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C’était le 6 mars dernier. La pensionnaire de la maison de retraite Wilson était arrivée peu après 16 heures aux urgences du CHU de Reims les « jambes marbrées » rapportait L’Union, À 18 h 30, toujours sur un brancard aux urgences, cette femme de 73 ans faisait un arrêt cardiaque et ne pouvait être réanimée. Son fils s’interrogeait alors sur la prise en charge. « Cette attente lui a peut-être été fatale, je regrette qu’elle ait tant attendu… » témoignait-il auprès du quotidien. Une requête devait être déposée auprès du tribunal administratif pour demander la nomination d’un expert. « On lui a pris les dix dernières années de sa vie », affirmait l’avocat du fils de la patiente, Me Emmanuel Ludot.
Pourtant, d’emblée, l’hôpital se défendait de tout dysfonctionnement. « Il y a eu, malheureusement, quatre urgences vitales à traiter en même temps que la septuagénaire, qui, à son arrivée, avait été diagnostiquée dans un état stable. Les soins appropriés lui ont été administrés quand son état s’est aggravé », expliquait à L’Union le CHU, tout en soulignant l’existence de « pics épidémiques liés à la grippe et à la diarrhée aiguë ».
Plusieurs médecins ou membres du personnel hospitalier pointaient toutefois du doigt des urgences de l’hôpital de Reims « saturées ». Dans L’Union, des brancardiers dénoncent des « délais d’attente [qui] se sont dangereusement allongés depuis un an » et « toute la chaîne des urgences qui est ainsi prise en otage par une mauvaise gestion ». Au Figaro , Cédric Renard, secrétaire général FO au CHU de Reims, soulignait pour sa part le « manque de personnel ».
Sept mois plus tard
Nous sommes le 6 octobre de la même année. « Mme M. n’a été prise en charge que deux heures après son arrivée aux urgences pour un arrêt cardio-respiratoire non récupéré. Elle n’a bénéficié d’aucun accueil infirmier, d’aucune prise de constantes et donc d’aucune évaluation de son état », peut-on lire dans le pré-rapport d’expertise demandé par le tribunal administratif de Chalons-en-Champagne – rapport consulté par l’Agence France-Presse. Mme M., âgée de 73 ans et atteinte de la maladie d’Alzheimer, vivait depuis 2012 à l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad) Wilson de Reims, rappelle l’AFP. Le 6 mars, elle arrive en ambulance non médicalisée aux urgences du CHU à 16h06 pour des marbrures des membres inférieurs et une tachycardie. A 18h25, après être restée seule sur un brancard, elle est victime d’un arrêt cardiaque mortel.
« Il existe un manquement dans la prise en charge (…). Ce défaut d’évaluation initial de l’état de santé de Mme M. a été préjudiciable et relève d’un problème d’organisation au sein du service des urgences , poursuit le pré-rapport, révélé par France Info et l’Union. L’évolution de l’état de santé de Mme M., des premiers symptômes jusqu’à l’arrêt cardiaque, a été extrêmement rapide témoignant de la gravité de la pathologie sous-jacente ». Ce jour-là, quarante-six patients ont été enregistrés aux urgences entre midi et 16h20. Seuls six patients ont vu un infirmier d’accueil en moins de trente minutes, délai recommandé par la Société française de médecine d’urgence (SFMU). Le délai moyen était de 1 heure et 1 minute.
« C’est un rapport accablant pour l’hôpital. Elle était manifestement prioritaire, mais on ne l’a même pas regardée » commente Me Emmanuel Ludot. Cet avocat compte s’appuyer sur ce document pour chiffrer le « préjudice d’affection » de son client. Le CHU n’a pas pu donner suite aux sollicitations de l’Agence France-Presse. Du moins dans l’immédiat.
A demain