Immenses pincettes pour la pauvre e-cigarette ; pas de vente à l’unité pour celles de tabac

Bonjour

Serait-ce un effet de la croissance de la grande pauvreté ? Le site des buralistes français observe une nette augmentation de la demande de vente de cigarette « à l’unité ». Un phénomène déjà décrit par Le Parisien (Christel Brigaudeau). « Depuis un an, on a ce genre de demandes. Jusqu’à dix fois par jour, des gens qui n’ont pas beaucoup d’argent, ou bien des fumeurs occasionnels, qui demandent une cigarette à l’unité … Quand on leur dit non et qu’on leur explique que c’est interdit, ils ne comprennent pas» témoigne, dans L’Union, Isabelle Moline, buraliste de Reims.

Une première affiche d’avertissement avait été collée avant l’été dans son établissement. Une seconde vient de faire son apparition. Mais après une petite enquête, des buralistes ont découvert qu’un de leurs collègues acceptait ce type de demandes. Pour en avoir la preuve une buraliste a (discrètement) fait le test. Elle a obtenu sa cigarette et aurait vivement réagi à l’encontre de son collègue.

« J’avais fait la chasse à cette pratique il y a des années rappelle Alain Sauvage, président de la Chambre syndicale des buralistes de la Marne et trésorier national de la Confédération des buralistes. Ce genre de ventes était plutôt pratiqué dans certaines épiceries. ’est totalement interdit pour un buraliste de changer le conditionnement des cigarettes, et donc de vendre à l’unité. Je vais faire un rappel aux buralistes, car ils risquent gros. Ils peuvent perdre leur gérance tabac. Le contrat avec l’État est très clair. »

Et l’on sait que l’Etat français ne plaisante pas. Il sait aussi faire silence – comme celui observé par les autorités sanitaires sur les quelques centaines de cas d’atteintes pulmonaires (« « maladie sans nom ») observées aux Etats-Unis chez des vapoteurs inconséquents. Rien pour le grand public en provenance de la Direction Générale de la Santé (DGS). Mais, aujourd’hui, un peu banal communiqué de la Fondation du Souffle et de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). Extraits :

« En France. Au stade actuel, faisant suite à une demande de la DGS une demande de signalement a été adressée aux pneumologues. Les signalements seront colligés par Santé Publique France (les outils sont en cours de développement). Cas particulier de la e-cigarette utilisée dans un objectif d’aide au sevrage tabagique : message de la Fondation du Souffle et de la SPLF :

« La e-cigarette est parfois utilisée comme outil d’aide au sevrage tabagique. Se pose donc la question de l’attitude face à cette pratique, à la lumière des cas récents de possibles atteintes pulmonaires toxiques graves liées à leur usage. Jusqu’ici, les données scientifiques montraient que l’utilisation de la cigarette électronique a des effets biologiques délétères mesurables, donc un potentiel de toxicité réel, même si de nombreux toxiques majeurs de la fumée de cigarette (mais pas tous) sont absents des vapeurs produites par les cigarettes électroniques. Les conséquences cliniques de ces effets biologiques ne sont pas connues.

Selon les nouvelles données disponibles, les utilisateurs de e-cigarettes ayant présenté aux Etats-Unis des atteintes pulmonaires graves (pneumonies toxiques) étaient majoritairement (80% des cas) des utilisateurs de liquides contenant des dérivés de cannabis, et/ou fabriqués ou modifiés artisanalement. Il s’agit donc dans ces cas d’usages détournés de la cigarette électronique, utilisant des produits illégaux. Les données toxicologiques et épidémiologiques dont nous disposons ne permettent toutefois pas d’écarter un rôle des produits commercialisés dans les circuits de distribution autorisés 1.

De ce fait, lorsque la e-cigarette est utilisée comme outil d’aide à l’arrêt du tabac, son usage doit se limiter strictement aux personnes en échec de sevrage tabagique par d’autres méthodes, et aux produits dont la vente est autorisée. Il convient d’avertir les patients des incertitudes actuelles sur les risques d’atteintes pulmonaires. La toxicité de la e-cigarette utilisée dans ces conditions est très inférieure à celle de la cigarette. »

Où l’on prend la mesure de la longueur des pincettes prises, par les spécialistes du souffle et du poumon, avec la e-cigarette.

A demain @jynau

1 Ceci est formellement contesté par plusieurs spécialistes du vapotage et de la réduction des risques.

Combien de soignants violentés avant que Mme Touraine fasse ouvrir la porte de son cabinet ?

 

Bonjour

Il faut donc désormais compter avec « l’agression de l’hôpital de Soissons » ? C’est peu dire que la profession médicale est, une nouvelle fois, choquée de ces quelques lignes de L’Union de Reims :

« Ce samedi matin 18 février, aux environs de 7 heures, un patient a agressé un médecin aux urgences de l’hôpital de Soissons. Il a été frappé d’un coup de poing qui l’a fait tomber. À terre, il a pris un coup de pied qui lui a fracturé la jambe droite. ‘’Il s’est présenté avec une éraflure superficielle à l’avant-bras, raconte le Dr Marc Moukanni. Je lui ai donné une ordonnance de médicaments et lui ai dit d’attendre 8h30 : s’il avait encore mal, on lui ferait une radio’’.»

Au 180, Boulevard Haussmann, à Paris, le conseil national de l’Ordre des médecins a pris la mesure de l’affaire. Il vient d’exprimer son « émotion et sa colère ». Ce n’est pas tout :

« Alors que plusieurs drames ont endeuillé notre profession ces dernières semaines, cette nouvelle agression rappelle l’absolue nécessité et l’urgence de garantir la sécurité des personnels soignants dans l’exercice de leur mission auprès des populations.  Dans un contexte d’escalade de la violence à l’encontre des personnels soignants, l’Ordre des médecins réitère à la ministre de la Santé sa demande d’être reçu, avec des représentants des Ordres des infirmiers et des sages-femmes, afin de définir les mesures à adopter pour assurer la protection des professionnels de santé. Le Conseil national de l’Ordre des médecins rappelle, aujourd’hui plus que jamais, l’importance pour les médecins de pouvoir exercer leur profession en toute sécurité, dans l’intérêt des patients. »

Hématome cérébral

Ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que l’institution ordinale alerte, publiquement ou pas, le gouvernement. On se souvient d’une demande solennelle formulée à la fin du mois d’octobre dernier. C’était après la « claque monumentale » suivie d’un « hématome cérébral » dont avait été victime le Dr Corinne Joyeux, médecin généraliste frappée dans son cabinet de Châtellerault (Vienne). L’agresseur, jeune père de famille de 26 ans avait été écroué pour six mois.

Contacté par le Quotidien du Médecin le Dr Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins avait salué cette condamnation comme étant une « décision exemplaire ».  « L’Ordre s’était porté partie civile, il y en a assez de ces agressions, a déclaré le Dr Bouet. Une condamnation de cette nature répond à notre exigence. Nous nous battons depuis plusieurs années pour que soit reconnue la gravité des agressions contre les médecins et pour garantir la sanctuarisation des cabinets médicaux. »

L’Ordre national a d’ores et déjà demandé une audience au ministre de l’Intérieur – et attend une réponse ferme de la ministre de la Santé. Contacté par le Quotidien, le ministère de la Santé gardait, alors, le silence. Il y aura, bientôt, quatre mois.  Combien faudra-t-il de ces suppliques pour qu’un responsable politique réagisse ?

A demain

 

Violences aux urgences : un patient brise la jambe d’un médecin de l’hôpital de Soissons

 

Bonjour

Poids des symboles, signifiant des faits divers. Le Dr Marc Moukanni, praticien du centre hospitalier de Soissons a été agressé le samedi 18 février aux urgences de l’hôpital. C’est L’Union qui rapporte l’affaire.

« Ce samedi matin, aux environs de 7 heures, un patient a agressé un médecin aux urgences de l’hôpital de Soissons. Il a été frappé d’un coup de poing qui l’a fait tomber. À terre, il a pris un coup de pied qui lui a fracturé la jambe droite. ‘’Il s’est présenté avec une éraflure superficielle à l’avant-bras, raconte le Dr Marc Moukanni. Je lui ai donné une ordonnance de médicaments et lui ai dit d’attendre 8h30 : s’il avait encore mal, on lui ferait une radio’’

Le « patient », 26 ans, s’est énervé et a porté un coup au médecin au visage et à la jambe droite. Le médecin souffre depuis d’une hémorragie conjonctivale (œil gauche) et d’une fracture du membre inférieur droit. L’Union précise que 45 jours d’incapacité totale de travail lui ont été prescrits. C’est bien le moins.

Désinhibitions alcooliques

Une enquête est ouverte. Le médecin a porté plainte et a été entendu. Placé en garde à vue l’agresseur était en état d’ébriété. Il a expliqué plus tard qu’il était en état d’ivresse en revenant d’une soirée lors de laquelle il s’était fait une éraflure au bras. Placé sous contrôle judiciaire il recevra prochainement une convocation devant tribunal correctionnel. Le Dr Moukanni a porté plainte et le centre hospitalier s’est porté partie civile. Une rencontre avec les équipes médicales est prévue le 23 février « pour libérer la parole après cet événement ».

Depuis quand la désinhibition inhérente aux imprégnations alcooliques conduit-elle à frapper de la sorte les médecins qui prennent en charge les alcoolisés des urgences ? Le cas de Soissons est-il une première ? Poids des symboles, signifiant des faits divers.

A demain

« Simili-bikinigate » : SOS Racisme fait le choix du mea culpa mais s’en prend aux médias

Bonjour

Il n’est jamais trop tard pour passer à confesse. Chacun se souvient du « Simili-bikinigate », cette boursouflure médiatique qui n’aurait jamais dû voir le jour ; ce fait divers mal raconté et qui donna lieu à quelques interprétations spontanées d’autant plus passionnées que les faits n’étaient pas prouvés (1).  Un crêpage de chignon à l’ombre de la cathédrale de Reims devenu affaire médiatique, politique, religieuse. Mais une affaire, finalement, où il n’était question ni de morale ni de religion. Elle donna pourtant lieu à un appel à manifester – puis à une manifestation- bikini qui avait tourné au ridicule médiatique : fin de canicule et sept personnes sous un ciel gris et pluvieux.

Nous avons donné la version de L’Union de Reims. Aujourd’hui c’est Dominique Sopo,président de SOS Racisme qui, sur son site, revient sur le sujet . Voici son texte (nous avons ajouté les inters):

« Lorsque le journal L’Union de Reims relata ce samedi un lynchage envers une jeune fille portant un maillot de bain au parc Léo-Lagrange de Reims, en évoquant comme un fait établi l’aspect moral de l’agression, de jeunes militantes rémoises de SOS Racisme ont décidé d’organiser un rassemblement dès le lendemain en forme de pied de nez à ce qui semblait relever d’une logique contraire à la liberté de choix des femmes.

Mauvaise séquence

Sans jamais évoquer le potentiel aspect religieux de l’affaire – puisque cela relevait clairement d‘une interprétation de l’auteur de l’article -, l’association s’est donc trouvée entraînée dans une très mauvaise séquence qui s’explique par trois éléments :

– La reprise par maints médias de cette histoire de lynchage, qui n’est pas sans rappeler « l’affaire du RER D » de 2004 (je me souviens à cet égard d’une station de Radio France qui avait appelé maints responsables associatifs en assurant qu’une vérification auprès du ministère de l’Intérieur leur permettait d’affirmer la réalité de cette affaire pour, quelques jours plus tard, interroger les mêmes responsables sur l’ « emballement des associations et des politiques »).

– L’exploitation immédiate de cette histoire par l’extrême-droite qui ne défendait évidemment pas là une quelconque liberté de choix mais, comme à son habitude, une stigmatisation immédiate et massive des musulmans, alors même que les très imprudents articles de presse ne citaient jamais une quelconque confession.

– Bien évidemment, le fait que l’aspect moral ait fini par être écarté, malgré ce qui était écrit telle une certitude dans l’article de l’Union de Reims.

Mauvaise conseillère

La précipitation est mauvaise conseillère et un appel au rassemblement, qui aurait pu avoir sa légitimité sur des faits solidement étayés, n’aurait pas dû être prévu pour le lendemain, quelles qu’aient pu être la frénésie des réseaux sociaux et l’emballement médiatique. Par ailleurs, une fois que les autorités judiciaires ont démenti tout aspect moral dans cette bagarre, le rassemblement prévu aurait dû être annulé.

Sans que cela remette en cause les motivations des militantes rémoises accusées par certains habitués de ces diatribes de vouloir s’en prendre aux musulmans (je répugne à détailler les origines et les confessions des militantes rémoises afin de montrer l’inanité d’une telle pensée), cette séquence était une erreur à laquelle nous aurions dû avoir, au niveau national, la réactivité suffisante afin d’y mettre un terme

Certains comportements

Par ailleurs, car cette affaire devient malheureusement typique de certains comportements, je me permets de clore cette mise au point par trois remarques :

– Première remarque : pour répondre à l’étonnement de certains face au lancement par SOS Racisme d’une mobilisation davantage féministe qu’antiraciste, je rappelle que l’association mène les combats qu’elle entend et qui, bien souvent, débordent le champ de l’antiracisme pour s’étendre à celui de la défense de la liberté et de l’égalité (combats féministes, soutien aux révolutions dans le monde arabe, lutte contre l’homophobie, défense de la démocratie…).

– Deuxième remarque pour certains politiques qui sous-entendent contre toute évidence que SOS Racisme s’en prendrait aux musulmans : le temps des colonies est fini et il leur est loisible de laisser leurs éventuels mandats à des musulmans, ce qui serait la plus forte preuve d’amour et contribuerait à remédier à la dramatique sous-représentation de plusieurs catégories de la population dans nos assemblées.

– Troisième remarque à l’adresse de nombre de médias : après avoir abondamment relayé les informations de l’Union de Reims toute la soirée du samedi et une bonne partie de la journée de dimanche, certains médias ont eu la délicatesse de mettre une fois de plus la frénésie au débit des politiques, des associatifs et des réseaux sociaux. Où l’on apprend qu’une profusion d’articles qui ont entraîné un rassemblement trop rapidement décidé est due à ce rassemblement. Où l’on apprend donc que la conséquence serait la cause de la cause… »

Contrition

Passer à confesse impose le plus souvent un acte de contrition. Le Monde (Pascale Robert-Diard) observe que  l’affaire a  conduit SOS Racisme « à faire disparaître de l’organigramme de son site le nom de Daniel Dhombres qui en assurait la coordination éditoriale ». Celui-ci avait publié dimanche sur Twitter, un tweet dans lequel il invoquait « l’origine » des jeunes filles pour accréditer l’hypothèse d’un « motif religieux » à l’agression.

A demain

(1) Au chapitre des « certitudes sans preuves » une lecture d’été (et de rentrée) vivement conseillée : « Croyance » de Jean-Claude Carrière. Editions Odile Jacob. Par  l’inégalable auteur de  la « Controverse de Valladolid ».

« SimiliBikinigate » : L’Union de Reims détricote une affaire qui n’était pas celle à laquelle on avait cru pouvoir nous faire croire

Bonjour

Ce n’était rien et voici que la France ne parce que d’elles : ces jeunes femmes (dont deux plus ou moins court-vêtues) qui se sont battues dans le Parc Léo-Lagrange de Reims un beau jour de canicule. Une histoire rapportée ici : « une agression sans l’ombre d’une religion ». « Crêpage de chignon pour un bikini » vient d’oser Le Monde (Pascale Robert-Diard) :

« (…) Trois amies sont allongées sur le dos dans un parc public de Reims. Elles portent toutes un short en jean et un haut de maillot de bain. Passent devant elles cinq jeunes filles, dont l’une est particulièrement complexée. « Allez vous rhabiller, c’est pas l’été ! », lance-t-elle. « C’est sûr qu’avec ton physique de déménageur… », riposte l’une de celles qui bronzaient au soleil. Les deux en viennent aussitôt aux mains, se tirent les cheveux et se giflent. L’agressée a le dessus, les copines de l’agresseuse s’en mêlent, la police est alertée.

 Les cinq filles, trois majeures de 18 à 24 ans, Inès Nouri, Zohra Karim, Hadoune Tadjouri et deux mineures de 16 et 17 ans, sont interpellées. L’une d’entre elles a trois jours d’incapacité temporaire de travail (ITT), sa victime, Angélique Slosse, en a quatre. Voilà l’histoire qui s’est déroulée mercredi 22 juillet à Reims et qui n’aurait sans doute jamais dû dépasser la colonne des informations en bref du journal local (…) »

Erreurs et mensonges

Mais le temps n’est plus où l’on sait ce qui doit rester ou pas dans la colonne des informations en bref des journaux loco-régionaux. C’est L’Union de Reims qui est ici visée. Et c’est L’Union de Reims qui vient de répondre. Un long texte qui mérite d’être cité et rapporté. C’est un texte qui rapporte les faits, c’est un journal de la presse quotidienne régionale qui dit, clairement, sa vérité. C’est la démonstration que la presse est nécessaire quand elle traite de la réalité compliquée. Et que cette même presse est indispensable quand, dans un pays en quête de lui-même, elle décrypte les erreurs (et les mensonges) que l’on peut commettre (ou proférer) à partir de ce qu’elle rapporte. Rien, décidemment, n’est plus beau que la vérité sinon une information en bref justement racontée.

Voici ce texte de L’Union :

« Avant que le Parquet de Reims ne fasse dégonfler l’affaire, en début d’après-midi, hier [26 juillet], précisant enfin que l’altercation n’a pas été déclenchée pour des motifs religieux ou moraux (…), l’affaire du «maillot de bain du parc Léo-Lagrange de Reims» a suscité une frénésie de l’opinion publique nationale. Pourquoi? Comment? Aurait-elle pu être évitée?

Pourquoi nous publions cette histoire ainsi ?

Vendredi [24 juillet], le journaliste de L’Union chargé des faits divers à Reims ce jour-là recueille auprès de sources policières des premières informations au sujet de violences en réunion commises au parc Léo-Lagrange, mercredi après-midi. «Une jeune fille se détache d’un groupe de cinq pour aller vers la future plaignante, qui se trouve, elle, avec deux personnes. Elle lui reproche sa tenue vestimentaire», selon ses sources. Le journaliste cherche à obtenir plus de renseignements sur la tenue vestimentaire…

La précision arrive: «Maillot de bain.» Dans l’après-midi, il cherche à savoir si, lors de sa garde à vue, la principale mise en cause a confirmé les propos de la plaignante, ce reproche au sujet de «la tenue vestimentaire». La réponse qu’il obtient est affirmative. Comme cela se pratique depuis plus de vingt ans, la police nationale ne livre aucune identité, ne donnant que les âges des personnes. Quant au mobile de l’altercation, «il n’apparaît pas clairement», se souvient notre journaliste.

En fin de journée, vendredi, il rédige son article titré «Tabassée dans un parc car elle porte un maillot de bain!». Se voir reprocher le port d’un maillot de bain pouvait s’interpréter comme une critique relevant de la morale. D’où cette phrase dans son sujet évoquant «un discours aux relents de police religieuse», c’est-à-dire «ressemblant à» a voulu écrire le journaliste. Une formulation maladroite assurément car perçue comme l’affirmation que l’affaire était la manifestation certaine d’un interdit religieux.

Pourquoi médias puis opinion publique s’emparent du sujet ?

L’article se retrouve dans la version papier de L’Union datée de samedi [25 juillet]et le sujet est mis en ligne sur le compte Facebook de L’Union et son site internet en fin de matinée samedi. En dehors de l’incendie de forêts en Gironde, l’actualité nationale tient seulement par le sport avec le Tour de France cycliste en ce samedi de fin juillet…

Dans cette morne actualité, des médias nationaux, presse écrite comme parlée, commencent à relayer cette histoire, se fondant sur l’article en ligne de L’Union, donnant au sujet une résonance nationale. En hiver, et avec une actualité juste habituelle, ce fait divers serait passé, comme 99% d’entre eux, entre les mailles des filets de nos confrères nationaux. Là, les réactions d’internautes lambda, de citoyens engagés idéologiquement, religieusement et politiquement, mais aussi d’élus, de droite, d’extrême droite, de gauche, d’extrême gauche, se répandent comme une traînée de poudre via les réseaux sociaux. Que reprennent les médias. Arnaud Robinet, député (LR) et maire de Reims, réagit sur Twitter: «Intolérable sur notre territoire. Je condamne fermement cette agression.»

Pourquoi nous n’obtenons pas d’informations plus tangibles ?

Les extrapolations s’amplifient sans que nous ne puissions les moduler. Depuis le début d’après-midi, nous tentons d’obtenir plus de précisions auprès de la police nationale, mais c’est le commissaire de Châlons, qui ne connaît pas l’affaire, qui est de permanence. Nous tentons aussi d’en obtenir auprès du parquet de Reims, mais le procureur du week-end n’est rentré que vendredi de vacances et ne connaît pas le dossier.

Enfin, auprès de la préfecture, nous faisons aussi chou blanc, le sous-préfet de Reims est en vacances depuis vendredi soir, comme le directeur de cabinet du préfet de la Marne. Et les cadres préfectoraux du week-end n’étaient pas informés. Divulguée en semaine, et en dehors de la période estivale, l’affaire serait retombée aussi vite qu’elle était montée, police, justice et État seraient intervenus beaucoup plus promptement.

Comment les choses sont remises en place ?

Du coup, hier [26 juillet] midi, les médias nationaux sont à Reims: chaînes de télé généralistes, d’informations en continu, radios… Le Tour de France cycliste et l’incendie qui reprend en Gironde ne sont pas de nature à alimenter assez fortement l’actualité. Et puis, depuis samedi en début de soirée, la section rémoise de SOS Racisme a lancé un appel à un rassemblement sur les lieux de l’altercation à midi «pour dire oui à la liberté». Le hashtag utilisé par SOS racisme #JeportemonmaillotauParcLeo connaît une diffusion exponentielle avec le relais de personnalités. Mais à midi, caméras et journalistes sont plus nombreux que les personnes en maillot de bain: huit seulement… Néanmoins, les autorités semblent prendre conscience de l’emballement médiatique et ouvrent les vannes des informations (lire par ailleurs): pas de mobile religieux, pas de mobile moral… Ce qui change complètement la nature de l’altercation.

Toutes les explications fin septembre ?

Désormais, il faudra attendre l’audience fixée au 24 septembre devant le tribunal correctionnel de Reims pour assister à la confrontation. Et que la justice passe. »

Et la justice passera.

A demain

Charlie Hebdo : le maire de Reims invoque le risque de « pèlerinage de fanatiques » ainsi que de « défouloir à des haines multiples »

Bonjour

Régressions à très grande vitesse sur le fil des agences de presse. Nous apprenons  que M. Arnaud Robinet, député (UMP) et maire de Reims, « s’oppose catégoriquement à la possibilité d’une inhumation des frères Kouachi dans un cimetière de la commune ». Saïd, l’aîné des deux djihadistes auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo résidait depuis deux ans dans cette commune. « Si la demande en était faite, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour m’opposer à l’inhumation de l’un ou l’autre de ces individus à Reims », a expliqué le maire de la cité des sacres. M. Robinet évoque un trouble à l’ordre public.

Voltaire

« Dans cette éventualité, je prendrai un arrêté en attendant un arbitrage de l’État, ajoute M. Robinet. Je refuse qu’il y ait dans la commune une sépulture qui serve de lieu de recueillement ou de pèlerinage pour des fanatiques, ou de défouloir à des haines multiples. »

Arnaud Robinet connaît son métier (1) Il rappelle que le corps d’une personne décédée peut être enterré dans la commune de résidence, dans la ville du décès ou dans un hypothétique caveau de famille. L’Agence France Presse précise pour sa part que, selon les enquêteurs, Saïd Kouachi habitait à Reims depuis environ deux ans et que son frère Chérif résidait à Gennevilliers. Les deux frères ont été abattus vendredi 9 janvier lors d’un assaut mené à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). À ce stade, aucune indication n’a été donnée de la part des familles ou des autorités, sur les lieux et conditions des obsèques des frères Kouachi.

Jeanne d’Arc

Au sein de la famille UMP M. Arnaud Robinet s’est spécialisé dans les questions de santé. M. Arnaud Robinet évoque, en quelque sorte, un trouble à l’ordre public qui n’existe pas. En prenant le risque de le voir s’auto-réaliser. Evoque ou invoque ? Sa fiche wikipédia nous apprend qu’il aura bientôt quarante ans, que ses parents sont commerçants, que sa grand-mère paternelle est oranaise de confession juive et que on grand-père, originaire de Verzy est catholique. Et encore que son grand-père maternel est kabyle (« Arnaud Robinet/L’art de bâtir son nid » – L’Union de Reims. Bruno Testa, 31 janvier 2011).

On y apprend encore que l’élève Arnaud Robinet a notamment fréquenté les écoles primaires Voltaire et Saint-Joseph, le collège Jeanne-d’Arc puis le lycée Saint-Joseph. Où l’on découvre qu’il existe une école Voltaire à Reims, et que la peur peut précipiter le danger.

A demain

(1) Saïd Kouachi  a finalement bien été inhumé à Reims  ville  a indiqué la mairie le 17 janvier. « J’ai refusé l’achat de concession, mais l’État m’a rappelé à mes obligations selon la législation », a déclaré  Arnaud Robinet à l’Agence France Presse confirmant une information de France Bleu Champagne-Ardenne. Selon une source proche du dossier, l’enterrement a eu lieu la nuit, en présence de quelques membres de la famille et sous surveillance policière. Saïd Kouachi a été inhumé dans une tombe anonyme, et le nom du cimetière n’a pas été divulgué.

La loi dispose que les proches d’un défunt doivent demander l’autorisation d’inhumation au maire de la commune du cimetière choisi : théoriquement, les édiles ne peuvent la refuser là où il habitait, là où il est mort ou encore là où se trouve un caveau familial.  M. Robinet ne pouvait pas ne pas connaître la loi. Dès lors pourquoi avoir ainsi parlé ?