«De chaque instant» : l’AFP rend hommage à un film qui rend hommage aux soignants

Bonjour

C’est une dépêche éclairante de l’Agence France Presse (24/08/2018 07:40:22 – Paris AFP – © 2018 AFP). Une dépêche réconfortante dans un univers où les dépêches, sur le fil, ne le sont guère.

Le sujet : la sortie en salle, le 29 août du film du documentariste Nicolas Philibert : « De chaque instant » (Les Films du Losange). Avec Les formatrices, formateurs, étudiantes et étudiants en soins infirmiers de l’IFPS de la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon, Montreuil

« Chaque année, elles sont des dizaines de milliers à se lancer dans les études qui leur permettront de devenir infirmières. Admises au sein d’un « Institut de Formation en Soins Infirmiers », elles vont partager leur temps entre cours théoriques, exercices pratiques et stages sur le terrain. Un parcours intense et difficile, au cours duquel elles devront acquérir un grand nombre de connaissances, maîtriser de nombreux gestes techniques et se préparer à endosser de lourdes responsabilités. Ce film retrace les hauts et les bas d’un apprentissage qui va les confronter très tôt, souvent très jeunes, à la fragilité humaine, à la souffrance, la maladie, et aux fêlures des âmes et des corps. »

Ici la bande-annonce – grâce à Télérama.

Ce film suit un parcours et complète une œuvre : après un institut dédié aux enfants sourds (« Le pays des sourds », 1992) ou une petite école primaire auvergnate, (« Être et avoir« , 2002) Nicolas Philibert a posé sa caméra à Montreuil (Seine-Saint-Denis). L’AFP :

« Cours théoriques, travaux pratiques, immersion brutale des étudiants en stage: en filmant pendant près de six mois « l’apprentissage », le réalisateur entendait capturer les « soubassements » du métier d’infirmière, « mettre en lumière ce que le temps et l’expérience finissent par rendre imperceptibles ».

« Il révèle, notamment, la complexité des « soins ordinaires », gestes répétés à l’infini qui demandent précision, maîtrise et dextérité, mais aussi des savoirs indispensables, règles d’hygiène et protocoles de sécurité à apprendre par coeur. Il illustre avec force, surtout, l’épineuse mais essentielle mise en place d’une relation avec le patient, la douloureuse confrontation avec la maladie, la souffrance et la mort. »

Pourquoi ? Nicolas Philibert voulait ainsi « rendre hommage à ces personnels, habituellement dans l’ombre et souvent déconsidérés, qui travaillent dans des conditions difficiles » dans les hôpitaux et maisons de retraite en tension, « confrontés au manque de personnel, contraints de travailler à la chaîne » mais « qu’on entend très peu ».  Sauf, il est vrai, lorsque ces soignants se révoltent quand ils estiment ne plus disposer des conditions pour exercer leur métier. Un métier dans lequel certains perçoivent une vocation.

Embolie et Providence

Le documentariste explique que l’idée lui «tournait dans la tête ». « Puis la providence m’a envoyé faire des repérages » dit-il. L’AFP précise que le documentariste évoquant une embolie pulmonaire, qui après l’avoir conduit aux urgences, lui a donné le « déclic ».

Sans voix off, le film est construit en trois mouvements : la théorie, les stages hospitaliers et, au retour, les échanges avec les enseignants-formateurs.

« Certains ont accompagné des patients jusqu’à leur dernier souffle. D’autres ont écouté des récits douloureux, soutenu des familles. Plusieurs ont été confrontés aux problèmes de management voire de harcèlement « dont l’actualité fait souvent écho » » souligne encore l’AFP – cette même AFP qui sait ce qu’il en est de l’écho donné à ces luttes menées pour parvenir à soigner, à réparer les vivants.

L’occasion est ici fournie au documentariste, de pointer « l’écart entre les aspirations et le réel », quand les grands principes enseignés à l’école, notamment sur le plan humain, l’importance de l’écoute et de l’attention portée au patient, sont mis à mal ». « Il faut soigner nos soignants » conclut Nicolas Philibert. Sans pour autant sombrer dans le pathos : l’ « Hôpital-Entreprise » déshumanise, certes, mais son film « ouvre plein de fenêtres », « montrer le désir d’apprendre ». Le désir d’une jeunesse engagée, tournée vers les autres, sensible et multiculturelle. Merci.

A demain

« Tuer le cancer pour 486 euros » ? Le bon sens médical selon Patrizia Paterlini-Bréchot

Bonjour

Poursuivons notre contre-enquête 1 sur l’affaire de la commercialisation du nouveau test « anti-cancer »  ISET  et des assertions du sa créatrice, le Pr Patrizia Paterlini-Bréchot. Et poursuivons en dépit du silence plus que troublant de l’Institut National du Cancer. Tout se passe comme depuis plus d’un mois comme si les autorités sanitaires fermaient les yeux sur une pratique qui, en toute logique, se devrait, en France, d’être autrement régulée : la mise sur le marché d’un test de diagnostic biologique qui n’a nullement satisfait aux exigences d’efficacité (aucune demande auprès de la Haute Autorité de Santé n’a été formulée).

Un test mis au point grâce à un financement public ; un test facturé 486 euros l’unité (non remboursé par la Sécurité Sociale) par deux laboratoires privés français (l’un à Paris, l’autre à Nice) ; un test vanté par sa créatrice dans un ouvrage grand public qui fait l’objet d’une intense promotion dans de nombreux médias « grand public », à commencer par France Inter lors d’un échange à bien des égards ahurissant.

Dernière opération en date : Télérama (Vincent Rémy) « Cancer, on t’a repéré ! » :

« Filtrer le sang pour y détecter le tueur en série tant qu’il n’a pas encore frappé : c’est le combat de Patrizia Paterlini-Bréchot, hématologue et figure de proue de la médecine préventive. Patrizia Paterlini-Bréchot est une guerrière. Le titre de son livre, Tuer le cancer, donne le ton. Hématologue, chercheuse, professeur en biologie moléculaire à la faculté de médecine Necker-Enfants malades, elle traque depuis plusieurs décennies sans relâche ce « tueur de masse ». La mise au point par son équipe du test ISET, qui permet de détecter les cellules tumorales dans le sang avant même l’existence de métastases, révolutionne les perspectives thérapeutiques. Et pose de nouvelles questions éthiques et philosophiques au chercheur, au médecin et au malade. Les avancées futures de cette médecine préventive compenseront-elles l’angoisse née de ce nouveau savoir sur les dérèglements incessants de la vie ? »

 « Enorme espoir ! »

« Que faites-vous quand vous découvrez grâce à ce test une ou deux cellules tumorales ? » demande-t-on à Patrizia Paterlini-Bréchot :

« Si le patient à un cancer diagnostiqué, on sait qu’il y a 99,9% de chances que ces cellules viennent de ce cancer, qu’il est invasif, et qu’il faut donc l’attaquer très vite »

« Et s’il n’y a pas de cancer diagnostiqué ? »

« C’est un nouveau domaine de la médecine qui s’ouvre ! Et un espoir énorme. Car seuls les cancers très invasifs diffusent dans le sang, dès qu’ils sont petits, des cellules tumorales. Mais il nous faut encore du travail pour mettre au point un test qui détecterait de quel organe elles dérivent. Un an et demi de travail. Et beaucoup d’argent, pas loin de deux millions d’euros. Tous les droits d’auteur de mon livre seront consacrés à ce financement… »

 Patrizia Paterlini-Bréchot est préoccupée par le fait que cette « médecine prédictive » puisse être un « facteur d’angoisse ». C’est pourquoi elle estime qu’il faut que son test soit « usuel, fait dans le cadre d’une prise de sang ». « Le coût serait alors très bas » explique-t-elle. En toute hypothèse il ne pourrait être qu’inférieur à celui auquel il est facturé aujourd’hui.

Bon sens

 Télérama demande, prosaïquement, ce que peut aujourd’hui faire une personne avec le résultat de ce test. Réponse :

« La médecine est souvent guidée par le bon sens. Je trouve des cellules tumorales dans mon sang. Je fais une mammographie, une coloscopie. On ne trouve rien. Je fais un scanner complet. S’il n’y a pas encore de masse visible, je vais continuer à traquer le cancer dans les mois qui suivent sachant que j’arriverai de toute façon plus tôt que si je n’avais pas fait le test, et que je m’étais retrouvée avec des métastases partout. »

 Les responsables de l’INCa sont-ils abonnés à Télérama ? La question vaut pour tous ceux, nombreux, qui tentent d’élaborer des politiques de dépistage (du sein, de la prostate etc.) fondées sur une approche aussi rationnelle que possible. Elle vaut aussi pour ceux qui critiquent, souvent de manière acerbe, ces politiques. Elle vaut, enfin pour les sociétés savantes concernées. Le silence des autorités peut-il durer ? Nous reviendrons prochainement sur le sujet.

A demain

1 « ‘’Tuer le cancer’’ pour 486 euros : sur France Inter, l’affaire du Pr Paterlini-Bréchot » Journalisme et santé publique, 19 janvier 2017

2 « Peut-on « tuer le cancer pour 486 euros »? Interrogé l’INCA ne répond pas. Pourquoi ? » Journalisme et santé publique, 5 février 2017

Renaud, le chanteur : ses alcools et son tabac. Certains médias «croisent les doigts». Ou pas

 

Bonjour

Et maintenant ?  Depuis le début du mois d’octobre le chanteur Renaud s’est lancé dans une « tournée marathon ». Un marathon après neuf ans d’absence et des « excès en tout genre ». Une plongée en apnée qui n’a rien arrangé. Depuis quelques jours les critiques se font jour dans les médias. Les mêmes médias qui, hier encore, saluaient l’abstinence alcoolique du barde médiatique.  Ainsi Télérama :

« La voix ? Comme on l’imagine : cassée et souvent déraillante — mais avec force. Ce n’est pas nouveau : si Renaud n’a jamais eu une voix de ténor, cela fait au moins vingt ans qu’il l’a abîmée, et qu’il doit faire avec le peu qui lui reste. Pas de miracle donc de ce côté-là… sauf sur le medley final où, porté par l’entrain général et le rythme soutenu des chansons, il se remet presque à chanter bien. En tout cas : à chanter vraiment. Sur d’autres titres emblématiques — En cloqueMorgane de toi —, le public prend largement le relais et Renaud ne s’en plaint pas : ‘’Vous chantez bien mieux que moi’’»

« Le plus dur, c’est ça, c’est de grimper, de retrouver un peu plus qu’un semblant de voix, et sur Les Mots, basculer en soi » écrit bellement, dans Le Monde, l’inusable et épatant Francis Marmande

Luciano Pavarotti et eau minérale

Sa voix ?  « Je n’ai jamais été Pavarotti ! » s’est justifié Renaud dans une interview accordée à i>Télé. Je n’ai jamais chanté comme un cador, mais ça ne va pas trop mal malgré les critiques journalistiques pas très sympathiques… On critique ma voix, mais c’est ma voix de 64 ans. Je ne chante plus comme à 20 ans, c’est sûr ! »

Et puis voici Le Point (Marc Fourny) :

« Il faut dire que les litres de pastis et les deux paquets et demi de clopes quotidiens n’ont pas arrangé les choses quand Renaud, redevenu Renard, s’enfonçait dans la solitude et la déprime. Mais c’était hier, désormais le Phénix a changé ! Vraiment ? Il reconnaît qu’il continue à se griller quelques cigarettes, sans pour autant retomber dans une consommation excessive. Et il a récemment confessé s’offrir de temps en temps une petite bière, ou deux… ‘’Je n’ai pas signé pour être un saint, un moine, ou m’abstenir toute ma vie durant à l’eau minérale’’, a-t-il reconnu dans une interview, sur BFM TV. On croise les doigts… »

La tournée de Renaud comporte encore plus d’une centaine de dates jusqu’à l’été prochain, avec les grands festivals d’été. Environ 400 000 places ont d’ores et déjà été vendues. L’homme n’a pas signé « pour être un saint ». Pour autant la construction médiatique est là, qui a fait de Renaud un ressuscité de la maladie alcoolique, un Phénix. Les médias croisent-ils vraiment les doigts ?

A demain

« Guignols »: Claude Bartolone aimerait les sauver. Les rois possèdent-ils leurs fous ?

Bonjour

Claude Bartolone  est un responsable politique de haut rang : président de l’Assemblée nationale – en partance pour les régionales. Il était, le 2 juillet, l’invité d’honneur de France Info.  Il a parlé de la crise grecque, de la canicule et des malheurs qu’on lui fait quant à la gestion des comptes de son département de la Seine-Saint-Denis (à l’époque où il en présidait le conseil général).

Bartolone a aussi et surtout parlé des Guignols. La France caniculaire ne parle plus que de cela : des rumeurs qui annoncent la fin de la diffusion des Guignols sur Canal+ – et, peut-être, de leur arrivée sur France  Télévisions. Et le président de l’Assemblée nationale a déclaré ceci :

« Dans tous les cas, il faut sauver [Les Guignols]. Il faut les sauver. Il y a toujours eu de tout temps, dans tous les régimes, c’est le fou du roi. Aujourd’hui ce côté acide qui quelquefois nous amène à mal réagir quand on se sent la cible des Guignols aère l’actualité et la manière de traiter la politique. » (1)

Ce sont là des phrases qui méritent d’être commentées.

I « Il faut les sauver ».

Bartolone ne donne pas le mode d’emploi. Ces marionnettes sont, semble-t-il, la propriété de Vincent Bolloré, propriétaire de Canal +. Or on dit que M. Bolloré n’en veut plus… Il est vrai que l’on dit tant de choses sur M. Bolloré… M. Bartolone ne pourra sauver les Guignols que si M. Bolloré veut les vendre. Et si l’argent correspondant peut être réuni. Le président de l’Assemblée nationale envisage-t-il une souscription publique ? Une nationalisation ?

II « Il y a toujours eu de tout temps, dans tous les régimes, c’est le fou du roi »

 C’est là une assertion qui mériterait la consultation d’historiens spécialistes de la royauté, de la folie et de l’humour réunis. Le fou  du roi était seul de son espèce et il ne semble pas avoir toujours existé, ni sous toutes les latitudes. Les dictatures soviétiques et le régime nazi ne semblent pas en avoir gardé la trace. Ce n’est qu’un exemple. Si le sujet l’intéresse M. Bartolone pourra se reporter à cette petite somme : « Le fou du roi : un hors-la-loi d’un genre particulier ». Il est signé de Tatjana Silec.

 Mme Silec est l’auteure d’une thèse soutenue à la Sorbonne en 2008 : « Le fou et son roi dans la littérature anglaise de Beowulf à King Lear ». Résumé :

« Ce travail étudie les visages du fou du roi dans une perspective diachronique qui va des triomphes de l’empire romain jusqu’à l’époque contemporaine, en accordant une importance plus particulière aux huit siècles qui séparent Beowulf de King Lear.

Les oeuvres du corpus sont examinées sous trois angles principaux : anthropologique, philologique et stylistique, de manière à dégager ce qui fait l’originalité de la figure du fou de cour, à savoir ses qualités de révélateur des codes et des valeurs auxquelles les hommes devaient se conformer pour faire partie intégrante de leur communauté.

Les mutations qui ont affecté la société occidentale, et plus spécialement la société anglaise, depuis la période anglo-saxonne jusqu’à celle de la Renaissance, expliquent que le personnage étudié ait pu prendre des apparences aussi diverses que celles du Green Man, de l’insipiens, du fou innocent, du berserk ou encore du bouffon simulateur, tout en restant le catalyseur par excellence des peurs et des espoirs de ses contemporains. »

Cette analyse peut être rapprochée du dernier propos de M. Bartolone :

 III « Aujourd’hui ce côté acide qui quelquefois nous amène à mal réagir quand on se sent la cible des Guignols aère l’actualité et la manière de traiter la politique »

Aérer l’actualité ? Traiter la politique ? Il faut ici savoir que le président de l’Assemblée nationale « regrette » de ne pas avoir sa marionnette. « C’est que je ne suis pas assez installé dans le paysage politique » dit-il. On peut y voir une forme d’humour.

Claude Bartolone n’est pas le seul politique à pleurer la fin annoncée des Guignols. C’est une situation assez cocasse que de voir Gendarme applaudir Guignol. Le cercle des enfants applaudit à grands cris. Non moins sérieusement une question se pose : en décidant d’en vanter les mérites les responsables politiques  sauvent-ils la satire politique  lorsque cette dernière est en danger ? Choisissent-ils, au contraire, consciemment ou pas, de l’asphyxier ?

La question vaut pour Charlie Hebdo.

A demain

(1) M. Bolloré a entendu la supplique de M. Bartolone: lors d’un comité d’entreprise de Vivendi, vendredi 3 juillet, le président de Vivendi a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de supprimer « Les Guignols », selon une source proche du dossier, confirmant une information de Télérama. Du côté de Vivendi, on répète depuis hier que la fin de l’émission n’est pas une question qui a été abordée en tant que telle, mais comme un élément de Canal+, que le groupe assume de vouloir faire évoluer fortement.

Michel Houellebecq : un journaliste insoumis aurait triché. Flammarion saura-t-il le retrouver ?

Bonjour

Du Houellebecq tout craché…  Annoncé urbi et orbi comme l’événement littéraire incontournable des premiers jours de l’année 2015, « Soumission » est le sixième roman d’un auteur devenu culte à son corps défendant. Il est aussi le premier à pouvoir être lu gratis via la Toile. On n’attendra donc pas l’aube du 7 janvier pour pouvoir le déguster. L’éditeur Flammarion enrage. On peut le comprendre.  « Nous avons pris acte de la situation et notre service juridique s’occupe du problème », a précisé la maison d’édition sans faire plus de commentaires.

Service de presse

Que dire de plus ? Que selon des informations de presse, la version du roman qui circule depuis quelques jours sur le web vient probablement d’un exemplaire adressé gratuitement (en service de presse,  par coursier pour faire de la publicité en amont) et qui aurait été scanné. Un jeu d’épreuves « non définitives » du livre avait été distribué à la mi-décembre à quelques journalistes. Flammarion sait lesquels. Nous donnera-t-il la liste de ces privilégiés ? Ces précieux exemplaires ont-ils été « marqués » comme le sont, dit-on, les flacons de Cristal Roederer ou les reliques de la Romanée-Conti (à briser après usage) ? On espère que oui. Pour connaître cet insoumis. A supposer, bien sûr, qu’il ne s’agit pas de l’auteur, suicidaire.

Révélation dans un blog

« Selon le blog Aldus, consacré à l’actualité de l’édition numérique et qui a révélé l’information [lire ici] , le piratage avant la sortie est une « première » en matière de livre numérique, souligne l’Agence France Presse. Le piratage de best-sellers après parution est, en revanche, très fréquent. »

A quelques jours de sa sortie en librairies, « Soumission », suscite déjà la polémique. Nous en avons pour notre part déjà parlé en indiquant qu’il fallait ici prendre toutes ses précautions (mais sans jamais avoir reçu de jeu d’épreuves).  Nous avons ici ou là lu des critiques qui ne laissaient aucun doute sur le fait que leurs signataires avaient été des destinataires. Comme Alain Finkelkraut dans le Journal du Dimanche (lire gratuitement ici) –propos recueillis par Marie-Laure Delorme). Extraits :

« Soumission est, avant tout, le roman d’un excellent écrivain.

Michel Houellebecq a le génie du détail signifiant. Il met en italique les expressions d’époque et, tout en nous racontant une histoire singulière, avec des personnages très incarnés, il nous convie à un dévoilement du monde. Il mêle avec un art consommé le concret et l’abstrait, le narratif et le philosophique. Sa force comique vient du fait qu’au lieu d’être prisonnier de l’esprit du temps ou de le combattre, il le regarde de l’extérieur. Son impassibilité est absolument irrésistible.

On rit beaucoup à la lecture de Soumission.

J’ai ri sans cesse mais le rire que suscite Houellebecq n’est pas celui des humoristes modernes, dont Raymond Queneau disait déjà qu’ils tendent « à tout déprécier, à tout abaisser, car ils ne peuvent tolérer qu’il puisse exister parfois quelque grandeur ». J’ai ri, par exemple, à sa comparaison entre les femmes d’Orient et celles d’Occident : « Vêtues pendant la journée d’impénétrables burqas noires, les riches Saoudiennes se transformaient le soir en oiseaux de paradis, se paraient de guêpières, de soutiens-gorge ajourés, de strings ornés de dentelles multicolores et de pierreries ; exactement l’inverse des Occidentales, classe et sexy pendant la journée parce que leur statut social était en jeu, qui s’affaissaient le soir en rentrant chez elles, abdiquant avec épuisement toute perspective de séduction, revêtant des tenues décontractées et informes. »

Michel Houellebecq, lecteur de Pascal, doit-il à sa formation scientifique de regarder l’agitation des hommes sans aucun pathos?

Vous avez sans doute raison et je n’oublie pas non plus l’admiration de Michel Houellebecq pour un philosophe aussi systématique qu’Auguste Comte. Mais je le comparerais à d’autres romanciers. Josyane Savigneau dit partout que Pastorale américaine, roman bouleversant, c’est « Philip Roth pour les nuls » car il s’agit d’un roman réaliste. Elle le dit même à Philip Roth qui répond, effaré, qu’il n’a jamais écrit que des romans réalistes. De même Michel Houellebecq. Ce qui l’intéresse, c’est le réel dans sa totalité. La littérature est pour lui un instrument de connaissance et je ne l’imagine pas parler de l’importance dans sa vie de l' »écriture ». Michel Houellebecq n’est pas de ceux qui écrivent sans complément d’objet. Il écrit des romans et des poèmes et, à chaque fois, il vise par les mots la vérité des choses.

Il dit dans Soumission qu’un livre qu’on aime, c’est un livre dont on aime l’auteur.

Pour moi, penser, c’est vivre avec des auteurs et tenir leurs livres sans cesse ouverts devant moi. Barthes parlait de la lecture de Proust comme d’une consultation biblique. Je ne peux pas vivre et réfléchir sans Péguy, Kundera, Levinas, Hannah Arendt, Vassili Grossman. Et d’ailleurs, une fois terminé Soumission, j’ai commandé En ménage, de Huysmans, ce roman sur le bonheur tiède des vieux couples. Cette tiédeur m’a été épargnée, mais le sujet me passionne et je regrette qu’il soit trop tard pour intégrer Huysmans à Et si l’amour durait. Houellebecq sait nous rendre cet auteur oublié infiniment présent. »

Libération

Il faut aussi compter avec Luc le Vaillant, dans Libération qu’il ose titrer  « Tomber sur un Houelle(bec)q » – article réservé aux abonnés. Extrait :

« (…) Plus intéressante est la manière dont Houellebecq est perçu comme le sismographe de l’époque, le révélateur ultrasensible du moment, le jongleur en boules de cristal fêlé. Un de ses collègues en écriture [il pourrait s’agir d’Emmanuel Carrère s’exprimant dans Télérama ndlr] voit en lui le «contemporain essentiel». On a les idoles qu’on peut. Autant m’amuse le personnage Houellebecq, ses allures de vieille reine aztèque des sans-dents, ses mines de momie aux cheveux empaillés, sa cigarette tenue éveillée entre l’index et le médius, autant le vénérer en décrypteur maximal du climax ambiant me semble de la dernière bêtise. Ou alors, c’est que vraiment rien ne va et que c’est la vivisection des derniers héros qu’on célèbre via ce zombi aussi attachant qu’inutile. Rendez-moi plutôt Sartre [co-fondateur de Libération] et sa métaphysique à gitane maïs, son stalinisme qui refusa le prix Nobel, son gauchisme d’une bienveillance grandiose pour les causes les plus adolescentes.(…) »

Rappels

Rappelons, à ceux qui n’ont (toujours) pas Internet que dans cette politique-fiction, l’auteur des Particules élémentaires, l’un des écrivains français les plus lus à l’étranger, dresse le portrait d’une France dirigée par un parti musulman en 2022. Que le titre se réfère à la traduction du mot « Islam » qui signifie allégeance [à Dieu]. Que l’histoire débute à la fin du second mandat de François Hollande, dans une France fracturée où le Front National (FN, extrême droite) est aux portes du pouvoir et la rue en ébullition. Que La Fraternité musulmane (parti inventé par l’auteur) bat la présidente du FN, Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle grâce à une alliance avec le parti socialiste (PS, gauche), l’Union pour un mouvement populaire (UMP, droite) et l’Union des démocrates et indépendants (UDI, centre).

« Soumission ». Libre (mais interdit) sur la Toile. Dans toutes les librairies à compter du 7 janvier 2015. 19,95 euros

A demain

« Soumission », le nouveau Houellebecq, bientôt en librairie : prenez toutes vos précautions …

Bonjour

Y a-t-il des gouttes de Céline dans l’encre de Houellebecq ? Ce Céline dont Philippe Lançon nous parlait il y a quelques jours (dans Libération) pour nous conseiller de ne pas aller l’entendre rue de Clichy (1) :

Faire peuple

« Céline  fait peuple, mais c’est une illusion. N’importe lequel des entretiens télé qu’il a donné avant sa mort, en 1961, faisait sentir ce qu’il y avait en lui d’aristochat, mi-manipulateur mi-cabotin : c’est le teigneux Mozart-sur-Seine, très chic en ses haillons. Comment faire entendre son éclatante et coupante petite dentelle ? Faut-il le sous-jouer, le surjouer ? En faire un prince ou un bouffon ? Saint-Simon des Gonesses ou gnome en last exit des enfers ? Ou les deux ? (…)

Céline est un épistolier incontinent. Il a sans doute écrit plus de 10 000 lettres, on en découvre toujours d’inédites. Ce sont les documents d’une vie, un numéro d’artiste, une arme tactique d’écrivain, les jets de merde d’un sale type et, dans l’après-guerre, tandis que l’ancien collabo antisémite lutte au Danemark pour ne pas être extradé puis pour revenir en grâce prophétique dans les lettres françaises, d’excellents outils de survie et de reconquête. Le miracle musical est que, des années 30 à la fin, le ton tient tout, à tous moments, sans couac ni baisse de tension. La petite musique de nuit coule à jet continu. (…) dans ses lettres, Céline ne cesse de rabâcher ses idées, en particulier sur son style, «transposition» écrite, à l’oreille et au trébuchet, toujours subtilement décalée du langage parlé qu’elle métamorphose et théâtralise. »

Chic en haillons

2014 : Le Dr Destouches, dit Céline, continue à faire parler de lui. Comme il y a quelques jours lorsque l’on découvrit (à Genève et avec quatre-vingt dix ans de retard) qu’il avait été censuré par La Presse Médicale

2015 : Michel Thomas, dit Houellebecq  fait  hagard, perdu, déboussolé et comme alcoolisé, mais c’est une illusion. N’importe lequel des entretiens télé qu’il donne avant sa mort fait sentir ce qu’il y a en lui d’aristochat, mi-manipulateur mi-cabotin  Moins Mozart-sur-Seine, certes, que le Céline de Lançon ; mais néanmoins très chic en ses haillons.

Petite musique…

Son prochain exploit est attendu pour le 7 janvier en librairie, chez Flammarion. Et bien évidemment le secret n’a pas été gardé (2). On attend sa petite musique…

« Soumission ». Ainsi donc nous sommes en France – et dans la France de 2022. A l’issue du second mandat présidentiel de François Hollande, ce pays est au bord de la guerre civile. Mohammed Ben Abbès, président de la Fraternité musulmane, est élu président au second tour face à Marine Le Pen, grâce au ralliement de l’UMP et du PS. Dans la foulée, François Bayrou est nommé premier ministre. L’université où travaille le narrateur est rebaptisée « Université islamique de Paris-Sorbonne ». Les deux forces politiques jadis majoritaires ont négocié un accord de gouvernement avec la Fraternité musulmane. Au prix de deux mesures phares : l’islamisation de l’éducation nationale et l’autorisation de la polygamie.

Ombre portée

« Soumission ». Avec, comme toujours, l’ombre portée de Houellebecq, soit François (un professeur d’université dépressif).

« Il ne faut pas lire Houellebecq au premier degré, rappelle l’universitaire Bruno Viard dans un entretien qu’il a accordé à l’AFP (Myriam Chaplain Riou). C’est un auteur très habile et malicieux qui nous envoie tout le temps des balles liftées. » Bruno Viard est professeur de littérature à l’Université de Provence. Il estime d’une manière générale que nous ne savons pas lire Houellebecq. Céline n’est pas très loin.

Voici cet entretien :

« Houellebecq est-il seulement un provocateur, n’est-ce pas réducteur ?

Il est certain qu’il existe un côté provocateur et cynique chez Michel Houellebecq. Mais il ne faut pas le lire au premier degré. On aurait tort de s’en tenir à cela. Il s’intéresse en réalité à l’ensemble des problèmes de ce qu’on peut appeler la post-modernité. Il n’avait guère abordé le thème politique jusqu’à présent, mais chez lui, tout se tient. C’est peut-être parce que la politique n’a plus rien à nous dire et que l’école et l’université ont renoncé à éduquer que les partis extrêmes l’emportent. L’oeuvre de Houellebecq est hantée par l’idée de décomposition. Il semble qu’il nous en offre ici une nouvelle version.

Il pratique beaucoup l’ironie: ce qu’il décrit et fait dire à ses personnages, c’est souvent, mais pas toujours, ce qu’il déteste le plus. Ainsi, le libéralisme sexuel (au centre de Plateforme ), il déteste, il est très attaché à l’amour romantique. C’est un conservateur dans le domaine des mœurs. Chaque mot doit bien être interprété selon son contexte.

Qu’est-ce que le thème de « Soumission » peut révéler des idées politiques de Houellebecq ?

La première chose qui me frappe dans la présentation de son nouveau roman, c’est le choix qui est laissé aux électeurs entre le FN et l’Islam. Ce qui importe, ce n’est pas seulement ce qu’on voit, c’est aussi ce qu’on ne voit pas… Où sont donc passés les partis politiques traditionnels ? Leur décadence serait-elle si importante qu’ils ont été éliminés au premier tour ? Houellebecq avait déjà décrit la décadence de la famille au profit d’un libéralisme sexuel effréné et la décadence de l’industrie française au profit d’un tourisme stéréotypé. Voici qu’il semble s’attaquer à la décadence politique. Je rappelle que Houellebecq est un antilibéral en économie comme en morale: il penche donc vers un socialisme à la française, c’est-à-dire non-marxiste.

Quelle est la place de la religion dans son œuvre ?

En réalité, la question religieuse est présente depuis le début dans l’œuvre  de Houellebecq. Il est hanté par le spectre de la disparition de la religion. Houellebecq ne croit pas en Dieu. Mais il affirme qu’aucune société ne peut survivre sans religion sous peine de suicide car, avec la famille, la religion répond à une nécessité sociologique essentielle qui est de relier les hommes et de donner un sens à leur existence. D’où son désespoir: l’idée d’un grand vide…

C’est la raison pour laquelle il s’est tellement intéressé aux religions sans Dieu transcendant que Pierre Leroux ou Auguste Comte avaient espérées au XIXe siècle. Il faut relire  Les Particules élémentaires  pour voir cela et certaines parties de La Carte et le Territoire. J’ignore les raisons de l’hostilité à l’Islam qui semblent lui être personnelles, mais il a plusieurs fois affirmé son hostilité à tout monothéisme. Dans cette perspective, l’Islam est la religion la plus transcendante. Plus les hommes imagineront un Dieu qui est absolu, plus tyrannique sera sa loi. D’où sans doute le titre,  Soumission. »

Des balles liftées, Houllebecq ? Des balles à blanc ?

A demain

(1) « Faire danser les alligators sur la flûte de Pan » d’après Céline. Théâtre de l’ Œuvre,  55, rue de Clichy, 75 009 Paris

(2 ) Télérama : « L’intrigue se focalise sur la vie et les pensées de François, le narrateur du roman, un universitaire spécialiste de Huysmans et des écrivains décadents de la fin du XIXe siècle, personnage houellebecquien en diable, à l’existence sans but, dépressif, désenchanté, nihiliste (…) Toujours le regard de Michel Houellebecq est féroce, implacable, éventuellement outré, voire provocant. Mais lui en faire le reproche, c’est un peu se conduire comme l’idiot qui, lorsqu’on lui désigne la lune, se contente de regarder le doigt… (…) Michel Houellebecq est, sans doute, notre « contemporain capital » : c’est un autre contemporain essentiel, Emmanuel Carrère, qui nous le disait il y a quatre ans, alors que La Carte et le Territoire (2010) s’apprêtait à recevoir le prix Goncourt : « Honnêtement, nous qui en France écrivons des livres, nous étions plus tranquilles avant que Houellebecq n’arrive. Le rôle de « contemporain capital » était vacant depuis Sartre (…) : il l’occupe, il prend beaucoup, de place, mais je trouve pour ma part cette place méritée »expliquait alors Emmanuel Carrère.

La critique de Soumission paraîtra dans Télérama le 7 janvier 2015.

Gérard Depardieu n’est plus alcoolique : voici comment, voici pourquoi

Bonjour

Il faut, parfois, lireTélérama. A la veille de Cannes et du film qui fait scandale (1) Gérard Depardieu accorde un entretien au magazine (n°3356) de la télévision. « Depardieu parle » titre Télérama . Les propos sont recueillis par Fabienne Pascaud (directrice de la rédaction) qui est allée jusqu’à rencontrer l’ogre en sa caverne de la rue parisienne du Cherche-Midi.

Fabienne Pascaud tente le tout pour le tout : interroger l’ogre sur la fameuse question des petits enfants. « Pourquoi les comédiens boivent-ils tant ? » demande-t-elle. « Parce qu’ils sont fragiles, répond Gérard. Ça commence par un whisky à 5 heures pour se donner le courage de jouer le soir. C’est presque un médicament. Ça rallume la chaudière. Mais ça amène au mensonge. Peu à peu les alcooliques se cachent, ils ont honte. C’est pour ça que je ne suis pas un alcoolique, je ne me cache jamais. »

« Excès de vie »

Les spécialistes du déni apprécieront le syllogisme, ici poussé à la perfection. La rédactrice en chef ne relance pas l’ours pris la main dans le pot de miel. D’ailleurs l’ours enchaîne. « Si je bois – j’ai arrêté depuis cinq mois – c’est par excès de vie. Je suis une nature comme on dit. Un peu con parfois… Il m’est arrivé de tenir à peine debout pendant les représentations de La Bête dans la jungle avec Fanny Ardant ; même l’oreillette que je devais porter pour être capable de dire mon texte tombait par terre … Dans Le Tartuffe aussi, monté par Jacques Lassalle, avec François Périer.»

Fernet-Branca

Suit une histoire assez peu confraternelle où il est question de Fernet-Branca et de lotion pour les cheveux. « Un soir j’étais si ivre que lors de la scène de séduction avec Elmire, c’est elle, Elisabeth Depardieu, qui a dû me souffler chaque mot de ma déclaration d’amour. Finalement ça donner une certaine perversité à la scène… »

La directrice ne relance pas. Point n’est besoin. «  Mais trop boire tue peu à peu le côté festif de la chose, ça isole, renferme sur soi, sur ses douleurs narcissiques. Et ça marque, ça fatigue. Pourtant Marguerite Duras m’a souvent avoué qu’elle regrettait de ne plus boire. »

Rebouteuse

On raconte que Sylvio Berlusconi, dans l’intérêt général de l’Italie, passe du temps avec des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Un jour peut-être verra-t-on parler à des fins thérapeutiques sous l’égide de SOS Addictions. On bavardera alors, peut-être, autour de quelques ombres. Celles de Châteauroux  (avant et après l’arrivée de Jean et Sophie Bardet). Celle, bretonnante, de Jean Carmet.  Celles des deux grand-mères berrichonnes un peu sorcières, l’une rebouteuse, l’autre panseuse de plaies « qui lui ont sûrement passé quelque chose ».

« En vérité »

Puis l’heure viendra de la vodka, de l’âme slave.  Aujourd’hui l’ours en son gîte de la rue du Cherche-Midi confie à quel point il aime la Russie : « J’aime sa folie, sa violence, ses paradoxes. « Ivan le Terrible tue son fils parce qu’il n’a pas aimé la manière dont s’est habillée sa belle fille. » Gérard, terrible : « J’ai tout fait pour revenir Guillaume de Roumanie où il était hospitalisé. Vainement. Là-bas on lui a même volé la prothèse de sa jambe. Non la mort n’est plus un mystère. A la manière de saint Augustin je m’interroge davantage sur cette manière qu’avait le Christ de répéter ‘’en vérité’’. ‘’En vérité, en vérité, je vous le dis.’’ Y a-t-il une autre vérité dans la vérité ? Et quelle est-elle ?  Et qu’est-ce qu’on fait de la vérité ? Quand il n’y a pas de réponse il faut trouver la force d’attendre. »

« A Moscou on dit que je ressemble à Tosltoï. » Et à Châteauroux, Gérard, que dit-on de toi ? De ton trop plein de vie ? De ton arrêt depuis cinq mois ? Cinq mois, déjà.

 

A demain

(1)     Welcome to New York, d’Abel Ferrara. Dans ce film Gérard Depardieu joue le rôle  de Devereaux chez qui certains distingueront DSK. Obsessionnels ou pas les cinéphiles ne manqueront pas de faire un lien avec le célèbre André Devereaux de L’Etau d’Hitchcock sorti en 1969.