Sida et morale : la publicité gouvernementale, message électoral gay-subliminal ?

 

Bonjour

La France se réveille à droite dans un lit occupé par la gauche. Aussi ne sait-elle plus trop qui elle est. Son président dit des mots qui ne correspondent pas à sa pensée. Il faut s’attendre à quelques dévissages de cordée. En voici, un venu d’une députée de droite qui ne cache plus son admiration pour François Fillon : Isabelle Le Callenec (Les Républicains, Ille-et-Vilaine). Objet : la dernière campagne gouvernementale de prévention du sida montrant des couples homosexuels. Cette campagne assez proche du terrain a déjà suscité quelques réactions. Elle en suscitera d’autres. A commencer par Marsol Touraine qui saisit la justice.

Pour Mme Le Callenec elle « choque », elle est « très suggestive » et elle porte « un message électoral en direction d’une communauté ». « Ce n’est pas neutre. Il y a un message en plus du message […] Je voudrais savoir pourquoi on a choisi cette campagne-là, si l’agence de pub en a proposé d’autres et pourquoi on a retenu celle-là. Elle est très suggestive », a-t-elle  déclaré à l’Agence France Presse en marge du point de presse hebdomadaire au QG de François Fillon.

« Socialistes prêts à tout »

« Il y a un message électoral en direction d’une communauté […] les socialistes sont prêts à tout », a encore déclaré cette responsable des Républicains venue de Bretagne. Elle affirme avoir reçu « des appels de parents, de familles, qui sont choqués ». Les porte-parole de François Fillon avaient été interpellés sur la question pendant leur point presse. Deux municipalités Républicaines (dont celle d’Angers où le maire soutient Alain Juppé) ont décidé d’interdire ces affiches. « Par principe, nous ne sommes jamais contre une campagne d’information sur le VIH, la seule chose c’est que cette campagne doit être bien sûr respectueuse et doit s’inscrire dans le cadre de la loi », a déclaré Jérôme Chartier, ancien journaliste, député et porte-parole déjà remarqué du candidat à la primaire de la droite.

La campagne de prévention, lancée par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, met en scène des couples d’hommes qui s’enlacent  – images agrémentées des slogans tels que « Aimer, s’éclater, s’oublier. Les situations varient. Les modes de protection aussi ». « Coup de foudre, coup d’essai, coup d’un soir [le reste sans changement] ». « Avec un amant, avec un ami, avec un inconnu [le reste sans changement] ».

Bonnes mœurs 

Et Marisol Touraine, donc, d’annoncer « saisir la justice » : « Pour la santé publique et contre l’homophobie,  je saisis la justice après la censure par certains maires de la campagne de prévention du VIH, vient d’écrire la ministre sur le réseau social Twitter. Outre Angers elle réagit à un arrêté d’interdiction pris par la municipalité d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, dirigée par un maire Les Républicains (LR). Celui-ci considère que ces affiches sont « contraires aux bonnes mœurs et à la moralité » et « portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse ».

Une source proche de JC Decaux a confié à l’AFP  qu’une dizaine de villes sur cent-trente concernées avaient écrit à la société d’affichage pour demander de retirer les affiches. Contractuellement l’entreprise est obligée de le faire à partir du moment où elle reçoit une demande écrite d’une municipalité.

Homophobie contre moralité… On en sera bientôt au Conseil d’Etat…

« Incitation à l’homosexualité » 

Isabelle Le Callennec, membre de la Commission des affaires sociales demandera des explications sur le choix des affiches et le coût de la campagne au ministère de la Santé. Plus précisément cette membre du mouvement « Les femmes avec Fillon », sous-entend que ces messages incitent à l’homosexualité. Ou plus précisément, sans faire preuve d’un courage extrême ; elle pense que c’est ce que pense les citoyens offusqués :

« En tout cas les gens qui nous appellent, c’est les remarques qu’ils font, il faut les entendre …. Regardez les affiches, regardez les verbes, regardez… Il y a mille et une manières de faire une campagne de communication pour lutter contre le VIH et les maladies sexuellement transmissibles, c’est celle-là qu’ils ont choisie ».

C’est celle-là. On peut (ou pas) en discuter la forme. On attend avec intérêt les mille autres manières que choisira, demain, la droite pour réduire les risques infectieux associés à la sexualité.

A demain

Plus fort encore : la mort par euthanasie, en Belgique, au lendemain des J.O. de Rio

 

Bonjour

C’est le tragique médiatique olympique que l’on n’osait imaginer. Marieke Vervoort , 37 ans, est une athlète handicapée de nationalité belge. Spécialité : sprinteuse en fauteuil. Elle est triple championne du monde 2015 sur 100, 200 et 400 mètres – médaillée d’or aux Jeux paralympiques d’été de 2012.

Marieke Vervoort souffre d’une maladie dégénérative (diagnostic inconnu) qui la prive chaque jour un peu  plus de ses moyens physiques.  « Tout le monde me voit heureuse avec la médaille d’or mais ils ne voient pas le côté sombre. Je peux souffrir énormément, dormir parfois seulement dix minutes par nuit et tout de même aller chercher l’or », a-t-elle déclaré aux caméras de France 2 – « VIDEO. Le dernier combat de Marieke Vervoort »:

« A sept mois des Jeux Paralympiques de Rio (qui seront à vivre en direct sur les antennes de France Télévisions), Patrick Montel est allé à la rencontre de Marieke Wielemie Vervoort, médaillée d’or aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012 en 100 mètres fauteuil. Cette athlète de 37 ans est atteinte, depuis l’âge de 14 ans, d’une maladie orpheline qui lui provoque d’extrêmes souffrances. Dans ce reportage, la sportive belge ouvre les portes de son quotidien pour expliquer ses conditions de vie, ses entraînements et ses souffrances. Son dernier objectif est de se battre pour atteindre une nouvelle fois la plus haute marche du podium lors des Jeux Paralympiques à Rio. Un reportage poignant sur une athlète extraordinaire qui surpasse sa douleur pour réaliser son rêve. »

Suit la mise en scène des souffrances et l’hypothèse, mi-glorifiée, de l’euthanasie.

« Pied de nez à la vie »

L’Obs titre, dans la foulée : « JO 2016 : le dernier combat avant la mort de Marieke Vervoort » : « La championne belge de 37 ans prépare ses derniers Jeux à Rio. Rattrapée par la maladie, elle envisage de se faire euthanasier après une dernière victoire. Comme un pied de nez à la vie. »

Le Point.fr : « L’athlète de 37 ans songe donc à mourir en même temps que s’achève sa carrière sportive. « Je commence à penser à l’euthanasie. Malgré ma maladie, j’ai pu vivre des choses dont les autres ne peuvent que rêver. » Quel que soit le dénouement, elle dispute à Rio ses derniers Jeux olympiques et son ultime compétition. À la fin des épreuves, elle décidera ou non d’être euthanasiée, la pratique étant légale en Belgique. »

Où l’on voit que les médias n’ont pas tous les paramètres de la nouvelle tragédie qu’ils mettent en scène. Et qui, sans eux, n’existerait peut-être pas.

A demain

Terrorisme: MM Wauquiez et Didier, deux dangereux fans de «Minority Reports»

Bonjour

C’est une vidéo à conserver : « Quand Valls et Wauquiez s’empoignent à l’Assemblée ». On connaît Manuel Valls, 53 ans ; on connaît moins Laurent Wauquiez, 41 ans seulement, auquel Le Canard Enchaîné de cette semaine consacre un bien joli portrait. Son parcours officiel ne le destinait pas à la caricature politique, encore moins à la droite extrême :

« Après des études secondaires au collège Victor-Duruy , au lycée Louis-le-Grand et au lycée Henri-IV, il entre en 1994 à l’École normale supérieure. Il y poursuit des études d’histoire, soutient un mémoire de maîtrise sur « Le Flambeau des “Mille et une nuits” et l’Orient des Lumières, 1704-1798, » avant d’être reçu premier à l’agrégation d’histoire. Diplômé en 1998 de l’Institut d’études politiques de Paris, titulaire d’un DEA de droit public obtenu l’année suivante, il choisit finalement l’École nationale d’administration (major de la promotion Mandela). »

Passage à l’acte

Dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 juillet, les députés votaient la prolongation de six mois de l’état d’urgence à la suite de l’attentat à Nice. C’est vers 2 h 40 du matin, que le député Laurent Wauquiez a critiqué l’action du gouvernement avec une particulière virulence. Il entend, pour lutter contre la menace terroriste, que l’on « change le droit ». Il a reproché au Premier ministre  ne pas prendre « les mesures qui permettent de s’adapter » à la recrudescence des attentats et d’avoir fait preuve de laxisme. Un grand classique. Les propos du député (Les Républicains, Haute Loire) l’étaient moins, qui s’intéresse aux « suspects potentiels » (sic).

« Est-ce que nous attendons le passage à l’acte ou est-ce que nous nous dotons d’outils juridiques qui permettent de mettre hors d’état de nuire des individus suspects avant qu’ils ne passent à l’acte. »

Nous approchons là du dur (et de la droite) extrême. Très précisément aux frontières dessinées par Philip K. Dick (1928-1982) dans Minority Reports. M. Wauquiez est, grâce à l’Etat français, trop cultivé pour ne pas connaître cette œuvre essentielle à la compréhension de ce qui mine et sape, minera et sapera, la démocratie : une sorte de politisation de la psychiatrie : construire les outils scientifiques et juridiques qui permette d’agir (d’enfermer, pour commencer) avant le passage à l’acte.

Généralement accusé de droite par une gauche qui ne sait plus qui elle est, Manuel Valls sut, cette nuit là,  répondre à M. Wauquiez ce que l’on attendait :

« La France dont je dirige le gouvernement ne sera pas celle où seront instaurés des centres où l’on enferme de manière indéterminée pour un temps indéterminé des individus qu’on suspecte, pour reprendre votre mot. »

Placer en rétention

Non loin de Laurent Wauquiez, Geoffroy Didier, 40 ans, vice-président du Conseil régional d’Ile-de-France :

« Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’ESSEC, titulaire d’une maîtrise et d’un DEA de droit des affaires à l’université Paris II Panthéon Assas. Diplômé de la faculté de droit de l’université Columbia de New York (Master of laws), puis « scholar » de l’université Harvard. Devient ensuite avocat aux barreaux de New York et de Paris.  Commence alors à se créer une notoriété en envoyant des tribunes aux journaux français Le Figaro, Libération ou encore Les Échos. De retour en France, travaille dans le cabinet d’avocat Veil-Jourde, dirigé par Jean Veil qu’il quitte en 2005 lorsqu’il travaille pour le ministre Brice Hortefeux. Est aujourd’hui collaborateur du cabinet Carbonnier Lamaze Rasle depuis le 1er janvier 2015, où il a rejoint le département ‘’ Corporate, financement et opérations internationales’’ ».

 Répondant il y a quelques jours aux questions du Point.fr. M. Didier rejoignait M. Wauquiez :

« Je propose d’enfermer dans un centre de rétention tout individu formellement identifié par les services de renseignements comme étant radicalisé ou en voie de radicalisation. La logique qui consiste à attendre qu’un fanatique ait commis un acte terroriste pour l’interpeller et l’enfermer est obsolète. Les immigrés clandestins sont placés dans des centres de rétention administrative par des gouvernements de gauche comme de droite. Qui cela choque-t-il ? Pourquoi ce qui est acceptable pour les sans-papiers ne le serait-il pas pour des apprentis terroristes qui se préparent à tuer nos enfants, nos policiers et nos prêtres ? Nous n’avons plus le choix : protégeons-nous. »

Etat de droit en question

Nous sommes le 28 juillet 2016. Voici ce que l’on peut lire dans l’éditorial, ourlé, du Figaro :

« Anticonstitutionnel(lement) n’est pas seulement le mot le plus long de la langue française, il est aujourd’hui en passe de devenir le plus utilisé dans la majorité. L’exécutif semble lui prêter le pouvoir magique de clore – voire d’interdire – le débat sur l’opportunité de renforcer l’arsenal antiterroriste. Ainsi une grande partie des propositions de l’opposition – et notamment le placement en rétention des personnes fichées S les plus dangereuses – font-elles l’objet de ce verdict qui se veut sans appel: elles seraient «anticonstitutionnelles», et donc inapplicables. Ou encore «contraires à l’État de droit» – une variation sur le même thème.

«Il n’est pas certain que l’argument satisfasse tous ceux, non juristes s’entend, qui continueraient malgré tout à se demander comment des individus repérés par la justice n’ont pas été empêchés de commettre leurs crimes. Ni les linguistes qui pourraient s’interroger sur la nature du glissement sémantique qui voudrait faire d’«anticonstitutionnel» un synonyme d’«impossible».

Car enfin rien n’empêche de modifier la Constitution. Rien d’impossible à cela: la loi des lois a déjà été révisée plus d’une vingtaine de fois en cinquante ans. Les constituants eux-mêmes ont été assez sages pour consacrer la primauté de la nation et envisager que l’évolution de la société puisse exiger quelques ajustements… Ainsi le Congrès de Versailles pourrait-il se pencher sur le statut du chef de l’État ou la charte de l’environnement mais ne serait pas concerné par la guerre contre l’islamisme? »

 A demain

Marion Bartoli va mieux, elle est en Italie, au Palace Merano et aurait déjà repris un petit kilo

 

Bonjour

On l’avait laissée dans un état assez inquiétant. Elle disait « craindre pour sa vie ». On la retrouve dans un contexte assez peu rassurant. Le lead médiatique c’est la détox. Avec dynamique virale mi-santé, mi-sport, mi-people. On la retrouve sur Le Point, sur le HuffPost ou dans Closer (avec une photo peu rassurante). Détox et twittage à tous les étages. Pour les fans : « Déjà un kilo de gagné (…)  Je ne vous remercierai jamais assez pour tout votre amour. »

On se souvient du tableau. C’était le jeudi 7 juillet sur la chaîne britannique ITV.« J’ai peur pour ma vie, je crains qu’un jour mon cœur s’arrête »a-t-elle dit dans l’émission « This Morning ». « Ma vie est devenue un cauchemar (…) Je suis en train de dépérir et je ne sais pas pourquoi », confiait-elle. Tous les téléspectateurs avaient été frappés par son apparence chétive, son visage marqué, ses démentis quant aux  rumeurs d’anorexie. « Je ne m’inflige pas de souffrances à moi-même » assurait-elle. L’hypothèse diagnostique ? Elle disait  avoir « attrapé un virus », que les médecins ne savaient nommer. C’était en février après  trois longs trajets en avion entre l’Australie, l’Inde et New York.

 « Je ne peux plus pianoter sur les touches de mon téléphone portable sans utiliser de gants » disait-elle encore, évoquant des risques de « tachycardie ». Elle ne se lavait plus qu’à « l’eau minérale », elle ne portait plus de bijoux et qu’elle ne pouvait manger que des légumes bio. Pas de sucres, pas de sel, pas de gluten. « J’en suis réduite à manger des salades et des concombres sans la peau parce que mon corps ne la supporte pas. » « Ce sont des méthodes de survie. Je prie Dieu tous les jours pour revenir à une vie normale. »

5000 euros les cinq jours de détox

Dieu réside en Italie. Marion Bartoli l’a retrouvé au Palace Merano, (on appréciera la vidéo) un mille étoiles pour stars dévissantes, un nid où l’on se retrouve chez soi, la sérénité retrouvée et très cher payée (5.000 euros le cinq jours de détox). Nous sommes ici chez les marmottes, à mille lieux du Brexit, aux frontières du Liechtenstein ; A l’image des équivalents historiques suisses de Montreux c’est un espace plus ou moins mythique qui se nourrit des noms des célébrités qui y ont plus ou moins été traitées (quelques papes, Johnny Hallyday, Zinedine Zidane, Monica Belluci…). Aux fourneaux de la régénérescence : Henri Chenot, un catalan de 73 ans « biologiste diplômé en psychologie », versé dans la philosophie et la médecine chinoises, la bioénergétique et le naturopathique.

On entre généralement chez Merano pour en sortir plus léger. C’est l’inverse dans le cas qui nous occupe. « Pour Marion Bartoli, les équipes d’Henri Chenot – qu’elle remercie au passage sur Twitter – ont évidemment inversé les protocoles pour adapter un régime destiné à enrayer sa chute de poids et à lui faire prendre rapidement des kilos, avec succès, précise Le Point. Elle a également subi une transfusion sanguine, peut-être associée avec l’ozonothérapie, l’une des spécialités de la maison, qui permet d’oxygéner les cellules et de stimuler le système immunitaire en ajoutant un mélange d’oxygène et d’ozone dans le sang. »

Marion Bartoli, entrant dans le Palace Merano : « J’ai gagné Wimbledon, ce n’est pas un virus qui va m’abattre  ».  Quel virus ? Quelles balles ? Quelles raquettes ?

A demain

«Paris-Brest» à la COP 21 ! Un dessert cycliste pour 147 chefs d’Etat au déjeuner de gala

 

Bonjour

Il y eut, en 1982, le « Sommet de Versailles », fastueux, où François Mitterrand donna leur chance à quelques étoilés, dont Jean Bardet.  1982. Ronald Reagan, Zenkō Suzuki, Helmut Schmidt, Margaret Thatcher, Giovanni Spadolini, Pierre Elliott Trudeau, Wilfried Martens et le président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Gaston Thorn.  Outre les sujets du moment (crise des Malouines , invasion du Liban par Israël) on parla de l’inflation et de la nécessité de nouvelles sources d’énergie.

Trente-trois ans plus tard, la COP21 du Bourget. François Hollande et 146 chefs d’État et de gouvernement réunis. Notamment pour un déjeuner organisé aujourd’hui 30 novembre. Le menu nous est révélé en exclusivité par Le Point.fr (qui, étrangement, ne dit rien sur les vins. «  Cinq grands chefs français, qui seront aux fourneaux depuis l’aube. Un menu en quatre actes « autour de produits de saison respectueux de l’environnement et du développement durable ».

Locavoristes

Yannick Alléno (Pavillon Ledoyen, 3 étoiles, Paris : « soupe Freneuse moderne » – ville des Yvelines considérée comme la capitale française du navet – escortée de coquilles saint-jacques à la vapeur florale. « Avec mes sauces modernes, je porte un regard sur l’avenir favorisant l’utilisation entière des légumes sans aucun déchet. J’exprime ma philosophie à travers le locavorisme »

Alexandre Gauthier (La Grenouillère, 1 étoile, La Madelaine-sous-Montreuil) et Nicolas Masse (La Grand’Vigne, 2 étoiles, Sources de Caudalie à Martillac) : blanc de volaille de Licques  au blé vert ; cuisse confite farcie de céleri avec sa crème d’épinard persillé.

Marc Veyrat (La Maison des bois, Manigot) : « Organique du Mont-Blanc » autour d’une trilogie : œufs de truite d’eau douce en caviar, gelée de légumes, souffle de tussilage ; reblochon au jus de myrrhe odorante, carvi des bois ; salade sauvage de sous-bois et fèves de sapin.

Christelle Brua (chef-pâtissière du Pré catelan, 3 étoiles, Paris : « Paris-Brest » à la compotée d’agrumes et sa crème légère au praliné.

Roues de bicyclette

« Paris-Brest » à la COP21 ? L’affaire est piquante. Dans son « Rêves de pâtissier » (éditions de la Martinière), Pierre Hermé nous apprend que c’est un pâtissier de Maisons-Laffitte,  Louis Durand, inspiré par la course cycliste entre Paris-Brest-Paris (créé en 1891) cette tuerie dominicale. Le créateur Pierre Giffard lui avait alors demandé de faire un gâteau en forme de roue de bicyclette. Cette roue de pâte à choux fourrée d’une crème mousseline pralinée, garnie d’amandes effilées vie le jour en 1910. Sans compotée d’agrumes. Un siècle avant la taxe carbone et le vélo électrique

A demain

 

 

 

Suicides et antidépresseurs : après la sortie du Pr Bernard Debré, les psychiatres remettent les pendules à l’heure

Bonjour

Le Pr Bernard Debré répondra-t-il  présent à ce qui apparaît bel et bien comme une session de Formation Médicale Continue organisée expressément à son attention ? Le Pr Debré, spécialiste d’urologie est diplômé de médecine aéronautique et spatiale depuis 1981 et récent pourfendeur des excès marchands de Big Pharma (« Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », avec le Pr Philippe Even).

Le 27 mars dernier, au lendemain du crash de l’Airbus de la Germanwings il évoquait (avant l’heure) la responsabilité des antidépresseurs qu’aurait consommés Andreas Lubitz. On retrouvera ici l’entretien qu’il avait accordé au site Le Point.fr (Louise Cunéo). Des propos résumant ce qu’il écrivait sur son propre site.

« Les volontés suicidaires d’un dépressif sont souvent inhibées par sa pathologie. Dans certains cas, lorsqu’il est traité par un antidépresseur, il peut arriver qu’il soit désinhibé par les médicaments. La volonté suicidaire, qu’il n’arrivait pas à exprimer avant son traitement, peut alors se déclencher grâce à cette désinhibition médicamenteuse. Cette situation est connue pour beaucoup d’antidépresseurs, notamment les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, comme le Prozac ou le Seroplex. Il est démontré que lorsqu’on est soigné par ces médicaments pour une dépression, il y a une multiplication importante des crimes et des suicides. »

Sans tendresse

Il aura, au final, fallu moins de deux semaines pour que de sérieux correctifs soient apportés. D’abord par un collectif de responsables d’institutions psychiatriques (1). Aujourd’hui par le Pr Pierre Thomas (CHRU de Lille) président du Collège national des universitaires de psychiatrie. Le Pr Thomas répond à son tour aux questions du site Le Point.fr. Ce n’est pas un détail : c’est une réponse claire au Pr Bernard Debré, là précisément où il s’était exprimé.  Et cette réponse n’est pas tendre.

« Les antidépresseurs responsables de suicides ? Ce ne sont pas les antidépresseurs qui provoquent les suicides, mais la dépression, souligne le Pr Thomas. Il y a en France un décès par suicide toutes les trois heures. Et beaucoup pourraient être évités, et ce en identifiant mieux la dépression et en évitant la stigmatisation ou la diabolisation de la prise en charge, des patients, des psychiatres, des médicaments et en diffusant une information juste étayée par les études scientifiques. Il faut à tout prix éviter les idées reçues sur ce sujet.

« Un rapport de la FDA fondé sur les résultats de vingt-cinq essais de la firme restés secrets montrait deux fois plus de tentatives et d’idées suicidaires sous médicaments » faisait valoir Bernard Debré

La leçon du Pr Thomas :

« En 2004, la FDA américaine  a émis un avertissement, une « black box », informant médecins et patients du risque accru d’actes suicidaires chez les enfants et les adolescents.  Cet avertissement a induit une méfiance à l’égard de ces médicaments, entraînant une baisse de la prise d’antidépresseurs et, malheureusement, une hausse du nombre de suicides. Ce sont les plus vulnérables qui font les frais des idées reçues, parfois partagées par les proches, qui peuvent voir d’un mauvais oeil la prise de ces médicaments controversés.

La FDA est revenue sur cette « black box » en 2007, après les pressions de la communauté scientifique internationale. De nombreuses études, qu’elles soient américaines, scandinaves, britanniques et françaises, ont montré qu’il existe une corrélation entre prescription d’antidépresseurs et baisse du taux de suicides. Nous disposons de données solides permettant de l’affirmer.

La dépression tue beaucoup plus que les antidépresseurs. L’effet décrit dans la « black box » de 2004 peut être parfois observé en tout début de traitement, mais il diminue vite avec le temps, et on peut surtout prescrire un traitement associé pour éviter ces effets. Il est, en revanche, indispensable qu’un médecin suive l’évolution de la dépression. Il en va des antidépresseurs comme des autres médicaments : dès qu’il y a une prise en charge, il existe des précautions à prendre, et une balance bénéfice/risque qui est très favorable dans le cas des antidépresseurs. »

Andreas Lubitz 

Pour le représentant universitaire des psychiatres aucun doute n’est permis : le traitement médicamenteux de la dépression constitue l’une des meilleures pistes de prévention du suicide. Les antidépresseurs ont une réelle efficacité, et des progrès considérables ont en plus été faits concernant leurs effets indésirables. Ces médicaments sont sous-prescrits : seules 30 % des personnes souffrant de dépression reçoivent un traitement adéquat.

L’ancien chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin de Paris partage-t-il ce constat ? Porte-t-il un nouveau diagnostic sur Andreas Lubitz ?

 (1) Il s’agit du CNUP (Collège National des Universitaires de Psychiatrie) présidé par le Pr Pierre Thomas, de l’AFTAD (Association Française des Troubles Anxieux et de la Dépression) présidée par le Pr Antoine Pelissolo, du CNQSP (Collège National pour la Qualité des Soins en Psychiatrie) présidé par le Dr Maurice Bensoussan, le Dr Sylvie Péron et le Pr Emmanuelle Corruble, du  CNPP (Conseil National Professionnel de Psychiatrie) présidé par le Dr Jean-Jacques Laboutière et du GEPS (Groupement d’Études et de Prévention du Suicide) présidé par le Pr Michel Walter.