Bonjour
Ce matin c’est RMC qu’il fallait écouter. Invité : Christian Eckert secrétaire d’Etat chargé du Budget. On y a parlé diesel et tabac ; deux produits taxés et beaucoup plus proches qu’on le croit. Deux cancérogènes essentiels à l’équilibre des comptes de l’Etat. Deux sujets, éminemment politiques, de santé publique.
Après avoir évoqué longuement la possibilité d’abaisser la fiscalité de l’essence tout en relevant celle du diesel, Christian Eckert a indiqué que « l’hypothèse d’une nouvelle augmentation du prix du paquet de cigarettes fait elle aussi l’objet de discussions assez vives au sein du gouvernement ». Le secrétaire d’Etat n’a pas dit de quel côté il était. Et il n’a rien confié (à l’antenne) des positions défendues par ses principaux collègues. Il a encore mois parlé des lobbies présents dans les couloirs des ministères. On attend désormais les confidences de Marisol Touraine et/ou d’Emmanuel Macron.
Les efforts des buralistes
Reconnaissant que le prix des produits du tabac n’avait pas augmenté depuis longtemps, M. Eckert a prudemment déclaré : « on a demandé aussi à l’industrie du tabac de faire des efforts, on a demandé aux buralistes de faire des efforts, il y a des campagnes de prévention, il y a d’autres moyens aussi qui sont utilisés pour lutter contre le tabagisme ». « Ce n’est pas la fiscalité seule qui fait changer les comportements », a-t-il ajouté. Certes – sauf, précisément pour ce qui est de la consommation de tabac.
Interrogé sur la possibilité d’abaisser la fiscalité de l’essence tout en relevant celle du diesel, M. Eckert a répondu: « C’est un sujet qui est à l’étude, comme d’autres dispositifs fiscaux. A titre personnel, je suis pour un rapprochement progressif de la fiscalité sur ces deux types de carburants, aujourd’hui favorable au gazole qui alimente les véhicules diesel. Il y a des mutations qui doivent prendre un certain temps si on ne veut pas bouleverser les conditions économiques, notamment de l’industrie automobile. »
Deux cancérogènes
Le gazole, classé « cancérogène certain » par l’Organisation mondiale de la santé représente plus de 80% des carburants vendus en France, mais depuis le début de l’année, les voitures particulières à moteur diesel, ont chuté sous les 60% de part de marché des voitures neuves en France. On sait ce qu’il en est du tabac (80 000 morts prématurées par an).
La polémique sur le gazole est aujourd’hui relancée par le scandale des « moteurs truqués » du géant allemand Volkswagen. On a même entendu Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV demander « une interdiction du diesel dans l’ensemble du pays d’ici 2025 ». Mme Cosse n’a rien dit sur le tabac. Il est vrai que EELV a encore des problèmes de hiérarchisation des priorités sanitaires, s’intéressant plus au bisphénol A qu’à la cigarette électronique et aux dégâts du tabagisme.
David Pujadas ou pas
Ainsi donc « l’hypothèse d’une nouvelle augmentation du prix du paquet de cigarettes fait elle aussi « l’objet de discussions assez vives au sein du gouvernement » ». M. Eckert nous en dit trop ou pas assez. Dans une démocratie ouverte, transparente, moderne le citoyen saurait tout des positions défendues par les ministres concernés et de leurs arguments. Il assisterait, via ses applications LCP et/ou Public Sénat, aux débats gouvernementaux –puis in fine aux arbitrages du Premier ministre.
Cette démocratie reste, en France, à inventer. Pour l’heure, David Pujadas ou pas, le téléspectateur français s’endort, comme hier, devant « Des paroles et des actes ».
A demain