Agnès Buzyn soudain face à Yannick Jadot, à Xavier Bertrand et à 900 000 Français proHoméo

Bonjour

C’est l’autre front politique, majeur, sur lequel Agnès Buzyn est en première ligne : en même temps que la crise ouverte des urgences, le déremboursement pré-annoncé des spécialités homéopathiques. « Les défenseurs de l’homéopathie remboursée ne désarment pas » observe Le Quotidien du Médecin  (Loan Tranthimy). La Haute autorité de santé (HAS) vient de demander aux journalistes de « réserver la date » : elle rendra son « avis définitif » le 28 juin. Ce qui réactive l’énergie  du collectif MonHoméoMonchoix  auréolé d’une pétition qui a récolté près de 900 000 signatures.

On sait que cette association ultra-pro-homéopathie est composée d’ « organisations professionnelles », de « sociétés savantes », d’ « associations de patients » – sans oublier les trois firmes très directement concernées (Boiron, Lehning et Weleda). C’est une forme original de lobbying qui cristallise la colère entretenue depuis la désormais célèbre « fuite médiatique » de l’avis provisoire du Comité de transparence de la HAS.

Officiellement l’avis définitif sera transmis au gouvernement qui tranchera. Or Agnès Buzyn a d’ores et déjà abandonné son pouvoir de décision en annonçant qu’elle suivrait l’avis de la HAS. Et elle l’a réaffirmé au Quotidien du Médecin :   les produits homéopathiques seront déremboursés « s’il s’avère qu’ils ne sont pas efficaces » car « ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés ».

Effondrement et marginalité

« Le déremboursement inquiète fortement les patients car cela va toucher à leur pouvoir d’achat et pénaliser les plus fragiles. Mais il y a aussi la crainte de sortir l’homéopathie du champ du système de santé. Pour nous, cela est insupportable », répond en écho Joël Siccardi, président de l’association Homéo Patients France (AHP), créée en 1998, qui « réunit les utilisateurs d’homéopathie ». Quant au  Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) : « Notre préoccupation est l’avenir même de cette pratique thérapeutique. Un déremboursement créerait un effondrement de la formation, ou bien elle deviendrait marginale pour les médecins mais aussi pour les non-médecins. Là est notre grande crainte car nos patients courraient un grand risque ».

Sans oublier le Dr Antoine Demonceaux, président de l’association SafeMed qui dénonce le « biais scientifique » de la méthode d’évaluation de la HAS : « On parle de molécules ! Si un médicament n’a pas molécules, cela ne peut pas marcher. Si cela ne peut pas marcher, alors c’est inefficace… Mais on occulte les recherches physiques, biophysiques des médicaments homéopathiques qui ne sont certes pas des médicaments portant des molécules mais qui sont une réalité de médicaments. Les dés sont pipés à l’avance ».

L’effervescence dépasse de loin les soignants. Agnès Buzyn et le gouvernement doivent aussi désormais compter avec deux nouveaux poids lourds du paysage politique national. Xavier Bertrand tout d’abord qui n’a jamais caché sa position, plus économique que pro-homéopathique : « Le déremboursement de l’homéopathie est une fausse bonne idée et coûterait plus cher ! ». Xavier Bertrand existe politiquement. Ancien ministre de la Santé, aujourd’hui retiré dans son fief nordiste il est, débâcle de son camp oblige, amplement courtisé pour revenir aux affaires républicaines. On dit même qu’il a l’oreille du Président.

Maison de la Chimie

Et puis, à ses côtés, Yannick Jadot, encore auréolé de son score aux élections européennes. Un écologiste qui entend bien conquérir le pouvoir exécutif et qui déclarait il y a peu sur France-Inter :

« Il y a aujourd’hui des millions de Français qui utilisent l’homéopathie. C’est un coût extrêmement faible, ça participe de soigner et je crois qu’on ne peut pas simplement analyser l’impact d’un médicament au regard de sa composition, c’est le résultat qui compte…. –Donc rembourser un placebo, s’il fonctionne, c’est bien  ? –L’enjeu, c’est de soigner. S’il est prouvé que l’homéopathie participe de soigner des personnes qui s’y retrouvent,  franchement, au regard du coût de l’homéopathie, c’est pas un sujet. »

Nous en sommes ici, à la confluence de la médecine et de la science, du pouvoir et de la croyance. La prochaine étape est fixée au 12 juin, date de l’audition des laboratoires par les experts de la Commission de la transparence. Puis, le 26 juin  cette Commission adoptera en séance plénière « l’avis définitif sur l’intérêt de maintenir le remboursement des médicaments homéopathiques en séance plénière». Enfin, le 28 juin  « exclusivement réservé aux journalistes », le bouquet final :  à 9h 15 une conférence de presse en présence du Pr Dominique Le Guludec, Présidente du Collège de la HAS, du Pr Christian Thuilliez,  Président de la Commission de la transparence et de Mathilde Grande – Cheffe du service évaluation des médicaments. Des membres de la Commission de la transparence seront également présents.

Une question, déjà, tracasse et alerte : comment interpréter le fait que, pour parler de l’homéopathie, on réunisse les journalistes au sein de la Maison de la Chimie ?

A demain @jynau

Contre l’embrasement des urgences : 97,69 euros brut et un rafraîchissement des peintures

Bonjour

Ainsi donc, face aux urgentistes en détresse, Agnès Buzyn a fait un geste financier en promettant une homogénéisation »de la « prime individuelle de risque » pour le personnel médical. Il fallait y penser ! Créée il y a près de vingt ans par Laurent Fabius alors ministre de l’Economie («Arrêté du 21 décembre 2000 fixant le montant mensuel de l’indemnité forfaitaire de risque allouée à certains fonctionnaires hospitaliers ») cette prime (97,69 euros brut par mois) s’adressait au départ aux soignants des structures psychiatriques ou exerçant en établissements pénitentiaires. 

Vingt ans plus tard, Agnès Buzyn : « cette prime n’est pas portée partout à son juste niveau, des inégalités existent entre hôpitaux pour des situations pourtant analogues ». Cette aide sera désormais « mobilisée partout où cela est justifié » a-t-elle insisté, évoquant un engagement moral indispensable vis-à-vis de ceux qui soignent « en assumant cette part de risque ». « En avril dernier, déjà, pour calmer la colère des personnels des urgences de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), le directeur général Martin Hirsch avait annoncé le relèvement de cette prime de 5,76 euros par mois à ‘’environ 60’’, rappelle Le Quotidien du Médecin ( Anne Bayle-IniguezCyrille Dupuis).

Cette indemnité forfaitaire est versée aux soignants de la fonction publique affectés en permanence à certains services jugés dangereux en raison de la spécificité des patients qu’ils accueillent. Où l’on comprend que désormais les services d’accueil des urgences sont considérés comme des zones à risque.

Essuyer les plâtres

Sur l’autre front, celui des soignants non médicaux la ministre a annoncé la création d’une « nouvelle prime de coopération » dont le montant reste à définir. Le principe : « les médecins peuvent déléguer aux paramédicaux de leurs équipes des tâches qui leur étaient jusque-là réservées ». Cette « opportunité nouvelle est à la fois porteuse de solutions de fond pour fluidifier les prises en charge [c’est] une formidable occasion de reconnaître tous les talents d’une équipe » affirme Agnès Buzyn.

Enfin (et toujours sans définir d’enveloppe financière) la ministre a assuré que chaque Agence Régionale de Santé devra apporter son « soutien aux hôpitaux qui traversent des épisodes de tension ». « Il faut leur donner les moyens, sans délai, de rétablir des conditions de travail décentes pour les équipes », a-t-elle martelé. Et toujours dans un souci de décence Agnès Buzyn décide aussi de mobiliser les ARS pour engager des « travaux de rénovation architecturale » dans les services d’urgences où les besoins se font sentir.

De quoi parle-t-on ? A la fois d’améliorer la qualité de l’accueil de patients et les conditions de travail des personnels hospitaliers. « Je ne veux plus voir des services d’urgences vétustes, il n’est plus admissible d’être en retard dans les travaux de rénovation », s’est-elle agacée, évoquant même l’image inacceptable de « peintures défraîchies ou en lambeaux ». Et d’ajouter:« travailler dans des locaux modernes et propres, c’est bien la moindre des choses ». Certes. Il faudra, pour cela, commencer par finir d’essuyer les plâtres.

A demain @jynau

Quand et comment Agnès Buzyn parviendra-t-elle à en finir avec la crise montante des urgences ?

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6 juin 2019. Il y a trois quarts de siècle c’était le D-Day. Puis vint le célèbre Plan Marshall (« Programme de rétablissement européen ») un vaste dispositif  de prêts américains accordés de ce côté-ci de l’Atlantique pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées. Générosité ? On a aujourd’hui généralement oublié que ces prêts étaient assortis de la condition d’importer pour un montant équivalent d’équipements et autres produits venus des Etats-Unis.

Aujourd’hui c’est bien, toutes proportions gardées, un « Plan Marshall » que réclame, dans les colonnes du Quotidien du Médecin (Anne Bayle-Iniguez) le très mesuré Dr François Braun,  président de SAMU-Urgences de France. Un Plan Marshall avec, dans l’attente, des bouffées d’oxygène « pour passer l’été ». Et, le même jour, on annonce qu’Agnès Buzyn devrait « faire des annonces ». Le Congrès des urgentistes se tient à Paris et une manifestation animée est programmée entre Montparnasse et le ministère de la Santé.

Soignants grévistes et représentants syndicaux accusent la ministre de n’avoir pas mesuré l’ampleur du malaise des soignants. « Elle est très méprisante, aucune négociation n’a été ouverte avec les personnels alors que des services d’urgence sont en grève depuis des semaines », dénonce Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). L’heure est grave. Le Dr Braun:

« L’année dernière, on allait dans le mur. Cette année, nous y sommes ! Les services sont en train de lâcher. L’Observatoire de la souffrance au travail des praticiens hospitaliers a enregistré davantage de déclarations de collègues en burn-out sur les quatre premiers mois de 2019 que sur tout 2018. À Tourcoing, à Lons-le-Saunier, la situation est dramatique. Cette souffrance, jusque-là médicale, s’est étendue aux paramédicaux. On embauche des infirmières en intérim, c’est du jamais vu. Nous sommes arrivés au bout du système. »

« Aujourd’hui ,dit-il, plus de 100 services d’urgences se sont mobilisés. Si rien n’est fait, la moitié des services d’urgences seront en grève cet été ou dans l’impossibilité de bosser. Nous avons besoin d’un plan Marshall pour les urgences. Qu’on nous donne de l’oxygène pour passer l’été ! Directeurs d’hôpital et ARS doivent maintenir à tout prix l’activité des urgences cet été. Quand un service tourne sans médecins, on nous dit :  »Débrouillez-vous » Non ! Ça suffit ! Les PH dont l’activité ne relève pas de l’urgence doivent désormais s’investir davantage et venir faire leur boulot aux urgences. Nous n’avons pas besoin de plus d’urgentistes mais de plus de temps. 40 à 50 % de notre activité ne relève pas de l’urgence. Certains services ne font plus d’entrées directes de patients et préfèrent les faire passer par chez nous, c’est plus confortable, les examens complémentaires sont faits. Eux peuvent se permettre de fermer des lits en été, nous non. »

Où l’on mesure l’ampleur du défi posé à la ministres des Solidarités et de la Santé – défi compliqué de la défaillance croissante de la médecine de ville. « Ce n’était pas le cas il y a 15 ans. Les pouvoirs publics ont laissé faire par complaisance, accuse le Dr Braun. Cet été, les libéraux vont probablement tous partir en même temps en vacances, comme à chaque fois, et les conseils départementaux de l’Ordre ne diront rien, comme à chaque fois. Non, ce n’est plus possible ! C’est de la responsabilité de l’Ordre des médecins de maintenir la permanence des soins sur les territoires pendant les vacances. »

Or l’Ordre vient précisément de s’adresser solennellement à Agnès Buzyn et au gouvernement. « Malgré de nombreuses alertes, des grèves hospitalières se multiplient partout en France, observe-t-il. La crise des services d’urgences est l’un des symptômes les plus aigus de l’extrême difficulté dans laquelle se trouve l’hôpital public. » Dans ce contexte l’Ordre « appelle avec gravité à l’organisation d’une concertation d’urgence impliquant tous les acteurs afin qu’une réponse durable soit apportée aux revendications des professionnels de santé. » « Leur souffrance face aux conditions de travail actuelles doit être entendue ».

Entendre politiquement la souffrance ? Emmanuel Macron donnera-t-il à Agnès Buzyn a-t-elle les moyens d’un « Plan Marshall » pour les urgences de France ?

A demain

@jynau

L’envenimement des grèves aux urgences : il ne faut pas dévoyer l’arrêt maladie (Agnès Buzyn)

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Hier invisible ou presque des médias généralistes la grève des urgentistes vient de s’envenimer : des grévistes réquisitionnés viennent ainsi de se mettre en « arrêt-maladie » pour protester contre leurs conditions de travail. Après un très gros abcès à Lons-le-Saunier on apprend que dans la nuit du 3 au 4 juin, à l’hôpital Lariboisière de Paris, les équipes de nuit n’étaient pas présentes. C’est donc le personnel de jour qui a dû être réquisitionné : l’équipe a travaillé durant dix-huit heures d’affilée. Des pompiers et le SAMU ont aussi dû transférer des malades vers d’autres services hospitaliers.

« C’est une forme extrême de protestation qui a été utilisée. […] On peut contester cette modalité d’action mais ce qu’il faut bien comprendre,c’est que la réponse du personnel est liée à l’inconséquence des gens qui nous gouvernent » a déclaré, sur RTL le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (mouvements nationaux les 6 et 11 juin) :

« La situation dans les services d’urgence et plus globalement dans les hôpitaux est catastrophique.  Le mouvement de grève débuté à l’hôpital Saint-Antoine s’est étendu dans de nombreux hôpitaux, parfois au-delà des services d’urgences.

Les plans d’économie successifs, associés à des fermetures de lits et des services rendent les conditions de travail des personnels insupportables.  Nous n’avons plus aujourd’hui les moyens de prendre en charge nos patients dans des conditions dignes et en toute sécurité.

Le gouvernement doit entendre notre cri d’alarme, à la veille de l’été, période toujours très difficile dans les hôpitaux.  Nous demandons à la Ministre de la Santé d’ouvrir immédiatement des négociations pour répondre aux revendications posées par les personnels. »

Très grosses fatigues

Réponse de la ministre Agnès Buzyn, ce matin sur France Inter . Qu’a-t-elle à dire, au-delà « de la calinothérapie et des mots doux » ?

« D’abord j’ai mis beaucoup d’argent sur la table [sic] pour l’hôpital public l’année dernière et cette année (…) ce qui permet aux hôpitaux de retrouver un peu de souffle. (…) Aujourd’hui l’engorgement aux urgences est essentiellement lié au fait que les patients ne trouvent pas de médecins capables notamment de les prendre sans rendez-vous. (…) Je comprends leur impatience [celle des médecins urgentistes] Je dis à tous les Français qui le peuvent (évidemment il y a des endroits où il n’y a pas de médecins et donc je l’entends …) d’éviter d’aller aux urgences quand on peut essayer de trouver un rendez-vous avec un médecin généraliste, dans un centre de santé, dans une maison de santé …. 

« Je reçois les urgentistes, je les reçois régulièrement. Ils attendent une initiative pour repenser les urgences de l’avenir et je travaille avec eux sur ces perspectives. [Sur Lariboisière et les ‘’arrêts maladie’’] : Je pense effectivement qu’il y a une très grosse fatigue des personnels aux urgences. Je l’entends et j’y travaille. Ce qui c’est passé à Lariboisière est assez inédit. Ils se sont mis en arrêt maladie. C’est dévoyer ce qu’est un arrêt maladie. Je pense que ce n’est pas bien car ça entraîne une surcharge de travail pour les autres (…) La règle, dans le monde médical, quand on fait grève, c’est de mettre un brassard et de venir travailler pour ne pas mettre en danger la vie d’autrui. (…) Nous sommes totalement mobilisés pour améliorer la situation et nous attendons les prochaines générations de médecins urgentistes qui sont entrain d’être formés. Il y en a quatre cents par an et il vont arriver sur le terrain. »

La garde montante arrivera-t-elle à temps ?

A demain

@jynau

Sur les vaccins et l’homéopathie, Yannick Jadot sème plus d’ivraie que de bon grain

Bonjour

France Inter a (parfois) des auditeurs formidables. Ainsi, ce matin : « Guy, du côté de Toulouse », vieux militant écolo qui cette fois n’a pas voté EELV à cause des « engagements maladif »s « anti-vaccins » et « pro-homéopathie-Boiron » de Michèle Rivasi, bras droit de Yannick Jadot (et numéro 2 de sa liste). Pour Guy c’était  « devenu impossible ».

Et l’invité de France Inter Yannick Jadot, 51 ans, fonça comme un jeune taureau piqué au vif. Il a, sans nuance aucune, précisé la ligne de son parti. Au risque d’être accusé d’approximations, de contradictions, voire de mensonges. Au risque d’être catalogué (comme, depuis peu, Laurent Wauquiez) de cette nouvelle plaie : l’« insincérité ». Quelques heures plus tard Le Monde et ses « Décodeurs » corrigeaient le tir et les mots du nouveau poids lourd médiatique du paysage politique français. Extraits :

1. Michèle Rivasi a bel et bien fait circuler de fausses informations

Yannick Jadot : « Sur les vaccins, la ligne du mouvement EELV comme celle de Michèle Rivasi est très claire : nous sommes pour la vaccination. Nous défendons la vaccination comme une responsabilité individuelle et aussi comme une responsabilité collective. Il n’y a pas simplement un choix individuel, par exemple on le voit en ce moment sur la rougeole : le fait de choisir pour soi engage l’ensemble de la société. Donc nous sommes pro vaccins. »

Selon lui, il est en revanche indispensable de faire la transparence sur « le poids des lobbys pharmaceutiques dans la décision publique. (…) C’est notre seul combat ».

Le Monde : « L’écologiste Michèle Rivasi est eurodéputée depuis 2009 et a été réélue. Sa présence en deuxième place sur la liste conduite par Yannick Jadot pour la campagne de 2019 a néanmoins suscité des critiques contre le parti, notamment à cause de ses prises de position sur la vaccination. Elle y a répondu dans un communiqué publié le 12 mars, intitulé « oui aux vaccins, non aux lobbys ».

« En cela, sa position pourrait coller à la ligne « pro vaccins » prônée par Yannick Jadot sur France Inter. Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas du seul impair de Michèle Rivasi sur cette question. Elle a en effet diffusé, dans des entretiens à la presse et sur son blog, un certain nombre de contre-vérités sur la vaccination, bien loin du discours du chef de file de son mouvement. Elle a par exemple : contesté la vaccination des enfants contre l’hépatite B sous le prétexte qu’il s’agirait d’une maladie exclusivement « sexuellement transmissible » (ce qui n’est pas le cas) ; dénoncé la présence de « nanoparticules métalliques dans des vaccins courants », une conclusion réfutée par l’Agence européenne des médicaments ; affirmé que « si une femme allaite son enfant, elle lui transmet les anticorps » contre la rougeole, ce qui rendrait la vaccination contre cette pathologie inutile (une affirmation réfutée par les spécialistes) ; dénoncé la présence d’aluminium dans les adjuvants de nombreux vaccins, occultant que les études menées sur le sujet n’ont pas établi un lien entre ce composé et  des troubles sur la santé. »

Pour résumer Michèle Rivasi, bras droit de Yannick Jadot,  a bel et bien contribué à faire circuler des informations erronées émanant d’opposants à la vaccination et à semer le doute à tort au sein de la population – « ce qui peut légitimement être reproché à une personnalité politique de premier plan » observe Le Monde.

2. L’homéopathie, son efficacité et ses lobbies

Yannick Jadot : « Il y a aujourd’hui des millions de Français qui utilisent l’homéopathie. C’est un coût extrêmement faible, ça participe de soigner et je crois qu’on ne peut pas simplement analyser l’impact d’un médicament au regard de sa composition, c’est le résultat qui compte…. –Donc rembourser un placebo, s’il fonctionne, c’est bien  ? –L’enjeu, c’est de soigner. S’il est prouvé que l’homéopathie participe de soigner des personnes qui s’y retrouvent,  franchement, au regard du coût de l’homéopathie, c’est pas un sujet. »

Certes le coût des spécialités homéopathiques prescrites par des médecins est marginal : environ 0,3 % des remboursements de médicaments, en 2016  – soit environ 55 millions d’euros sur 18 milliards d’euros de prise en charge. Reste L’argumentaire de Yannick Jadot sur le fond du sujet est en revanche nettement plus surprenant : seul le « résultat » compterait. Un remboursement des médicaemnts associé à une obligation de résultats ? Rembourser dès lors que cela « participe de soigner » ? Oublier la somme des travaux qui concluent, au mieux à une efficacité équivaelnte à celle de l’effet placebo ?  

« Par ailleurs, la position de l’écologiste sur la question de l’homéopathie peut surprendre, tant elle entre en contradiction avec la ligne générale qu’il édictait quelques instants plus tôt, affirmant vouloir ‘’sortir les lobbys pharmaceutiques de la décision publique’’ » observe fort justement Le Monde.  Dans le cas de l’homéopathie, les Laboratoires Boiron sont, précisément un modèle-type de lobby pharmaceutique – défendant farouchement leurs intérêts  en remuant ciel et terre à la perspective d’un déremboursement.

« L’avis définitif de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la question, qui devrait orienter le choix de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, est attendu pour juin » conclut Le Monde. Ce n’est pas tout à fait exact : Agnès Buzyn a publiquement expliqué qu’elle suivrait l’avis de la HAS – laissant étrangement en cela son pouvoir politique de décision (et celui du gouvernement) entre les mains de cette institution qu’elle présida. On conclura en rappelant que Mme Buzyn tenait peu ou prou, il y a un an, les mêmes propos que Yannick Jadot aujourd’hui.

C’était le 12 avril 2018. Invitée de la matinale sur RMC-BFM TV, Agnès Buzyn annonçait alors que les spécialités homéopathiques continueraient à être remboursées par l’Assurance-maladie, même si c’est «probablement un effet placebo». «Les Français y sont attachés. Si cela peut éviter le recours à des médicaments toxiques, je pense nous y gagnons collectivement. Voilà, ça ne fait pas de mal !».

C’est dire si l’on attend, avec un vif intérêt, la suite.

A demain

@jynau

 

Quatre poumons, 160 000 euros : l’Etat est-il coupable de la pollution que nous respirons ?

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Jusqu’où remonter dans l’enchaînement des responsabilités ? « C’est une première » annonce Le Monde (Stéphane Mandard). Mardi 28 mai, au tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’Etat est poursuivi pour son incapacité à protéger les citoyens contre la pollution de l’air. En clair : visé par un recours pour « carence fautive » parune mère et sa fille âgée de 17 ans, toutes deux atteintes de pathologies respiratoires importantes.

Pendant une vingtaine d’années, Farida a vécu à Saint-Ouen coincée entre le périphérique et deux avenues fréquentées. Elle souffre alors d’une toux persistante, de bronchites à répétition avec des signes d’asthme. Cures d’antibiotiques, douleurs, épuisement, arrêts de travail fréquents… sa vie est un calvaire. « Tous les jours, j’appréhendais, je regardais la qualité de l’air sur le site d’Airparif. Et si elle était vraiment très mauvaise, j’évitais de sortir », témoigne Farida dans un enregistrement sonore mis en ligne sur le site de l’association Respire, qui la soutient dans sa démarche, avec l’ONG Ecologie sans frontière.

Enfant la fille de Farida est une habituée des urgences pédiatriques et des séances de kinésithérapie respiratoire pour des bronchiolites. Puis, après l’âge de raison,  rhinopharyngites et crises d’asthme. Depuis qu’elle s’est installée avec sa fille à Orléans (sur « prescription médicale ») ces problèmes de santé ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. Elles réclament aujourd’hui 160 000 euros d’indemnisation pour le préjudice qu’elles estiment avoir subi et dont elles tiennent l’Etat pour responsable. Pour Me François Lafforgue, leur avocat, la « carence fautive » de l’Etat est double : aucun dispositif efficace n’a été mis en place pour enrayer le phénomène de la pollution atmosphérique ni sur le long terme ni lors des pics de pollution.

Responsabilités et culpabilités

Et Me Lafforgue de rappeller que la France est en infraction avec le droit européen pour des dépassements répétés des normes sur la qualité de l’air. Visé par le recours de Farida et de sa fille, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire soutient via son ministère que « l’Etat a pris toutes les mesures nécessaires, dans la limite des responsabilités qui lui incombent en la matière, pour ramener les concentrations de polluants en deçà des valeurs limites » fixées par la directive européenne sur la qualité de l’air, et que ces actions ont permis ces dernières années « une réduction » pour les PM10 et le NO2 en région parisienne.

Quant à la  Préfecture de police de Paris (Christophe Castaner), elle reporte la faute sur la victime, estimant que le dommage qu’elle a subi est « la conséquence directe et exclusive d’un choix strictement personnel ». Pourquoi ne pas quitter une ville polluée quand on se sait de constitution pulmonaire fragile ? Et de quel droit accuser l’Etat de sa propre incurie ?

Le droit, précisément. Pour le rapporteur public, avant de rendre son jugement, le tribunal doit vérifier si les troubles médicaux sont bel et bien dus à la pollution de l’air de Saint-Ouen. Relation de causalité ou simple corrélation. Que serait la justice sans la science et la médecine ?

Dans l’affaire Farida le tribunal administratif de Montreuil rendra son jugement dans une quinzaine de jours. Une cinquantaine d’autres recours ont été déposés pour les mêmes motifs par des victimes de la pollution de l’air à Paris, Lyon, Lille et Grenoble. Ils devraient être audiencés dans les prochaines semaines.

« La pollution, rappelle Le Quotidien du Médecin (Dr Irène Drogou)  est responsable de 48 000 à 67 000 décès prématurés chaque année en France – et de 4,2 millions dans le monde. D’après « The Lancet Planetary Health », il y aurait 4 millions de nouveaux cas d’asthme pédiatrique dans le monde liés à la mauvaise qualité de l’air. » Jusqu’où la justice française remontera-t-elle dans l’enchaînement des culpabilités ?

A demain

@jynau

Google en justice : quand un médecin est la cible de propos diffamatoires concernant sa pratique

Bonjour

Enfin ! Un médecin, psychiatre exerçant à Metz a décidé de passer à l’attaque en justice contre Google : il avait fait l’objet de commentaires publics « peu sympathiques » quant à sa pratique. L’affaire est révélée par L’Est Républicain, (Kevin Grethen) et relayée par Le Quotidien du Médecin (Marie Foult).

Ce a vu apparaître sur le net sa fiche « Google my business ». Il n’avait rien signé, rien autorisé. Et puis, il y découvre des avis désobligeants. « Des avis anonymes. On ignore s’il s’agit réellement de patients », observe l’avocat du praticien, Me  Xavier Iochum. « Impossible de dire s’il s’agit de personnes qui ont eu un différend personnel avec ce spécialiste, s’il s’agit d’un canular… » L’Est Républicain :

« Agacé, le praticien a décidé de réagir. Pour une question de principe, mais pas seulement. Ce système permet une cotation. Et il est mal noté. Il a vu une inflexion de la fréquentation de son cabinet. On pousse rarement la porte d’un restaurant mal noté. Pourquoi serait-ce différent pour un médecin ?

« Le praticien voudrait répondre, demander aux auteurs d’enlever les messages. Ils en ont le pouvoir en un clic. Mais demander à qui ? ‘’Voilà un outil qui permet de laisser des messages et de noter des spécialistes, et ceux-ci n’ont même pas la possibilité de répliquer.’’ Une demande d’effacement des messages a reçu une fin de non-recevoir du géant américain. Comme celle pour la levée de l’anonymat. »

Conduite à tenir

Face au praticien, l’avocat de Google France, Me Sébastien Proust: il se retranche derrière une jurisprudence : « Les avis qui se contentent d’exprimer le point de vue négatif d’un consommateur ou d’un patient sur un professionnel relèvent de la libre critique.  « Nous ne sommes pas d’accord avec le fait que des professionnels soient cloués ainsi au pilori, sur la place publique. Cela porte atteinte à leur exercice et à leur réputation, réplique Me  Iochum. Cet outil donne des possibilités de condamnation professionnelle sans moyen de se défendre. Cela pose un problème d’équité, de contradictoire, et pour tout dire, de comportement totalitaire. C’est dangereux pour la démocratie. »

Google a été assigné devant le tribunal de grande instance de Metz après une procédure qui ressemble à un parcours du combattant. « Il a fallu aller les chercher dans l’État du Delaware puisque Google France n’est pas hébergeur et n’est responsable de rien. Il fallait aller jusqu’au bout pour mettre un frein à ce système. Et remettre de l’ordre. »

Le Quotidien précise que ce n’est pas la première fois que des médecins s’en prennent à la multinationale de Mountain View. Jusqu’à présent, les praticiens en colère ciblaient également les patients auteurs de ces commentaires. L’UFML-Syndicat conseille de porter plainte systématiquement pour les propos diffamatoires et de « durcir le ton ». Concrètement, l’organisation propose aux médecins d’ajouter le message suivant, en forme d’avertissement aux patients, sur leur profil « Google My Business » : 

« Il vous est possible de poster des commentaires sur mon activité et le vécu de votre consultation. Face aux dérives constatées dans l’exercice de ce service, il est à préciser que tout commentaire diffamatoire à mon égard, à celui de ma profession, ou portant atteinte à mon honneur ou à ma probité entraînera le dépôt d’une plainte auprès de la juridiction compétente et la saisie immédiate de l’avocat de mon syndicat professionnel et de Google »

A demain

@jynau

«Notre-Dame Mère de la Lumière» : compatible avec la médecine hospitalo-universitaire ?

Bonjour

Nous avions parlé de lui en juillet 2018, soit le cas édifiant d’un médecin urgentiste par trop catholique. Ce médecin comparaissait mardi 21 mai devant le tribunal correctionnel de Caen (Calvados), pour « abus de faiblesse et sujétion psychologique » , rapporte Le Parisien (Louise Colcombet). Un médecin, qui exerce au CHU de Caen. Un médecin qui préside de l’association Notre-Dame Mère de la Lumière (NDML) – une jeune pousse du « renouveau charismatique », mouvement religieux apparu dans les années 1960 au sein des églises traditionnelles. Est-ce compatible ? Et la justice peut-elle, ici, se prononcer ?

« D’origine Libanaise, Alberto Maalouf est médecin urgentiste au CHU de Caen et travaille aussi au SAMU. Avec un groupe de jeunes catholiques, ils annoncent l’évangile et l’amour de Jésus à travers leur témoignage, l’aide aux plus pauvres (distribution de nourriture et de vêtements) et l’organisation de rassemblements de louange et de prières pour la guérison des malades. Alberto Maalouf témoigne partout dans la Francophonie de sa rencontre forte avec le Christ ! »  (Soirée Miracles et Guérisons. 17 novembre 2017 à 19:30)

L’urgentiste est soupçonné d’avoir fait de ce groupe religieux une communauté sectaire, au sein de laquelle vivent une vingtaine de personnes (hommes et femmes séparément) dans deux maisons, à proximité de Caen. Une dizaine d’entre elles serait dépendante psychologiquement du médecin et consacrerait leur existence et la moitié de leurs revenus à l’association.

Le Parisien : « Fils d’un ancien soldat libanais devenu prêtre, Alberto Maalouf raconte avoir trouvé Dieu en 2008, lors d’une visite à Medjugorje, le Lourdes bosniaque – pèlerinage marqué par sa guérison miraculeuse. La justice lui reproche ainsi d’avoir, lors de soirées marquées par des expériences mystiques intenses avec transes et convulsions, pratiqué l’exorcisme. Il organiserait également des « prières de guérison » avec apposition des mains et tiendrait des propos très durs, au-delà du rigorisme. »

Exaltations mystiques

La justice reproche notamment au médecin d’avoir pratiqué l’exorcisme lors de soirées avec « des expériences mystiques intenses ». L’urgentiste aurait également organisé des « prières de guérison » avec apposition des mains et tiendrait des propos « très durs ». Les membres de l’association seraient par ailleurs obligés de prier jusqu’à des heures tardives au point d’être épuisés, de jeûner deux jours par semaine ou de rompre avec leur famille.

« Les avocats du médecin ont balayé les accusations d’emprise sectaire, évoquant plutôt ‘’des louanges et des choses un peu exaltées’’, résume Le Quotidien du Médecin . La plupart des membres de l’association Notre-Dame Mère de la Lumière ne se considèrent pas comme victimes. NDML compterait jusqu’à 300 sympathisants.

Mais le mode de vie des membres « consacrés » a pourtant de quoi inquiéter, estime Me Rodolphe Bosselut, défenseur de deux anciennes adeptes – dont l’une sous curatelle renforcée, et de l’Unadfi, une association de lutte contre les dérives sectaires. « Sous des dehors fréquentables, on retrouve tous les signes de l’emprise sectaire avec perte d’identité progressive, souligne l’avocat. Les membres prient jusqu’à des heures tardives au point d’être épuisés, jeûnent deux jours par semaine, rompent avec leur famille. Tous ceux qui critiquent le mouvement sont diabolisés… ».

Le Parisien :  « Vivant en communauté dans deux maisons différentes – l’une pour les femmes, l’autre pour les hommes – les membres de NDML doivent être ‘’chastes’’. Vêtements moulants et jupes au-dessus des genoux sont proscrits pour les femmes et plusieurs couples ont été séparés par Maalouf et son bras droit, une certaine Marthe Q. qui, elle, prétend entendre la Vierge. »

L’urgentiste encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende, la peine maximale prévue par le Code pénal lorsque l’abus de faiblesse est commis par le dirigeant d’un groupement « qui poursuit des activités ayant pour effet de créer, de maintenir ou d’exploiter la sujétion psychologique ou physique ». Le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Calvados s’est constitué partie civile.

A demain

@jynau

La Loire et les déserts médicaux : l’anesthésie-réa du CHU de Saint-Etienne prend tous les risques

Bonjour

Enthousiasmant. C’est une remarquable vidéo de soignants partant en guerre ; vidéo « à but non lucratif » ;  3’41’’ toniques  calquées sur la mythique « Agence tous risques ». Succès assuré. Un concentré de volonté heureusement relayé par Le Progrès et Le Quotidien du Médecin (Anne Bayle-Iniguez). Où l’on voit des soignants qui « ne lâcheront pas », qui feront tout pour que vive le service d’anesthésie réanimation à prédominance neurologique et cardiovasculaire avec unité de soins intensifs du CHU de Saint-Etienne. Service aujourd’hui menacé faute de postulants.

« …. C’est notre dernière chance pour des recrutements de réanimateurs-anesthésistes… On a besoin de vous…. Service public en danger… faites attention….  des lits vont fermer… Où va-t-on se faire soigner ???? ….On est inquiets pour les patients, direction Clermont et Lyon, jusqu’ou vous enverra-t-on ? ….»

Promotion du chaudron et de la célebrissime A-S Saint-Etienne, du marché de Noël, des musées d’Art moderne et de la Mine, de la Cité du design. Rien sur l’antique coutellerie et la Manufacture d’armes. Après un rapide mot de l’actuel chef de service , son prédecesseur, conclut : « Il faut remplacer les retraités, et vous verrez, vous ne le regretterez pas.»  

Où l’on voit, une nouvelle fois, des soignants partir en guerre contre l’avancée des déserts médicaux et la désaffection croissante, en France, pour les plus beaux sites hospitaliers. A Saint-Etienne, une certitude : affûtés, soudés ils ne « lâcheront pas » et ne regretteront rien.

A demain

@jynau

«Fichage – gag » de Gilets Jaunes hospitalisés : les étranges explications de l’AP-HP

Bonjour

Scandale potentiel ou triste gag ? L’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) n’en finit plus de communiquer pour se défendre face aux accusations circonstanciées du Canard enchaîné de « fichage » de Gilets Jaunes blessés pris en charge lors des manifestations récurrentes du samedi.

On pensait qu’après bien des atermoiements l’AP-HP avait tout dit. Jusqu’à plaider « l’erreur humaine ». Nous avions tort. Voici un nouveau communiqué daté de ce 29 avril : « Sur SI-VIC, l’ARS-Ile-de-France et l’AP-HP précisent les informations saisies : plusieurs commentaires correspondaient à des cas fictifs, créés pour un exercice dans un des hôpitaux ». Le plus grand CHU de France et d’Europe était  accusé d’avoir utilisé le « système d’information pour le suivi des victimes » (SI-VIC) pour ficher des patients hospitalisés en marge des manifestations des Gilets Jaunes.

« Homme black lunettes rouges » 

« Mais aujourd’hui, l’explication donnée à l’inscription dans le fichier SI-VIC d’informations personnelles pourrait prêter à rire s’il ne s’agissait pas d’une question aussi sérieuse, écrit Le Quotidien du Médecin (Martin Dumas Primbault).  Il s’agirait en fait de quelques identités « fictives », créées par un stagiaire à des fins de formation. Ces avatars ont été sauvegardés par erreur dans la réelle base de données du fichier, indique ce lundi l’AP-HP dans un communiqué commun avec l’agence régionale de santé (ARS) Île-de-France. Extraits :

« Le travail préalable de recueil d’informations mené ces derniers jours a déjà permis de préciser plusieurs éléments qui sont transmis à la mission d’enquête.

Ont été entrés dans la base SI-VIC, les éléments d’un exercice conduit dans un des hôpitaux de l’AP-HP, dans le cadre d’une formation. A cette occasion, un stagiaire a créé des « avatars », avec des identités fictives. Les données fictives de l’exercice ont été par erreur intégrées dans la base réelle. Lors de cet exercice, 10 « patients fictifs » ont été affublés de caractéristiques fantaisistes dans l’idée de simuler d’arrivée de victimes non identifiées du type « chaussettes vertes à petits pois », « homme black lunettes rouges », « homme blanc mal rasé cicatrices vertes », « tatouage tempe gauche » ou encore « fausse rousse ? grande mince adore les ballades ».

A ce stade de l’investigation, ce type de commentaires, totalement inappropriés, pouvant être considérés comme tendancieux et pour le moins fantaisistes, n’a jamais été porté sur de réels patients ; pour autant, même dans le cadre d’un exercice sur des profils créés à cette occasion, il n’est pas approprié d’inscrire de tels commentaires.

Par ailleurs, il a été également relevé qu’un patient était mentionné comme « décédé » alors qu’il était rentré à son domicile, à la suite d’une erreur de saisie qui a été corrigée dès qu’elle a été détectée.

Sans attendre la fin de l’enquête, des actions correctrices ont déjà été faites et des rappels à l’application stricte du cadre tel qu’autorisé par la CNIL ont été réalisés. D’autres actions correctrices pourront être entreprises et de nouvelles consignes pourront être données, en fonction des constats réalisés et de la volonté de s’en tenir aux seules mesures prises dans l’intérêt de la bonne prise en charge des patients. »

« Fausse rousse ? Grande mince adore les ballades » 

 « Le dispositif SI-VIC a notamment pour objectif de retrouver des victimes lorsqu’on n’a pas leur identité, a rappelé François Crémieux, directeur général adjoint de l’AP-HP, interrogé par Le Quotidien. Mais la manière dont cela a été formulé dans la case commentaires est à la fois fantaisiste et inadaptée. » La « bévue » aurait été commise par … un « stagiaire en formation complémentaire » (sic) appartenant à une …. des « équipes qualité et gestion des risques » (re-sic) en charge des formations à l’usage du dispositif SI-VIC auprès du personnel des hôpitaux (re-re-sic). « Les avatars auraient dû être créés sur une base de données d’exercice comme c’est prévu par le dispositif et non sur la base des événements réellement déclarés », détaille encore François Crémieux. Et d’ajouter : « La deuxième erreur est la sauvegarde des faux patients en question, au nombre de dix, qui sont ceux qu’on retrouve dans l’article du “Canard enchaîné” ».

Il assure que, « à la connaissance de l’AP-HP à ce jour », il s’agit des dix seuls cas existants. Et précise qu’une mission d’enquête a été déclenchée vendredi 26 avril pour « faire toute la transparence sur l’ensemble de l’utilisation du dispositif SI-VIC ». Un retour est prévu « dans les six semaines avec un point d’étape mi-mai », a-t-il ajouté. Sans remercier Le Canard enchaîné.

A demain

@jynau