Alcoolisme : la suite de la très édifiante histoire de Philippe, 54 ans, qui attendait des huîtres … (avec des commentaires du Dr William Lowenstein)

Bonjour

Certains mots ont des échos. De beaux échos. Ce fut le cas aujourd’hui du billet que nous avons consacré à la condamnation à un an de prison d’un malade alcoolique à la dérive ; Philippe X, 54 ans, tribunal correctionnel de Blois, comparution immédiate pour récidive de conduite en état d’ivresse manifeste et sans permis (« Alcoolisme : la très édifiante histoire de Philippe, 54 ans, qui attendait des huîtres et qui s’est fait piéger comme un corps céleste par un trou noir »). Pas de violence, pas de sang, aucune larme. Un an de prison. Un grand alcoolique qui assure qu’il ne l’est pas. Un grand classique.

Double peine pour l’esclave

Un autre grand classique, aussi : la justice qui ne peut entendre le déni comme le symptôme majeur d’un mal dont souffre celui qu’elle juge. Celui qu’elle condamne au motif que celui qui s’est alcoolisé est coupable de l’avoir fait. Pire : ce sera la double peine. Commettre des actes délictueux criminels, sous l’emprise de l’alcool, sous l’empire de l’état alcoolique, c’est être doublement responsable. Pourquoi ?

Avocat, on userait volontiers de la métaphore de l’esclave condamné pour avoir obéi à son maître. Serait-ce audible ? Dans l’affaire qui a conduit Philippe, 54 ans, en prison pour une année l’avocat a tenté de la dire.

Me Rapin

« Son déni est un symptôme de son alcoolisme » a plaidé Me Rapin. Il a aussi rappelé une évidence :« pour juger, il faut comprendre. » Dès lors pourquoi Me Rapin a-t-il cru devoir plaisanter ? Pourquoi dire aux juges de son client : « Il s’est fait capturer comme un trou noir le fait d’un corps céleste, ce qui a permis d’éviter un accident » ?

Pour faire rire sans doute. Avant le drame les symptômes de l’alcoolisme font toujours rire. Un réflexe. Nul n’y échappe. Sauf, peut-être, certains grands alcooliques.

 Questions du Dr Lowenstein

« Parmi toutes les questions que soulève ce « sentant de solitude » et son amour des huîtres il y celle de l’accès aux traitements, commente le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions. On soigne son cancer de la gorge mais qu’en est-il du traitement de son addiction à l’alcool ? ».

« Il y a aussi le « massacre » des comparutions immédiates avec « récidive », ajoute-t-il. Un véritable scoop que la récidive quand il est question d’addiction … Que ce soit pour le cannabis ou l’alcool, cette procédure est un facteur de jugement plus lourd, pas seulement plus rapide. »

« Il y a encore la formation des avocats et des magistrats sur les addictions. Ils jugent, défendent ou accusent sans connaitre ou si peu le versant médical et neurologique, biologique et psychologique de cette maladie..Ce n’est pas un reproche mais une incitation réaliste à promouvoir la formation  des « grandes robes ». Le Premier ministre nomme des magistrats à la tête de la Mildt ou MildCa, ce devrait être une voie privilégiée pour améliorer cette formation sur les addictions – 10%, 20% 30% des affaires ? Plus peut-être. Une voie privilégiée, aussi, pour huiler les articulations santé-justice sur ce sujet. »

Jospin, Cahuzac, Chirac

« Il y a enfin et surtout la question du déni. Sans doute existe-t-il de jolis travaux et de grands textes sur le « Déni ». Où sont-ils ? Nous connaissons tous, ou nous pensons tous comprendre :

. le « Déni pédiatrique » (l’enfant pris la main dans le pot de confiture qui crie : « ce n’est pas moi ! »).

. le « Déni politique » : Lionel Jospin et son « ça ne me ressemble pas » après l’injure gériatrique faite au président Jacques Chirac ; sans parler de la prestation proprement délirante de Jérôme Cahuzac à l’Assemblée nationale.

–  le « Déni de grossesse,  exemple vertigineux de la complexité des fonctionnements neuro-psychiatriques et neuro-hormonaux. Dans ce cas, on perçoit le dépassement du Sujet et on ne résume pas le cas à une « femme qui se ment ou ment à tous »

Dans ce contexte le « Déni dans l’addiction »  se résume pour le plus grand nombre à un mensonge qui s’ajouterait à la faute addictive… C’est là un  package obscurantiste et culpabilisateur. Il nous reste bien du travail pou comprendre avant que d’autres jugent.  Quels sont les dysfonctionnements identifiés pouvant expliquer cette forme d »autisme addictologique »  induit par une substance ? Quelle IRM fonctionnelle, quelle lecture neurologique et psychopathologique  pourrait nous orienter pour préciser ce qui se passe lors du fameux  » J’ai pas bu » de l’homme qui est dans un total état d’ébriété.

Délires

De nombreux écrits et travaux ce sont penchés sur le délire. Les psychanalystes y voient  une fabuleuse tentative cérébrale pour s’arranger avec ce qui se délite et menace. Les neurobiologistes y perçoivent  pour les psychanalystes, dysfonctionnement aigu des neuromédiateurs et de la neuro-excitabilité.

Existe-t-il des ponts entre le délire et le déni rencontré dans les addictions ? C’est une question essentielle. Qui nous aidera à y répondre ? »

A demain

Cannabis : les suites de la polémique. Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions. Libération.

Bonjour

Poursuivons la publication des textes témoignant de la résurgence de la polémique sur le cannabis. Une polémique sagement réalimentée aujourd’hui le quotidien Libération (1).

Le texte du Dr William Lowenstein fait suite à celui du Pr Jean Costentin, membre de l’Académie de médecine (« Oui ou non, le cannabis est-il le diable ? »). Le Pr Costentin répondait au Dr Didier Jayle, ancien président de la MILDT, très critique vis-à-vis des préconisations de l’Académie concernant la consommation de cannabis (« Non, l’Académie de médecine ne remplit pas sa mission ! »).

Voici ce texte :

« Le cannabis est-il le diable ? Je ne sais si mon pedigree m’autorise à parler à Dieu. Médecin interniste, DESC d’addictologie, Dea de Parasitologie, Habilité  à diriger la recherche depuis 1991 (université Paris V), ancien interne,  chef de clinique-Assistant et PH- Médecin des Hôpitaux de Paris, auteur  ou co-auteur d’une soixantaine d’articles à impact factor, n’est-ce pas  un peu blasphématoire de vouloir échanger avec le Pr Costentin, Expert addictologique de l’Académie de Médecine ?

Honneur

J’ose cependant le faire, aujourd’hui, sur la forme bien plus que sur le fond  (qui appellera, bientôt je l’espère, des nouvelles conclusions académiques,  mieux éclairées et plus sereines).

Je le fais non seulement pour défendre l’honneur de mon collègue et ami, le  Dr Didier Jayle, Professeur au CNAM – dont j’admire et soutiens le parcours  personnel et professionnel, celui-ci plaidant pour son œuvre bien mieux que je ne saurais le faire- mais aussi en mémoire du Pr Charles Haas, un de mes maitres en Médecine Interne.

Humanisme

En 2012, la mort le faucha avant qu’il ne puisse postuler à une nomination Académique. Il admirait l’Académie nationale de médecine, son savoir et sa  sagesse. Il nous y fit présenter, avec le Dr Laurent Karila, un état des lieux  sur « la cocaïne et le crack, nouveau problème de santé publique. » quelques  mois avant que la maladie ne l’atteigne.

Le Pr Charles Haas, merveilleux sémiologue, humaniste discret et numismate  distingué (il légua sa collection à l’Académie), eut été attristé du ton si peu respectueux de notre collègue Costentin. Il aurait été incrédule à la lecture de ces lignes méprisantes à l’égard de Mme Nicole Maestracci et du Dr  Didier Jayle, lignes si peu confraternelles pour ceux qui ne partagent pas son expertise.

Devoir

Nous avons tous le devoir de nous interroger sur la dangerosité du cannabis, notamment et avant tout chez les plus jeunes. En aucun cas, ce devoir autorise le ton employé par le Pr Costentin. Sa passion contamine sa réflexion et donne de l’Académie Nationale de Médecine, une image inhabituelle, sans distance, ni sagesse.

Je ne sais ce qu’en pensent les autres Académiciens, dont le Pr Roger Henrion. Son rapport et son action, au temps des années sida, furent salués  par le plus grand nombre pour la force du travail accompli et la dignité des propositions de Sante Publique. Je crains que l’outrance du Pr Costentin ne nuise non seulement à l’avancée  des travaux et décisions sanitaires sur le cannabis mais aussi à l’image d’une  Académie que mon Maitre et ami, le Pr Charles Haas, vénérait et tentait de faire connaître à tous les « simples médecins ». »

Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions

 

(1)     « Droguez-vous avec modération ». C’est le titre de Une du quotidien Libération de ce lundi 14 avril. Ce journal  explique s’être associé à l’enquête  « Global Drug Survey » qui « tente de faire le point sur les consommations » et qui, dans son millésime 2014  « englobe la France pour la première fois ». « Global Drug Survey  est une initiative d’Adam Winstock, un psychiatre londonien qui a lancé depuis plusieurs années une « enquête mondiale sur les drogues » faisant appel aux usagers volontaires.

Voici ce que l’on peut lire au chapitre du cannabis :

« Cannabis, toujours plus fort. La skunk, variété d’herbe la plus violente, est la préférée (57%), devant l’herbe «normale» (29%) et la résine (9%). Voilà pour les goûts. Dans la réalité, la résine est la plus utilisée, devant l’herbe, la skunk et l’huile. Les consommateurs ont des souhaits paradoxaux : ils désirent un cannabis plus pur et plus fort, mais craignent ses effets négatifs (torpeur hébétée, pertes de mémoire…)

. Deux tiers se fournissent auprès d’un dealer, payant de 6 à 12 euros le gramme. 22% font pousser leur herbe. Sur le mode de consommation, 90% le mélangent avec du tabac, forme la plus nocive. Seuls 3,6% utilisent un vaporisateur, moins risqué pour les poumons car il dégage les principes actifs sans combustion ni tabac. Et à peine 0,7% ingèrent. Rappelons que, selon les études, 1 utilisateur sur 10 est dépendant, et la consommation chez les ados peut provoquer des dommages graves. D’où l’utilité de mesurer sa consommation (sur Drugsmeter.com). »

Voici par ailleurs l’éditorial de Libération, signé François Sergent :

« Anathème

La marque des proverbiaux paradis artificiels est d’emmener au paradis. Comme le dit le professeur britannique Adam Winstock, psychiatre et auteur depuis des années de la Global Drug Survey (à laquelle Libération s’est associé pour sa première incursion en France), «les chercheurs font des choses intéressantes sur les drogues, mais la plupart mettent l’accent sur le mal que les drogues provoquent et non sur le plaisir qu’elles apportent à la vie des gens».

Au contraire des faux témoins du tribunal des rêves, cette étude sans hypocrisie ni a priori voit le monde des amateurs de drogues – tabac ou alcool, cannabis ou ecstasy – tel qu’il est. Une consommation de masse, addictive, croissante. Preuve s’il en est que la prohibition a échoué. L’interdiction, notamment en France, championne de cette approche sécuritaire n’interdit rien. Pis, cette politique de l’anathème empêche tout débat, toute discussion, toute information auprès des usagers des drogues. Notamment des plus jeunes et des plus vulnérables.

Aucune drogue n’est un produit anodin ou bénin : le ballon de rouge, comme les joints ou les anxiolytiques. Internet, avec des sites comme Silk Road (l’Amazon du commerce anonyme de la drogue) a encore accru l’offre des paradis interdits, notamment des dangereux et puissants produits de synthèse. Il est plus que temps de subroger l’éducation à la répression. D’apprendre les dangers de ses conduites à risque afin que chacun soit maître de ses addictions, sache ce qu’il consomme et comment. Pour apprendre à se droguer avec modération. »

 

Cannabis : « Non l’Académie de Médecine ne remplit pas sa mission ! »

Bonjour

On ne rit plus. La violente sortie de l’Académie nationale de Médecine sur le thème du cannabis n’est pas restée lettre morte.  Nous en avons rapporté ici même le contenu (« Cannabis, alerte rouge à l’épidémie ») et les mesures drastiques signées J. Costentin, J.-P. Goullé et J.-P. Olié – au nom de la commission VI).  Nous ajoutâmes que l’institution rajeunie de la rue Bonaparte remplissait ainsi sa mission bicentenaire : conseiller ceux qui nous gouvernent.

Parenthèses heureuses

« Tous (ou presque) reconnaîtront que l’Académie nationale de Médecine ne fait, ici, que remplir sa mission » écrivions-nous. Bienheureuses parenthèses. Car cette opinion n’est pas pleinement partagée (euphémisme) par nombre de ceux qui, engagés volontaires, montent quotidiennement au front des assuétudes. Notamment au sein du solide bataillon « SOS Addictions ».

Nous publions ci-dessous (avec la bénédiction du Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions) le texte-boomerang  que nous a adressé le Dr Didier Jayle. Ancien président (2002-2007) de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), Didier Jayle est professeur d’addictologie au Conservatoire National des Arts et Métiers et médecin dans le service d’immunologie de l’Hôpital Européen Georges-Pompidou. Il dirige par ailleurs le site vih.org ainsi que la revue Swaps.

Réplique à l’Académie

Voici son texte auquel nous n’avons ajouté que des intertitres. Il n’est pas interdit d’espérer que l’Académie nationale de médecine accepte de descendre, un matin prochain, sur le pré.

« Merci d’exciter notre sagacité!

Non, l’Académie nationale de Médecine ne remplit pas sa mission. Sous l’influence de quelques membres extrémistes, elle lance des oukases inutiles dans un domaine qu’elle connaît mal. Elle ne tient aucun compte de l’évolution de la société et propose des solutions qui ont fait la preuve de leur inefficacité.

Certes, le cannabis n’est pas un produit anodin, mais il fait partie intégrante de l’environnement des jeunes européens. La prohibition ne fonctionne pas dans les pays démocratiques, les académiciens devraient en prendre conscience. Ils s’affolent parce que l’expérimentation de cannabis a explosé entre 1993 et 2012, mais c’est une réalité dans tous les pays occidentaux et il est illusoire de penser qu’on peut réduire ce phénomène de société maintenant ancien.  « Le cannabis EST une réalité » *.  Et les méfaits de la consommation occasionnelle de cannabis ne sont pas avérés (en dehors de la conduite), même si l’Académie n’en fait pas mention.

Quatre vœux pieux

Leurs quatre propositions ne sont rien d’autres que des vœux pieux :

1 En psychiatrie, est-ce en prévenant le commerce DANS les établissements psychiatriques (sous peine de désaccréditation), qu’on va réduire la consommation des personnes atteintes de troubles psychotiques ? On croit rêver !

2 En prison, où les problèmes sont multiples, l’administration pénitentiaire a bien d’autres priorités que le cannabis sauf quand il entraîne des trafics organisés et violents. La consommation en elle-même n’est pas un facteur d’agressivité des détenus contrairement à ce que sous-entend la déclaration de l’Académie de Médecine.

3 En ville, interdire par la loi l’achat de matériel et de semences sur internet aurait surtout l’effet de priver les consommateurs d’un moyen d’approvisionnement qui les gardent loin du trafic. Ce serait donc une mesure qui ravirait les trafiquants en leur donnant le monopole de la distribution. En pratique, elle est de toute façon inapplicable. Pour ce qui concerne l’interdiction de vendre des vapoteurs aux mineurs, on ne voit pas très bien le lien avec le cannabis. Quant à l’interdiction de vendre du papier à cigarette « grand format», elle aboutirait à avoir des joints plus petits (ou plus grands avec deux feuilles collées)! Quel progrès !

4 Sur la route, les contrôles sont coûteux, (à la grande satisfaction de certains membres de l’Académie de Pharmacie), et en forte augmentation. L’Académie ne devrait pas ignorer que c’est l’alcool qui est responsable de la majorité des accidents mortels sur la route (environ 30%) et aussi la consommation associée d’alcool et de cannabis (risque multiplié par 15 alors que le cannabis seul augmente le risque, certes, mais d’un facteur 2, soit autant que l’alcool à un taux toléré (0,5 g/l). (étude SAM)

Prise en charge des fumeurs intensifs

Les problèmes sanitaires mis en avant par l’Académie de Médecine sont réels quoique qu’abordés sans nuance, en particulier la relation entre consommation de cannabis et cancers ORL ou broncho-pulmonaires qui reste très mal documentée, de même que les liens avec les accidents vasculaires qui, s’ils existent, sont loin d’avoir l’ampleur des risques liés au tabac qui sont absolument prouvés et considérables. Et pourtant ce n’est pas l’interdiction de la vente de tabac qu’elle réclame.

La seule politique qui semble donner des résultats est une politique de prévention et de prise en charge des fumeurs intensifs. La loi n’est pas capable d’empêcher la disponibilité de cannabis, c’est vrai en France et ailleurs. La consommation de cannabis a flambé après la loi de 1970 (!) comme celle de la cocaïne, qui a flambé après la loi de 1916, entre 1918 et 1925. L’interdiction et la répression n’ont aucun impact sur les niveaux de consommation. Il y a moins de jeunes fumeurs de joints en Hollande où la consommation personnelle est tolérée, qu’en France où elle est sanctionnée.

Non à la prohibition

La politique publique que j’ai eu l’honneur d’influencer entre 2003 et 2007 notamment sur le cannabis en organisant des campagnes d’information sur le cannabis, en créant les consultations « Jeunes consommateurs » anonymes et gratuites dans tous les départements, semble avoir eu un certain impact sur les consommations des jeunes si on en juge par les enquêtes publiées par l’OFDT, ESPAD et ESCAPAD ; le nombre de consommateurs réguliers de cannabis a baissé sensiblement entre 2002 et 2007 dans les deux enquêtes.  Dans ESPAD : de 6,1% à 3,7% entre 2003 et 2007. En 2011, après quatre ans d’absence de campagne publique ciblée et du tout répressif, le taux est remonté à 8,1%. (lettre « Tendances » n°89 de novembre 2013, site www.ofdt.fr).

Ces constats renforcent ma conviction que ce n’est pas l’interdiction et la prohibition qui peuvent faire baisser l’usage, mais bien plutôt une meilleure prise en compte des modes de ces consommations, un dispositif sanitaire plus qu’un dispositif répressif inefficace. Les mesures préconisées par l’Académie de Médecine ne sont pas pertinentes, elles sont idéologiques et non pragmatiques. »

Didier Jayle

 * Slogan de la campagne cannabis de la MILDT/INPES en 2004

 

 

Drogués aux opiacés : trafics de Subutex (L’Express) et éclairages du Dr Lowenstein (SOS Addictions)

Bonjour

Depuis un siècle l’opiomanie moderne. Depuis 1996, en France,  le Subutex ou chlorydrate de bupénorphine.  Voilà ce qu’en dit le gouvernement. C’est un médicament « exclusivement réservé au traitement de substitution des pharmacodépendances majeures aux opiacés, dans le cadre d’un suivi médical et psycho-social, fondé sur un accord entre le patient et son médecin ». Ce traitement est « réservé aux adultes et enfants de plus de quinze  ans volontaires pour recevoir un traitement de substitution ». C’est un médicament dont la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait en 2011 que le service médical rendu restait « important ». Comme on peut le lire ici.

Condamnable

Il y a le Subutex dont la « mise sur le marché, de l’avis général a constitué une étape majeure dans la politique française de réduction des risques multiforme associés aux pharmacodépendances majeures aux opiacés. Et puis il y a les trafics au Subutex, aussi vieux que le Subutex lui-même. Un phénomène condamnable mais qui ne peut surprendre que ceux qui ne connaissent rien à la toxicomanie aux opiacés en particulier et à la toxicomanie en général. Les autorités sanitaires en sont parfaitement conscientes et  informées. Extrait de l’avis de la HAS de 2011 :

Mésusage

« Compte-tenu du mésusage et de l’usage détourné des spécialités à base de buprénorphine  dont le Subutex, ces médicaments bénéficient d’une surveillance renforcée à l’Afssaps. [voir ici].  Dans ce contexte l’Afssaps a élaboré une mise au point destinée aux professionnels de  santé sur l’initiation et le suivi du traitement substitutif par buprénorphine haut dosage afin  d’améliorer la prise en charge des patients et le bon usage de ces traitements. »

Jean-Marie,  ancien toxico anonyme

Il y a les trafics au Subutex et l’intérêt légitime que les médias peuvent leur porter. C’est un intérêt récurrent comme le montre, en quelques secondes, une banale recherche motrice sur la Toile. Exemple. Pour un peu ce serait un marronnier-santé. Le dernier article sur ce thème figure dans le dernier numéro du magazine L’Express. Article que l’on peut lire ici.  Il y est question pour l’essentiel d’un « trafic sur ordonnance » entre Paris et l’île Maurice. Et plus généralement de France vers d’autres pays. L’auteure de l’article cite Jean-Marie « un ancien toxico ». Il déclare : « Comment s’étonner qu’il y ait des trafics alors que la distribution du ? ‘’Sub’’ est si peu encadrée et si mal contrôlée ». ?  L’auteure cite aussi l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies qui appelle à la vigilance.

Dérives

« Même les défenseurs des toxicomanes comme Asud (Auto-support des usagers de drogues) s’inquiètent des dérives, ajoute L’Express. « Le « Sub » est devenu une drogue de rue qui a remplacé l’héroïne sur les trottoirs, avertit Fabrice Olivet, directeur de l’association et membre de la Commission des stupéfiants et psychotropes. Pour certains ados, il est à présent la porte d’entrée dans le monde des opiacés. » Une drogue propre, facile à obtenir et bon marché, mais dont l’association avec les benzodiazépines, ces médicaments utilisés contre l’anxiété, peut être mortelle’’. »

L’Express : « Les dealers font preuve d’une remarquable capacité d’adaptation et d’un solide sens de l’organisation, comme l’a montré l’enquête sur un vaste trafic de Subutex en région parisienne qu’a menée la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy. Dans les écoutes versées au dossier, ils évoquent dans leur jargon les « architectes » ou « ingénieurs » auxquels ils ont l’habitude de s’adresser afin de récupérer les « feuilles » ou « papiers » nécessaires pour s’approvisionner auprès des « boutiques » ou « magasins ». 

Pharmaciens complices

Traduction : un petit réseau de médecins complaisants leur délivre les ordonnances indispensables pour se ravitailler en Subutex chez des pharmaciens complices. Leur botte secrète, ce sont des centaines de cartes Vitale, de copies d’attestations de couverture maladie universelle ou d’aide médicale d’Etat, toutes usurpées ou volées, qui leur permettent d’obtenir des ordonnances établies au nom de centaines d’assurés différents. Ni vu ni connu.  25 personnes, trafiquants, médecins et pharmaciens, sont impliquées dans le dossier parisien, qui, à lui seul, aurait coûté 4 millions d’euros à l’Assurance-maladie. »

 Relecture

On peut en rester à cette lecture, troublante. On peut aussi demander une relecture à un professionnel des thérapeutiques aux addictions.

Voici celle du Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions

«  Cet article de l‘Express.fr ratisse large, ménage et accuse en même temps. Il ne structure ni autorise une réflexion de sante publique. C’est de l’express, corsé et approximatif, comme un mauvais petit jus au comptoir du bar du commerce journalistique.

Il manque notamment,  cruellement, les angles suivants :

– La France n’est pas la « racine du mal » mais bien un pays privilégié , un pays pilote pour les traitements substitutifs aux opiacés dont l’ Ile Maurice ferait bien de s’inspirer.

– La France (Cnam, Ansm & C°  est confrontée dans bien des domaines à bien des types d’escrocs  de type « médico-sécu- » induits : de l’urologue qui opère des tumeurs de vessie inexistantes, à l’orthopédiste qui pose des prothèses de hanches à tour de bras en passant pas des « ententes illicites » cent fois plus coûteuses pour la Sécu, et donc pour nous (affaire Lucentis/Avastin).

Cet article ne fait pas honneur au journalisme d’investigation et de réflexion en santé publique. Il est presqu’aussi mauvais que les reportages de M6, W9 & C° sur le sujet des « toxicomanies ».

Cet article est symptomatique de ce retard et obscurantisme, de ce mauvais ton « grand public » qui ne font que repousser dans les oubliettes de la frilosité politicienne des actions institutionnelles et sanitaires positives – des actions absolument nécessaires (que ce soit sur les nouveaux usages d’opiacés ou la précocité des consommations de cannabis).

Si nous ne voulons pas tomber dans une « impasse Front National » (poser de vraies problématiques et n’y répondre que par des cris primaires), sachons exiger des médias, des politiques et de l’Académie de Médecine (cf sa réunion du 25 mars 2014 sur le cannabis) des réponses structurées associant à une répression bien souvent contre-productive des stratégies clairement évaluables de prévention, de soin et de réduction des risques.

Et  développons dans le même temps une réflexion diplomatique et stratégique  sanitaire internationale pour aider l’Ile Maurice (et bien d’autres pays) à développer l’accès aux MSO (Methadone, Buprenorphine Haut dosage et association Buprenorphine/Naloxone). Cela participera au redressement de l’image de la France dans le monde. Incidemment cela nous fera perdre moins d’énergie et de temps dans une lutte douanière coûteuse en parcours humains et indigne d’une démocratie du XXIème siècle. »

A demain

 

Salles de shoot : l’attaque en piqué de l’Académie de pharmacie

Bonjour

Nous les avions oubliées. L’Académie de pharmacie ressort de ses ses tiroirs en palissandre  la bombe politique tricolore de la toxicomanie : les « salles de shoot ». Dans une démocratie normale il y aurait matière à  pimenter les élections municipales. A Paris bien sûr. Mais aussi à Bordeaux, Marseille et Lille. Sera-ce le cas avec ce chiffon rouge ?

Affaire de l’Observatoire

Les « salles de shoot » ou les « salles de consommation contrôlée de drogues ». C’est l’expression utilisée dans les beaux quartiers où l’on se fait une idée assez éthérée du sujet. Comme au 4 avenue de l’Observatoire ; c’est le siège de l’Académie nationale de pharmacie. Cette illustre compagnie a été fondée le 3 août 1803 sous le nom de Société de Pharmacie de Paris. Puis elle  a été reconnue d’utilité publique le 5 octobre 1877. Aujourd’hui 3 mars 2014 elle émet un avis remarquable : une nouvelle affaire de l’Observatoire, la science au service d’une idéologie.

Enterrement

C’est  un enterrement de première classe. Les académiciens pharmaceutiques expliquent avoir  « pris connaissance » du « projet ministériel d’expérimentation  de salles de consommation contrôlée de drogues ». Un projet que l’on pouvait croire déjà enterré. Ils ont confié le bébé à leur « Commission des Substances  vénéneuses et des Dopants » Avis adopté, avis émis. Avis qui vaut d’être livré in extenso.

Considérant :

 l’absence de garantie de qualité, d’identité et d’asepsie des produits injectés (« drogues de rue »),

 l’objectif qui est de venir en aide à ces patients et non d’entretenir leurs addictions,

 la non garantie d’éviter les contaminations par le VIH ou le VHC, la majorité des patients étant le plus souvent déjà contaminés,

 l’effet limité sur leur réinsertion dans le circuit sanitaire,

 l’absence de données concernant la responsabilité des médecins et des pouvoirs publics en cas de complication médicale ou d’actes délictueux commis sous l’emprise de la drogue injectée (accidents de la route, par exemple),

 l’absence de rigueur méthodologique et de critères d’évaluation de l’expérimentation envisagée,

 les rares études plutôt favorables à ce genre d’expérimentation concernant l’usage d’héroïne médicinale et non celui de « drogues de la rue » comme dans le cas présent,

 l’exemple de certains pays comme la Suède qui ont supprimé les salles d’injection en raison de leurs résultats peu convaincants,

 le nombre de centres de soins pour toxicomanes existant en France, avec 170 000 patients sous traitement substitutif,

 l’absence de concertation avec le monde médical et pharmaceutique à la recherche d’un consensus, l’Académie nationale de Pharmacie émet un avis défavorable à l’expérimentation de salles d’injection contrôlée de « drogues de rue » telle qu’elle est actuellement définie dans le projet, et demande, pour une plus grande sécurité des patients, un renforcement des moyens alloués aux centres de soins pour toxicomanes et aux unités d’addictologie.

Bachelot, Gaudin et Morano

Souvenons-nous un instant. Eté 2012 la gauche avait les pleins pouvoirs politiques. Mieux des municipalités de droite étaient partantes. Ce n’était qu’une affaire de semaines.  (« Salles de shoot : rien ne va plus, la balle est à gauche »). Dans un communiqué commun, Act Up-Paris, Aides, Médecins du Monde, Fédération Addiction, Gaïa, Réseau Réduction des risques, Sidaction et SOS drogue international, rappelaient qu’elles demandaient « l’ouverture de salles de consommation à moindre risque depuis de nombreuses années ». Ces mêmes associations rappellent que le principe des salles de shoot a reçu le soutien de personnalités de droite. Notamment Roselyne Bachelot, Jean-Claude Gaudin et Nadine Morano.  Elles rappellent aussi que tout, d’un point de vue médical est scientifique est connu grâce à travail (une « expertise collective ») remarquable et pragmatique de l’Inserm (1) .

Le 30 août 2012 Marisol Touraine prenait la parole : « Je travaille sur cette question depuis plusieurs semaines (…). Nous allons voir dans quelles conditions il est envisageable d’expérimenter de telles salles mais il faut que le travail se poursuive avec des élus, avec des associations concernées en particulier,  expliquait-elle  sur LCI. Pas de décision dans les jours qui viennent mais je pense que nous serons prêts assez rapidement. Nous avons des personnes qui se droguent dans des conditions sanitaires exécrables. Elles ne sont pas à même de retrouver le chemin du sevrage, d’être accompagnées. Il ne s’agit absolument pas d’ouvrir une espèce de supermarché de la drogue comme j’ai pu l’entendre. Nous regarderons les exemples qui existent, la manière dont ils peuvent être améliorés (…). Il ne s’agit pas de s’engager tête baissée dans un dispositif qui serait a priori défini pour toujours, il faut expérimenter le cas échéant avec des associations et des élus qui sont disposés à le faire »

Gestion calamiteuse

Tous les éléments étaient réunis pour que le pouvoir politique gère ce dossier de santé publique. Puis des atermoiements en cascade, des frayeurs auto-entretenues, des coups bas aussi. Une gestion calamiteuse (ou u inconscient collectif) faisait que l’affaire recevait un coup d’arrêt à l’automne 2013 par le Conseil d’Etat. La haute juridiction administrative recommandait alors au gouvernement d’obtenir la promulgation d’une loi spécifique. La ministre de la Santé  indiquait que le gouvernement présenterait un projet de loi pour « sécuriser juridiquement » le projet.

Puis Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) déclarait fin janvier qu’un « texte de loi » était bien en préparation. Une loi pour permettre d’ouvrir une salle de shoot près de la gare du Nord. Les deux candidates à la mairie ne semblent guère intéressées par le sujet. En parle-t-on à Marseille ? Qu’en dira SOS Addictions ?

Au temps de Sarkozy

Retour en arrière: en 2010, au temps de Nicolas Sarkozy,  Etienne Apaire, alors président de la Mildt, déclarait au Monde, peu après la publication du travail de l’Inserm: « En l’état actuel des connaissances, le gouvernement considère que les salles d’injection ne répondent pas vraiment à la demande d’un point de vue sanitaire. Elles semblent par ailleurs très coûteuses. En outre, elles amènent à penser que l’usage de drogue peut être admissible sous certaines conditions. (…) Il faut aussi tenir compte du contexte français par rapport aux pays comme la Suisse ou l’Allemagne, où des salles ont été créées. (…) Il me semble que ces salle  répondent moins à un objectif sanitaire qu’à un objectif social de lutte contre la marginalisation. C’est, selon nous, discutable sur le plan philosophique, puisque cela vise à accompagner, et non in fine à rompre avec la dépendance, alors que la France dispose d’un dispositif de soins performant. En outre, cacher dans des locaux des usagers pour assurer la tranquillité publique me paraît moralement indéfendable.»

Quatre ans plus tard les académiciens de l’Observatoire ne tiennent pas un autre discours. Le gouvernement est comme privé de mouvement.. Où est-elle passée la blanche gauche du temps jadis ?

A demain

1 Extrait : « Par ailleurs, des centres d’injection supervisés (CIS) ont été expérimentés dans plusieurs pays et ont fait leur preuve sur la réduction des risques liés à l’injection (injections dans l’espace public, abcès, partage de seringues, overdose mortelle…) et l’accès aux soins.

Le groupe d’experts recommande de renforcer les liens entre différents programmes (PES, TSO, CIS le cas échéant…) dans un dispositif cohérent. Le groupe d’experts recommande de mener une étude des besoins pour l’ouverture d’un CIS afin de définir les objectifs spécifiques de ce dispositif (diminuer les overdoses mortelles, diminuer le nombre d’abcès, attirer des injecteurs à haut risque pour les (re)mettre en contact avec des structures de traitement…). »

 «  La mise en place d’un CIS ne peut être envisagée que si ce dispositif répond à des besoins parfaitement identifiés tenant compte des évolutions de modalités d’usage de drogues qui peuvent varier d’un endroit à un autre : importance de l’injection en public, du nombre d’usagers de drogues par voie intraveineuse sans contact ou en rupture avec des structures de soin ; du nombre d’overdoses mortelles, des complications liées à l’acte d’injection (abcès). Ces centres, s’ils sont proposés, doivent être en mesure de couvrir ces besoins. Leur intégration dans un dispositif plus large, avec une bonne communication entre les services est également indispensable. Enfin, pour garantir un fonctionnement adéquat, leur implantation doit reposer sur un consensus entre tous les acteurs locaux : santé, police, autorités politiques et administratifs, population en général et voisinage immédiat, usagers eux-mêmes. Ceci demande une phase de préparation d’explication, et de communication compte tenu des représentations souvent négatives qui prévalent pour ce type de dispositif. Une évaluation de la phase d’implantation est un élément important du processus d’acceptation des CIS. »

Alcoolisations par « neknominations »: la Police nationale vous regarde et vous conseille

Bonjour,

C’est à peine croyable. Le 14 février dernier nous posions ici-même la question des alcoolisations massives par « neknomination » (« Neknominations : de quelles alcoolisations êtes-vous le nom ? ».

Or dès la veille la Police nationale nous répondait. Vous en doutez ? La preuve, datée, est ici – il suffit de cliquer. (Attention ! les clichés peuvent heurter). Pas The Minority Report, certes, mais presque.

Vigilance

Nous n’en sommes avertis qu’aujourd’hui et ce grâce à la vigilance du site MedscapeFrance (Stéphanie Lavaud). Que nous dit la police ? Ou plus précisément que la police dit-elle aux adolescent(e)s ? Ceci :

« Un nouveau jeu dangereux dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler débarque actuellement sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur Facebook : « Neknomination ». »

(On appréciera que les forces de police posent comme hypothèse que, concernant Facebook, elle puisse être en avance sur les plus jeunes).

Néologisme

L’idée ? Un participant poste une vidéo sur les réseaux sociaux, engloutit un verre (ou plus) d’alcool « cul-sec » et désigne une ou plusieurs personnes afin qu’elles en fassent de même.

Cette expression est issue du néologisme formé à partir de l’expression argotique « neck your drink », qui s’utilise pour inciter un tiers à boire de l’alcool d’un trait, et du mot « nomination ». »

(On appréciera ici que les forces de police placées sous la baguette du ministre Valls pallient l’action, ingrate, de celles placées sous la férule de celle du ministre Peillon).

Caméra

« Ce phénomène prend actuellement de l’ampleur en France, et beaucoup d’entre vous pourront nous dire que ce n’est pas de boire un verre d’alcool devant une caméra qui les tuera !

Sauf que cette tendance présente un danger bien plus insidieux qui s’inscrit sur le long terme. Les défis relevés par les jeunes « nominés » deviennent bien souvent de plus en plus recherchés, mais parfois dangereux pour leur santé.

Et c’est bien là tout le problème de cette petite mode, dont les dérives peuvent être nombreuses, entraînant au passage des comas éthyliques, voire la mort. »

(Même remarque que plus haut concernant cette fois Marisol Touraine, ministre de la Santé).

Futurs employeurs

Suivent quelques conseils simples formulés de manière à capter l’attention et le civisme des plus jeunes d’entre nous (noter la référence aux épidémies, à la stupidité et à l’intelligence – la référence également à la mémoire éternelle du web et celle à peine menaçante concernant les « futurs employeurs » (une seule voie : le salariat).  La référence, enfin, aux chemins innombrables de la créativité adolescente.

« – Face aux défis de vos amis, montrez que vous êtes bien plus intelligents que ça et ne vous laissez pas influencer par une stupide épidémie.

– Pensez à votre avenir également ! Vous n’avez certes aujourd’hui que 18 ou 20 ans, mais ces vidéos, postées en public sur internet, resteront des années, voire durant toute votre vie sur le web.

Que penseraient alors dans dix ans vos futurs employeurs face à de tels contenus ?

Conservez vos talents créatifs pour de bonnes causes ! »

Parents

Les parents ne sont pas oubliés : « Si votre enfant fait face à un problème lié à l’alcool, un site dédié vous aide à trouver les mots pour lui en parler : http://portail-sante-jeunes.fr/inpes-alcool.html    ou   http://jeunes.alcool-info-service.fr/  »

A demain

PS 1 : la Police nationale (qui incite à la délation des comportements illicites sur Internet) a-t-elle organisé une surveillance des entreprises actuelles de « neknominations » françaises ? Le ministère de l’Intérieur travaille-t-il ici en liaison étroite avec ceux de la Justice, de la Santé et de l’Education nationale ?

PS 2 : quelles sont ici les opinions des membres de SOS Addictions ?

Joints : la fumeuse se protège nettement moins

Bonjour,

Ecoutons un peu mieux les psys. Laurent Karila l’est. Addictologue à l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif) il vice-préside SOS Addictions. Il vient de réagir à une enquête centrée sur les étudiants(es) et leur(s) sexualité(s). C’est dans Le Parisien. Un quotidien qui ne nous laisse pas sur notre faim : il illustre son propos avec le cliché  magnétique et pré-décharné  (voir ici). Tous les psys vous en diront long sur de telles illustrations (et/ou sur les illustrateurs/trices). Renseignements pris (AFP) il s’agit de « Miley Cyrus fumant un joint aux MTV awards ». Myley Cyrus, 21 ans : sa vie son oeuvre. Myley Cyrus : (attention) son club.  

Partenaires

On trouvera l’enquête ici. Elle a été demandée par le réseau de mutuelles Emevia en partenariat avec l’Institut CSA (1). Elle conclut que des étudiantes « adeptes du cannabis » ont « davantage recours à la pilule du lendemain et à l’IVG ».  Les étudiantes qui fument modérément ou régulièrement du cannabis sont deux fois plus nombreuses à avoir recours à la pilule du lendemain (54,2 %) que les autres (23,6 %). Et elles sont quatre fois plus nombreuses à subir une interruption volontaire de grossesse : 5,6 %, contre 3 % pour la totalité des étudiantes interrogées et 2,7 % pour l’ensemble des 20-24 ans. On ne dit pas ce qu’il en est, au moment de l’acte, des états de conscience des partenaires. Ni ce qu’il en est des solitudes ultérieures. Où l’on voit, parité ou pas,  qu’en cas de complications  c’est la femme a omis de se protéger.

Cocaïne

« C’est un comportement addictif qui fait que les fumeuses de cannabis prennent plus de risques. Mais c’est valable pour toutes les drogues, précise Laurent Karila. Et plus encore, par exemple, pour la cocaïne très stimulante, qui entraîne plus de désinhibition et une envie forte de sexe, qui fait qu’on se protège moins.  Lors des consultations, nous faisons toujours passer un message de prévention et on invite nos patients à faire un dépistage des infections sexuellement transmissibles. »

Facebook

« Hélas, ajoute aussitôt Le Parisien. Un autre pan de l’étude santé des mutuelles révèle que les consultations pour un examen gynécologique des étudiantes sont en baisse en 2013. Elles ne sont plus que 48 % à avoir fait cette démarche, contre 52,1 % en 2011. Quant au dépistage, seulement 50 % des étudiants ayant déjà eu une relation sexuelle ont réalisé un test. D’une manière générale, « l’accès aux soins des étudiants s’est fortement aggravé en deux ans. Il est important de renforcer l’information sur ce sujet », souligne Emevia. Si le cannabis mène facilement au sexe (90,6 % des fumeurs de joints ont déjà eu des rapports sexuels, contre 73,8 % pour l’ensemble des étudiants interrogés), à l’inverse, les jeux vidéo et les réseaux sociaux entraînent une vie de moine : 44 % des joueurs n’ont jamais eu de rapports sexuels, et ce chiffre monte à 76 % pour ceux qui ont un compte Facebook ».

Hystériques

Au-delà du cannabis, la question soulevée est celle des modifications des états de conscience  et des « passages à l’acte ». Et de leur ritualisation. Est-ce bien nouveau ?  Nous avions pour notre part fait un constat similaire et chiffré lors d’un travail mené par des élèves de l’Ecole des hautes études de santé publique (Ehesp) de Rennes. Le cadre était alors celui des manifestations festives, collectives et (notamment) alcoolisées qui constituent un rituel étudiant de fin de semaine dans la vieille cité celte. Et les témoignages mâles récurrents ciblent les comportements caractéristiques (fréquemment qualifiés d’hystériques) des jeunes filles alcoolisées. Des témoignages aux considérations très généralement fort peu flatteuses. Ce qui ne semble en rien un élément de nature à freiner le caractère répétitif du rituel.

Idole

Miley dans Le Parisien avec un joint ? En 2008 le Los Angeles Times observait  que cette jeune fille alors âgée de 15 ans était  « comme une idole pour les préadolescents dans le monde entier ». Puis des photos jugées « plutôt intimes » de Miley Cyrus ont circulé sur Internet : des photos en bikini, en lingerie, sous la douche vêtue d’un simple chandail blanc mouillé. Miley a ensuite  expliqué que les scandales entourant ces photos l’ont aidée à mûrir et à s’affirmer. Puis d’autres photos. Puis 2013. Et une fortune estimée à 150 millions de dollars. Les préadolescents de 2008 ont-ils mûris ?

A demain

(1) Méthode d’enquête par voie postale, menée en partenariat avec l’institut CSA, du 10 janvier au 17 mars 2013, auprès de 60 000 étudiants. 6 134 questionnaires ont été retournés. 

Cannabis : le très cher Sativex® sera-t-il remboursé par notre collectivité ?

Sans doute. Mais à quel prix ? Le feuilleton du  Sativex ® commence dans une certaine confusion. On aimerait savoir qui est ici en charge de la pédagogie.

Il ne faudrait jamais donner la parole aux enfants. Ils sont terribles. Ecoutez ceci, c’est édifiant (une minute et trente-quatre secondes). C’était hier jeudi 9 janvier 2014 sur la station radiophonique RTL au terme d’une journée marquée par l’annonce de Marisol Touraine, ministre de la Santé : le cannabis thérapeutique avait (enfin) droit de cité dans les hôpitaux français (mémoire-blog 1 et mémoire-blog 2).

Une minute « de cours de récréation » aime à dire, sans cesse sous pression, l’animateur de l’émission, 44 ans.  C’est une minute artificielle qui en dit doublement long. D’abord sur les dégâts de la médiatisation des « sujets de société » d’une part. Ensuite sur ce qui ne se passe pas dans les salles de classe qui jouxtent les cours de récréation. On pourrait aussi, cannabis aidant, évoquer ce qui se passe (côté inhalation extérieure) devant les grilles des collèges et lycées français.

Ecrans-plats

Pour l’heure les confusions enfantines nous parlent de ce qui se peut se dire en famille. Sinon devant la table et ses plats, du moins devant les écrans-plats. On pourrait ici très justement parler de mélasse. Ou de confusion des esprits.

Cannabis-plaisir (la doxa médiatique préfère festif ) ? Cannabis-thérapeutique ? Tout l’enjeu (le piège, le plaisir)  est dans ce Janus addictif. On l’avait perçu dans le long feuilleton, plus politique que sanitaire, des salles de shoot ; feuilleton aujourd’hui stricto sensu en déshérence.

De Saint-Denis jusqu’à Paris

Ainsi donc le  Sativex ® est en France. A dire vrai il ne l’est pas encore. Marisol Touraine ne s’est félicitée publiquement que de l’autorisation qui a été donnée à son distributeur de le « mettre sur le marché ». Commence ainsi au grand jour un parcours généralement souterrain : celui qui mène de l’AMM à la possibilité de la prescription médicale. Les canalisations passent ici par Saint-Denis et par Paris. La source semble se situer derrière les murailles de la Haute Autorité de Santé. Elle emprunterait, assure-t-on en haut lieu, les sombres tuyauteries de la Commission de la Transparence. Une certitude topographique : les eaux s’égarent dans les catacombes des services médicaux rendus et dans ceux, plus obscurs et plus profonds encore, des améliorations supposées apportées à ceux susnommés.

Méta-colloque bien singulier

La plomberie officielle conduit ensuite vers le secret plombé : celui d’une Commission dont les membres fixent le prix que la collectivité des assurés remboursera au fabricant-distributeur. C’est la clé de voûte de l’ensemble. Le visiteur-citoyen regrettera qu’elle ne soit ni visible, ni même accessible – en dépit de ce pourrait laisser croire la Toile. Discussions chuchotées, pas de minutes des débats. Aux antipodes de l’Open Data.

Il faut bien comprendre que tout ne peut pas être révélé des tractations entre la puissance publique et Big Pharma. C’est une sorte de « méta-colloque » singulier qui n’a de sens que parce qu’il est protégé par le secret. Voulons-nous d’une société où les confessionnaux seraient équipés de micros ? Où les divans seraient ouverts à tous les vents ?

Ce sera 400 ou 800 euros ?

Dans quelques mois, un an, deux peut-être, le  Sativex ® aura « un prix ». Un prix que l’assurance-maladie (1) prendra en charge. Quel prix ? On ne dispose ici que de quelques indices. « Le prix public devrait être de 700 à 800 euros pour un mois de traitement. Un prix élevé mais que le fabricant justifiera sans doute par le fait que le patient retrouve une certaine autonomie, évitant ainsi la présence d’une assistance souvent coûteuse en auxiliaires de vie » écrivait hier sur son blog notre confrère Jean-Daniel Flaysakier.

Le même jour dans Le Monde, Christophe Vandeputte, le patron pour la France de la firme  Almirall qui commercialise le Sativex® : «  En moyenne en Europe, le traitement coûte entre 400 et 440 euros par an ». Il ajoute  que le médicament est remboursé dans la quasi-totalité des pays où il est autorisé. Ce qui demande à être analysé.

SOS Addictions

Reste aussi à connaître ce que sera le marché. L’Agence nationale de la sécurité du médicament  estime autour de 2 000 le nombre de personnes potentiellement concernées par les futures prescriptions. Almirall en perçoit quant à elle déjà  5 000. Puis viendront les extensions des indications. Du point de vue strictement thérapeutique le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions, en perçoit plusieurs, à commencer par d’autres maladies neurodégéneratives, le syndrome extrapyramidal résistant aux autres traitements, les nausées-vomissements et anorexie des chimiothérapies ou d’autres traitements lourds (comme ceux des traitements contre l’hépatite virale de type C, le glaucome (s’il existait une forme collyre) ou d’autres syndromes douloureux complexes dès lors qu’un avantage thérapeutique était démontré.

Le feuilleton Sativex® ne fait que commencer. Vous pouvez ouvrir vos portables.

(1) Le Pr Luc Barret vient d’être nommé « Médecin Conseil National de l’Assurance Maladie ». Il prend la suite à ce poste du Pr Hubert Allemand et se trouve de ce fait  placé auprès de Frédéric van Roekeghem, directeur général.

[Luc Barret, professeur des universités et praticien hospitalier, expert près la Cour d’Appel de Grenoble, était auparavant chef de service de médecine légale et d’addictologie du CHU de Grenoble depuis 1988 et Président de la commission médicale d’établissement (CME) depuis 2007. Il était également Secrétaire général du bureau de la Conférence des Présidents de CME de CHU. En tant que Médecin Conseil National, le Pr Barret est responsable d’élaborer la politique de l’Assurance Maladie dans le domaine médical et dans celui de la santé publique. Il contribue de plus à la gestion du service médical de l’Assurance Maladie et conseille la CNAMTS sur l’ensemble des sujets à caractère médical.]

Des salles de shoot et de l’indécence

Le Premier ministre est attaqué pour « incitation à la consommation de stupéfiants ». Sur le grill : le (futur) centre d’injection supervisé du Xème arrondissement.  Que fera le gouvernement ? La crise doit-elle conduire à ne plus soigner les toxicomanes tombés dans le ruisseau ? Qui dira où est, ici, la décence ? Faudrait-il encore redire que ces soins protègent, aussi, ceux qui tiennent le haut du pavé ?

C’était il y a un an. Jean-Marie Le Guen, médecin, député (socialiste) et adjoint au maire de Paris demandait au gouvernement (socialiste) d’autoriser la création de salles d’injection de drogue. Et il estimait que tous les arguments étaient réunis pour qu’un centre ouvre à Paris ville dont la municipalité est majoritairement socialiste. Cette mesure s’imposait notamment  selon lui du fait de l’augmentation de la consommation d’héroïne dans la capitale.

L’intérêt de François Hollande

Dans une interview accordée au Parisien il expliquait que François Hollande avait fait part pendant la campagne présidentielle « de son intérêt pour ce genre d’expérimentation ». « Je demande aujourd’hui que le gouvernement donne son accord pour la mise en œuvre de ces salles de consommation, déclarait-il haut et fort. Il est vraiment temps que le gouvernement donne son feu vert, en développant une politique plus ambitieuse de réduction des risques. » Un an après, pas de feu vert.

Qui oserait encore dire aujourd’hui, comme Le Dr Le Guen il y a un an :   « Je préfère que les gens lourdement précaires et toxicomanes consomment de la drogue dans des salles dédiées plutôt qu’ils se piquent dans une cage d’escalier ou dans la rue, comme c’est le cas actuellement. Et qu’ils soient entourés par des professionnels de santé, afin que l’on puisse garder un contact avec eux et les accompagner vers un sevrage. »

Il y a un an, à Paris, un petit groupe de volontaires disait être prêt à monter très rapidement une ou plusieurs de ces salles. Marseille, Toulouse et Saint-Denis étaient aussi des villes intéressées. Bordeaux également. Depuis plus rien ou presque. La crise ? Peut-être. La lassitude, sans doute.  Le Front national n’a plus à monter au créneau pour dénoncer la  position « délirante » de  ces militants. Il en va de même pour plusieurs responsables de l’UMP dont le député Jean-François Lamour et l’eurodéputée Rachida Dati.

Mauvaise foi

Act Up-Paris, Aides, Médecins du Monde, Fédération Addiction, Gaïa, Réseau Réduction des risques, Sidaction et SOS Addictions ne rappellent plus  qu’elles demandent « l’ouverture de salles de consommation à moindre risque (SCMR) depuis de nombreuses années ». Il faudrait être d’une assez grande mauvaise foi pour dire que depuis un quart de siècle les actions de réduction des risques n’ont pas fait leur preuve en matière de diminution de certains risques associés à la consommation de drogues (transmission du VIH, VHC, infections, abcès, overdose). Et il ne faudrait pas voir la réalité pour soutenir qu’une partie des toxicomanes (« usagers et usagères de drogues ») les plus précaires peuvent pleinement bénéficier de ces actions.

Il y a un an Marisol Touraine, ministre de la Santé annonçait une action assez rapide. Vers la fin octobre elle déclarait : « J’espère que des expérimentations pourront être annoncées avant la fin de l’année ». C’était   sur BFM TV. Sur Slate.fr le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions publiait une tribune qui sans pathos posait la question des politiques et de leurs responsabilités. On lira son texte ici.

Attaque annoncée dans Le Figaro

Et puis soudain aujourd’hui nouvelle attaque annoncée dans les colonnes du Figaro. Attaque émanant de celles et ceux qui ne veulent pas de ces salles – et surtout pas « près de chez eux ». Ce qui peut, aussi, se comprendre. C’est une attaque juridique. Elle vise tout particulièrement le projet d’une salle de shoot dans le Xe arrondissement de Paris ; un projet dont Libération vient de rapporter qu’il suscite certaines passions.

C’est  l’association Parents contre la drogue qui annonce la couleur : elle annonce qu’elle va  déposer des recours devant le Conseil d’État et le juge judiciaire. «Il existe une loi qui interdit l’usage de stupéfiants en France. Au nom de quoi le permet-on dans le Xe arrondissement? s’insurge dans Le Figaro Serge Lebigot  président de cette association de protection contre la toxicomanie qui semble très proche de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. On va attirer les dealers, créer une zone de non-droit et au final légaliser la drogue! ».

Boulevard de la Chapelle, près des voies ferrées

Le Conseil de Paris devrait, dit-on, autoriser en début de semaine prochaine le dépôt d’une demande de permis de construire au 39, boulevard de la Chapelle (Xe) sur un terrain appartenant à la SNCF et situé proche des voies derrière la gare du Nord. Me Guillaume Jeanson, avocat de l’association va déposer une plainte contre X (le Premier ministre et la ministre de la Santé) au tribunal de grande instance de Paris. « La même plainte sera déposée auprès de la Cour de justice de la République » annonce, bien informé sur ce sujet, Le Figaro.

Cette association va d’autre part présenter au Conseil d’État une requête en annulation pour excès de pouvoir contre le Premier ministre. Argument: la décision annoncée le 5 février par Jean-Marc Ayrault «suppose ni plus ni moins d’enfreindre directement ou indirectement les lois qui prohibent de la manière la plus absolue l’usage de stupéfiants». Et d’avancer une «décision manifestement illégale, procédant du fait accompli et du passage en force».

« Ni utiles, ni souhaitables »

Dans l’entourage de Jean-Marie Le Guen, toujours lui,  on indique que la mise en œuvre de cette salle devrait être rendue possible par une modification d’un décret datant de 2005 sur les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud). On évoque aussi une circulaire pénale, pour adapter le dispositif policier autour de la salle. Ce qui permettrait de faire l’économie d’un passage devant l’Assemblée nationale.

« Depuis mai 2010, les activistes de la drogue largement financé sur des fonds publics, réclament la création de salles d’injection en France, peut-on lire sur le site de Parents contre la drogue. Ces salles ne sont « ni utiles ni souhaitables » en France, car dans aucun pays elles n’ont montré leur efficacité.  A ce jour, aucun élément ne prouve qu’elles permettent de réduire les taux d’infection au VIH ou aux hépatites. » Ce qui est en contradiction avec la quasi-totalité des études épidémiologiques menées sur le sujet.

De la relativité du concept d’indécence

On peut aussi lire « Dans le contexte économique actuel, financer des salles de consommation de drogues avec l’argent des contribuables (chaque salle coûte environ un million par an) paraît indécent. »

Mais qui sait où est, ici, la décence ? Elle consiste, pour certains à considérer que ces « salles de consommation de drogues » sont des établissements de soins et les toxicomanes de grands malades dont la survie passe par ces structures. Cela peut être bien difficile à accepter mais c’est ainsi. La toxicomanie n’est pas un vice; c’est une maladie. Et cela est vrai pour toutes les toxicomanies. Ce n’est jamais facile à entendre. Mais c’est ainsi. Que des politiques l’entendent est une bénédiction – du moins si les bénédictions existent encore.

Dans ce paysage où la rédemption se fait rare  des contribuables « contre la drogue » ne redouteraient pas de laisser de facto, en France et en 2013, mourir des toxicomanes dans le caniveau? Cela peut être perçu comme le symptôme d’une assez grande indécence.