Médias et e-cigarette : pourquoi ne pas dire clairement qu’elle favorise l’arrêt du tabac ?

Bonjour

Quel est l’intérêt médiatique de produire du doute dans le public ?

Communiqué de #SOVAPE : « Coup sur coup, deux études de suivi de cohortes publiées cette semaine montrent que le vapotage favorise l’arrêt du tabac. La première menée en France par l’Inserm, publiée dans le JAMA Internal Medicine 1 , montre que l’apparition de la vape en 2010 s’accompagne d’un bond de l’arrêt du tabac chez les fumeurs qui ont choisi ce nouveau produit. Ils ont eu près de 1,7 fois plus de chance d’arrêter de fumer que ceux qui ont opté pour d’autres méthodes. Seconde étude : celle des chercheurs de la Harvard School à Boston, publiée dans Nicotine & Tobacco Research 2. Le suivi de la cohorte PATH de fumeurs américains ayant opté pour la vape entre 2013 et 2015 montre que les vapoteurs au quotidien ont eu 77% plus de succès après deux ans d’arrêt de la cigarette que les fumeurs optant pour d’autres méthodes. »

Commentaire : « En 2010, les ex-fumeurs qui avaient accès à des produits encore rudimentaires étaient plus nombreux à rechuter que ceux qui avaient opté pour d’autres méthodes, mais en 2013, c’est l’inverse, ils avaient plus de chance de succès (HR 0.84) que les autres. Cette évolution est très probablement liée à une évolution majeure du matériel survenue à partir de 2012, l’explosion du nombre de boutiques spécialisées et de la scène d’entraide des vapoteurs. Ces deux études montrent que l’apparition du vapotage a encouragé des fumeurs, au profil plus dur (plus de cigarettes fumées par jour, plus de problèmes psychiques, plus de rechutes précédentes, etc.), à tenter l’arrêt de la cigarette, et que l’évolution technique de la vape a permis à un plus grand nombre d’entre eux de sortir du tabac fumé. »

Tout pourrait donc aller pour le mieux au sein de la Révolution des Volutes. Ce serait compter sans les pincettes de nombreux médias généralistes qui ne parviennent pas à accepter la place prise par la cigarette électronique dans le paysage de la réduction des risques tabagiques. Ainsi ces quelques mots : « L’association SOVAPE appelle à la vigilance quant au traitement de l’information sur le vapotage. Il est en effet malheureux que l’évolution survenue entre 2010 et 2013 démontrée par les données de l’Inserm soit occultée, et que soit passée sous silence l’étude similaire dans son objet publiée dans Nicotine & Tobacco Research. »

L’association évoque notamment ici les traitements effectués  par L’Obs : « Les vapoteurs fument moins de cigarettes mais rechutent plus » ou par 20 minutes  « Les vapoteurs fument moins mais rechutent plus ».  Jusqu’à l’Inserm qui, selon elle, induit la même interprétation dans son communiqué (interrogatif) destiné à la presse :

« La cigarette électronique efficace pour réduire le tabagisme à long terme ? Cette étude porte sur 5400 fumeurs et 2025 ex-fumeurs de la cohorte Constances (2012-2016 ; arrêt du tabac à partir de 2010, année de mise en vente de la cigarette électronique en France). (…) En conclusion, la cigarette électronique permet aux fumeurs de réduire leur niveau de tabagisme ou d’arrêter de fumer, mais cet arrêt ne semble pas toujours durable, il est donc nécessaire de surveiller de près les personnes qui vapotent et conseiller l’arrêt complet du tabac pour limiter le risque de rechute. »

Tromperie sur la présentation

Il faut aussi tenir compte du traitement fait par Le Quotidien du Médecin (Coline Garré): « Utile dans le sevrage, la cigarette électronique présenterait plus de risques de rechute à long terme »  qui cite Ramchandar Gomajee, chercheur à l’Inserm et premier auteur de la publication du JAMA Internal Medicine.

Pour #SOVAPE, présenter les choses comme le fait Le Quotidien est trompeur par rapport à la façon dont les choses ont évolué. « Ce taux de rechute concerne une époque révolue, les dispositifs sur le marché étaient des  »cigalike » peu performants, les commerces spécialisés et les conseils avisés inexistants, sans mentionner l’essor considérable des groupes d’entraide autogérés qui a suivi. Une étude d’épidémiologie sans connaissance des réalités de terrain, notamment des usagers, est susceptible de conduire à de mauvaises interprétations des données. »

« M. Gomajee semble ne pas tenir compte que – selon son étude – les utilisateurs de vape étaient des fumeurs à profils plus durs avec un niveau nettement plus élevé en paquets/années de 16,9 contre 12,9 pour les autres ex-fumeurs, ainsi que des symptômes dépressifs plus prononcés (12,6 versus 10,9), observe Nathalie Dunand, présidente de #SOVAPE. Des indicateurs généralement considérés comme des indices de dépendance plus forte, comme signalé dans la publication. Le commentaire de M. Gomajee rapporté par Le Quotidien semble entrer en contradiction avec les résultats de son étude.

« Répétons-le: dans l’étude de l’Inserm à partir de 2013, les vapoteurs ont moins rechuté que les autres ex-fumeurs. Ceci correspond à un tournant de la technologie avec l’apparition de l’Ego, l’explosion des boutiques spécialisées et le moment où le mouvement d’entraide s’est développé, comme par exemple le Forum  E-cigarette. Brice Lepoutre, son fondateur, sera d’ailleurs au Sommet de la vape le 14 octobre à Paris pour parler de son expérience avec plus de 90.000 participants. »

Pour finir #SOVAPE pose une question :  « Quel est l’intérêt de produire du doute dans le public plutôt que des connaissances ? » C’est une assez bonne question.

A demain @jynau

1 Gomajee R, El-Khoury F, Goldberg M, et al. Association Between Electronic Cigarette Use and Smoking Reduction in France. JAMA Intern Med. Published online July 15, 2019. doi:10.1001/jamainternmed.2019.1483 https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2737916

2 Sara Kalkhoran, Yuchiao Chang, Nancy A Rigotti, Electronic Cigarette Use and Cigarette Abstinence Over Two Years among U.S. Smokers in the Population Assessment of Tobacco and Health Study, Nicotine & Tobacco Research,

Auto-injection d’insuline de grévistes urgentistes. Fin de l’alimentation de Vincent Lambert

Bonjour

Que restera-il, à l’avenir, du mardi 2 juillet 2019 ? « Des membres du collectif ‘’Inter-urgences’’ se sont injecté cinq piqûres d’insuline lors de la manifestation des urgentistes pour forcer le gouvernement à répondre à leurs revendications, écrit L’Obs. Une dizaine d’urgentistes avaient prévu de procéder à des injections toutes les cinq minutes, de façon à faire baisser drastiquement leur taux de sucre dans le sang, tant que le ministère la Santé, à proximité duquel ils menaient leur action, n’aura pas satisfait leurs revendications. Ils ont procédé à cinq injections mais leur action a été interrompue par les forces de l’ordre qui les ont interpellés, a constaté Reuters. A forte dose, l’insuline peut tuer mais le personnel médical qui a pris en charge les urgentistes sur place a déclaré, après un test, que les doses étaient minimes. 

On retiendra, parmi les volontaires, la présence d’Ines Gay, infirmière de 28 ans à l’hôpital de Lariboisière, à Paris. Elle faisait partie de l’équipe de nuit qui avait retrouvé une patiente morte sur un brancard dans la salle d’attente de son service, en janvier dernier. « Ça a été un électrochoc. Ça nous a complètement démolis. Plus jamais on ne veut vivre ça », a-t-elle dit à Reuters.

 « Il y a des choses que j’ai acceptées pendant quatre ans et demi, qui sont contre mes valeurs. J’ai compris qu’il fallait compresser le temps d’attente. J’étais très bonne pour être très rapide. Je sais faire une piqûre en moins d’une minute, je sais m’occuper de quelqu’un en moins de dix minutes. Mais ça n’a pas de sens de faire ça. Le système est en train d’imploser. On crie des appels à l’aide depuis quinze ans. Je préfère me mettre en danger aujourd’hui devant le ministère que mettre en danger la vie des patients et des soignants pour les vingt ans à venir.»

Le médecin n’a pas craqué

Que restera-il, à l’avenir, du mardi 2 juillet 2019 ? Ce jour -là la nutrition et l’hydratation de Vincent Lambert ont de nouveau été « interrompus » (sic) – pour la troisième fois en six ans. Dans un courriel adressé à chacun des membres de la famille de cet ancien infirmier âgé de 42 ans le Dr Vincent Sanchez, chef de l’unité de patients cérébrolésés du CHU de Reims, a appelé « à la responsabilité de chacun pour que l’accompagnement de M. Vincent Lambert soit le plus paisible, intime et personnel possible ».

Depuis midi les médias généralistes sont en alerte ; les envoyés spéciaux devant le CHU. Tous croient savoir que l’épilogue de cette affaire qui déchire la famille Lambert depuis des années semble désormais approcher à grand pas. Ces mêmes médias précisent que le protocole mis en oeuvre aujourd’hui par l’équipe médicale doit entraîner la mort de Vincent Lambert en quelques jours. Une semaine peut-être. Ils ajoutent qu’une sédation profonde et continue jusqu’au décès « a dû être mise en place ». Et de conclure : « des antalgiques devaient également être administrés pour répondre à une éventuelle douleur ».  Une soeur de Vincent Lambert favorable à l’arrêt de la nutrition a déclaré à l’AFP :« Je suis rassurée que le médecin n’ait pas craqué et ne se soit pas senti menacé par les promesses de procès ».

C’était le 2 juillet 2019

A demain @jynau 

Cannabis récréatif et politique: oui ou non, Emmanuel Macron est-il contre sa légalisation ?

Bonjour

Pour un peu le journaliste se lasserait. Des députés de quatre groupes politiques (dont certains macronistes) prônent désormais ouvertement une « légalisation contrôlée » du cannabis – et ce dans une proposition de loi transmise de mardi 18 juin à la presse. Ce texte sera officiellement déposé ce 19 juin.

Signataires : François-Michel Lambert, Sylvia Pinel, Paul Molac, Jean-Michel Clément, Jeanine Dubié, Frédérique Dumas, François Pupponi (Libertés et territoires), Delphine Bagarry, Annie Chapelier, Hubert Julien-Laferrière, Pierre-Alain Raphan et Cécile Rilhac (La République en marche), Régis Juanico (apparenté PS), ainsi qu’Eric Coquerel, Loïc Prud’homme (La France insoumise) et Sébastien Nadot (non inscrit).

« La constitution d’un monopole pour la production et la vente du cannabis par la création d’une société nationale, la SECA (Société d’exploitation du cannabis), permettra de réguler la production et la vente tout en contrôlant la consommation ». La SECA après la Seita (1926-1995), en somme.

Pernod-Ricard

 « La politique de forte répression est un échec complet », juge le député des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert, ex-macroniste issu des rangs écologistes, ancien de Pernod-Ricard et porte-parole de l’Union des démocrates et des écologistes). Le cannabis peut s’apparenter à de l’alcool ou du tabac sur les enjeux de toxicomanie. »

La vente, par les buralistes, serait interdite aux mineurs imagine cette proposition de loi. Un arrêté du ministre de la santé fixerait par ailleurs le taux autorisé de THC, principale substance psychoactive de la plante. Le produit des taxes sur le cannabis pourrait être pour partie (sic) « consacré aux politiques de prévention et de réduction des risques, notamment en direction des jeunes et des populations vulnérables » (re-sic).

Tir croisé : à la veille du dépôt de cette proposition de loi, soixante-dix personnalités ont également lancé mercredi 19 juin dans L’Obs 1 un appel pour la légalisation encadrée du cannabis. Médecins, élus, économistes estiment que « c’est précisément parce qu’il est nocif pour la santé, particulièrement celle des mineurs, qu’il faut en contrôler la production et la distribution ». « Quand la France acceptera-t-elle de regarder la réalité en face, de faire preuve de pragmatisme, face à cette impasse ? », s’interrogent les signataires de l’appel. En avril dernier, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait estimé qu’il serait « absurde » de s’interdire d’étudier les possibilités du cannabis thérapeutique. Mais « il ne s’agit en aucun cas d’une légalisation de la vente de cannabis [récréatif]», avait aussitôt précisé Matignon.

Sur un sujet politique et médical aussi essentiel on attend, oui ou non, la profession de foi d’Emmanuel Macron. Pourquoi ne parle-t-il pas ?

A demain @jynau

Patrick Aeberhard Cardiologue, ex-président de Médecins du Monde Ingela Alger Economiste, chercheuse à la TSE*, directrice de recherche au CNRS Stefan Ambec Chercheur à la TSE*, directeur de recherche à l’Inra Gil Avérous Maire de Châteauroux (LR) Jean-Paul Azam Chercheur à la TSE*, professeur d’économie, université Toulouse-I Capitole Laurent Baron Maire du Pré-Saint-Gervais (PS) Jacques Bascou Président (PS) de la communauté d’agglomération de Narbonne Julien Bayou Conseiller régional, porte-parole (EELV) Esther Benbassa Sénatrice de Paris (EELV) Christian Ben Lakhdar Professeur d’économie à l’université de Lille Amine Benyamina Addictologue Ugo Bernalicis Député du Nord (LFI) Yann Bisiou Maître de conférences en droit privé à l’université Paul-Valéry Montpellier-III Jacques Boutault Maire du 2e arrondissement de Paris (EELV) Jean-Paul Bret Maire de Villeurbanne (PS) Frédéric Cherbonnier Economiste, chercheur à la TSE*, professeur à l’Institut d’Etudes politiques de Toulouse  Renaud Colson Juriste, maître de conférences à l’université de Nantes Alexis Corbière Député de Seine-Saint-Denis (LFI) David Cormand Député européen, secrétaire national d’EELV  Magali Croset-Calisto Psycho-addictologue  Gérard Cosme Président d’Est Ensemble  Jean-Pierre Daulouède Psychiatre addictologue  Marie Debrus Pharmacienne, Médecins du Monde  Philippe De Donder Chercheur à la TSE*  William Delannoy Maire de Saint-Ouen (UDI)  Karima Delli Députée européenne (EELV)  Jacques Delpla Economiste, professeur associé à la TSE* Tony Di Martino Maire de Bagnolet (PS) Caroline Fiat Députée de Meurthe-et-Moselle (LFI)  Michel Fourcade Maire de Pierrefitte-sur-Seine (PS)  Robert Gary-Bobo Professeur d’économie Crest-Ensae  Stéphane Gatignon Ancien maire de Sevran  Raphaël Glucksmann Député européen (PS-Place publique)  Christian Gollier Directeur général de la TSE*  Benoît Hamon Ancien ministre de l’Education nationale  Mathieu Hanotin Conseiller départemental de la Seine-Saint-Denis, ancien député de la Seine-Saint-Denis (PS)  Olivia Hicks Médecin et première adjointe au maire du 2earrondissement de Paris Touria Jaaidane Professeure d’économie à l’université de Lille Yannick Jadot Député européen (EELV)  Pierre Jouvet Président de Porte de DrômArdèche, porte-parole du PS  Laurent Karila Psychiatre Michel Kazatchkine Ancien directeur exécutif du Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme Bertrand Kern Maire de Pantin (PS) Olivier Klein Maire de Clichy-sous‑Bois (PS)  Gaspard Koenig Président du think tank GenerationLibre Bernard Kouchner Ancien ministre de la Santé Annie Lahmer Conseillère régionale d’Ile-de-France (EELV) François-Michel Lambert Député des Bouches-du-Rhône (UDE, x-LREM) Bertrand Lebeau Addictologue William Lowenstein Médecin, président de SOS Addictions Thierry Magnac Chercheur à la TSE*, professeur d’économie à l’université Toulouse-I Capitole Patrick Mennucci Conseiller municipal de Marseille Alain Morel Psychiatre, addictologue, directeur général de l’association Oppelia Claire Nouvian Militante écologiste  Danièle Obono Députée de Paris (LFI) Mathilde Panot Députée du Val-de‑Marne (LFI) Pierre Person Député de Paris (LREM) Emmanuelle PeyretMédecin addictologue, hôpital Robert-Debré Eric Piolle Maire de Grenoble (EELV) Collectif Police contre la Prohibition (PCP) Adrien Quatennens Député du Nord (LFI) Jérôme Renault Chercheur à la TSE*, professeur en mathématiques appliquées à l’université Toulouse-I Capitole Régis Renault Professeur d’économie à l’université de Cergy-Pontoise Sabine Rubin Députée de Seine-Saint-Denis (LFI) Hervé Saulignac Député de l’Ardèche (PS) Paul Seabright Chercheur à la TSE* Guy Sebbah Médecin, membre du directoire du Groupe SOS Solidarités Béatrice Stambul Psychiatre Jennifer Stephenson Responsable de la communication de la Fondation JJ Laffont et de la TSE* SUD Intérieur Syndicat de policiers Aurélien Taché Député du Val-d’Oise (LREM) Bénédicte Taurine Députée de l’Ariège (LFI) Magalie Thibault Vice-présidente du département de Seine-Saint-Denis Sylvine Thomassin Maire de Bondy (PS) Khalid Tinasti Secrétaire exécutif de la Commission globale en matière de drogues Ludovic Toro Médecin et maire de Coubron (UDI), conseiller régional d’Ile-de-France, membre de la commission de coordination des politiques de santé auprès de l’ARS Marie Toussaint Députée européenne (EELV) Stéphane Troussel Président du département de la Seine-Saint-Denis (PS) 
Daniel Vaillant Ancien ministre de l’Intérieur (PS) Thierry Verdier Professeur d’Economie (ENPC-ParisTech et Ecole d’Economie de Paris) Michèle Victory Députée de l’Ardèche (PS)

* Toulouse School of Economics

«Blitzkrieg» : la tête de liste macroniste aux européennes devrait-elle s’exprimer comme ça ?

Bonjour

Vouloir gouverner c’est, aussi, savoir s’exprimer. A fortiori quand il s’agit du Vieux Continent. Or voici une nouvelle polémique à mettre au débit de Nathalie Loiseau, 54 ans, ancienne directrice de l’ENA, ancienne ministre des Affaires européennes et tête de liste macronienne pour les élections du 26 mai.

L’affaire, datée du 6 mai, est rapportée par L’Obs (Alexandre Le Drollec) : « Sur le parvis du Mémorial de Caen, Nathalie Loiseau exhume cette phrase de François Mitterrand pour mieux taper sur son ennemi numéro un, le Rassemblement national (RN, ex-Front national). ’Le nationalisme, c’est la guerre’’, dit-elle avant de s’engouffrer dans ce musée consacré à la paix. A l’intérieur, la tête de liste de la majorité présidentielle aux élections européennes s’arrête quelques instants devant une vieille carte du front de 1940 explicitant le principe du ‘’Blitzkrieg’’ ».

Un « Blitzkrieg » ? A moins de trois semaines du scrutin, c’est exactement ce que souhaitent lancer les stratèges de La République en Marche (LREM). « Mais un Blitzkrieg positif (sic), précise Nathalie Loiseau à L’Obs. Car nous sommes là pour proposer et non pour bombarder ! » Un nouveau dérapage verbal de la tête de liste ? Nullement. Présent au Mémorial, Sébastien Lecornu, 32 ans, ministre chargé des Collectivités territoriales, acquiesce : « Les européennes sont traditionnellement une campagne courte. Il faut savoir décoller dans la dernière ligne droite ».

Vouloir le pouvoir c’est, aussi, savoir manier les métaphores. « Bombarder »… « Décoller »… « Blitzkrieg » : Ce terme apparaît pour la première fois en 1935 dans un article de Deutsche Wehr. D’après cette revue militaire, les États pauvres en ressources alimentaires et en matières premières doivent « en finir au plus vite avec une guerre en tentant dès le départ d’emporter la décision par un engagement implacable de toute leur puissance offensive ». En outre, le terme est repris dans un article du Time Magazine (25 septembre 1939) qui relate l’invasion de la Pologne par l’Allemagne : « This is no war of occupation, but a war of quick penetration and obliteration – Blitzkrieg, lightning war » (« Ce n’est pas une guerre d’occupation, mais une guerre de pénétration rapide et de destruction — la Blitzkrieg, la guerre éclair »).

L’objectif du Blitzkrieg est de déstabiliser l’ennemi pour l’empêcher de rétablir un front solide une fois sa ligne initiale percée. Les trois éléments essentiels sont l’effet de surprise, la rapidité de la manœuvre et la brutalité de l’assaut. L’exemple le plus connu est la première phase de la campagne de France de 1940. Un Blitzkrieg qui, du point de vue allemand, fut positif. Déstabiliser. Pénétrer. Détruire. Vouloir gouverner c’est aussi, surtout, se souvenir.

A demain

@jynau

Palu : Agnès Buzyn interdira-t-elle une étrange «médication maison» promue par Cédric Villani ?

Bonjour

L’Académie nationale de médecine part en guerre. Tiré depuis la paisible rue Bonaparte le premier missile a la forme discrète d’un communiqué  – c’est aussi une « prise de position officielle » adoptée lors de la séance du mardi 19 février 2019 par 76 voix pour, 9 voix contre et 12 abstentions.

Cible désignée : la campagne médiatique et commerciale : « Éliminons le paludisme à l’aide de feuilles d’Artemisia » incitant à traiter les malades avec des tisanes ou des capsules de feuilles séchées d’Artemisia annua. Cette action est menée par une association française, « La maison de l’Artemisia », qui crée des succursales dans plusieurs pays d’Afrique, et le soutien d’une association luxembourgeoise, avec le message suivant : chaque village africain doit apprendre à planter des pieds d’Artemisia dans un jardin, récolter et sécher les feuilles pour disposer ainsi d’un « médicament maison » permettant de traiter chaque accès palustre sans qu’il soit nécessaire de consulter un agent de santé ou d’absorber une Combinaison Thérapeutique à base d’Artémisine (CTA), l’un et l’autre n’étant pas toujours disponibles.

L’Académie précise que ces associations ont réussi à entraîner dans leur sillage des « célébrités non médicales de tous horizons », à bénéficier d’une audition à l’Assemblée nationale 1 et d’échos médiatiques (Le Monde 24/04/2018, L’Obs 9/10/2018, Paris Match 06/11/2018, Le Figaro 23/11/2018, La Croix 17/12/2018) qui s’amplifient depuis le début du mois de novembre. Leur discours s’appuie sur des expérimentations d’une biologiste américaine, Pamela Weathers, qui teste la plante chez des rongeurs et tente d’identifier et de doser des composés autres que l’artémisinine présents dans les Artemisia

Cédric Villani et Juliette Binoche

Un essai contrôlé chez l’homme, a été mis en ligne le 5 décembre dernier, publié dans une revue spécialisée de phytothérapie 2. Cette étude, réalisée en 2015 dans cinq bourgades de République Démocratique du Congo (RDC), sur 957 patients (enfants > 5 ans et adultes) ayant un paludisme à P. falciparum non compliqué, compare l’efficacité d’une tisane d’Artemisia consommée pendant sept jours au traitement par l’artésunate-amodiaquine (ASAQ), une Combinaison Thérapeutique à base d’Artémisine (CTA) recommandé en RDC, pendant trois jours, ce qui rend douteuse la qualité du double insu.

« Malgré un évident lien d’intérêts et de nombreuses insuffisances méthodologiques qui auraient dû entraîner un rejet de l’article par les relecteurs, les auteurs proclament la supériorité de la tisane d’Artemisia sur le CTA en utilisant trois critères : disparition de la fièvre, de la parasitémie et taux d’échecs entre J21 et J28 qui atteint le niveau invraisemblablement élevé de 65,6% dans le bras ASAQ, aucun test n’étant effectué pour différencier les rechutes (vrais échecs) des réinvasions, accuse l’Académie. La consommation d’Artemisia seule pendant 7 jours, par des litres de tisane de composition incertaine, expose les jeunes enfants  impaludés à un risque élevé d’accès pernicieux. De plus, cette monothérapie favorise l’émergence de souches de P. falciparum résistantes, alors qu’aucune molécule n’est actuellement disponible pour remplacer l’artémisinine dans les CTA. »

Incompétence et bonnes intentions

L’OMS, en 2007, se prononçait pour le retrait de tout médicament à base d’artémisine seule ; en 2012, elle déconseillait formellement l’utilisation de feuilles séchées en raison de la concentration faible et variable d’artémisine dans la plante et de sa dégradation dans l’eau à forte température ; en 2015, elle publiait une 3ème édition des « Recommandations pour le traitement du paludisme » précisant le traitement des accès simples à P. falciparum, les CTA recommandées et le protocole d’urgence artésunate IV + CTA pour les accès pernicieux.

En France l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM) a suspendu en 2015 et 2017 la mise sur le marché de produits à base d’Artemisia proposés sur internet ou par l’intermédiaire d’associations pour la prévention et le traitement du paludisme, « susceptibles de présenter un danger pour la santé humaine ».

Conclusion, à l’adresse, notamment, d’Agnès Buzyn, ministre française des Solidarités et de la Santé :

« L’Académie Nationale de Médecine, inquiète des dangers immédiats de l’utilisation des feuilles séchées d’Artemisia pour le traitement et la prévention du paludisme et soucieuse de préserver l’avenir de l’efficacité thérapeutique de l’artémisinine, tient à mettre solennellement en garde les autorités de santé, les populations des zones de transmission du paludisme, les voyageurs séjournant dans ces pays, face aux recommandations scientifiquement incertaines et irresponsables pour l’utilisation de cette phytothérapie, dangereuse pour l’avenir de la lutte antipaludique. Elle demande que cesse une campagne de promotion organisée par des personnalités peut-être bien intentionnées mais incompétentes en paludologie. »

A demain

@jynau

1 Extraits de Paris Match daté du 6 novembre 2018 : « Juliette Binoche et les députés Cédric Villani et Stéphane Demilly organisent le 13 novembre à l’Assemblée nationale, la projection d’un documentaire sur l’artemisia, une plante qui guérit le paludisme. Juliette Binoche et les députés Cédric Villani (LREM) et Stéphane Demilly (UDI) s’engagent dans la lutte contre le paludisme. Ils organisent la projection d’un documentaire* sur l’artemisia, une plante qui prévient et guérit du paludisme, le 13 novembre à l’Assemblée nationale. En Afrique, en Europe et aux Etats-Unis, des médecins, chercheurs et ONG valorisent l’utilisation naturelle de cette plante, déconseillée par l’OMS, pour lutter contre le fléau mondial.

« D’après la plus grande étude clinique conduite à ce jour (sur 1000 patients en République démocratique du Congo), les tisanes d’artemisia auraient une efficacité spectaculaire (99%) contre la maladie parasitaire, sans provoquer d’effets secondaires. Aux Etats-Unis, les travaux de la biologiste Pamela Weathers attestent de la sûreté et de l’efficacité de cette thérapie naturelle dont le faible coût et la disponibilité immédiate font d’elle un moyen de lutte particulièrement adapté aux pays en développement.

« Ces médecins, chercheurs et ONG souhaitent que l’artemisia entre dans l’arsenal thérapeutique pour lutter contre la maladie qui tue un enfant toutes les deux minutes dans le monde (90% des cas et des décès se concentrent en Afrique subsaharienne). Les propriétés antimalariennes mises en avant par les promoteurs de l’artemisia seraient capables d’éradiquer le fléau qui sévit avec force depuis des siècles. Engagée sur le sujet, Juliette Binoche a prêté sa voix à « Malaria Business ». L’actrice, qui sera présente lors de la projection du documentaire, souhaite insister sur l’urgence à agir contre le paludisme qui tue chaque année près d’un million de personnes dans le monde.

* « Malaria Business », de Bernard Crutzen, diffusé en novembre sur France 24

2 Artemisia annua and Artemisia afra tea infusions vs. artesunate-amodiaquine (ASAQ) in treating Plasmodium falciparum malaria in a large scale, double blind, randomized clinical trial. Munyangi J, Cornet-Vernet L, Idumbo M, Lu C, Lutgen P, Perronne C, Ngombe N, Bianga J, Mupenda B, Lalukala P, Mergeai G, Mumba D, Towler M, Weathers P. Phytomedicine. 2019 April; 57:49-56. doi: 10.1016/j.phymed.2018.12.002

 

L’archevêque de Paris, docteur en médecine, déclare la guerre au comité national d’éthique

Bonjour

Les fleurets catholiques ne sont plus mouchetés – la poudre confessionnelle commence à parler. C’est une longue interview dans Le Parisien dominical. Celle d’un homme en ascension dans le paysage politique et médiatique national : Mgr Michel Aupetit, 67 ans, « une voix de crooner », médecin et archevêque de Paris : « L’archevêque de Paris s’engage. ‘’Entretien exclusif’’ Mgr Aupetit appelle les catholiques à se mobiliser contre toute évolution des lois de bioéthique » (Propos recueillis par Christine Mateus et Vincent Mongaillard). Voilà qui est clair. Avec, d’entrée, une charge sans précédent :

« Il y a longtemps que je pense que le Comité national d’éthique (CCNE) n’est plus ce qu’il était. J’ai connu celui du Pr Jean Bernard. Il avait été voulu [par François Mitterrand, en 1983] comme un comité des sages qui puisse s’exprimer de manière indépendante. Je ne sens plus cela aujourd’hui. Le résultat était attendu, ce qui est un peu inquiétant. On se demande pourquoi on a fait des Etats Généraux, ils n’ont aucun impact sur la décision finale. »

 Le Pr Jean-François Delfraissy, président du CCNE appréciera d’être, sur la question de la « PMA pour toutes », accusé par un évêque, d’inféodation au pouvoir exécutif et au président Macron.

Dans cet entretien l’archevêque-médecin reprend des arguments connus (naissance programmée d’un enfant « sans père », utilisation-destruction croissante d’embryons humains à des fins de recherche, dignité de l’homme bafouée) et formule des menaces à peine voilées. Contre l’extension de la PMA, il « appelle les catholiques à se mobiliser par une parole » et laisse les citoyens appeler à manifester. Si tel devait être le cas l’évêque médecin y participerait en tant que simple citoyen.

« À 66 ans, c’est un homme décrit comme affable par tous ceux qui l’approchent, écrivait Le Quotidien du Médecin en décembre dernier après l’annonce de sa nomination. Avec cette dimension de pasteur, que le pape actuel entend privilégier. Mais ce fils de cheminot qui tient aujourd’hui le conseil ‘’famille et société’’ de la Conférence des évêques de France se montre plutôt conservateur sur la morale, hostile à l’IVG, et au ‘’mariage pour tous’’ ».

Une tendance confortée par les thèmes de ses nombreux ouvrages , son opposition ouverte à la loi Taubira et sa participation (remarquée et controversée) à la « Manif pour Tous » du 26 mai 2013.  Et La Croix rappelait qu’il écrivait alors :

« Il ne convient pas qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, “puisqu’ils s’aiment”, pour reprendre l’argumentation des partisans du “mariage homosexuel” ? »

Croiser le fer

Cinq ans plus tard, devenu l’un des plus haut dignitaire de l’Eglise de France, en connexion directe avec Rome et le Pape,  le voici qui accuse le CCNE et le gouvernement de mentir quand ils affirment à l’unisson que la légalisation de la PMA « pour toutes » n’ouvrira en aucune façon la voie à celle de la Grossesse pour Autrui (GPA).

« Je n’y crois pas une seconde. Lorsqu’il y  au le mariage pour tous on nous avait déjà affirmé qu’il n’y aura pas de GPA. Au non de quoi refuserait-on aujourd’hui la GPA ? »

Interrogé sur la proposition de loi de sénateurs PS visant à supprimer la clause de conscience qui permet à des médecins de ne pas pratiquer d’IVG il répond :

« C’est terrible. Cela signifie qu’on entre dans une forme de dictature qui dit ‘’ Vous n’avez pas le droit de penser, votre conscience doit être éteinte. »

Humiliation

Difficile, dans ce contexte, de ne pas rappeler quelques éléments politiques essentiels autant que paradoxaux. A commencer par les propos, il y a un an, du chef de l’État qui prêchait l’apaisement. Dans un entretien accordé le 15 octobre 2017 à TF1, interrogé sur le possible accès des femmes seules à la procréation médicalement assistée (PMA), Emmanuel Macron disait souhaiter «avoir ce débat de manière apaisée» durant l’année 2018. Tout en estimant «normal de reconnaître ce droit aux femmes seules et aux couples de même sexe», il prévenait: «Sur ces sujets de société, le politique ne doit pas imposer un choix en brutalisant les consciences».

C’était là une allusion aux affrontements suscités par l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, instaurée durant le quinquennat de François Hollande. Quelques mois auparavant, en février 2017, dans un entretien à L’Obs, le candidat Macron avait aussi expliqué que les adversaires du mariage homosexuel avaient alors été «humiliés» car on leur avait insuffisamment «parlé».

Puis le même président, officiellement en quête d’apaisement, lors d’un désormais célèbre discours tenu au Collège des Bernardins, incitait les évêques de France à pleinement s’engager dans le débat public. C’était en avril dernier. Cinq mois plus tard les évêques de France partent en croisade médiatique- avec celui de Paris en tête d’un cortège qui est d’ores et déjà opposé au projet à venir de révision de la loi de bioéthique. Et qui dénonce, pour la première fois (publiquement), le mode de fonctionnement du Comité national d’éthique. Le Pr Delfraissy osera-t-il croiser le fer avec son confrère et évêque Aupetit ?

A demain

 

 

 

« PMA » : Macron n’a rien fait pour obtenir le débat « apaisé » qu’il disait souhaiter

Bonjour

Il y a un an, le chef de l’État prêchait l’apaisement. Dans un entretien accordé le 15 octobre 2017 à TF1, interrogé sur le possible accès des femmes seules à la procréation médicalement assistée (PMA), Emmanuel Macron disait souhaiter «avoir ce débat de manière apaisée» durant l’année 2018.

Tout en estimant «normal de reconnaître ce droit aux femmes seules et aux couples de même sexe», il prévenait: «Sur ces sujets de société, le politique ne doit pas imposer un choix en brutalisant les consciences». Une allusion aux affrontements suscités par l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, instaurée durant le quinquennat de François Hollande.

Quelques mois auparavant, dans un entretien à L’Obs, le candidat Macron avait aussi expliqué que les adversaires du mariage homosexuel avaient alors été «humiliés» car on leur avait insuffisamment «parlé». Un an plus tard, les affrontements ne sont en rien comparables à la virulence observée en 2013. Pour autant, ils prennent un autre visage.

 Lire la suite sur Slate.fr : «  Pour un ‘’débat apaisé’’  sur la PMA pour toutes, on peut toujours rêver »

A demain

 

OGM, maïs et cancers : Gilles-Eric Séralini, désavoué, persiste et signe – toujours dans L’Obs

Bonjour

Au croisement de la science et du journalisme, ce fut une tornade sans précédent. Un cas d’école devenu «l’affaire Séralini». Coup de tonnerre dans un ciel serein: l’annonce avant l’heure de la publication, le 19 septembre 2012 d’une étude scientifique incompréhensible pour qui n’était pas un spécialiste plus que pointu du sujet. Intitulée «Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize» elle est signée d’un chercheur français militant, Gilles-Éric Séralini(université de Caen) et publiée dans Food and Chemical Toxicology, une revue sans prestige, un média spécialisé comme il en existe des centaines.

A priori aucune chance de reprise dans les médias généralistes.

C’était compter sans une mise en scène préalablement orchestrée, une tractation secrète et bien peu reluisante: des journalistes signant un invraisemblable pacte de confidentialité leur assurant une «exclusivité». Une mise en scène qui vit au final  Le Nouvel Observateur afficher, en couverture et en exclusivité, que les «OGM» étaient des «poisons» (…).

On lira la suite  sur Slate.fr : « Affaire Séralini: six ans après, l’heure des comptes ».

Puis on lira dans L’Obs les réponses de Gilles-Eric Séralini : « On détourne des fonds publics pour discréditer mes travaux sur les OGM ! ». Des réponses convenues dans un un hebdomadaire l’image est, sur ce sujet et depuis six ans, bien tristement écornée ; et ce faute d’avoir fait, sinon un mea culpa religieux, du moins une auto-critique.

A demain

Le poids des alcools, le choc de la honte : la thérapeutique annoncée de Jean-Vincent Placé

Bonjour

C’est un dossier comme tant d’autres – à l’exception notable de la personnalité et de la carrière politique du premier concerné : Jean-Vincent Placé, 50 ans, élu sénateur de l’Essonne en 2011 président de l’Union des démocrates et des écologistes (UDE) quatre ans plus tard avant d’être nommé  secrétaire d’État à la Réforme de l’État et à la Simplification du 11 février 2016 au 10 mai 2017. Ancien membre des Verts. Chevalier de l’ordre national du mérite.

Connu au chapitre des faits divers : Le 12 novembre 2013, la région Ile-de-France  demande à Jean-Vincent Placé de payer ses amendes, soit 18 161 €, correspondant à 133 amendes pour stationnements interdits et excès de vitesse. Pour sa défense, il indiquera qu’il « n’est pas un homme de chiffres ».

Victime, le  3 septembre 2017, d’une agression et d’une tentative de vol de sa montre de luxe à Paris. Il  déclare alors envisager d’arrêter la politique.

Dans la nuit du 4 au 5 avril 2018, il est placé en garde à vue dans le commissariat du 5ème arrondissement de Paris pour insultes racistes et « outrage à agents » alors qu’il se trouvait en état d’ivresse. La garde à vue ne sera levée que le 6 avril 2018, jour où il est présenté au parquet de Paris. Il devra comparaître le 11 juillet devant la justice.

Pour la suite, l’ancien homme politique a choisi Paris Match . Un témoignage qui mérite d’être rapporté. « Je mesure bien la honte et l’indignité d’avoir été en état d’ébriété, d’avoir eu un comportement déplacé et inconvenant. J’en paierai les conséquences. Je le dois à ma famille auprès de laquelle je m’excuse aussi » a-t-il expliqué, par téléphone à Caroline Fontaine, journaliste de l’hebdomadaire.

Alcoolique mais ni pervers, ni raciste

Il se confie longuement sur les tourments qu’il a traversés, lui qui se définit comme un homme d’action.

 « Les trente-sept heures de garde à vue ont eu un mérite : j’ai enfin pris le temps de réfléchir. J’ai réalisé que, dans les derniers mois, j’avais bu excessivement en diverses circonstances. Il y a eu des excès, de l’alcoolisme. J’assume le mot. C’est une maladie, l’alcoolisme.

« Une chose est de boire trop, une autre d’être pris pour un pervers et un raciste. Je n’ai jamais insulté cette jeune femme. Elle l’a confirmé lors de la confrontation. Je n’ai jamais proféré d’insultes racistes. Encore moins avec ce videur qui se fait appeler Vladimir et se prétend serbe. Lui m’a mis une gifle, mes lunettes sont tombées, elles se sont cassées en deux. L’outrage aux policiers est à replacer dans ce contexte d’énervement »,

Le citoyen Placé a écrit une lettre d’excuses au préfet de police de Paris. Et Paris Match confie qu’il ne pourra cacher quelques sanglots quand il évoquera son enfance difficile quand il est arrivé en France, à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il veut, dit-il «solder le temps d’avant, présenter (ses) excuses, arrêter de boire. Mais après, je veux qu’on me laisse tranquille ».

Aider à s’identifier, à avancer

Le HuffPost a, le premier, cherché à comprendre en interrogeant Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et auteure du livre « Les femmes face à l’alcool » 1. Quand prend-on conscience de sa dépendance ? Certaines personnes admettent leur dépendance dès qu’elles trouvent anormale leur relation à l’alcool. D’autres quand elles comprennent ne plus pouvoir pathologiquement s’en abstenir. En parler publiquement ? La psychiatre Christine Barois : « Au début, je trouvais que reconnaître publiquement son addiction était un peu pervers. Mais en même temps, la communauté peut nous porter. Cela a le mérite d’aider à avancer. »

Cela pourrait aussi, surtout, dépasser le seul cas Jean-Vincent Placé. « Cela peut donner du courage à d’autres personnes, assure Fatma Bouvet de la Maisonneuve. Cette déclaration évoque leur souffrance. Ils peuvent s’y identifier. » «  Exactement, j’ai beaucoup de réactions de patients qui sont sensibles à cette prise de position publique  Pour le coup, bravo ! » commente Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction.

« Cette situation lui en évoque une autre, plus ou moins similaire, rappelle Le HuffPost. Au mois de janvier 2015, la chanteuse Véronique Sanson s’était, elle aussi, confiée à Paris Match sur son difficile parcours avec l’alcool. Comme le soulignait Fatma Bouvet de la Maisonneuve, à l’époque dans L’Obs, les mots de l’interprète d' »Amoureuse » sur son alcoolisme avaient permis de diffuser un message de santé publique fort: déculpabiliser les femmes qui souffrent de la même maladie et les pousser à se soigner. »

Où l’on voit qu’après quelques premières hésitations il n’était finalement pas inutile de rapporter ce qu’il en était de l’esclandre, rue Princesse, de Jean-Vincent Placé.

A demain

1 Fatma Bouvet de la Maisonneuve, « Les Femmes face à l’alcool » Editions Odile Jacob.

Pourquoi le torchon brûle-t-il à Act-Up Paris ? Question de cinéma, de sida et de politique

Bonjour

Pour un peu de nombreux médias généralistes s’en mordraient les doigts. Du moins ceux qui, dans leurs « colonnes cinéma », portèrent en triomphe et à bout de bras « 120 battements par minutes ». « Le succès serait-il monté à la tête d’Act Up ? Après le triomphe du film, encensé par la critique et couronné aux derniers Césars, l’association de lutte contre le sida se paye une crise de croissance, avec la démission de sa direction et la nomination d’une nouvelle équipe décidée lors d’une assemblée générale extraordinaire » écrit L’Obs.  

L’ancienne équipe dirigeante d’Act-Up Paris a quitté ses fonctions à la veille de Pâques. Elle déplore une « transition brutale » après le carton du film. Et de nous apprendre que la déjà vieille association, en perte de vitesse (et qui fut un temps placée en redressement judiciaire – en 2014)  a vu « une vague de nouvelles arrivées » avec notamment « de jeunes militants déjà politisés et expérimentés dans d’autres luttes, notamment antiracistes » fait valoir l’équipe démissionnaire. Où l’on retrouve, quelques décennies plus tard, les vieux outils de l’entrisme politique.

Ces jeunes « détournent et exploitent l’outil d’Act Up, en se servant de son historique, pour mettre en avant d’autres luttes », accusent ainsi les deux anciens coprésidents, Rémy Hamai et Mikaël Zenouda ainsi que l’ancien vice-président Xavier Cœur-Jolly. Tous déplorent que le travail d’expertise soit « relégué au dernier plan » au profit « du commentaire permanent de la critique spectacle ». On entend la colère et le dépit. C’est une manière d’observer que le temps passe.

Séronégs, pédés, gouines, biEs, trans, intersexes, queer  etc.

Les deux nouveaux vice-présidents se nomment Fabrice Clouzeau et Marc-Antoine Bartoli. Ils font leurs premières armes en signant un premier communiqué. Extraits :

« RéuniEs en Assemblée Générale Extraordinaire convoquée par le Conseil d’Administration démissionnaire ce samedi 31 mars 2018, les membres ont renouvelé leurs instances dirigeantes (…) Le nouveau Conseil d’Administration a exprimé lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire des propositions d’orientations politiques pour l’année à venir, qui seront débattues lors d’un prochain séminaire politique. (…)

« Act Up-Paris réaffirme l’engagement de l’association dans la lutte contre le VIH/sida, sa solidarité avec les personnes vivant avec le VIH/SIDA et les personnes discriminées. L’ensemble du Conseil d’administration est solidaire des séropos, séronégs, pédés, gouines, biEs, trans, intersexes, queer, hétéros, travailleuSEs du sexe, migrantEs, étrangèrEs, raciséEs, détenuEs, usagèrEs de drogues, handicapéEs, précairEs, jeunEs, vieuxEILLEs.

« Act Up-Paris aussi dénonce la campagne de calomnies de certains membres du Conseil d’Administration démissionnaire. Il s’agit là d’une manœuvre destructrice afin de discréditer le processus démocratique qui fonde depuis son commencement Act Up-Paris, et dont les membres ont choisi sans aucune ambiguïté une nouvelle équipe afin de mobiliser des dynamiques nouvelles dans la lutte.

«  Nous assistons à une utilisation illégitime et à un détournement des réseaux sociaux de l’association pour propager des fausses nouvelles et de sciemment tromper les malades et leurs proches, ainsi que toutes personnes physiques ou morales, partenaires associatifs, institutionnels et médias. Act Up-Paris laisse aux personnes signataires de ce communiqué, l’entière responsabilité de leurs actes et se réserve le droit d’entamer des poursuites judiciaires. »

Comment comprendre ? La France se pâme à l’évocation du cinquantenaire de ses pavés parisiens. Act-Up Paris soufflera, l’an prochain, ses trente bougies.

A demain