Harcèlement sexuel: hospitalo-universitaire, condamné il dénonce une «fatwa française»

Bonjour

« Fatwa » ?. La justice appréciera 1. Nous avions rapporté les faits en avril dernier : « Des dizaines de SMS, des propositions appuyées et des cadeaux déposés dans la boîte à lettres de sa victime – une jeune secrétaire du CHU d’Angers –, le Pr Abdel-Rahmene Azzouzi vient de recevoir une convocation à comparaître devant le tribunal correctionnel d’Angers le 14 juin » rapportait alors le correspondant du Monde, Yves Tréca-Durand, dans la cité du Roi René. Trois mois plus tard le tribunal correctionnel de la ville vient de condamner à 15 000 euros d’amende l’ancien chef du service d’urologie du CHU d’Angers – et ce pour des faits de harcèlement sexuel sur une collègue de travail (Le Courrier de l’Ouest, Le Quotidien du Médecin) et le détournement de la finalité du traitement des données de son dossier médical.

Six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende avaient été requis à son encontre à l’issue de son procès le 14 juin dernier. Le tribunal a relaxé le médecin (urologue, spécialiste réputé du cancer de la prostate, ancien élu local) des faits de harcèlement sexuel sur la plus grande partie de la période pour laquelle il était poursuivi (de juin 2015 à août 2017), mais l’a reconnu coupable de ceux commis entre le 2 août 2017 et le 16 mai 2018. Les juges ont aussi estimé qu’il avait consulté à dessein le dossier médical de sa collègue secrétaire pour récupérer ses coordonnées.

Outre 15 000 euros d’amende, il devra verser 3 000 euros à la victime au titre du préjudice moral et 2 000 euros pour couvrir ses frais de justice. « Il était important que le principe de l’infraction sexuelle soit reconnu car elle était constituée et c’est ce qu’a vécu ma cliente. Sur la période de la relaxe, je ne partage pas l’appréciation du tribunal », a commenté l’avocate de la victime.

« Proposer à une femme d’aller au Louvre »

« Furieux, Abdel-Rahmène Azzouzi dénonce ’ une fatwa de la justice française, qui ne joue pas son rôle, celui de faire du droit ‘’rapporte Le Monde (Yves Tréca-Durand). Il annonce aussi qu’un appel sera interjeté sans tarder par son avocat, Me Samim Bolaky. Outre le fait qu’il conteste toujours la qualification pénale – ‘’Je ne l’ai jamais touchée et il n’y a jamais eu de message à caractère sexuel. Proposer à une femme d’aller au Louvre, ce n’est pas sexuel !’’ –, le médecin reprend une théorie qu’il avait initialement développée, mais qui n’avait pas été reprise par son avocat lors de l’audience, celle du racisme dont il se dit victime. »

« Il faut être aveugle pour ne pas voir qu’en France la communauté musulmane est prise pour cible. Les gens comme moi, qui ont des origines, n’ont pas les mêmes droits que les autres », dit le médecin. Il ajoute : « la guerre d’Algérie, elle est terminée »et dénonce  « une collusion entre les institutions » en visant la justice, ses collègues du CHU d’Angers et le conseil de l’Ordre des médecins de Maine-et-Loire (qui s’était constitué partie civile).

Le Monde ajoute encore que ce médecin, qui est également connu pour ses prises de position en faveur de l’Islam de France (il a notamment signé des tribunes dans Le Monde des religions), « traîne aussi comme un boulet d’avoir soutenu jadis l’islamologue Tariq Ramadan, avant que celui-ci fasse l’objet de plaintes pour viols et soit incarcéré. »

Le Pr Abdel-Rahmène Azzouzi entend aujourd’hui déposer une nouvelle plainte contre le CHU d’Angers pour protester contre l’inégalité de traitement entre lui et la victime (qui obtenu la protection fonctionnelle de l’hôpital), estimant que son propre dossier a été consulté illégalement par quatre personnes – dont la victime. Le CHU l’a suspendu de la chefferie du service d’urologie dès le mois d’août 2018 – ce qui ne l’empêche nullement de continuer à exercer en tant que praticien hospitalier et professeur des universités.

A demain @jynau

1 « Fatwa »,  فتوى (littéralement « réponse, éclairage ») : avis juridique donné par un spécialiste de la loi islamique sur une question particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d’un individu ou d’un juge pour régler un problème sur lequel la jurisprudence islamique n’est pas claire. Une fatwa n’est pas forcément une condamnation. Il s’agit d’un avis religieux pouvant porter sur des domaines variés : les règles fiscales, les pratiques rituelles ou encore l’alimentation.

Médias et e-cigarette : pourquoi ne pas dire clairement qu’elle favorise l’arrêt du tabac ?

Bonjour

Quel est l’intérêt médiatique de produire du doute dans le public ?

Communiqué de #SOVAPE : « Coup sur coup, deux études de suivi de cohortes publiées cette semaine montrent que le vapotage favorise l’arrêt du tabac. La première menée en France par l’Inserm, publiée dans le JAMA Internal Medicine 1 , montre que l’apparition de la vape en 2010 s’accompagne d’un bond de l’arrêt du tabac chez les fumeurs qui ont choisi ce nouveau produit. Ils ont eu près de 1,7 fois plus de chance d’arrêter de fumer que ceux qui ont opté pour d’autres méthodes. Seconde étude : celle des chercheurs de la Harvard School à Boston, publiée dans Nicotine & Tobacco Research 2. Le suivi de la cohorte PATH de fumeurs américains ayant opté pour la vape entre 2013 et 2015 montre que les vapoteurs au quotidien ont eu 77% plus de succès après deux ans d’arrêt de la cigarette que les fumeurs optant pour d’autres méthodes. »

Commentaire : « En 2010, les ex-fumeurs qui avaient accès à des produits encore rudimentaires étaient plus nombreux à rechuter que ceux qui avaient opté pour d’autres méthodes, mais en 2013, c’est l’inverse, ils avaient plus de chance de succès (HR 0.84) que les autres. Cette évolution est très probablement liée à une évolution majeure du matériel survenue à partir de 2012, l’explosion du nombre de boutiques spécialisées et de la scène d’entraide des vapoteurs. Ces deux études montrent que l’apparition du vapotage a encouragé des fumeurs, au profil plus dur (plus de cigarettes fumées par jour, plus de problèmes psychiques, plus de rechutes précédentes, etc.), à tenter l’arrêt de la cigarette, et que l’évolution technique de la vape a permis à un plus grand nombre d’entre eux de sortir du tabac fumé. »

Tout pourrait donc aller pour le mieux au sein de la Révolution des Volutes. Ce serait compter sans les pincettes de nombreux médias généralistes qui ne parviennent pas à accepter la place prise par la cigarette électronique dans le paysage de la réduction des risques tabagiques. Ainsi ces quelques mots : « L’association SOVAPE appelle à la vigilance quant au traitement de l’information sur le vapotage. Il est en effet malheureux que l’évolution survenue entre 2010 et 2013 démontrée par les données de l’Inserm soit occultée, et que soit passée sous silence l’étude similaire dans son objet publiée dans Nicotine & Tobacco Research. »

L’association évoque notamment ici les traitements effectués  par L’Obs : « Les vapoteurs fument moins de cigarettes mais rechutent plus » ou par 20 minutes  « Les vapoteurs fument moins mais rechutent plus ».  Jusqu’à l’Inserm qui, selon elle, induit la même interprétation dans son communiqué (interrogatif) destiné à la presse :

« La cigarette électronique efficace pour réduire le tabagisme à long terme ? Cette étude porte sur 5400 fumeurs et 2025 ex-fumeurs de la cohorte Constances (2012-2016 ; arrêt du tabac à partir de 2010, année de mise en vente de la cigarette électronique en France). (…) En conclusion, la cigarette électronique permet aux fumeurs de réduire leur niveau de tabagisme ou d’arrêter de fumer, mais cet arrêt ne semble pas toujours durable, il est donc nécessaire de surveiller de près les personnes qui vapotent et conseiller l’arrêt complet du tabac pour limiter le risque de rechute. »

Tromperie sur la présentation

Il faut aussi tenir compte du traitement fait par Le Quotidien du Médecin (Coline Garré): « Utile dans le sevrage, la cigarette électronique présenterait plus de risques de rechute à long terme »  qui cite Ramchandar Gomajee, chercheur à l’Inserm et premier auteur de la publication du JAMA Internal Medicine.

Pour #SOVAPE, présenter les choses comme le fait Le Quotidien est trompeur par rapport à la façon dont les choses ont évolué. « Ce taux de rechute concerne une époque révolue, les dispositifs sur le marché étaient des  »cigalike » peu performants, les commerces spécialisés et les conseils avisés inexistants, sans mentionner l’essor considérable des groupes d’entraide autogérés qui a suivi. Une étude d’épidémiologie sans connaissance des réalités de terrain, notamment des usagers, est susceptible de conduire à de mauvaises interprétations des données. »

« M. Gomajee semble ne pas tenir compte que – selon son étude – les utilisateurs de vape étaient des fumeurs à profils plus durs avec un niveau nettement plus élevé en paquets/années de 16,9 contre 12,9 pour les autres ex-fumeurs, ainsi que des symptômes dépressifs plus prononcés (12,6 versus 10,9), observe Nathalie Dunand, présidente de #SOVAPE. Des indicateurs généralement considérés comme des indices de dépendance plus forte, comme signalé dans la publication. Le commentaire de M. Gomajee rapporté par Le Quotidien semble entrer en contradiction avec les résultats de son étude.

« Répétons-le: dans l’étude de l’Inserm à partir de 2013, les vapoteurs ont moins rechuté que les autres ex-fumeurs. Ceci correspond à un tournant de la technologie avec l’apparition de l’Ego, l’explosion des boutiques spécialisées et le moment où le mouvement d’entraide s’est développé, comme par exemple le Forum  E-cigarette. Brice Lepoutre, son fondateur, sera d’ailleurs au Sommet de la vape le 14 octobre à Paris pour parler de son expérience avec plus de 90.000 participants. »

Pour finir #SOVAPE pose une question :  « Quel est l’intérêt de produire du doute dans le public plutôt que des connaissances ? » C’est une assez bonne question.

A demain @jynau

1 Gomajee R, El-Khoury F, Goldberg M, et al. Association Between Electronic Cigarette Use and Smoking Reduction in France. JAMA Intern Med. Published online July 15, 2019. doi:10.1001/jamainternmed.2019.1483 https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2737916

2 Sara Kalkhoran, Yuchiao Chang, Nancy A Rigotti, Electronic Cigarette Use and Cigarette Abstinence Over Two Years among U.S. Smokers in the Population Assessment of Tobacco and Health Study, Nicotine & Tobacco Research,

Rupture de ligaments: un généraliste est recherché sur le paradis de l’Île-aux-Moines

Bonjour

L’Île-aux-Moines : un paradis vivant aux frontières de la Bretagne. Six cents habitants déclarés. Dix fois plus l’été. Un seul médecin:  le Dr Yves Taveau, 69 ans, en permanence sur le pont. Sauf  cette année : une rupture des ligaments de l’épaule lui impose le repos. Un confrère a certes pris le relais pour juillet. Mais personne du 3 août au 2 septembre prochain. 

« Le candidat idéal devra être disponible 24 heures sur 24 et capable de gérer certaines situations d’urgence, précise Le Quotidien du Médecin (Marie Foult) Le généraliste doit parfois gérer deux à trois cas graves par jour, explique France 3 Bretagne, qui l’a rencontré.  Seul médecin de l’île, il est en revanche entouré d’autres professionnels de santé : il exerce dans une maison de santé neuve avec un infirmier, un masseur-kinésithérapeute et une ostéopathe. Une sage-femme est également présente dans la commune, ainsi qu’une pharmacie. Le médecin est également celui de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’une vingtaine de lits. »

Ce n’est pas tout : le cabinet médical dispose d’un logement de fonction, proposé gratuitement par la commune – avec vue sur le golfe et sur l’île d’Arz voisine. Loin des déserts, l’Île-aux-Moines ? Une forme de paradis médical.

A demain @jynau

«Google my business», ou le triomphe de la liberté d’expression du patient-consommation

Bonjour

Voici de quoi alimenter le réquisitoire sans espoir contre les réseaux sociaux. Fin mai nous avions rapporté l’initiative d’un médecin, psychiatre, exerçant à Metz qui avait attaqué Google en justice. Il avait été la cible avait de commentaires publics « peu sympathiques »  quant à sa pratique. L’affaire était alors révélée par L’Est Républicain, (Kevin Grethen) et relayée par Le Quotidien du Médecin (Marie Foult).

Ce médecin avait  vu apparaître sur le net sa fiche « Google my business » (« Attirez de nouveaux clients… »). Il n’avait alors rien signé, rien autorisé. Et il réclamait  la suppression de la fiche de son cabinet et des commentaires « négatifs » dont il était la victime. Que croyez-vous qu’il arriva ? La justice le débouta –  décision rendue publique le mardi 16 juillet par la première chambre civile du tribunal de grande instance de Metz.

Le psychiatre avait sollicité Google à plusieurs reprises pour obtenir la suppression de sa fiche référencée sur le moteur de recherche et la fermeture des commentaires publics – ce que la société avait refusé. Des utilisateurs avaient notamment déposé des remarques critiquant son attitude et le tarif de ses consultations.

Information et consommation

« Agacé, le praticien avait décidé de réagir, expliquait  L’Est Républicain. Pour une question de principe, mais pas seulement. Ce système permet une cotation. Et il est mal noté. Il a vu une inflexion de la fréquentation de son cabinet. On pousse rarement la porte d’un restaurant mal noté. Pourquoi serait-ce différent pour un médecin ? Le praticien voudrait répondre, demander aux auteurs d’enlever les messages. Ils en ont le pouvoir en un clic. Mais demander à qui ? 1 Une demande d’effacement des messages avait reçu une fin de non-recevoir du géant américain. Comme celle pour la levée de l’anonymat. »

Le médecin avait donc assigné en référé la société Google devant la première chambre civile, estimant que la publication de la fiche de son cabinet constituait « un trouble manifestement illicite ». N’ayant pas « consenti à la création de cette fiche » et jugeant les commentaires « diffamatoires », il sollicitait la levée de l’anonymat des auteurs des critiques négatives afin de s’assurer qu’il s’agissait de ses patients.

Mais lors de l’audience Google a soulevé « l’intérêt légitime d’information du consommateur » et « la liberté d’expression ». Les demandes du psychiatre ont été rejetées sur ces motifs. Et le médecin devra par ailleurs verser 2 000 euros à Google au titre des frais de procédure. Le conseil de l’Ordre des médecins de Moselle, qui soutenait l’action en justice du psychiatre, (estimant que le système de notation mis en place par Google pouvait porter atteinte aux professionnels de santé) a également été débouté.

Où l’on comprend que le médecin est, tout bien pesé, devenu un prestataire de service. Et les soins un objet de consommation pouvait être soumis à l’évaluation du consommateur – un consommateur qui, légitimement, peut informer publiquement ses contemporains de son opinion. Des pratiques qui ne sauraient être confondues avec de la diffamation. Certains patients verront là un progrès. D’autres non.

A demain @jynau

1 Interrogée sur ce sujet par Le Quotidien du Médecin, Me Maud Geneste explique que face à des propos calomnieux le médecin a  la possibilité de répondre en ligne aux avis ou propos le concernant via son compte « Google My Business » – « ce qui implique souvent d’entrer dans un débat polémique ». « Si vous souhaitez inviter vos patients à porter eux-mêmes un avis qui viendrait contredire ceux en cause, ne le faites pas par écrit, car une telle démarche envers la patientèle vous est interdite, ajoute-t-elle. Vous pouvez également solliciter le retrait desdits propos malveillants. ‘’Google My Business’’ met à votre disposition un formulaire vous permettant de faire une demande de retrait d’un contenu ‘’enfreignant la loi’’, en cliquant ici. Toutefois, un simple avis, même très négatif, peut ne pas être considéré comme un contenu ‘’enfreignant la loi’’. C’est pourquoi Google n’obtempérera peut être pas à votre demande de retrait. Dans ce cas, cela devient problématique car en effet, les mentions légales de Google précisent que tout litige avec un professionnel sera soumis à la juridiction exclusive des tribunaux anglais. Dès lors, si vous souhaitez engager une action aux fins de retrait et ou de dommages intérêts, il faudra le faire selon les règles procédurales du droit anglais et cela demande un étude plus approfondie. »

Homéopathie, argent et politique : la suite du feuilleton, avec Agnès Buzyn et Emmanuel Macron

Bonjour

Comment s’en lasser ? Si l’on en croit Les Echos, après plusieurs jours d’hésitations, le chef de l’État aurait « conforté ce 9 juillet  » Agnès Buzyn dans son choix de dérembourser totalement l’homéopathie. « Dix jours après les conclusions de la Haute Autorité de Santé, Emmanuel Macron a finalement opté pour un déremboursement total de l’homéopathie, et non partiel comme le préconisait notamment Xavier Bertrand », affirme le quotidien économique.   

« Si cet arbitrage est définitivement confirmé, il s’agirait d’une victoire politique pour Agnès Buzyn qui a pesé de longue date en faveur du déremboursement, assure Le Quotidien du Médecin.  Ce 9 juillet, lors d’une séance de questions devant le Sénat, la ministre a indiqué qu’elle s’exprimerait sur le remboursement de l’homéopathie demain10 juillet. »

« Victoire » pour Agnès Buzyn qui serait « confortée » ? C’est là une bien étrange façon de réécrire l’histoire. Le 12 avril 2018, invitée de la matinale sur RMC-BFM TV, Agnès Buzyn annonçait, au début de la touremnte, que les spécialités homéopathiques continueraient à être remboursées par l’assurance maladie, même si c’est «probablement un effet placebo». «Les Français y sont attachés. Si cela peut éviter le recours à des médicaments toxiques, je pense nous y gagnons collectivement. Voilà, ça ne fait pas de mal ! », osait alors la ministre qui fut la cible d’innombrables moqueries sur les résaux sociaux 1.

Puis cette même ministre assura qu’elle ne déciderait pas mais qu’elle s’en remettrait à l’avis de la Haute Autorité de Santé. Et aujourd’hui elle « aurait pesé de tout son poids » ? On en reste coi.

Et puis ces mots d’Agnès Buzyn, dans Le Parisien du 10 juillet : « Pourquoi je dérembourse l’homéopathie » (sic)

« J’ai toujours dit que je suivrais l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), j’ai donc décidé d’engager la procédure de déremboursement total. Il sera effectif au 1er janvier 2021. Mais pour se laisser le temps de la pédagogie et accompagner les patients, j’ai souhaité organiser une période de transition. À partir du 1er janvier 2020, nous mettons donc en place une année de remboursement intermédiaire à 15 %, contre 30 % aujourd’hui. Cela laissera aussi le temps aux industriels de s’organiser.

« La règle est que tout ce qui est financé par la solidarité nationale est d’abord évalué par la HAS, qui renouvelle son avis sur le service médical rendu tous les cinq à dix ans pour la grande majorité des traitements. Seuls les médicaments homéopathiques y ont échappé. En 1984, la ministre des Affaires sociales de l’époque [Georgina Dufoix], a décidé de son remboursement sans passer par cette procédure. C’était un choix (…)  Face à l’actuelle controverse dans l’opinion publique, j’ai saisi la HAS le 1er août 2018 (…) Je suis donc son avis qui recommande le déremboursement. »

« Plus d’un million de Français ont exprimé leur désaccord dans une pétition. Ce sera une mesure impopulaire. Vous serez « la » ministre qui dérembourse… » avance Le Parisien. Agnès Buzyn :

« Oui, je l’assume. Car, déjà, une grande partie de ces médicaments ne sont pas remboursés. Pour les 1200 autres, consommés par environ 7 millions de Français en 2018, la somme moyenne remboursée est de 18 euros par an, soit moins de 1,5 euro par mois. L’an passé, les plus grands consommateurs n’ont reçu que 25 euros de l’Assurance maladie. Ils représentent moins de 1 % des Français. Je ne pense donc pas que cette mesure freinera le recours à l’homéopathie. »

Dérembourser sans freiner ? Nous y reviendrons.

A demain @jynau

A demain @jynau

1 Voir « La guerre de l’homéopathie touche peut-être bientôt à sa fin » Slate.fr 4 avril 2019

Homéopathie française vilipendée : pourquoi n’enseigne-t-on pas l’astrologie à l’Université ?

Bonjour

Plus Agnès Buzyn tardera, plus l’incendie anti-rationaliste gagnera.  Plus le gouvernement atermoiera, plus les esprits s’échaufferont. Un nouveau stade a déjà été franchi : on ne parle plus seulement du déremboursement des spécialités homéopathiques mais bien de l’enseignement de cette pratique ; un exercice médical voué aux gémonies – traîné dans la boue par les esprits rationalistes ne voyant là, au mieux, qu’un effet placebo induit par de l’eau diluée dans de l’eau.

Objectif, donc, des « anti » : bouter l’enseignement homéopathique hors des amphithéâtres médicaux – le chasser hors de l’Université. Et certains médecins généralistes ne sont pas les derniers. Vendredi 5 juillet  le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) a pris officiellement position. Il l’a fait dans une lettre adressée non pas à Agnès Buzyn, mais à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Frédérique Vidal.

Le Pr. Vincent Renard, président du CNGE, rappelle tout d’abord que  des enseignements d’homéopathie existent « encore » (sic)  dans la moitié des facultés de médecine en France et dans de nombreuses facultés de pharmacie.

« La Haute Autorité de Santé a rendu l’avis qui était attendu quant au déremboursement, tellement la situation est claire au plan scientifique. Cet avis corrobore l’avis de la communauté scientifique nationale et internationale, le point ayant été très bien résumé dans l’article de référence de la revue francophone de médecine générale 1 écrit-il. Au-delà même de cet avis, l’absence de tout modèle théorique sur lequel pourrait reposer l’homéopathie, invention datant du 18e siècle, l’absurdité des contenus de la ‘’médecine homéopathique’’, des indications comme des thérapeutiques, devrait imposer de protéger les étudiants contre ces déviances pseudo scientifiques. »

« On ne peut pas à la fois recommander à ces derniers des contenus fondés sur les données de la science, imposer qu’ils soient formés à la lecture critique, et en même temps leur proposer des enseignements véhiculant des aberrations grossières aux antipodes de la démarche scientifique. Une enquête sur les contenus de ces enseignements délivrés dans les murs des facultés serait la bienvenue car elle aurait des conclusions accablantes si jamais elle était conduite 2.

Les médecins généralistes universitaires sont très attachés à ce qu’il n’y ait plus de place pour l’homéopathie à l’université. Ce type de pratique nuit principalement à la médecine générale en détournant de jeunes médecins des bonnes pratiques et en véhiculant une image archaïque de la discipline. La responsabilité de l’université est également de ne pas encourager les patients dans de fausses croyances qu’il convient de discuter avec empathie sans les accréditer ; nous rappelons ici qu’un des produits homéopathiques les plus vendus est un pseudo vaccin contre la grippe détournant les patients des thérapeutiques efficaces.

La moitié des facultés de médecine propose encore des diplômes universitaires d’homéopathie ainsi que certaines facultés de pharmacie. Nous en demandons donc la suppression car il serait aujourd’hui coupable de continuer à délivrer ce type d’enseignement par l’Université, voire de délivrer des diplômes universitaires. Avec pour objectifs l’intérêt de l’Université, celui des patients comme celui des étudiants, nous comptons sur votre action. »

Agnès Buzyn n’a que trop tardé

Dans le camp adverse on s’active. « Il est important que l’homéopathie soit prescrite par des médecins et que son enseignement continue à être délivré dans un cadre universitaire », assurait, mi-juin, Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français, lors de la présentation d’un « livre blanc » de l’homéopathie. Mieux encore les firmes (Boiron, Lehning et Weleda) associées aux organisations d’homéopathes, ce document préconise d’intégrer dans la formation des médecins, notamment généralistes, « un module d’enseignement sur les médecines complémentaires, dont l’homéopathie ».

Aujourd’hui cet enseignement n’est qu’optionnel et fait l’objet de diplômes universitaires (DU) ou interuniversitaires, (DIU).  Certaines y ont toutefois renoncé et l’AFP a mené l’enquête. En septembre dernier, la fac de Lille avait suspendu le sien dans l’attente de l’avis de la HAS, et celle d’Angers l’avait carrément supprimé. Depuis, Lille a décidé d’abandonner définitivement cette formation de deux ans. Pour sa part l’université François-Rabelais de Tours a décidé de fermer la première année du DIU homéopathie. Mais la seconde année est « encore maintenue » pour « permettre aux étudiants de terminer leur cursus ». Tours proposait jusqu’ici ce DIU conjointement avec Poitiers… Que fera Poitiers ? A Bordeaux, l’homéopathie n’est plus enseignée depuis 2009.

A l’opposé d’autres facultés s’accrochent bec et ongles à leur diplôme d’homéopathie. Lyon-I qui propose un DIU en partenariat avec Brest et Reims, n’envisage pas sa fermeture « sans une demande officielle de la part de la Conférence des doyens ou du ministère ». « Les soins par l’homéopathie sont une réalité en France, il est donc du ressort de l’université de pouvoir accompagner des formations qui sinon seraient faites à l’extérieur sans aucun contrôle », fait valoir la faculté lyonnaise, voisine des puissants laboratoires Boiron. L’université de Strasbourg a déjà fait savoir qu’elle n’entendait pas mettre fin à son DU. Quant à Paris-XIII, elle, « attend une concertation entre tous les doyens de médecine pour une éventuelle prise de décision commune ».

Or les représentants des doyens des facultés de médecine et de pharmacie ont récemment jugé que l’homéopathie devait pouvoir continuer à être enseignée… Où l’on comprend que la rationalité n’est pas toujours, en France, la chose la mieux partagée au sein de l’Université.

Joint par Le Quotidien du Médecin le Pr Vincent Renard accuse :  « La Conférence des doyens préfère que ces enseignements se passent au sein de l’université que dehors. C’est une très mauvaise stratégie. C’est comme si on intégrait les enseignements de l’astrologie à ceux de l’astronomie ».

Voilà un bon sujet pour cet été : pourquoi n’enseigne-t-on pas l’astrologie à l’Université ? Pour l’heure le gouvernement soupèse l’affaire du déremboursement avec ses trébuchets :  Sibeth Daye, porte-parole tonitruante a expliqué sur RMC-BFMTV que la décision finale dépendait d’une « balance » entre les « considérations scientifiques et les conséquences sur l’emploi ». Aussitôt contredite, sur RTL, par Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics. Agnès Buzyn n’a que trop tardé, l’incendie a gagné. Qui osera jouer les pompiers ?

A demain @jynau

1 Denis Pouchain, Gérard Le Roux, Vincent Renard, Rémy Boussageon, et le Conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants « Approches théorique, scientifique et réglementaire de l’homéopathie ». exercer 2018 ; 148 : 460-4.

2 Précisément: pourquoi cette enquête n’a-t-elle jamais été menée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ?

Facebook : non, tous les médecins ne sont pas condamnés à être e-lynchés en place publique !

Bonjour

Le pire n’est jamais certain. Un médecin vient de remporter une édifiante bataille juridique qui l’opposait à la fille d’une patiente. Elle était l’auteure d’une « lettre ouverte » (sic) sur Facebook l’accusant d’avoir laissé sa mère mourir dans la souffrance. Publié sur le réseau social le 4 juin 2018, le texte (partagé trente-mille fois) visait directement le médecin (qui n’était pas le médecin traitant) en remettant en cause sa prise en charge de la patiente (à l’époque en fin de vie et depuis décédée.)

Le médecin avait aussitôt porté plainte pour « injures et propos diffamatoires ». L’audience s’était tenue tenue le 14 mai devant le tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier (Doubs). Âgée de 90 ans et souffrant d’une gangrène à une jambe (à la suite d’une ischémie), la résidente refusait l’amputation et demandait (en mai 2018) à mourir à domicile – c’est-à-dire à l’EHPAD dont le médecin était le coordonnateur.

Ce dernier accepte alors ce choix et met en place de la morphine en patchs (puis en gouttes) pour soulager les douleurs de la patiente. Au bout de plusieurs semaines, ses proches demandent la mise en place d’un pousse-seringue avec morphine à la demande. Le médecin coordonnateur n’est alors pas en mesure d’accorder une réponse favorable à cette requête, déclenchant la colère de la famille et la publication de cette lettre ouverte.

« Ce n’est pas une euthanasie que l’on vous demande, juste un confort de fin de vie, qui lui permettra de mourir en douceur », y écrit la fille de la résidente, avant d’indiquer : « J’avais commencé à percevoir que vous étiez un salaud. » Plus loin dans sa publication, on peut également lire : « Vous aviez cette arrogance des gens bien nés, vous savez le charme discret de la bourgeoisie, on traite les petits par le mépris. J’ai essayé de parler avec vous de la prise en compte de la douleur de ma mère, et vous m’avez parlé de démocratie, que vous seriez le dernier rempart, pour un peu il aurait fallu vous passer sur le corps pour qu’elle ait enfin son pousse-seringue ! »

D’autres paragraphes du texte, rapportés notamment par Le Quotidien du Médecin (Marie Foult) sont plus virulents encore. À la suite de ce texte, le médecin porte plainte, soutenu par la CSMF régionale et par l’Ordre départemental, qui s’était constitué partie civile.

Vindicte populaire

« Notre confrère a été victime d’un e-lynchage massif à la suite de cette publication, il a reçu des menaces de mort ! », assurait alors le président de la CSMF Bourgogne – Franche-Comté qui remettait en cause la version des faits exposés par la famille dans sa lettre ouverte.

« Un pousse-seringue a bien été demandé, mais il n’y en avait pas de disponible dans l’établissement. Pour que cela soit possible, le médecin coordonnateur a donc demandé une hospitalisation à domicile (HAD) pour la fin de vie, sauf qu’il a fallu attendre la validation du médecin traitant, ce qui a pris plusieurs jours. Or, la lettre a été publiée entre-temps ! Mais l’HAD a bien eu lieu et la résidente est décédée dans ce cadre ».

Pour le syndicaliste, ce genre d’utilisation des réseaux sociaux est « plus que délétère » pour la profession. « C’est la porte ouverte à toutes les exigences personnelles des patients : dès que le médecin ne voudra pas répondre « oui », les citoyens vont se tourner vers les réseaux sociaux ou les notations sur Internet. C’est un danger pour les professionnels de santé ».

Le tribunal a rendu sa décision le jeudi 4 juillet. L’auteure de la lettre ouverte sur Facebook a été condamnée à 2000 euros d’amende avec sursis. Elle devra aussi rembourser les frais de procédure au médecin – de 2000 euros également. Il se verra verser un euro symbolique a indiqué son avocat au Quotidien du Médecin (Marie Foult)

« Ce lynchage médiatique doit cesser ! Il faut que les gens comprennent que s’ils écrivent ce genre de choses sur les réseaux sociaux, ils pourront être condamnés. Les médecins sont suffisamment en stress avec leur boulot, si en plus on est dans la vindicte populaire, c’est non » a déclaré le président du conseil départemental de l’Ordre des médecins. Le praticien visé a décidé de ne pas commenter publiquement cette décision. Il n’avait pour sa part demandé que l’euro symbolique.

A demain @jynau

Déremboursement des produits homéopathiques : Agnès Buzyn prisonnière de sa politique

Bonjour

Du secret de Polichinelle on est passé à l’information officielle, celle de la Haute Autorité de Santé : « Médicaments homéopathiques : une efficacité insuffisante pour être proposés au remboursement » :

« A la demande du ministère des Solidarités et de la Santé, la Haute Autorité de Santé a évalué le bien-fondé du maintien au remboursement des médicaments homéopathiques. Au terme de la première évaluation scientifique française de ces médicaments, la commission de la transparence rend un avis défavorable à leur prise en charge par l’assurance maladie. »

La réplique lobbyiste n’a pas tardé.Celledu collectif MonHoméoMonChoix qui réclame « un moratoire pour engager une évaluation adaptée de l’homéopathie et préserver l’ensemble d’une filière d’excellence ».

« Les membres du collectif MonHoméoMonChoix contestent l’avis de la HAS recommandant de ne plus rembourser les médicaments homéopathiques. Compte tenu du manque d’expérience de la HAS pour évaluer cette thérapeutique, du manque d’experts en homéopathie au sein de la commission, de la non prise en compte des spécificités des médicaments homéopathiques, et compte tenu des irrégularités qui ont entachées cette procédure, les membres du collectif appellent solennellement le gouvernement à ne pas tenir compte de cet avis et demandent un moratoire afin de : mettre en œuvre une évaluation, à partir des données du système national de santé, qui tienne compte de la spécificité de l’homéopathie à travers un partenariat public-privé ; lancer un débat parlementaire et un débat public permettant de tenir compte de l’avis des Français.

Histoire de la médecine

Pour ce collectif « aujourd’hui, c’est la voix de plus de 1.100.000 Français ayant signé sa pétition qui se fait entendre pour le maintien du remboursement des médicaments homéopathiques. Au-delà de la question du pouvoir d’achat, c’est leur liberté de recourir à une thérapeutique efficace, sûre et économique que les patients veulent faire respecter. Par ailleurs, l’homéopathie est une filière d’excellence française reconnue, performante et créatrice d’emplois. Largement implantée dans nos territoires elle innerve toutes les régions françaises en s’appuyant sur une multitude de sous-traitants. »

« La thérapeutique homéopathique fait partie de l’histoire de la médecine, ses vertus bénéfiques sont reconnues par 72% des Français, ajoutent les lobbyistes. Il est impératif de la laisser dans les mains des professionnels de santé pour qu’elle garde sa place dans l’offre de soins française, en complémentarité avec les médicaments conventionnels. »

Il faut aussi compter avec Les Généralistes (CSMF) qui déplorent que le comité d’experts de la HAS ne se soit basé que « sous l’angle des critères d’evidence based medecine » et qui regrettent que « la démarche de la HAS n’ait pas pris en compte l’ensemble de la démarche du médecin homéopathe ». Ils rappellent que l’homéopathie ne se substitue pas aux autres thérapeutiques mais qu’elle en est complémentaire. Aujourd’hui 34 % des médecins généralistes en prescrivent quotidiennement. Les enquêtes d’opinion montrent que les Français y sont très majoritairement attachés.

Les médecins homéopathes « appellent donc la ministre de la Santé et le Premier ministre à prendre en compte l’ensemble de ces éléments avant de prendre une décision qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la santé des Français. »

Où l’on comprend qu’après ses multiples atermoiements de l’an dernier 1 suivi de son engagement à « suivre l’avis de la HAS » Agnès Buzyn est aujourd’hui prise au piède de sa politique. Le destin ne l’homéopathie française n’est plus entre ses mains mais dans celles des locataires de Bercy, de Matignon et du Palais de l’Elysée.

A demain @jynau

1 Le 12 avril 2018, invitée de la matinale sur RMC-BFM TV, Agnès Buzyn annonçait que les spécialités homéopathiques continueront à être remboursées par l’Assurance-maladie, même si c’est «probablement un effet placebo». «Les Français y sont attachés. Si cela peut éviter le recours à des médicaments toxiques, je pense nous y gagnons collectivement. Voilà, ça ne fait pas de mal!», osait alors la ministre. Voir « La guerre de l’homéopathie touche peut-être bientôt à sa fin » Slate.fr 4 avril 2019

Nouveau : Dr Jean-Paul Escande, dermatologie, clinique des Cèdres, Brive-la-Gaillarde (Corrèze)

Bonjour

On l’avait connu au sommet de lé dermatologie française, dans les plus beaux quartiers de la capitale. On a retrouvé sa trace aux confins des déserts, clinique des Cèdres, Brive-la-Gaillarde (Corrèze). On avait connu un homme formidable d’énergie et de savoirs, pétillant de culture et soucieux de partage, charmeur et pédagogue, passionné de médecine jusqu’au bout des ongles. Les dernières nouvelles nous confirment qu’il n’a pas changé.

Le Pr Jean-Paul Escande, 80 ans, ponte de la dermatologie, et auteur à succèss’ennuyait ferme à la retraite. Il vient de relancer une activité de consultation au service des Brivistes « pour être utile, pour la médecine, et par passion pour sa profession ».  « Certains y voient une première : un spécialiste octogénaire de réputation internationale, qui ré-endosse la blouse blanche après quelques années de retraite, et se met plusieurs jours par semaine au service d’une patientèle locale en manque de spécialistes » résume Le Quotidien du Médecin (Jean-Pierre Gourvest)

Et Le Quotidien de résumer la biographie atypique de cet homme né à Brive en mars 1939 – tient de la saga médicale. Études à Paris, professeur à 35 ans à Cochin (AP-HP) où il fera toute sa carrière, chef de service de dermatologie à 44 ans, travaille sur les cancers de la peau et le mélanome malin. Diplômé d’immunologie à l’Institut Pasteur, chercheur en biologie, dirige un service consacré au sida lors de l’arrivée des premiers malades en France (1981). En 1975, un livre à succès « Les Médecins » (Bernard Grasset) le lance dans le grand bain. Confesse devenir alors « une petite vedette des médias de l’époque ». 

Vedette des médias, amoureux du rugby

 « Je n’ai jamais pris un centime à mes patientsrévèle-t-il aujourd’hui. Me contentant des salaires versés par la fonction publique, je n’avais aucun intérêt à me faire de la pub, mais j’adorais la communication. Je me suis retrouvé éditorialiste à Radio Monte Carlo, réalisateur télé, chroniqueur à France Inter. J’ai aussi écrit quelques livres. Par contre, j’ai toujours refusé de faire de la politique malgré les appels du pied de Jacques Chirac, occupé et passionné par mon métier. »

Cet amoureux du rugby tombé sous le charme de René Dubos est condamné à la retraite à 68 ans. Des remplacements durant huit ans avant de raccrocher en 2016. Puis revient à Brive occuper la maison de ses parents (son père est décédé à l’âge de 105 ans). « Je me sens en pleine forme. Honnêtement, à la retraite, je m’ennuyais », confie-t-il au Parisienainsi qu’à FR3. Et au Quotidien :

 « J’ai bien l’intention de me replonger dans la dermato. On a mis à ma disposition un cabinet que j’occuperai plusieurs jours par semaine, sous le statut de médecin libéral, hébergé par le centre de soins. Je suis payé à la consultation et mes gains seront ceux de la profession, au sein d’un univers médical débordé auquel j’espère donner un coup de main. Je crée un service qui n’existe pas aux Cèdres, mais que je vais développer. Mais je continuerai l’écriture, tout en pratiquant ! Je ne serais pas venu à Brive faire la guerre aux autresJe suis simplement heureux de me retrouver sur mes terres et de rendre service. » 

Pour combien de temps encore ? « A genoux, et prions… » rit-il. Il a signé avec la clinique briviste un contrat renouvelable chaque année. « La vie continue ». On applaudit.

A demain @jynau  

Urgences en danger : qui voudrait 100 euros en prime pour «faire face à des incivilités» ?

Bonjour

12 juin 2019. L’exécutif pressent le vent du boulet. Sur RTL (Elizabeth Martichoux) le Pr Pierre Carli, clef de voûte historique des urgences de France, vient de nous le faire comprendre : Agnès Buzyn va, dans les heures ou les jours qui viennent faire de nouvelles annonces pour aider « à passer l’été ». Puis, avant les vendanges, il remettra sa « feuille de route » pour tenter de vider un abcès qui est encore bien loin d’être percé. Dans l’attente la pression monte.

Dans l’étrange entretien qu’elle accordé, hier, à Libération (Eric Favereau) Agnès Buzyn a eu ce mot :

« En attendant, les annonces que j’ai faites permettent de répondre à des demandes des soignants. Ainsi, la prime de dangerosité portée à 100 euros pour faire face aux incivilités parfois nombreuses que ce personnel subit. »

Tout est dit. De l’argent contre des « incivilités »  (paroles, actions dénotant une absence de courtoisie, de politesse). Plus précisément cent euros pour « y faire face ». L’actualité est bonne fille qui nous apporte, via Le Quotidien du Médecin (Martin Dumas Primbault) un exemple de comportement discourtois – qui peut aussi être qualifié « d’agression de personnel soignant ». Lundi 10 juin, urgences du CHU de Rennes. Une jeune patiente agitée « s’en est prise physiquement au médecin urgentiste qui essayait de la maintenir sur son lit » avant de s’attaquer à une infirmière et à deux aides-soignantes, a précisé au Quotidien le représentant syndical SUD dans l’établissement breton. Les trois femmes se sont retrouvées à terre « à cause des coups ». Il a fallu attendre l’arrivée de cinq agents de l’équipe du service de sécurité de l’hôpital pour maîtriser la patiente. Tous les soignants agressés sont allés porter plainte au commissariat. 

Le vent du boulet. Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, annonçait hier au micro de France Info des « embauches supplémentaires » dans les semaines à venir. « Pour la première fois, les effectifs d’infirmiers, d’aides-soignants et de médecins augmenteront parallèlement au nombre de patients », a-t-il promis. Et Martin Hirsch d’assurer prendre « au sérieux ce mouvement depuis le début ». Fallait-il le préciser ?

A demain @jynau