Rage : la vapeur de la cigarette électronique peut-elle la transmettre aux vapoteurs ?

Bonjour

Nouvelle publication scientifique sur la cigarette électronique. Nouvelles suppositions, nouvelles extrapolations, nouvelles interrogations, nouveaux conditionnels.  L’affaire est rapportée par le menu dans Le Quotidien du Médecin (Fabienne Rigal). Où l’on découvre que la vapeur des cigarettes électroniques « aiderait » les pneumocoques à adhérer aux cellules des voies aériennes supérieures. Un travail publié dans le  European Respiratory Journal : « E-cigarette vapour enhances pneumococcal adherence to airway epithelial cells ».

« Nous savions que la fumée de cigarette aide les pneumocoques à adhérer aux cellules des voies aériennes, augmentant le risque d’infection, et nous voulions voir si la vapeur de cigarette électronique avait le même effet », explique le Pr Jonathan Grigg (Centre for Genomics and Child Health, Blizard Institute, Queen Mary University of London, London) auteur principal.

« Les auteurs ont dans un premier temps observé les effets de la vapeur d’e-cigarette sur le récepteur du facteur activant les plaquettes (RFAP), une molécule produite par les cellules épithéliales nasales, et dont de précédentes études avaient montré qu’elle favorisait l’adhésion des pneumocoques à ces mêmes cellules, résume Le Quotidien.  Ils ont donc exposé des cellules nasales humaines à de la vapeur d’e-cigarette (contenant ou non de la nicotine), et les ont comparées à des cellules non exposées à ces vapeurs. Et ils ont constaté que les cellules exposées (que la vapeur contienne ou non de la nicotine) produisaient trois fois plus de RFAP que les cellules non exposées. »

Voies aériennes et système immunitaire

Suivent une série de manipulations savantes usant de pneumocoques, de souris et de volontaires humains : onze vapoteurs (dont un utilisait une cigarette électronique sans nicotine) et six sujets contrôle (ne fumant ni ne vapotant). Le Quotidien :

« Les niveaux de RFAP dans les voies aériennes supérieures ont été mesurés chez l’ensemble des sujets. Avant vapotage (pour le groupe test), les niveaux de RFAP étaient les mêmes dans les deux groupes. Une heure après vapotage, les niveaux de RFAP avaient triplé chez les vapoteurs. Le fait que les niveaux avant vapotage ne soient pas augmentés chez les vapoteurs semble signaler que l’augmentation de l’expression de RFAP n’est pas persistante dans le temps. »

« Ces résultats dans leur ensemble suggèrent que le vapotage rend les voies aériennes plus vulnérables aux pneumocoques,  conclut le Pr GriggSi un usager de cigarette électronique est exposé à la bactérie, cela pourrait augmenter son risque d’infection. » A quand l’essai clinique ?

On pourrait en rester là, ne pas citer tout ceci. Ce serait compter sans les reprises et, une nouvelle fois, un sans les mauvais coup portés à la réduction des risques. Ainsi, signalé par Sébastien Beziau (www.sovape.fr), ce papier de Top Santé : « Les seniors qui vapotent ont plus de risque de pneumonie ». A lire aussi, sur le même site : « La cigarette électronique affaiblit le système immunitaire ».

A demain

E-cigarette : elle nuirait au nez mais rajeunirait la fonction des poumons. Qui dit la vérité ?

 

Bonjour

Nouvelle attaque contre la cigarette électronique.  Cette fois c’est une publication de l’American Journal of Physiology : “E-cigarette use results in suppression of immune and inflammatory-response genes in nasal epithelial cells similar to cigarette smoke”. Publication que l’on peut retrouver ici, ou encore, vulgarisée, ici.

L’affaire commence à faire du bruit de ce côté-ci de l’Atlantique. « Vapoter des cigarettes électroniques ne serait pas sans conséquence pour la santé des poumons. Inhaler de la nicotine liquide modifierait le système immunitaire pulmonaire en altérant plus de gènes que la cigarette classique » résume-t-on sur le site de TopSanté. « Des toxicologues affirment que la e-cigarette modifie des gènes de l’immunité » annonce, en écho, Science et Avenir.

Cellules nasales

En substance un travail chercheurs universitaires américains mené sur 13 non-fumeurs, 14 fumeurs et 12 utilisateurs d’e-cigarette. Analyses sanguines et urinaires des niveaux de nicotine et de biomarqueurs témoins des  expositions au tabac. Trois semaines plus tard prélèvements d’échantillons cellulaires dans les voies nasales de chaque participant. Objectif : analyser l’expression de gènes impliqués dans les réponses immunitaires pulmonaires. Résultats : le tabac diminue l’expression de 53 gènes et la e-cigarette fait de même pour  l’expression de 305 gènes supplémentaires.

«La recherche suggère précisément que l’inhalation des liquides vaporisés via les e-cigarettes ne sont pas sans effets sur le niveau d’expression génique des cellules épithéliales. Cette inhalation entraînerait des modifications épigénétiques, c’est-à-dire d’expression des gènes et donc de production de protéines importantes pour la santé de nos cellules », explique le Pr Ilona Jaspers qui a dirigé ce travail.

« Cette étude a fait grand bruit depuis deux jours, nous a expliqué Jacques Le Houezec, président de Sovape.
Ses résultats doivent être relativisés par le fait qu’elle porte sur un petit nombre de sujets et que l’utilisation de la CE était relativement récente pour certains utilisateurs. De plus, et même si ces effets sont statistiquement significatifs, rien n’indique qu’ils aient un effet cliniquement significatif. »

Inserm absent

Jacques Le Houezec cite à l’inverse une étude longitudinale italienne 1 qui montre un effet bénéfique à long-terme (un an) de l’utilisation de la CE sur la fonction pulmonaire. « Même si cette étude est limitée dans son interprétation car réalisée à une époque où la CE utilisée était de première génération (cigalike) et que son efficacité pour aider les fumeurs à arrêter était limitée, il ressort que les fumeurs qui ont pu arrêter de fumer totalement, même s’ils ont continué d’utiliser la CE, ont vu leur fonction pulmonaire s’améliorer, sans événements indésirables notables » résume le président de Sovape.

Cette étude permet donc largement de relativiser une étude sur des cellules de la muqueuse nasale. Et ces deux études viennent, une fois de plus, mettre en lumière la tragique absence, sinon l’incurie, de la recherche publique et universitaire française sur un sujet de d’une telle importance en termes de réduction des risques.

A demain

1 “Changes in breathomics from a 1-year randomized smoking cessation trial of electronic cigarettes” Eur J Clin Invest. 2016 Jun 20. doi: 10.1111/eci.12651. [Epub ahead of print]

 

Comment la sublimation de la fonction intestinale se transforme en un succès mondial de librairie

Bonjour

« Cul par-dessus tête ». L’expression exprime assez bien ce qu’est en train de vivre le monde de l’édition  avec « Darm mit Charm ».Un ouvrage écrit par un futur médecin a-t-il jamais connu un tel succès international ? On joue ici dans la cour des grands Même le Dr Frédéric Saldman (« Prenez votre santé en main !» après « Le meilleur médicament c’est vous ») semble définitivement distancé.

 Tête de veau

Nous avions évoqué cet ouvrage avant l’été : « Intestins humains, passion allemande ». Soit un livre inattendu, déroutant, qui nous venait d’Allemagne. Son éditeur français, Actes Sud assurait qu’il s’était déjà vendu, outre-Rhin, «à plus d’un million d’exemplaires». Une auteure (Giulia Enders) qui était le charme même, vive, jeune, blonde, enjouée, bientôt docteure en médecine. Elle était la nouvelle star de la médecine et des médias allemands. Giulia Enders, 24 ans, nourrissait depuis longtemps un solide appétit pour les profondeurs intestinales humaines. Les siennes comme celles de ses prochains. Entendons-nous : un appétit sublimé, un appétit nourri de pédagogie, d’envie de faire comprendre pour mieux aider. L’inverse de l’horreur du Dr Knock et de ses gammes sur la chatouillis, le gratouillis et la tête de veau.

Journalisme et obésité

En Allemagne : Darm mit Charm. Dans l’espace francophone, cela a donné Le charme discret de l’intestin– clin d’œil au troublant chef-d’œuvre de Luis Buñuel millésimé 1972, Stéphane Audran et un repas sans cesse différé ? Il semble que non : plus simplement les hasards du journalisme et du savoir-faire de l’édition.

L’obésité, on le sait, menace le globe, et avec elle une épidémie d’anorexie-boulimie. Voilà qui peut justifier la passion contemporaine pour tout ce qui touche à la digestion et, au-delà, à l’ensemble des tissus et organes qui assurent cette fonction. Darm mit Charm s’emploie à nourrir cette passion. Il le fait en dépassant de beaucoup le seul organe qui en fait à la fois le titre et son charme. Que seraient les intestins sans ce qui les précède et les prolongent? Au-delà du titre, c’est du tout-digestif qu’il s’agit. Et, dans une démarche holistique, du contenant comme du contenu.

Tripes et boyaux

La future docteure Enders embrasse large, englobe le tube et sa fonction dans un grand voyage de la nourriture qui englobe les yeux, le nez, la bouche et le pharynx. Elle n’évite pas les sous-chapitres des vomissements (rendre tripes et boyaux) et des laxatifs. Et encore ne s’agit-il là que de la forme. Le cœur de ce propos digestif porte sur la «planète microbienne», la flore intestinale, les gènes de nos bactéries, les antibiotiques, les probiotiques et les prébiotiques.

Nous sommes sans doute encore bien loin d’avoir pris la mesure de ce qui se joue actuellement dans la découverte moléculaire de ces continents intestinaux, ce microbiote en cours de déchiffrement avec lequel nous vivons, le plus souvent, en symbiose. C’est là une forme de révolution copernicienne corporelle, le passage d’un univers clos (le cérébral) à une infinité de mondes possibles. La découverte, aussi, de nouveaux chemins qui conduisent de la tête au ventre et réciproquement. L’auteure en vient à anthropomorphiser ce sous-continent interne. Elle nous parle du sien et nous nous surprenons à penser au nôtre; et on le fait d’autant plus volontiers que le pli est vite pris de le considérer comme un second cerveau, en prise directe avec le cortex central, l’ordinateur neuronal intracrânien.

Transit (troubles du)

On en viendrait presque, au fil des pages, à redistribuer les places attribuées, depuis Vienne, au ça et au surmoi. Une longue analyse cérébro-digestive en somme, que rebattraient les cartes et les stades de l’oralité. La suite des mouvements tectoniques qui déplacèrent les centres de gravité depuis les humeurs jusqu’au au foie, puis du foie au cœur, et du cœur au cerveau. Giulia Enders témoigne dans le même temps de la puissance des apports de la génétique et de la microbiologie revisitée: nous ne vivons qu’en symbiose avec une gigantesque flore bactérienne qui se repaît de nous et que nous domestiquons (ou pas) tout au long de notre vie.

C’est une flore interne qui dit tout de nos embarras gastriques et de nos mille et un troubles du transit. Le parti pris de l’auteure est qu’il vaut mieux le savoir que faire semblant de l’ignorer. Cela se tient et c’est ainsi que tout fait ventre. Y compris la France et François Rabelasi. Au-delà du digestif, un véritable message géopolitique:

«Les humeurs moroses, la joie, le doute, le bien-être ou l’inquiétude ne sont pas le produit de notre seul crâneNous sommes des êtres de chair, avec des bras, des jambes, des organes sexuels, un cœur, des poumons et un intestin. L’intellectualisation de la science nous a longtemps empêchés de voir que notre « moi » était plus que notre seul cerveau. Pourquoi ne pas ajouter notre grain de sel aux paroles de Descartes et déclarer: « Je ressens, de sorte que je pense, donc je suis ».»

« Top ten » des Etats-Unis

Depuis l’été le succès n’a cessé d’enfler.  Les chiffres de vente en France de puis sa sortie en avril dernier : 300 000 exemplaires … en Allemagne : 1,5 million….  Un livre publié dans trente-quatre pays où il se situe entre la 1ère et la 10ème place des meilleures ventes…. Il vient d’entrer dans le « top 10 » des meilleures ventes aux Etats-Unis.

Comment les choses se sont-elles passées en France ? « D’emblée une grande curiosité pour le livre (la personnalité de l’auteure… le ton… l’objet … les dessins….) confie-t-on chez Actes Sud. Une vidéo et Slate.fr (1) puis  c’est la presse généraliste (L’Obs, L’Express, Libération, Le Figaro, Le Canard enchaîné, Version Femina, Psychologie Magazine, Glamour…) qui s’est emparé de ce livre ; puis un phénomène d’emballement…  Grande couverture dans tous types de médias : presse écrite (surtout nationale  – peu dans la presse régionale), radio, TV –  un sujet aux journaux de 20h de TF1 en plein été, idem sur France 2… ».

Grosses Têtes

Il faudra bien, un jour, reprendre tout cela et disséquer ce phénomène de contagion intestine. Il faudra aussi comprendre pourquoi la presse médicale a le plus souvent fait une allergie marquée. Pourquoi les médecins, auteurs de livres, ont boudé le livre quand les magazines grand public spécialisés (Santé magazine, Top santé…) s’y sont intéressés. Jusque, dit-on aux Grosses Têtes de RTL qui en parle régulièrement depuis quelques semaines sous forme de questions posées aux invités – ce qui alimente le buzz et ravit l’auteure et l’éditeur français.

Et ainsi, au final, cette morale qui veut que cette sublimation allemande de la fonction digestive soit portée par un immense bouche-à-oreille.

A demain

(1) Slate.froù l’on peut aussi découvrir une rencontre vidéo avec Giulia Enders réalisée par Michel Alberganti et Rachel Huet.

Le baclofène qui «guérit» de la boulimie ? Un nouveau témoignage, une polémique en gestation

Bonjour

Parler de ce livre (1) ou le taire ? En parler bien sûr. Pour rapporter les dernières nouvelles du front mouvant du baclofène. Comment ne pas parler de cette missive venue d’un terrain d’expérimentation où les QG médicamenteux officiels ne dictent plus pleinement leurs lois.

Un « témoignage », donc. Et, comme il se doit dans le monde de l’édition, un « témoignage « particulièrement poignant ». Son éditeur le voudrait « infiniment utile pour tous ceux et celles qui luttent contre des troubles compulsifs de l’alimentation, comme la boulimie, ou l’hyperphagie ». Utile serait déjà beaucoup.

Journal de combat

Ecoutons donc les éditions Bussière, une maison située 34 rue Saint-Jacques, ouverte sur l’antique chemin qui conduit à Compostelle :

« Agnès Renaud nous raconte avec pudeur et sincérité ses années de honte, de solitude, de dissimulation et de souffrances et nous fait partager sa découverte du baclofène, le médicament qui lui a permis d’enfin se débarrasser de ses graves problèmes de boulimie. Elle nous ouvre le journal de son combat, ne dissimulant rien des épreuves, peurs, rechutes, et effets secondaires… et montrant au grand jour son bonheur d’enfin vivre une vie normale. »

La couverture montre le visage de l’auteure, 45 ans, née dans le département de la Drôme, petite dernière d’une fratrie de cinq filles, se montre très vite timide et anxieuse, problèmes de boulimie dès l’adolescence, mariée et mère de trois enfants, découvre en 2013 qu’elle peut soigner son trouble alimentaire.

Prescripteur historique

Ce petit livre comporte une préface. Elle est signée de Pascal Gache, médecin addictologue  exerçant à Genève que l’on peut voir et entendre ici (2011 – avec une anecdote assez savoureuse concernant Top Santé). Le Dr Gache a dirigé les unités d’alcoologie du CHU de Besançon et des Hôpitaux Universitaires de Genève. C’est l’un des « prescripteurs historiques » du baclofène contre la dépendance alcoolique. Il aurait été (mai 2006) « le premier médecin à suivre le protocole proposé par Olivier Ameisen ».

Il prescrit aujourd’hui ce même médicament à des personnes souffrant de troubles graves du comportement alimentaire.

Non au miracle

Le Dr Gache est prudent : le baclofène n’est pas un « produit miracle ». D’abord parce que, dit-il, les miracles ne surviennent que lorsque l’on ne les attend pas (ce qui, comme on le sait, reste à prouver). Ensuite parce que Dieu est généralement absent du cabinet médical. « Quitter une addiction met toujours à mal une partie de notre identité, explique-t-il. Ne plus être boulimique dans notre corps et dans sa tête nécessite un solide travail sur soi. Le baclofène va rendre ce travail nettement moins douloureux, moins long et moins éprouvant. » Réfléchir à la signification de ses quêtes d’ivresses.

Religions

Ce petit ouvrage va sortir en librairie. Les mêmes causes produisant les mêmes effets cet ouvrage sera médiatisé. Génèrera-t-il  une polémique ? Une polémique d’autant plus longue et rampante que le temps des essais cliniques n’est pas, on le sait, celui du temps médiatique et des révélations qui l’alimentent. Une question: l’affaire du « baclofène- dépendance à l’alcool » permettra-t-elle (ou pas) de faire l’économie de quelques guerres de religions ?

A demain

(1) Renaud A. Enfin libre, grâce au Baclofène ! Comment j’ai mis fin à des années de boulimie. Editions Bussière. Paris, 2015

Maigrir sous Baclofène ®, un remake du Mediator® ? Que va faire la police ?

Bonjour

Deux commentaires, troublants, à notre texte concernant l’alerte lancée par les autorités sanitaires quant à l’usage « amaigrissant » qui commence à être fait, en France, du Baclofène ®  (voir ici la mise en garde de l’Ansm) :

Le premier :

«  A l’évidence, le baclofène n’est pas « la dernière pilule qui fait maigrir » ! C’est le traitement qui permet, en se débarrassant de l’addiction à la « bouffe », de retrouver une alimentation normale, et de perdre, naturellement du poids, sans restriction ni régime.

Rien n’à voir, donc, avec les innombrables produits « testés cliniquement », à l’efficacité douteuse, en vente libre et à marge confortable, en pharmacie ! Rien à voir, non plus, avec les interventions chirurgicales « agressives » préconisées en cas d’obésité morbide (sleeve, by-pass, anneau gastrique).

Ce traitement au baclofène, j’en ai fait l’expérience, m’a délivré de mon addiction sans drogue : mes pulsions alimentaires. Et je ne me suis pas sentie plus en danger, au niveau des effets indésirables, qu’une personne prenant le traitement pour son alcoolo-dépendance… !!!

Sans doute trop simple pour être crédible ? Pourtant, j’ai vécu ce traitement, j’existe et je vis tous les jours le plaisir de manger pour vivre et non vivre pour manger. A côté de ce « bonheur simple », maigrir m’importe peu : je perds du poids parce que, simplement, j’ai retrouvé le sens d’une alimentation qui n’est plus une addiction. »

Le second :

« La même histoire se répète … Des personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire, troubles dont la composante addictive est assez similaire à l’alcoolo-dépendance (en majorité des femmes) se disent « alcooliques de la bouffe »), ont cherché à se faire prescrire du baclofène ; pour certaines avec succès.

Là encore médecins et pharmaciens sont complices. Après vouloir maigrir et rentrer dans son maillot en été à coup de comprimés est illusoire, le baclofène marche sur la compulsion, pas sur les kilos en trop. Il fait même grossir 10% des personnes qui le prennent. Des thèses de médecine commencent à couvrir le sujet, mais comme pour l’alcool, les malades ne veulent pas attendre … »

La longue chaîne

Un rapide voyage sur la Toile montre vite que la question soulevée par le communiqué de « mise en garde » de l’Ansm est bien réelle et quelle ne date pas d’hier. (Doctissimo, juin 2012).t on peut raisonnablement supposer qu’elle dépasse le  Liorésal® 10 mg (Novartis Pharma) et le  Baclofène Zentiva® 10 mg (Novartis Pharma, Sanofi Aventis, les deux seules spécialités citées par l’Ansm.

Le Baclofène ®  aurait donc des effets « amaigrissants » ? Ce ne serait certes pas le premier médicament utilisé à d’autres fins qui en aurait. Ni le premier à être (plus ou moins massivement) détourné à d’autres fins. Une lecture ouverte, sans œillères,  de l’affaire du Mediator®  montre à quel point de tels détournements peuvent être possibles sur de longues durées et avec l’accord (actif ou tacite) de l’ensemble de la longue chaîne qui va du fabricant au patient.

Une affaire est là

Une question, dès lors, se pose : l’action des autorités sanitaires françaises se résumera-t-elle au  communiqué de l’Ansm sur le Baclofène ® ? La mise en garde adressée aux prescripteurs est déjà  reprise par les « sites santé » : « Top Santé » ; « Psychomédia » ; « Pourquoi docteur ? » ; « Santé Magazine ». Elle le sera demain par les médias généralistes.

Mais généralistes ou pas, tous les ingrédients d’une affaire sont réunis. «  Notre expérience montre que ça marche. D’ailleurs, 5 à 10 % des consultations pour une demande de baclofène concernent aujourd’hui un trouble du comportement alimentaire. C’est peu, mais significatif, a déclaré le Dr Patrick de la Selle, président du Resab (Réseau Addictions Baclofène) à Santé Magazine

Syndrome du parapluie

La mise en garde de l’Ansm ? « Pour moi, il s’agit d’une annonce classique d’ouverture de parapluie. L’Agence est traumatisée par l’affaire du Mediator®, dit ce médecin généraliste. Pourtant, il n’y a pas de raison qu’il y ait plus d’effets secondaires chez les patients boulimiques que chez les patients alcooliques. »

« Les médecins qui prescrivent du baclofène dans les troubles du comportement alimentaire suivent le même protocole que pour l’alcool, avec une augmentation progressive des doses, précise le site (Sylvie Dellus). Les effets secondaires du baclofène sont, aujourd’hui, bien identifiés : somnolence, vertiges, avec un risque de confusion et de chute à forte dose. Le Resab envisage de lancer une étude scientifique sur l’intérêt du baclofène dans la boulimie. Mais, celle-ci reste, pour l’instant à l’état de projet, faute de financement. »

Maigrir sous Baclofène ® », la version millésimée 2015 du Mediator® ? Menacer ? Interdire (en vain) ? Comprendre (chercher à) ? Que va faire la police du médicament ? Et pourquoi, comme toujours, ce silence des fabricants ?

A demain