Révolution : « J’écris parce que j’ai 15 ans et que je suis le fils d’un parent anti-vaccins »

Bonjour

Ils ne tarderont plus guère à prendre le pouvoir, conduiront une automobile et se feront vacciner avant leur majorité C’est un texte revigorant à découvrir sur Slate.fr (Claire Levenson) : « Des ados rebelles se font vacciner malgré leurs parents ».  Il nous apprend que dans l’État du Queensland en Australie, le taux d’immunisation n’est que de 89 %, en dessous de l’objectif des autorités sanitaires, fixé à 95 %. Toutefois, si l’on en croit la presse locale, de plus en plus d’ados refusent d’écouter leurs parents et vont se faire vacciner sans leur accord.

Mieux encore : dans la plupart des États du pays, de nouvelles lois permettent aux jeunes de prendre leurs propres décisions médicales à partir de 15 ans. En Nouvelle-Galles du Sud, la province de Sydney, les pharmacies sont par exemple autorisées à vacciner à partir de 16 ans pour la grippe, la rougeole, les oreillons, la rubéole, ainsi que pour la diphtérie, le tétanos et la coqueluche.

« En désaccord avec sa mère »

Slate.fr nous apprend encore que sur les réseaux sociaux, il est devenu plus fréquent de voir des appels comme celui-ci, cité dans un article de Yahoo: «J’écris parce que j’ai 15 ans et que je suis le fils d’un parent anti-vaccins. J’ai passé les quatre dernières années à essayer de convaincre ma mère que les vaccins ne sont pas dangereux. Je n’ai pas réussi. Donc au lieu de cela, j’essaye de voir comment je pourrais être vacciné sans son accord.»

Prendre le pouvoir. Aux États-Unis, plusieurs adolescents ont déjà fait des déclarations similaires, notamment sur Reddit – dans la plupart des États américains, il faut néanmoins attendre 18 ans pour être vacciné sans l’autorisation de ses parents. L’un de ces jeunes se nomme Ethan Linderberger. Il vit dans l’Ohio, l’un des dix-sept États dans lesquels les parents peuvent refuser de vacciner leurs enfants pour «raisons philosophiques». Et il demande des conseils en ligne.

« En désaccord avec sa mère, il avait lu plusieurs articles scientifiques et en avait déduit que les vaccins étaient sûrs. Lorsqu’il a atteint l’âge de 18 ans, il a été se faire vacciner contre l’hépatite A, l’hépatite B et la grippe, rapporte Slate.fr. Jusqu’ici, il n’avait été vacciné qu’une fois, à 2 ans, contre le tétanos, après une coupure. Le jeune homme a déclaré au Washington Post qu’il pensait que les lois devraient être modifiées afin que les jeunes puissent décider de se faire vacciner sans l’accord de leurs parents avant 18 ans. En attendant, il s’inquiète pour son frère de 16 ans et sa sœur de 2 ans, que sa mère refuse de faire vacciner. »

Louis Pasteur et Big Pharma

Prendre le pouvoir. Aujourd’hui, sur France Inter (10’-12’), Agnès Buzyn est interrogée sur les vaccins (ce qui commence à la lasser). « Le ministère de la santé et l’industrie pharmaceutique sont de mèche pour cacher la nocivité des vaccins ». 43¨des Français sont d’accord avec cette proposition complotiste. Nicolas Demorand demande à la ministre si elle n’a pas « raté quelque chose dans la pédagogie de la vaccination ». Réponse ministérielle :

« D’abord je pense que le pauvre Pasteur doit se retourner dans sa tombe. Je pense qu’il a sauvé des centaines de millions de vies avec le concept de vaccination. Les bras m’en tombent… Il n’y a pas que le ministère de la santé … Tous les experts internationaux, alors l’Organisation Mondiale de la Santé est aussi  de mèche avec les labos… En fait on veut juste sauver des vies, on veut juste sauver des vies … »

« Les Français voient, là, le mal partout. L’industrie pharmaceutique gagne en fait assez peu d’argent avec les vaccins, elle en gagne beaucoup plus avec les médicaments. Un malade non vacciné va coûter dix ,vingt, cent, mille fois plus cher à la Sécurité sociale que quand il est vacciné.  Une grippe en réanimation lourde, avec des antibiotiques, pendant trois semaines coûte mille fois plus cher que le vaccin anti-grippe.  malade en réanimation Je ne comprend même pas ce raisonnement. Il suffit de réfléchir deux secondes. »

Réfléchissons.

A demain

@jynau

 

Cigarettes non électroniques : réduire leur taux de nicotine permettrait de moins en fumer. Vrai?

Bonjour

Diminuer la dose pour réduire l’intoxication ? Sevrage absolu suivi d’une abstinence à vie ? Ce sont les deux grandes questions médicales posées  par les addictions.  Elles sont au cœur des nouvelles problématiques de l’alcoolisme. On les retrouve aujourd’hui via une publication du New England Journal of Medicine : ‘’Randomized Trial of Reduced-Nicotine Standards for Cigarettes’’ – publication suivie d’un commentaire “Reduced-Nicotine Cigarettes — A Promising Regulatory Pathway’’.

Un travail randomisé en double aveugle mené auprès de 840 personnes fumeuses pendant six semaines. Et dont il ressort, à titre préliminaire, qu’une réduction substantielle de la teneur en nicotine des cigarettes de tabac peut être associée à une réduction du tabagisme, de l’exposition à la nicotine et de la dépendance à la nicotine. Cette expérience sera sans doute amplement commentée par les addictologues et, plus encore peut-être, par Big Tobacco.

Vapoteurs

Il sera difficile de ne pas la mettre en relation avec la cigarette électronique qui, faudrait-il le répéter, permet de ne plus inhaler fumées et goudrons tout en laissant le vapoteur gérer au mieux sa dépendance à la nicotine – et son sevrage.

Il est également tentant de rapprocher cette publication du New England Journal of Medicine de cette information repérée par Slate.fr (Claire Levenson) dans The Washington Post : « These ‘marijuana goggles’ are supposed to make you feel stoned » :

« Afin de convaincre les adolescents qu’il ne faut pas conduire après avoir fumé des joints, une entreprise américaine a créé des lunettes censées reproduire les effets du cannabis sur les fonctions cognitives. Les lunettes ont des verres déformants teintés en vert et la personne qui les porte ne peut pas voir les objets rouges. Selon les créateurs de ce gadget –la Fatal Vision Marijuana Simulation Experience–, cette manipulation de la vision désoriente l’utilisateur comme quelqu’un sous l’effet d’une drogue douce. »

Ivresses et flacons

Pour l’instant, seule une école dans l’Indiana et un commissariat de Californie ont utilisé ces lunettes, mais les fabricants disent avoir reçu de nombreuses autres demandes. Le kit de simulation coûte environ 900 euros, et inclut des jeux d’habileté avec des balles et des labyrinthes, afin que les adolescents se rendent compte que leurs mouvements sont moins bien coordonnés. Ils sont ensuite censé en déduire qu’il ne faut pas fumer de joints. »

Bien évidemment ces lunettes teintées (qui rendent légèrement daltonien) ne reproduisent pas l’état mental assez complexe produit par la consommation de cannabis. Le déficit de concentration, la léthargie ou l’euphorie et la perte de mémoire (courte) ne peuvent être obtenues ni mêmes simulées par ce gadget. Sur Internet, la Fatal Vision Marijuana Simulation a rapidement été ridiculisée.  «Je suis daltonien, est-ce que ça veut dire que je suis constamment défoncé?» demande  un commentateur sur Reddit.

C’est ici, revisitée, la très vieille question des ivresses et des flacons.

A demain