Scientifiquement prouvé : le «paquet neutre» n’inciterait pas à fumer du tabac

Bonjour

Un travail de bénédictin : éplucher cinquante-et-une études publiées dans des revues scientifiques afin de (tenter) de savoir si le « paquet neutre » a un impact sur la consommation de tabac. Une aiguille dans une meule de feuilles. Puis, après avoir usé de mille trébuchets, découvrir qu’au final cinq études seulement pouvaient être retenues.  Cinq études et, en réalité, une seule. Une étude « observationnelle » et australienne ; menée auprès de 700 000 personnes, avant et après l’introduction du paquet neutre. Voilà l’objet d’une revue Cochrane publiée le 27 avril et citée par le site pourquoidocteur .fr.

Cette étude australienne a montré une baisse d’un « demi-point de pourcentage » dans la proportion de consommateurs de tabac après l’introduction du paquet neutre. Mais rien n’est statistiquement bien certain.  Deux autres études ont cherché à déterminer si les fumeurs consommaient un nombre différent de cigarettes – dont une à l’aide d’enquêtes auprès de 8811 fumeurs actifs. Résultat : aucun changement.

Soit la confirmation d’une triste évidence : les personnes devenues dépendantes au tabac sont aussi devenues insensibles aux arguments publicitaires (comme aux horreurs imagées). Qu’importe le flacon pourvu qu’il soit là et que l’on ne souffre pas.

Trait d’humour

Les auteurs, méthodiques, ajoutent que la confiance dans les résultats étudiés est « limitée ». Et ils ajoutent, sans rire, « nous n’avons trouvé aucune donnée suggérant que le paquet neutre pourrait augmenter la consommation de tabac ». On hésite à voir là un trait d’humour. Les mêmes expliquaient en préalable que « le meilleur moyen de réduire le tabagisme consiste à empêcher les gens de consommer du tabac et à encourager et aider les fumeurs à s’arrêter ».

Réduire le tabagisme ? Ils expliquent que le solution repose sur des politiques à l’échelle nationale touchant le plus grand nombre, « avec une offre de traitement individuel et d’aide à l’arrêt du tabac pour les consommateurs ». En France, où le paquet neutre est en place, cette offre thérapeutique individuelle demeure terriblement chaotique et bien en dessous de ce qu’elle devrait être – 80 000 morts prématurées chaque année.

Nous savons que le paquet neutre n’augmente pas la consommation de tabac. Le précédent gouvernement l’a mis en place. Le prochain ministre de la Santé cherchera-t-il à savoir si, comme on peut le redouter, il ne la fera pas baisser.

A demain

Marché et stérilité : abuse-t-on aujourd’hui de la procréation médicalement assistée ?

Bonjour

Cela commence par un éditorial dérangeant publié par l’European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology – un texte repéré par l’APM, reprise par  Le Point puis par le site pourquoidocteur.fr.

Célébrera-t-on, après-demain, les quarante ans de Louise Brown, premier « bébé-éprouvette » ? Mettra-t-on alors en perspective le phénomène considérable qu’est devenu la procréation médicalement assistée, les nouvelles « promesses de parentalité » et les évolutions du concept d’infertilité ? Et intègrera-t-on l’ensemble dans la dynamique offre-demande du marché ?

Pas d’alarme sur le sperme

« Entre 1997 et 2011, près de 900 000 enfants sont nés par FIV en Europe et ce nombre pourrait avoir dépassé 1,4 million aujourd’hui », précisent les auteurs, hollandais et autrichiens de l’éditorial. Ils exposent un paradoxe européen : il n’existe aucune baisse de la fertilité de nature à justifier une telle évolution. Ils ajoutent aussi que les annonces alarmistes (récurrentes et médiatisées) sur la baisse de la qualité du sperme ne sont nullement justifiées d’un point de vue scientifiques.

Comment comprendre ? Il y a certes le recul progressif de l’âge des premières maternités – mais il ne saurait, à lui seul, expliquer la progression du recours à la technique de la FIV. Sans doute faut-il aussi compter avec la facilité (et la rapidité) avec laquelle le diagnostic de stérilité (ou d’« hypofertilité ») est aujourd’hui porté ; une facilité d’autant plus grande qu’il faut désormais compter avec les pratiques ouvertement mercantiles de certains centres de PMA et le développement d’un tourisme procréatif se jouant des frontières éthiques nationales.

Le souhait du candidat Macron

Tout, en somme, converge pour que le marché de la PMA se développe et que des gestes initialement à visée thérapeutiques (la FIV et l’ICSI) soient mis en œuvre avant même que le diagnostic qui devrait les justifier soit porté et confirmé. Et c’est bien dans ce cadre qu’il faut aujourd’hui inscrire le souhait exprimé (avant son élection à la présidence de la République) par Emmanuel Macron : permettre aux femmes seules (et aux couples de femmes) de pouvoir avoir accès aux techniques de procréation médicalement assistée. La dimension thérapeutique s’effacerait alors un peu plus au bénéfice d’une demande individuelle et sociétale. Avec quelles conséquences ?

Emmanuel Macron candidat avait ajouté qu’une fois élu il attendrait, sur ce point politiquement crucial, l’avis du Comité national d’éthique. Il n’est pas le seul.

A demain