Méchante attaque contre la vape : après la pulmonaire, atteinte de la fonction vasculaire ?

Bonjour

Que serait une révolution si elle n’alimentait pas l’adversité ? Ici, celle des Volutes est aujourd’huiservie. Après les mystérieuses observations américaines concernant la fonction pulmonaire voici une étude microscopique qui ne manquera pas de faire du bruit. Elle vient tout juste d’être publiée dans « Radiology » – avec le soutien des Instituts nationaux de la santé américains (NIH). Et elle apporte du grain à moudre aux anti-vape :  « Acute Effects of Electronic Cigarette Aerosol Inhalation on Vascular Function Detected at Quantitative MR ». Une nouvelle attaque aussitôt reprise par le Daily Mail (Natalie Rahhal) : « Nicotine-free vaping can damage blood vessels and narrow them by up to a THIRD, study suggests ». Et, en France, par Le Quotidien du Médecin (Dr Irène Drogou) : « L’OMS se méfie du vapotage, une étude sur le risque vasculaire va en ce sens »

« Dans ce travail, résume notre consœur, les auteurs ont analysé les IRM réalisées chez trente-et-un volontaires sains avant et après vapotage. La cigarette électronique était remplie de liquide à base de propylène glycol et de glycérol avec des parfums mais sans nicotine. Les scientifiques ont étudié les flux sanguins au niveau de l’artère fémorale, du cerveau et de l’aorte. Au niveau de l’artère fémorale, ils ont constaté une réduction du flux sanguin avec une baisse de 34 % de la dilatation artérielle, de 17,5 % du pic de flux et de 25,8 % de l’accélération du flux. »

Vapeur d’eau et onde de pouls

Outre ces anomalies suggérant une altération de l’endothélium, une réduction de 20 % de la saturation veineuse en oxygène indique une perturbation de la fonction microvasculaire. Au niveau aortique, les chercheurs ont mesuré une diminution de 3 % de la vitesse d’onde de pouls. « Ces produits sont présentés comme inoffensifs et de nombreux utilisateurs de e-cigarette sont convaincus qu’ils inhalent seulement de la vapeur d’eau », explique la Dr Alessandra Caporale (Laboratory for Structural, Physiologic and Functional Imaging, Department of Radiology, University of Pennsylvania Perelman School of Medicine)  premier auteure. Sans surprise, forte de ses observations, elle met en garde quant aux effets vasculaires potentiels à long terme.

Et maintenant ? « La question clé est de comparer l’effet, dans les mêmes conditions, avec l’inhalation de fumée du tabac, commente le Dr Philippe Presle, tabacologue affûté et réactif, membre du conseil scientifique de SOS Addictions. Il faudrait aussi comparer avec l’inhalation de la vapeur d’eau. Nous n’avons aucun comparatif dans ce type d’étude. » D’autres commentaires sont attendus, à commencer par celui du Dr Konstantinos Farsalinos . Nous y reviendrons.

« La balance bénéfices/risques est loin d’être tranchée et la question de la place dans l’aide au sevrage reste entière » observe Le Quotidien du Médecin. De même, en France, que celle de la responsabilité des autorités sanitaires.  

A demain @jynau

Maladie d’Alzheimer: faut-il autoriser sa prédiction  grâce à l’Intelligence Artificielle ?

Bonjour

Progrès majeur ou impasse paradoxale ? Une équipe de chercheurs de l’Université de Californie vient d’annoncer avoir mis au point une procédure de dépistage qui permettrait, grâce aux techniques de l’Intelligence Artificielle, de prédire la survenue de la maladie d’Alzheimer « avec une sensibilité de 100 % » et ce plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes cliniques. Ce travail vient d’être publié dans Radiology : « A Deep Learning Model to Predict a Diagnosis of Alzheimer Disease by Using 18F-FDG PET of the Brain ». Il a été codirigé par le Dr Jae Ho Sohn et on peut en trouver un résumé ici.

« Nous avons développé un algorithme d’intelligence artificielle (IA) qui permet de prédire la maladie d’Alzheimer à partir de l’imagerie cérébrale TEP-FDG avec une spécificité de 82% et une sensibilité de 100%, en moyenne six ans avant le diagnostic clinique. Par comparaison, nos radiologues utilisant une approche clinique standard associée à des méthodes semi-automatiques obtiennent une sensibilité de 57% et une spécificité de 91% » a expliqué au Quotidien du Médecin (Dr Véronique Nguyen)  le Dr Jae Ho Sohn département de radiologie et d’imagerie biomédicale de l’Université de Californie à San Francisco). Il ajoute :

«En pratique, l’intelligence artificielle (IA) obtient des performances significativement supérieures à celles des lecteurs humains (radiologues), mais en réalité l’homme secondé par l’IA obtiendrait probablement de meilleures performances que l’un ou autre pris séparémentUn scénario possible serait d’utiliser l’IA pour dépister les patients, afin de s’assurer que les cas de maladie d’Alzheimer dans un futur proche ne sont pas manqués (vu la sensibilité de 100%). Puis les radiologues pourraient venir confirmer les cas afin de réduire les faux positifs (vu la spécificité a 82% – 18% de faux positifs) et de juger les cas exceptionnels».

Pour ces chercheurs ce deep learning algorithm associé à des tests biochimiques et d’imagerie outil ouvre la voie à une « prédiction précoce de la maladie d’Alzheimer » et ainsi à des « possibilités d’interventions thérapeutiques précoces ». Où l’on pressent, faute de possibilités thérapeutiques aujourd’hui validées,  la somme des dilemmes radiologiques et éthiques à venir.

A demain

@jynau