Bonjour
La virulence grandit et situation se complique. Pour la première fois depuis la découverte, il y a un demi-siècle, du virus Zika une contamination sans autre contact que celui de la sueur et des larmes humaines vient été décrite. Tous les détails sont à lire dans une lettre publiée dans le New England Journal of Medicine. Elle est signée par une équipe dirigée par le Dr Sankar Swaminathan (University of Utah School of Medicine, Salt Lake City, Utah) : “Fatal Zika Virus Infection with Secondary Nonsexual Transmission”.
Au départ on trouve une personne âgée de 73 ans. Hypotension et douleurs abdominales, huit jours après son retour d’un voyage au Mexique dont il est originaire ; cancer prostatique, sous traitement hormonal ; tachycardie, dyspnée, conjonctivite érythémateuse. Le virus Zika est identifié, à un taux élevé et le séquençage permet de retrouver un génome équivalent pour 99.8% à celui d’une souche isolée sur un moustique présent il y a peu au Chiapas (Mexique). Ce malade mourra des conséquences de cette infection cinq jours après son admission.
Ni sang, ni sexe
On trouve ensuite un homme de 38 ans venu visiter le premier patient à l’hôpital. Une semaine après cette visite l’homme commence à souffrir d’une conjonctivite, de douleurs musculaires et d’un rash cutané. La batterie d’examens biologiques confirmera rapidement la présence de virus Zika dans les urines (sans ARN viral dans le sérum mais avec présence d’IgM anti -Zika).
On interroge ce second patient. Il affirme n’avoir eu aucun contact avec le sang du premier. Il l’avait en revanche aidé à se replacer dans le lit – et ce sans utiliser de gants. Et il se souvient lui avoir essuyé des larmes provenant d’un œil. Il n’avait pas voyagé dans un pays touché par l’épidémie. Et il affirme ne pas avoir eu de relation sexuelle avec une personne ayant séjourné dans une des zones où sévit l’épidémie.
Jean-Marie Le Pen, 1987
La sueur… les larmes… la transpiration… la salive… la lèpre…On s’inquiète. On se souvient de l’utilisation politique qui avait été faite, il y a trente ans en France, par Jean-Marie Le Pen : « L’heure de vérité, Antenne 2, Albert du Roy, 6 mai 1987 ». Les auteurs du New England Journal of Medicine rassurent : « La transmission de flavivirus à travers des muqueuses, ou une peau, intactes, est rare mais a été montrée dans des modèles animaux et dans au moins un cas humain ».
C’était, en septembre 2004, un travail de spécialistes américains (Harvard Medical School, Mount Auburn Hospital, Cambridge, Massachusetts). Ils avaient décrit un cas d’infection du virus de la dengue par voie cutanéomuqueuse : “Transmission of dengue virus without a mosquito vector: nosocomial mucocutaneous transmission and other routes of transmission”.
A demain