2012, pour Slate.fr). Pour l’heure on sent comme un parfum d’improvisation. Mme Touraine indique ainsi que les  modalités du débat « restent à fixer ». Elle promet « une complète transparence ».  Comment pourrait-il en être autrement ?  Elle ajoute : « Ne rien cacher est la meilleure manière de combattre ceux qui jouent sur des peurs scientifiquement infondées. » Ce sera, évidemment, un peu plus compliqué.  Et encore :

« Se vacciner n’est pas un geste de confort, ni uniquement un choix individuel. C’est un enjeu collectif. Les premières victimes du refus de vaccination sont les populations les plus fragiles, enfants, personnes âgées. Le risque est aussi de voir réapparaître certaines maladies contagieuses et mortelles, qui ont aujourd’hui complètement disparu. »

Cas troublant de tétanos

Restons un instant dans le sillage du propos ministériel et parlons du tétanos. Ce n’est pas une maladie contagieuse  -elle peut être mortelle et elle n’a (malheureusement) pas encore été éradiquée en France. Le tétanos y a toutefois disparu chez les enfants grâce à une politique de vaccination obligatoire dès le plus jeune âge. Nous avons récemment évoqué ici le cas, plus que troublant, d’un garçon âgé de 8 ans qui a contracté cette maladie et qui, depuis plusieurs semaines, est en réanimation au centre hospitalier Gatien-de-Clocheville de Tours (Indre-et-Loire).

Sans complaisance

Deux enquêtes ont été ouvertes, l’une administrative, l’autre judiciaire. Les éléments disponibles convergent et soutiennent l’hypothèse d’un certificat de vaccination dit « de complaisance ». Les certificats médicaux vaccinaux de complaisance, cela pourrait être l’un des chapitres du rapport de la députée Hurel, puis du débat annoncé par la ministre de la Santé. La rentrée risque d’être agitée.

A demain

Tabagisme et cigarette électronique : voici les premiers effets de la dynamique politique du pire

Bonjour

« Cigarette : la rechute » titre, ce 9 juillet, Le Parisien. (Claudine Proust).Pour la première fois depuis 2009 la consommation de tabac a augmenté. De 7% pour les douze derniers mois selon l’Ofdt (1). Dans le même temps la France progresse encore un peu plus dans le classement européen des pays qui ne parviennent pas à endiguer cette addiction. Ou qui, au-delà des discours officiels,  ne le veulent pas. L’Eurobaromètre fixe aujourd’hui à 32% la proportion des personnes consommatrices-dépendantes du tabac en France – contre 28% en 2012. C’est dire.

« La France qui se trouvait encore en 2012 dans la moyenne des pays européens se retrouve dans le quatuor de queue. Même la Pologne ou la Hongrie font mieux » soupire le Pr Bertrand Dautzenberg. Sollicité un moment par Marisol Touraine sur la question de la cigarette électronique ce spécialiste accuse désormais nommément le gouvernement coupable selon lui de ne pas mener de politique d’augmentation des prix. Or, tout le démontre, c’est l’un des principaux leviers de lutte contre la croissance de la consommation. Le Parisien publie un graphique (réalisé à partir des données de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies) qui le démontre à l’envi pour la période 2001-2004 (politique volontariste voulue par Jacques Chirac).

Pas vu le jour

Le Parisien rappelle le discours solennel prononcé par François Hollande le 4 février 2014 à la Mutualité – discours lançant une « nouvelle étape » du « Plan cancer ». Le président de la République mandatait alors Marisol Touraine : la ministre de la Santé devait lui présenter (avant l’été 2014) un « Programme national de réduction du tabagisme ». L’été 2015 est là. « Le programme n’a pas encore pu produire d’effets ; il n’a pas encore vu le jour » observe Le Parisien. Philippe Presles, tabacologue et membre du conseil scientifique de SOS Addictions rappelle que le calendrier qui le promettait a été assez flou. « Finalement on a compris qu’il serait intégré à la loi de santé » observe-t-il. Loi voiture-balai qui ne sera finalement pas promulguée et appliquée avant, environ, une année…

Dans le même temps le gouvernement en général (la ministre de la Santé tout particulièrement)  a fait le choix, politique, de ne pas parier sur l’aide que pouvait apporter la cigarette électronique. On erre ainsi en pleine incohérence. « Deux millions de Français s’y sont mis, pour moitié des vapoteurs, résume Le Parisien. Alors que les médecins, d’abord circonspects, ont fini par la recommander la vaporette nage aujourd’hui en plein brouillard. La faute, explique Brice Lepoutre, président de l’Aiduce ‘’à toutes ces pseudos-études affirmant par exemple –avant d’être scientifiquement contredites – que l’e-cigarette serait plus cancérigène que le tabac’’. ‘’Absurde juge le Pr Dautzenberg : elle n’est pas plus toxique qu’in inhalateur de nicotine vendu en pharmacie’’. »

Peine de mort

Reste que le mal est fait. « Une fois glissé dans le cerveau le doute est tenace » résume Philipe Presles qui dit passer désormais un quart d’heure à convaincre les hésitants quand quelques minutes suffisaient il y a un an. Le Parisien ajoute l’analyse de Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien et président de Fédération Addiction, qui explique que les insécurités de notre époque (économique, sociale, psychologique etc.) constituent un contexte propice à la rechute. Ce qui n’exonère en rien le politique, bien au contraire. On peut encore lire, dans ce quotidien, un entretien avec Michèle Delaunay, député (socialiste, Gironde), cancérologue et ancienne ministre. Elle aimerait que le paquet de cigarettes dépasse « le seuil symbolique des 10 euros ». Son conditionnel dit tout.

Le Dr Delaunay dit aussi : « Le ministre qui portera le combat de la lutte contre le tabagisme entrera dans l’histoire. Il faut lutter contre le tabac comme on lutte contre la peine de mort. » Nul ne sait si Marisol Touraine lit, chaque matin, Le Parisien.

A demain

(1) http://www.ofdt.fr/statistiques-et-infographie/tableau-de-bord-tabac/

Inceste et octuple infanticide: l’auteure exprime « des vérités successives et contradictoires »

Bonjour

Quel procès couvrir ? Celui de Nanterre où un célèbre psychanalyste de Neuilly-sur-Seine est accusé de perversité (Il aurait violé l’une de ses jeunes patientes). Aller à Douai pour la cour d’assises du Nord ? Dominique Cottrez, ancienne aide-soignante de 51 ans, souffrant depuis longtemps d’obésité et reconnaît avoir tué huit de ses nouveau-nés ?

Grand-père

Il fallait y être, hier 29 juin, pour l’un de ces coups de théâtre dont la justice est moins avare que l’on croit : l’accusée a avoué. Non pas son octuple infanticide. Avoué l’impensable : un mensonge de petite fille devenue mère. Non, elle n’a été violée par son père, n’a jamais  noué de relation incestueuse avec lui. Coup de théâtre au carré : elle a avoué l’issue d’un interrogatoire musclé de Me Frank Berton. Or Me Berton est son avocat.

« Vous allez vous réveiller. Vos filles sont là. (…) Pouvez-vous jurer sur leur tête que votre père vous a violée ?

–  Non, non ! (l’accusée fond en larmes, provoquant une clameur de surprise dans la salle d’audience). »

Démolir sa défense

La présidente de la cour d’assises du Nord décide alors de suspendre l’audience, dans la confusion générale.La clarification est survenue plus tard, pendant le témoignage d’une experte psychologue, – témoignage interrompu par la demande d’explications des avocats, puis par celle de la cour. L’AFP rapporte en ces termes :

« ‘’Vous avez à deux reprises dit non’’, dit la présidente d’une voix posée. « Non je n’ai pas été violée par mon père », répond Mme Cottrez, alors calmée. « Il ne vous a pas touchée? » « Non jamais ». « Ni enfant, ni adulte? » « Non je n’ai jamais eu de relations avec lui », déclare Dominique Cottrez d’une voix faible mais ferme.

En quelques minutes, l’accusée a ainsi démoli l’un des axes principaux de sa propre défense, l’un des motifs avancés, dans ce dossier complexe, pour expliquer comment une mère avait pu étrangler et stocker dans le secret huit de ses nouveaux-nés de 1989 au début des années 2000 à Villers-au-Tertre (Nord). »

La grange et le mouton

Dominique Cottrez avait évoqué des viols et une relation incestueuse en 2011 auprès des enquêteurs. Elle avait ainsi formulé une explication : tuer ces bébés de peur qu’ils ne soient les fruits d’unions incestueuses. Racine à l’ombre des corons.  Au procès, elle avait réitéré ces propos. Dans la grange de la ferme familiale, alors qu’elle était âgée de huit ans, « mon père s’est assis à côté de moi. Il m’a poussée un petit peu, il a commencé à mettre ses mains sur mon corps. Le buste, les jambes, sur les parties sexuelles », avait-elle raconté aux jurés. « A l’âge de 12 ans, il s’est couché sur moi. Je ne sais pas vraiment s’il y a eu pénétration mais j’ai senti quelque chose », avait-elle poursuivi, la voix étouffée par les sanglots. Quatre mois après la naissance de sa première fille, Emeline, en 1987, « je me suis rapprochée de lui [son père]. C’est là que j’ai… eu des relations sexuelles » avec lui. « Je me sentais seule ».

Elle dira encore que son père lui avait promis, contre son silence, de lui offrir un mouton. Un mouton contre un « petit secret ». Que diront les psychanalystes ? Où chercher dans le DSM-5 ?

Un brave homme

« Les aveux à venir de pure affabulation opéraient comme un retour de bâton qui devrait considérablement fragiliser sa position en vue du verdict jeudi, elle qui encourt la perpétuité » souligne l’AFP. Retour de bâton ?

Les avocats des associations d’aide à l’enfance constituées partie civile, ainsi que l’avocat général Eric Vaillant, avaient déjà émis des doutes. « Votre papa c’est quelqu’un qui est toujours apparu comme un brave homme aux yeux des autres », avait lancé Eric Vaillant. Il avait ajouté : « Si vous avez inventé, il est en train de se retourner dans sa tombe: « ma fille préférée, ma chouchoute est en train de dire à tout le monde… « . »Si vous êtes enferrée dans le mensonge, ça va être compliqué d’en sortir, mais il n’est jamais trop tard ».»

Revenir de chez le coiffeur

L’une des vertus de l’avocat général, défenseur de la société, est de savoir parler aux accusés. Et maintenant ? Quelques éléments, déjà longuement évoqués, restent à exploiter par la défense: le « complexe de l’obésité », le « traumatisme du premier accouchement » ainsi (surtout diront certains) « l’indifférence pour la vie du foyer de son époux Pierre-Marie Cottrez ». L’indifférence du mari est un concept souvent revisité. « Vous savez, monsieur le président, c’était le genre d’homme a ne pas se rendre compte que sa femme était allée chez le coiffeur » avait-on entendu il y a quelques années lors du procès d’une autre femme poursuivie pour avoir tué (puis congelé) plusieurs de ses nouveau-nés.

A Douai, l’accusée est-elle un monstre ? Si oui, celles et ceux qui rendent la justice au nom du peuple français sont-ils habilités à condamner des monstres ? Et, si oui, les condamner à quoi, puisque les têtes ne sont plus tranchées ? A la perpétuité ? Mais les monstres n’y sont-ils pas, déjà, condamnés ?

Perplexité

A compter de ce mardi 30 juin ce sont les experts psychiatriques qui sont attendus. Ainsi que les filles de Dominique Cottrez. Ces dernières, en fin de journée, étaient en pleurs. Elles entouraient leur mère. Pour la consoler. A Douai l’un des experts psychiatres a fait une confidence, rapportée par Le Parisien : « Mme Cottrez a des vérités successives et contradictoires, dit le Dr Michel Dubec. On lui demande avec force telle chose, elle dira oui. On lui demande avec force le contraire, elle dira oui aussi. » Le Dr Dubec confesse être perplexe. Nous ne le sommes pas moins.

A demain