Vapotage : pourquoi Agnès Buzyn et les pharmaciens français snobent-ils les Anglais ?

 Bonjour

Pourquoi sommes-nous, voisins, à ce point différents ? Il faut, ici, écouter le remarquable « Le couple franco-britannique : un roman so sixties » (France Culture, documentaire d’Anaïs Kien, réalisé par Doria Zénine). Pourquoi, Brexit ou pas, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du nord offre-t-il au monde un modèle à ce point exemplaire de lutte contre le tabac.

Un modèle et des résultats qui placent la France dans une situation pitoyable. Où l’on en viendrait presque à succomber aux thèses complotistes d’un Etat se repaissant financièrement des recettes fiscales générées par une drogue légale surtaxée. Un Etat rapace se moquant comme d’une guigne des quatre-vingt mille morts prématurées qui, chaque année, lui sont associées.

Dans le dispositif britannique : « Stoptober », matrice originelle du maigrelet « Mois sans tabac » français. « Alors que nous ne sommes que le 16 août, le pays a d’ores et déjà commencé à envoyer différentes informations à ses partenaires concernant la 8e édition du Stoptober, qui aura lieu au mois d’octobre prochain, nous alertait il y a peu Vaping Post (Alistair) repris par le site des buralistes français. Depuis sa première édition en 2012, la campagne aurait conduit plus d’un million de personnes à tenter d’arrêter de fumer, et serait la plus grande ‘’tentative d’abandon en masse’’ du pays. »

Depuis peu, la campagne est également entrée au sein du programme One You, un programme mis en place par le ministère de la Santé du pays et destiné à aider les adultes à « apporter de petits changements à leur mode de vie qui peuvent avoir un impact important sur leur santé future ». Toujours ce pragmatisme auquel la France semble radicalement allergique et que l’on retrouve, outre- Manche, dans la pleine adhésion des autorités sanitaires au vapotage. On ne sait que trop ce qu’il en est en France…

Perfide Albion sans fumée

« Bien que l’édition de cette année ne débute que le 1er octobre, le pays la prépare pourtant déjà, près de deux mois avant son démarrage, ajoute Vaping Post. En effet, tous les partenaires de la campagne (dont la rédaction du Vaping Post fait partie) ont reçu ce matin, un e-mail les informant des préparatifs et des nouveautés de cette année. »

Ainsi, dès le 27 août, les différents partenaires et professionnels de santé pourront commencer à commander diverses ressources mises à leur disposition (affiches, dépliants etc). Et, nouveauté pour cette année, toutes les pharmacies du pays recevront une ‘’trousse de ressources’’ afin de pouvoir participer à la campagne. Cette 8ème  édition sera également l’occasion pour le National Health Service (NHS) de fournir à tous les professionnels de santé, un document destiné à les  ‘’aider’’ et à ‘’discuter des dernières informations sur les aides pour arrêter de fumer et pour conseiller les patients qui souhaitent faire une tentative d’abandon’’. Des médecins qui auront également toujours accès à un ‘’module d’entraînement’’ destiné à leur communiquer toutes les informations nécessaires à une bonne connaissance du vapotage.

Autant de  préparatifs qui démontrent bien que le Royaume-Uni continue de poursuivre son objectif de ‘’pays sans fumée’’ d’ici à l’horizon 2030. « Naturellement, cette année encore, la vape devrait être particulièrement mise à l’honneur, souligne Vaping PostLe site de Stoptober rappelle qu’elle peut être ‘’particulièrement efficace’’ comme aide pour arrêter de fumer et que ‘’des milliers de personnes en Angleterre ont déjà arrêté de fumer à l’aide d’une e-cigarette’’. » Pourquoi sommes-nous, voisins, à ce point étrangers ?

A demain @jynau

Mystérieuse pathologie pulmonaire américaine: le vapotage est-il le coupable ou la victime ?

Bonjour

Depuis le 5 juin 1981 certaines alertes sanitaires américaines ne doivent plus être prises à la légère. Aujourd’hui, celle développée dans The Washington Post (Lena H. Sun and Lindsey Bever) : « Mystery lung illness linked to vaping. Health officials investigating nearly 100 possible cases ». Ou, en français, sur Vapingpost.com (Guillaume Bailly) :« Une maladie pulmonaire sévère causée par la vape ? »

Où l’on apprend qu’aux Etats-Unis quelques dizaines de personnes, principalement des adolescents, viennent d’être hospitalisés pour des troubles pulmonaires nécessitant parfois une admission en soins intensifs. Symptômes : toux, gênes respiratoires, douleurs thoraciques troubles digestifs. «Pour l’instant, le vapotage est le seul point commun entre toutes ces affaires, mais nous essayons d’étendre nos recherches pour déterminer avec certitude que nous n’oublions rien», a expliqué à l’AFP Thomas Haupt, spécialiste des problèmes respiratoires du service de Santé du Wisconsin. Cinq États sont plus particulièrement concernés : Californie, Illinois, Indiana, Minnesota et Wisconsin

Pour les CDC il n’existe aucune preuve cohérente que la cause soit d’origine infectieuse – ni même qu’il s’agisse d’une même entité pathologique. Les responsables reconnaissent qu’ils ne savent pas si les dispositifs de cigarette électronique (ou des ingrédients inhalés) sont en cause. Les patients avaient semble-t-il recours au vapotage de diverses substances : nicotine, marijuana, associations diverses. Soulignant l’inquiétude croissante dans l’opinion les responsables du CDC expliquent qu’ils organisent une surveillance spécifique dans l’ensemble du pays.

« La cigarette électronique a gagné en popularité au cours de la dernière décennie en dépit du peu de recherches sur leurs effets à long terme, souligne The Washington Post. Ces dernières années, les autorités sanitaires ont mis en garde contre une épidémie de vapotage chez les adolescents mineurs. La marque leader, Juul, a déclaré qu’elle assurait une veille et qu’elle disposait « des systèmes de surveillance de la sécurité robustes ». »

Beau titre et « putaclic »

Gregory Conley, président de l’American Vaping Association, qui défend les produits de vapotage, a quant à lui déclaré que chaque mois, environ dix millions d’adultes vapent de la nicotine sans problèmes majeurs. « Il semble beaucoup plus probable que les produits causant des dommages aux poumons soient des vapes de fabrication artisanale contenant du THC ou des drogues illégales, et non de la nicotine. » Un hypothèse réfutée par certains membres du corps médical.

« La législation américaine est de plus en plus sévère, orientant des consommateurs vers le marché noir, certains utilisent les e-cigarettes pour consommer de la drogue, ou bien, plus simplement, un lot présentant un problème, observe Vapingpost.com. Il convient de rappeler que les normes américaines en termes de vapotage sont, pour l’heure, beaucoup plus permissives que les européennes, mais qu’elles vont les rattraper, voire les dépasser, rapidement. » Et d’ajouter :

« Le problème est donc, peut être, causé par un produit du vapotage. Un parmi des millions consommés chaque jour par des vapoteurs à travers le monde, sans problèmes. Demander, par exemple, l’interdiction du vapotage en se basant sur cet exemple reviendrait à demander l’interdiction de tous les produits pouvant poser accidentellement des problèmes sanitaires.

« Que les causes soient l’inconscience, l’incompétence, la malhonnêteté, ou un simple accident, c’est possiblement un produit de la vape dans un secteur donné qui est en cause, et pas le secteur entier. Comme cela arrive toutes les semaines pour des produits de consommation courante.  Mais certains ne résistent pas à l’appel d’un beau titre, sans réfléchir aux conséquences pour toute une filière, et, plus grave encore pour ceux qui renonceront à cause de cela à se sevrer du tabac et en mourront. Parce que dans “putaclic”, il n’y a pas que “aclic”… »

A demain @jynau

 

Cigarette électronique : sur France Info, le patron de Santé Publique France avala son chapeau

Bonjour

Comment tourner casaque sans avoir à prononcer le moindre mea culpa ? La question se pose à l’écoute de l’émission « Les mots de l’Info » de France Info du 5 janvier dernier.

Invités : le Dr François Bourdillon (directeur général de Santé Publique France) et le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue que l’on ne présente plus. Des propos repris sur le site des buralistes françaiset, pour partie, sur le site vapingpost.com : « La fin de la vape dix ans après la fin du tabac ? » (Guillaume Bailly).

Peut-on raisonnablement, en 2019 imaginer en France une « Génération sans tabac » ?

François Bourdillon : « Oui, c’est l’effet d’une politique cohérente et d’un ensemble de mesures allant du paquet neutre au remboursement des substituts en passant par l’augmentation du prix du tabac et la grande opération de marketing social ‘’Mois sans Tabac’’. On a pris le tabac par les cornes. Tout le monde fume mais de moins en moins les jeunes. Et quand vous avez un million de fumeurs en moins, vous avez ceux qui ont arrêté et ceux qui ne sont pas rentrés dans le tabagisme ».

Un effet du « paquet neutre » ?  « Oui, ça a marché dans le sens où ça a diminué l’attractivité auprès des jeunes » estime François Bourdillon.

Un effet de l’augmentation du prix du tabac ? « C’est très efficace et le paquet neutre aussi (…) Depuis la forte augmentation de mars (de l’ordre de 13 à 14 %), on a une baisse de consommation plus importante qu’attendue, de l’ordre de 11 %. Et cela sous la conjonction d’autres mesures (…) » explique Bertrand Dautzenberg.

Çela veut dire quoi, exactement, « Génération sans tabac » ?

Bertrand Dautzenberg : « Moins de 5 % de fumeurs quotidiens dans une tranche de population. Moi, je travaille surtout sur Paris.. La baisse est colossale chez les jeunes et on devrait y arriver avant 2030. Ce sont les jeunes nés en 2012 qui seront non-fumeurs. En Ile-de-France, on fume moins que dans les régions frontalières qui ne « bénéficient » pas de l’augmentation du prix puisque les pays voisins sont moins chers. Ou qu’en Corse où les taxes sont de moins 21 % par rapport au continent : le nombre de cancer y est supérieur de 20 %. »

Hier encore adversaire acharné

On n’a pas parlé de la taxation sur le tabac lors du mouvement des « Gilets Jaunes » contre la fiscalité. Est-ce un signe que tout le monde l’accepte ? François Bourdillon : « C’est une grande victoire pour cette taxe comportementale. D’autant qu’elle est recyclée pour faire la promotion de la santé ».

Puis la grande question, celle de la place de la cigarette électronique dans une politique de lutte contre le tabagisme. Où l’on entend, médusé, le directeur de Santé Publique France (hier encore adversaire acharné)  déclarer :

« C’est le moyen le plus utilisé pour arrêter de fumer. C’est important à savoir. Aujourd’hui, il y aurait entre 2,5 à 3 % d’utilisateurs de cigarette électronique. C’est un bon moyen de réduction du risque. Après, elle peut comporter des risques et il faut suivre le comportement des Français afin de s’assurer qu’elle n’est pas détournée, et que ce ne soit pas un objet qui serve les fabricants pour promouvoir les cigarettes ».

Et c’est alors, dans le studio de France Info, le Pr Bertrand Dautzenberg rêva à haute voix:

« Je défends assez la cigarette électronique comme sortie du tabac. D’ailleurs, il n’y a qu’1 % des utilisateurs qui sont non-fumeurs. Cela dit, dix ans après la fin du tabac, je souhaiterais la fin de la vape ».

A demain

@jynau

 

 

 

E-Cigarette et adolescents : en Amérique la FDA s’ingénie à augmenter les risques tabagiques

Bonjour

« Comme un ultimatum » estime le site des buralistes français.  La puissante Food and Drug Administration (FDA) vient de donner soixante jours aux fabricants d’e-cigarettes et d’e-liquides pour lui présenter un plan destiné à réduire la consommation de leurs produits par les adolescents. Cela donne ceci : « FDA takes new steps to address epidemic of youth e-cigarette use, including a historic action against more than 1,300 retailers and 5 major manufacturers for their roles perpetuating youth access ».

Pour le Dr Scott Gottlieb, patron de la FDA, le recours à la e-cigarette a, dans son pays, atteint chez les adolescents la dimension d’une « épidémie ». Il s’en explique dans une longue déclaration : « Statement from FDA Commissioner Scott Gottlieb, M.D., on new steps to address epidemic of youth e-cigarette use ». Et si l’administration sanitaire américaine n’est pas convaincue par les réponses des industriels, les « arômes parfumés » pourraient être tout simplement interdits.

Pour la FDA la commercialisation de liquides aux parfums fruités ou sucrés rend ces produits particulièrement attrayants pour les jeunes consommateurs qui n’ont pourtant pas le droit d’acheter de cigarettes électroniques. « La disponibilité des cigarettes électroniques ne peut pas se faire au prix d’une dépendance des nouvelles générations à la nicotine, cela ne se passera pas ainsi », martelle Scott Gottlieb.

Collèges et lycées

« Alors que les ventes de tabac conventionnel ne cessent de reculer aux États-Unis, celles de cigarettes électroniques progressent : en moyenne de 25 % par an depuis quatre ans, explique le site des buralistes. Et cette vogue n’a pas épargné les abords des collèges et des lycées, où le vapotage a supplanté la cigarette, en partie du fait du succès de fabricants parmi lesquels JUUL.

« La FDA est-elle sur le point de tuer la vape aux États-Unis ? » s’interroge le site vapingpost.com (Alister Servet). Il observe que si la déclaration de Scott Gottlieb commence bien elle se termine différemment :

« Notre plan global de lutte contre les effets nocifs du tabagisme (ndlr : plan de la FDA) a été fondé sur un principe d’animation central. Ce qui cause principalement la mort et les maladies liées au tabagisme n’est pas la nicotine contenue dans ces produits. C’est l’acte d’allumer du tabac pour libérer cette drogue pour l’inhalation. Alors que c’est la dépendance à la nicotine qui incite les gens à fumer,c’est surtout la combustion qui libère des milliers de constituants nocifs dans l’organisme à des niveaux dangereux, qui tue les gens  »

« Nous devons nous assurer que nous évaluons correctement l’impact net sur la santé publique de produits comme les e-cigs avant qu’ils n’obtiennent l’autorisation de mise sur le marché de la FDA, et que ces produits répondent à leurs responsabilités réglementaires. Ces produits peuvent encore poser des risques pour la santé, y compris la possibilité de libérer certains produits chimiques à des niveaux plus élevés que les cigarettes conventionnelles, et ces risques potentiels doivent être examinés de plus près ».

Pour vapingpost.com Scott Gottlieb fait très probablement référence aux nombreuses études à la méthodologie douteuse, et ayant très rapidement, après leur publication, été démontées par de nombreux experts du domaine.

« Oui, brûler un e-liquide libère des substances toxiques. Cependant, il est important de rappeler que dans le cadre d’une utilisation normale de la cigarette électronique, ces substances sont tout simplement absentes de la vapeur inhalée par les vapoteurs. »

Esclavage du tabac

Suite de Scott Gottleib :

« Nous annonçons la plus grande initiative jamais coordonnée contre les ventes illégales (ndlr : de produits de la vape à des mineurs) dans l’histoire de la FDA. Il s’agit de la plus importante mesure d’application de la loi de l’histoire de l’organisme(qui ciblera les ventes en ligne et en boutiques). Nous avons envoyé plus de 1 100 lettres d’avertissement aux magasins pour la vente illégale de cigarettes électroniques à des mineurs. De plus, nous avons imposé 131 autres pénalités civiles à des magasins qui ont continué de violer les restrictions sur les ventes aux mineurs.

«  Mais nous devons faire davantage pour endiguer ce que je considère comme une épidémie d’utilisation de la cigarette électronique chez les adolescents, et des tendances profondément inquiétantes qui ne montrent aucun signe de ralentissement. (…) L’un des facteurs que nous évaluons de près est la disponibilité des saveurs caractérisantes. Nous savons que les saveurs jouent un rôle important dans l’attrait des jeunes. Et compte tenu des tendances en cours, nous pourrions prendre des mesures pour réduire la commercialisation et la vente de produits aromatisés. Nous sommes en train d’évaluer activement comment nous pourrions mettre en œuvre une telle politique. »

Pour vapingpost.com la situation est claire : la FDA compte tout simplement ignorer les études ayant d’ores et déjà prouvé que les arômes sont l’une des principales raisons pour laquelle la vape est aussi efficace en tant qu’outil de sevrage tabagique, et pense à les supprimer. Quelles conséquences pratiques aurait une telle suppression ? Les mêems causes produisant, outre-Atlantique également, les mêmes effets on peut raisonnablement imaginer que la FDA pousserait, de fait, les adolescents à entrer directement dans l’esclavage, hautement plus toxique, de la nicotine du tabac.

A demain

Sevrage : l’efficacité de la e-cigarette peut-elle être démontrée par un marchand de tabac ?

Bonjour

Une étude, une confirmation et une question.

L’étude a été commanditée par Fontem Ventures (groupe Imperial Brands) – et a été publiée le 3 septembre dans le Journal of Environmental Research and Public Health : The Value of Providing Smokers with Free E-Cigarettes: Smoking Reduction and Cessation Associated with the Three-Month Provision to Smokers of a Refillable Tank-Style E-Cigarette. Elle est signée par le Pr  Neil McKeganey (Centre for Substance Use Research, West of Scotland Science Park, Glasgow).

Réalisée à l’aide de 72 fumeurs adultes elle a permis aux scientifiques l’ayant conduit d’affirmer que 36,5 % des fumeurs ayant eu à disposition une cigarette électronique de la marque « blu Pro» (ainsi que tous les arômes commercialisés qui vont avec) ont totalement cessé de fumer après 90 jours. La moyenne du nombre de cigarettes consommées quotidiennement est passée de 14,38 à 3,19. Une diminution du nombre moyen de jours par mois pendant lesquels les participants fumaient a été enregistrée, passant de 27,87/30 au départ à 9,22/30 jours après un mois et demi. La majorité des fumeurs ont affiché une réelle préférence pour les e-liquides  aromatisés (fruités, gourmands etc…). Tous les participants ont trouvé que les saveurs utilisées étaient importantes pour les aider à changer ou à réduire leur consommation de tabac,

A la suite de cette étude, 92 % des fumeurs pensaient que la cigarette électronique les avait aidés à réduire leur consommation de tabac, ou à s’en passer complètement. « Cette recherche, bien que financée par un industriel du tabac et limitée à une courte durée d’observation, renforce le rôle positif de la vape dans la lutte contre le tabagisme » résume le site vapingpost.com (Alistair Servet).

Changer de comportement

 « Nos données montrent qu’il est possible de faciliter un changement de comportement significatif de la part des fumeurs en leur donnant accès à des produits de cigarettes électroniques de haute qualité, au moins pour une courte période de temps » résume le Pr McKeganey. Et pour le Dr Grant O’Connell, directeur des affaires générales de Fontem Ventures ces résultats dépassent de loin ceux obtenus avec les traitements substitutifs à la nicotine.

Interrogé par vapingpost.com le Pr Bertrand Dautzenberg a fait ces commentaires :

« Cette étude a été réalisée sur un petit effectif (71 personnes dont 8 perdues en cours de route qui ne sont pas comptabilisées, alors qu’il faudrait les compter comme des échecs (le vrai chiffre à 90 Jours serait donc de 32,4 % et non 37 (63/72).  Il est également bon de savoir que les fumeurs sont payés en plus de se voir offrir le matériel et le remboursement des liquides qu’ils consomment. Les résultats sont donc seulement déclaratifs.

 « Finalement ceci n’apporte rien (« étude exploratoire » » disent les auteurs). Cependant, ses résultats restent plausibles puisqu’un tiers des fumeurs intéressés par la vape que l’on aide un peu ne fument en effet plus à 3 mois.  Une étude bien faite, indépendante de l’industrie du tabac, avec un groupe de contrôle ainsi qu’une vérification de l’abstinence, serait quand même la bienvenue ».

 Pour finir, la question : comment comprendre qu’aucun des organismes publics français en charge de la santé et de la recherche médicale n’ait encore conduit les travaux qui permettraient, en toute indépendance, de trancher ? Comment le justifier ?

A demain

 

Big Tobacco ne sera plus jamais ce qu’il a été. Que va-t-il se passer avec son «tabac chauffé» ?  

 

Bonjour

Duplicité ou pas l’affaire est dite : le géant Philip Morris annonce officiellement qu’il est sur le point d’« abandonner la cigarette » ; abandon de la combustion du tabac au profit de son chauffage. C’est là un symptôme massif. Les mêmes causes capitalistes produisant les mêmes effets de marché, les concurrents ne peuvent plus ne pas suivre. Nous assistons ainsi à ce qui ressemble fort à une révolution. Après celle de la cigarette électronique (« des volutes ») celle annoncée du « tabac chauffé » et non plus « brûlé ». Fondée depuis plus d’un siècle sur la dépendance et la toxicité massive une puissante industrie meurtrière prend (du moins là où elle ne peut plus faire autrement) un virage historique.

Voilà qui devrait faire phosphorer – à commencer par celles et ceux qui sont en charge de la santé publique. C’est le cas au Royaume-Uni. En France, on le sait, l’électroencéphalogramme demeure toujours aussi plat. Le quinquennat François Hollande-Marisol Touraine était resté muré dans le déni de la cigarette électronique. Celui qui commence va-t-il y associer une double cécité, politique et sanitaire, vis-à-vis du « tabac chauffé » ?

Les chevau-légers de la réduction des risques furent les seuls, en France, à travailler le chapitre essentiel de la cigarette électronique. Seront-ils également isolés face à la nouvelle offensive industrielle et commerciale de Philip Morris & Cie ? Le départ du Pr Benoît Vallet du poste de Directeur général de la santé n’est pas, ici, de nature à rassurer. Comment s’y retrouver ? Comment la situation pourrait-elle évoluer ?

Commentaires bienvenus

Nous avons ici interrogé Philippe Presles médecin, tabacologue et essayiste, membre du comité scientifique de SOS Addictions. Voici ses réponses. Les commentaires seront, comme toujours les bienvenus. Ils nous aideront à progresser.

«   1. Philip Morris met un genou à terre et c’est une grande victoire de la cigarette électronique. Grâce à elle et à son potentiel économique, la recherche mondiale sur les alternatives au tabac est repartie.

  1. Méfions-nous de nous : un maréchal gagne rarement deux guerres. Les associations de lutte contre le tabac qui ont gagné la guerre de la dénormalisation, ont raté celle de la réduction du risque.
  2. Par sa position, Philip Morris s’engage pour la nicotine sans fumée, comme nous le recommandons et comme le recommande le Royal College of Physicians. Cela doit être salué. C’est notre victoire à nous.
  3. Par ses lobbyistes, Philip Morris peut entraîner des gouvernements sur cette voie et de ce fait les amener à reconnaître tous les produits de la nicotine sans fumée, dont les Snus et la cigarette électronique.
  4. A nous de bien évaluer le degré de Réduction des Risques d’IQOS, voire d’émettre des réserves. Nous avons le droit de réclamer des études comme les Etats et les journalistes nous en ont tant demandées pour la e-cig.
  5. A nous d’être cohérents : toutes les recherches sur les produits nicotiniques sans fumées sont fondamentales, y compris celles sur le tabac chauffé.
  6. Et n’oublions pas que les fumeurs ont besoin de beaucoup de solutions différentes pour arrêter de fumer. Plus d’un tiers d’entre eux ne supportent pas la cigarette électronique. Beaucoup s’en lassent. Idem pour les patchs.
  7. Au final, cela devrait augmenter le marché de la vape dans le monde, car si Philip Morris change de stratégie, c’est bien que ses études de marché lui indiquent le sens du vent. Ce ne sont pas des saints, on est bien d’accord. »

On peut voir là, en cette aube de 2018, un nouveau match qui commence, de nouvelles fenêtres de tir, un nouveau et passionnant chapitre à écrire.

A demain

 

 

Conflits électroniques: la ministre Agnès Buzyn va-t-elle lire le dernier «Que Choisir» ?

Bonjour

Le temps passe vite avec la cigarette électronique. Prenez le dernier dossier de Que Choisir et jetez un œil sur la mémoire archivée du magazine. Prenons 2011. Il y a précisément six ans. On pouvait lire ceci :

« L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a profité de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai dernier, pour déconseiller les cigarettes électroniques. Dans le cadre d’un sevrage tabagique, elles ne respectent pas la réglementation. De plus, la nicotine qu’elles contiennent parfois expose à des risques… de dépendance.

 Et encore:

« L’Afssaps recommande de s’abstenir de les consommer. D’abord parce que les cigarettes électroniques contiennent parfois de la nicotine (dans les cartouches de recharge), une substance classée « très dangereuse » par l’Organisation mondiale de la santé. ‘’Même lorsqu’ils sont limités à 2 %, les e-liquides peuvent contenir des quantités de nicotine susceptibles d’entraîner une exposition cutanée ou orale accidentelle, avec des effets indésirables graves, notamment chez les enfants’’, explique l’agence. La simple présence de nicotine risque même de créer une dépendance chez des utilisateurs qui n’étaient même pas fumeurs ! »

« Envie d’arrêter »

L’Afssaps n’est plus. Un quinquennat a passé avec, au chapitre tabac, l’incurie que l’on sait. Et la cigarette électronique est bel et bien là. Que Choisir aussi qui consacre un dossier-sondage à cet objet devenu emblématique du moindre risque. Un dossier repris par vapingpost.com (Natalie Dunand).  Le média de « défense du consommateur » a interrogé ses lecteurs sur le vapotage, en proposant en décembre 2016 un questionnaire aux abonnés de sa newsletter. Et 3 488 retours lui sont parvenus.

Les vapoteurs répondants (64 % d’hommes et 36 % de femmes) sont pour pour 80%  des vapoteurs depuis plus d’un an. Et 82 % des utilisateurs de cigarette électronique de l’enquête ne fument plus du tout de cigarettes. Quant aux 18 % qui « s’accordent de temps en temps une cigarette », leur consommation de tabac a nettement chuté.

Trois motivations avouées : l’envie d’arrêter de fumer (79 %), le souhait de ne plus gêner son entourage avec la fumée de cigarette (72 %) et les économies réalisées (88 %). Pour autant la cigarette électronique n’est pas gratuite : plus d’un vapoteur sur 8 (14 %) y consacre plus de cent euros par mois. Ils sont 40% à y consacrer entre 20 et 49 euros par mois et 34% entre 50 à 100 euros.

Hasard et fatalité

Au chapitre « liquides » 80 % des vapoteurs ont diminué progressivement leur dosage en nicotine pour aboutir à un dosage inférieur à 10 mg/ml. Ces lecteurs de Que Choisir achètent leur e-liquide en boutique spécialisée (53 %), sur internet (42 %) et chez les buralistes (3 %). Enfin 9 % des personnes qui ont répondu au questionnaire se disent « anciens adeptes de la cigarette électronique ». La moitié ne l’utilise plus parce qu’elles ont « tout arrêté » ; les autres les autres sont retournés à une consommation exclusive de cigarettes à forte nocivité.

Commentant les données, les journalistes du mensuel expliquent que « l’arrêt a été facile dans la très grande majorité des cas » et soulignent que ceci « tranche avec toutes les autres méthodes, qui demandent abnégation et volonté de fer ».

 Hasard ou fatalité, cette publication coïncide avec le départ de Marisol Touraine (qui aura tout fait pour ne rien comprendre au sujet) et à l’arrivée d’Agnès Buzyn comme ministre de la Santé. On sait l’intérêt que cette ancienne responsable de la lutte nationale contre le cancer porte à la lutte contre le tabac. On espère donc que ces frais conseillers lui livreront sous peu un exemplaire de Que Choisir. Et que plus généralement la politique sanitaire va enfin traiter de la cigarette électronique comme elle se devrait, en toute logique, de le faire.

On aurait aussi pu espérer que la nouvelle ministre use de ses nouvelles fonctions pour que l’Institut national de la santé et de la recherche médicale commence (enfin) à s’intéresser à cet outil de lutte contre la première cause de morts évitables. Or voici que le hasard fait, à cause d’une peu banale situation de conflit d’intérêts, que cela ne sera pas possible. Le hasard ou la fatalité ?

A demain

E-cigarette : par décret, il ne sera plus interdit de vapoter au restaurant et au café

Bonjour

La carte et le territoire : il aura fallu huit ministres pour signer le « Décret n° 2017-633 du 25 avril 2017 relatif aux conditions d’application de l’interdiction de vapoter dans certains lieux à usage collectif ». Un texte paru aujourd’hui au Journal Officiel et qui entrera en vigueur le 1er octobre prochain. Une traduction de ce texte est fournie par vapingpost.com (Nathalie Dunand).

 Courteline n’est pas loin. L’interdiction de vapoter concernera « les locaux recevant des postes de travail situés ou non dans les bâtiments de l’établissement, fermés et couverts, et affectés à un usage collectif, à l’exception des locaux qui accueillent du public ». On peut donc en conclure que bars, cafés et restaurants sont exclus de l’interdiction puisqu’ils « accueillent du public ». Idem pour les hôtels, les administrations. Qu’en sera-t-il pour les hôpitaux, les établissements psychiatriques, les prisons ?

Reste aussi à définir, pour les travailleurs, les locaux fermés et couverts à usage collectif qui « reçoivent des postes de travail ». « Couloirs, espaces autour de machines à café ou fontaine à eau par exemple, semblent exclus du champ de l’interdiction » croit pouvoir lire vapingpost.com.  Tel ne devrait pas être le cas des open space.

150€ maximum

Les huit ministres du gouvernement sur le départ précise « qu’une signalisation rappellera le principe de l’interdiction de vapoter et, le cas échéant, les conditions d’application dans l’enceinte des lieux concernés ». Ne pas respecter les interdictions de vapoter expose à une contravention de 2e classe (150€ maximum). Les responsables qui ne mettraient pas en place la signalisation s’exposent quant à eux une contravention de 3e classe (450 € maximum).

On sait par ailleurs que le vapotage est prohibé « dans les établissements scolaires et les établissements destinés à l’accueil, à la formation et à l’hébergement des mineurs », mais aussi « dans les moyens de transport collectif fermés ».

Sont chargé de l’exécution du présent décret,: la ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat, la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, la ministre des affaires sociales et de la santé, le garde des sceaux, ministre de la justice, la ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, le ministre de l’intérieur, la ministre de la fonction publique et le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports.

Eux et leurs successeurs.

A demain